La presse évoque ces dernières heures, parmi les noms des personnalités qui pourraient reprendre les rênes du gouvernement, celui de l'ancien premier ministre et ex-coprésident de la Convention européenne sur le Traité constitutionel, Jean-Luc Dehaene. N'est-ce pas oublier un peu vite que M. Dehaene est président du Conseil d'administration de Dexia? A l'heure des grandes désillusions, des échecs cuisants de la corporate governance et de la goed bestuur, va-t-on aujourd'hui installer un banquier à la tête du pays? Et une démission au CA de Dexia ne serait-elle pas néfaste au moment où les institutions financières sont à la recherche de stabilité?
A moins que l'ambition du gouvernement soit finalement de nationaliser les banques et de compenser l'effet sur la dette par une ponction sur le capital. Ce ne serait que justice rendue. Le contribuable responsable qui ne participe pas aux jeux démentiels de la bourse et qui, contrairement à ceux qui ont fauté dans le contrôle des banques, n'a rien à se reprocher dans la faillite du système financier, ne devrait pas payer pour ceux qui aujourd'hui hurlent avec les loups contre la gestion de l'Etat. On ne peut avoir le beurre, l'argent du beurre et le sourire du contribuable éthiquement responsable. N'en déplaise à ceux qui, surfant sur cette vague du populisme des riches, entendent se présenter aux élections. Modrik Amen!
Durum
samedi 20 décembre 2008
mardi 16 décembre 2008
Me Modrikamen, nouvelle star
On ne parle plus que de lui. Il fait la Une des journaux, volerait presque la vedette à Nicolas Sarkozy, défend, preux chevalier, la veuve et l'orphelin contre le gouvernement, dragon aveugle et arbitraire. J'ai nommé Maître Mischaël Modrikamen, dont le S coquet du prénom est en passe de devenir l'égal du Z vengeur de Zorro.
Son dernier "coup", rapporté dans la presse ce matin: en révoquant son élection de domicile, il contraindra, semble-t-il, le gouvernement à envoyer à chaque actionnaire une éventuelle décision de pourvoi en cassation. Avec un coût de traduction estimé à 50.000 euros . Une bagatelle au regard des 20 milliards de dédommagements réclamés au contribuable.
Le contribuable! On n'en parle pas beaucoup dans cette affaire, au contraire des désormais fameux employés, épargnants et actionnaires de Fortis. Les derniers n'ont pas seulement remporté une victoire juridique, ils sont aussi en passe de gagner la bataille de l'image. De vilains capitalistes qui auraient dû connaître les risques auxquels ils étaient exposés, ils sont devenus des bon pères de famille floués par l'Etat. On peut s'interroger sur ce retournement de situation
Loin de nous l'idée de défendre à tout prix l'action précipitée du gouvernement dans l'affaire Fortis, mais il serait bon de se souvenir que le le budget de l'Etat, c'est l'argent des contribuables. Et qu'après les milliards injectés pour sauver le système financier, il serait peut-être malvenu d'hypothéquer à nouveau les finances publiques pour dédommager les actionnaires de Fortis, qui, après tout, ne sont pas les seuls à avoir perdu des plumes dans la débâcle.
Colonel Moutarde
Son dernier "coup", rapporté dans la presse ce matin: en révoquant son élection de domicile, il contraindra, semble-t-il, le gouvernement à envoyer à chaque actionnaire une éventuelle décision de pourvoi en cassation. Avec un coût de traduction estimé à 50.000 euros . Une bagatelle au regard des 20 milliards de dédommagements réclamés au contribuable.
Le contribuable! On n'en parle pas beaucoup dans cette affaire, au contraire des désormais fameux employés, épargnants et actionnaires de Fortis. Les derniers n'ont pas seulement remporté une victoire juridique, ils sont aussi en passe de gagner la bataille de l'image. De vilains capitalistes qui auraient dû connaître les risques auxquels ils étaient exposés, ils sont devenus des bon pères de famille floués par l'Etat. On peut s'interroger sur ce retournement de situation
Loin de nous l'idée de défendre à tout prix l'action précipitée du gouvernement dans l'affaire Fortis, mais il serait bon de se souvenir que le le budget de l'Etat, c'est l'argent des contribuables. Et qu'après les milliards injectés pour sauver le système financier, il serait peut-être malvenu d'hypothéquer à nouveau les finances publiques pour dédommager les actionnaires de Fortis, qui, après tout, ne sont pas les seuls à avoir perdu des plumes dans la débâcle.
Colonel Moutarde
samedi 13 décembre 2008
Les louvoiements d'une presse porteuse d'angoisse
Le décret mixité sociale à l'école est donc mort après une longue agonie. Au centre d'un véritable jeu de massacre digne d'une fancy-fair scolaire, il a fini par succomber sous les coups de boutoir de parents angoissés (à tort ou à raison, sachant que l'angoisse est toujours mauvaise conseillère), d'attaques politiques parfois fondées (?), mais souvent électoralistes (pour rester poli), de directeurs jésuites, et d'écrits assassins dans la presse. A cet égard, il est intéressant de constater que, concernant la couverture de ce dossier, notamment, les journalistes et responsables de rédaction sont extrêmement impliqués dans le sujet qu'ils traitent.
Un nombre très important de responsables de rédaction et de journalistes chargés de l'analyse institutionnelle en Belgique francophone habite des quartiers privilégiés dans le sud-est de Bruxelles, en périphérie (flamande) de la capitale (dans les communes à facilités), et en Brabant wallon, soit les régions où se sont révélés une série de problèmes, minoritaires, mais surexposés dans la presse.
Sans vouloir porter aux nues un décret, dont on peut à tout le moins saluer la courageuse volonté d'avoir voulu s'attaquer à un problème majeur dans la société, les inégalités sociales, singulièrement dans l'enseignement, il est pour le moins permis de dire que le tollé qu'il a suscité est sans commune mesure avec le silence honteux qui dans les milieux bien-pensants, y compris journalistiques, accueille depuis des décennies les dénonciations de parents refusés à l'inscription pour port de patronyme inadéquat.
Cette couverture biaisée de l'information ne porte d'ailleurs pas uniquement sur l'enseignement. C'est aussi le cas sur le plan communautaire. Sans vouloir porter du crédit à la politique hégémonique flamande que défend trop souvent la presse du nord, l'analyse que fait la presse francophone de la situation de ses lecteurs dans les communes à facilités de la périphérie transpire elle aussi le vécu de ses éditorialistes fransquillons dont certains ne sont parfois pas bien loin de comparer la vie de leurs congénères à celle des déplacés du Kivu.
Durum
Un nombre très important de responsables de rédaction et de journalistes chargés de l'analyse institutionnelle en Belgique francophone habite des quartiers privilégiés dans le sud-est de Bruxelles, en périphérie (flamande) de la capitale (dans les communes à facilités), et en Brabant wallon, soit les régions où se sont révélés une série de problèmes, minoritaires, mais surexposés dans la presse.
Sans vouloir porter aux nues un décret, dont on peut à tout le moins saluer la courageuse volonté d'avoir voulu s'attaquer à un problème majeur dans la société, les inégalités sociales, singulièrement dans l'enseignement, il est pour le moins permis de dire que le tollé qu'il a suscité est sans commune mesure avec le silence honteux qui dans les milieux bien-pensants, y compris journalistiques, accueille depuis des décennies les dénonciations de parents refusés à l'inscription pour port de patronyme inadéquat.
Cette couverture biaisée de l'information ne porte d'ailleurs pas uniquement sur l'enseignement. C'est aussi le cas sur le plan communautaire. Sans vouloir porter du crédit à la politique hégémonique flamande que défend trop souvent la presse du nord, l'analyse que fait la presse francophone de la situation de ses lecteurs dans les communes à facilités de la périphérie transpire elle aussi le vécu de ses éditorialistes fransquillons dont certains ne sont parfois pas bien loin de comparer la vie de leurs congénères à celle des déplacés du Kivu.
Durum
vendredi 12 décembre 2008
Loulou et Kaka en guéguerre sur le Kivu
Le torchon brûle entre le "chef de la diplomatie" (hum) Karel De Gucht et son prédécesseur Louis Michel, aujourd’hui "commissaire européen à l’aide humanitaire" (en fait tonton Loulou a compétence pour tout ce qui touche à l’Afrique). Les deux hommes ne cachent plus leur opposition profonde sur la manière de gérer le conflit meurtrier en cours à l’est du Congo.
Pour Louis Michel, sans doute plus proche de la tradition orale africaine, il faut parler. Il est d’ailleurs actuellement dans la région, pour des pourparlers avec Kabila et Kagame, mais aussi avec le rebelle Laurent Nkunda (par ailleurs criminel de guerre recherché par la justice internationale).
Karel De Gucht privilégie quant à lui l’option militaire, l’envoi de troupes européennes de maintien de la paix. Il faut dire qu’il est persona non grata au Congo et qu’il peut difficilement incarner le dialogue. Mais surtout, il ne croit pas que des négociations puissent déboucher sur une paix durable, du moins pas tant que les Européens ne se seront pas interposés.
Jusqu’à présent, les deux hommes s’affrontaient à fleurets mouchetrés. Mais depuis jeudi soir, c’est la guerre ouverte. Karel n’a pas du tout, mais alors pas du tout, apprécié que Louis tente de le contrer en plein Conseil européen des Affaires étrangères. Car pendant qu’il s’échinait à convaincre les autres pays européens d’envoyer des troupes au Kivu, Louis a non seulement interrompu la réunion en téléphonant au french doctor Bernard Kouchner, qui présidait les débats, mais il a fait circuler un document exposant des thèses exactement opposées aux siennes.
Furax, De Gucht ne cache désormais plus son mépris. Fidèle à son franc-parler, il casse désormais du Loulou en direct à la télévision.
Le tout se comprenant bien sûr dans la perspective de la prochaine législature européenne. Les deux hommes pourraient bien se retrouver en concurrence pour la poste de commissaire européen.
Colonel Moutarde
Pour Louis Michel, sans doute plus proche de la tradition orale africaine, il faut parler. Il est d’ailleurs actuellement dans la région, pour des pourparlers avec Kabila et Kagame, mais aussi avec le rebelle Laurent Nkunda (par ailleurs criminel de guerre recherché par la justice internationale).
Karel De Gucht privilégie quant à lui l’option militaire, l’envoi de troupes européennes de maintien de la paix. Il faut dire qu’il est persona non grata au Congo et qu’il peut difficilement incarner le dialogue. Mais surtout, il ne croit pas que des négociations puissent déboucher sur une paix durable, du moins pas tant que les Européens ne se seront pas interposés.
Jusqu’à présent, les deux hommes s’affrontaient à fleurets mouchetrés. Mais depuis jeudi soir, c’est la guerre ouverte. Karel n’a pas du tout, mais alors pas du tout, apprécié que Louis tente de le contrer en plein Conseil européen des Affaires étrangères. Car pendant qu’il s’échinait à convaincre les autres pays européens d’envoyer des troupes au Kivu, Louis a non seulement interrompu la réunion en téléphonant au french doctor Bernard Kouchner, qui présidait les débats, mais il a fait circuler un document exposant des thèses exactement opposées aux siennes.
Furax, De Gucht ne cache désormais plus son mépris. Fidèle à son franc-parler, il casse désormais du Loulou en direct à la télévision.
Le tout se comprenant bien sûr dans la perspective de la prochaine législature européenne. Les deux hommes pourraient bien se retrouver en concurrence pour la poste de commissaire européen.
Colonel Moutarde
mercredi 10 décembre 2008
Enterrer le décret "mixité" au plus vite...
Mardi, le "G9" du PS (le président et les ministres) a décidé d'enterrer le décret "mixité", ex-décret "inscriptions". Le texte suscite une hostilité croissante et la majorité risque de le traîner comme un boulet lors des élections. Par correction, la présidente du cdH, Joëlle Milquet, est prévenue. La veille, elle avait reçu des directeurs de l'enseignement libre. Nul doute que ses oreilles ont chauffé... A-t-elle eu peur de voir le PS s'arroger le mérite d'avoir mis fin à un texte tellement mal vu dans l'électorat cdH? Toujours est-il qu'elle décide de sortir, le même jour que Christian Dupont. Résultat: mercredi, deux interviews: celle de Dupont qui veut mettre fin au tirage au sort, celle de Milquet qui jette tout le décret aux orties et, en prime, reproche au PS d'avoir refusé de passer outre un avis du Conseil d'Etat...
Mexicano
Mexicano
dimanche 7 décembre 2008
Autisme sans précédent de l'UE face à l'opposition iranienne
C'est une situation sans précédent dans l'Union européenne, mais elle ne semble pas émouvoir grand monde. Par trois fois, la Cour de Justice de Luxembourg a ordonné que l'opposition iranienne des "Moudjahidine du Peuple" (OMPI) soit retirée de la liste européenne des organisations terroristes.
Mais le Conseil des ministres de l'UE - et le comité d'experts ultra-secret qui discute de ces questions - fait la sourde oreille obstinément. Sans jamais expliquer clairement pourquoi l'organisation est considérée comme terroriste. Sans rien laisser filtrer des raisons impérieuses pour lesquelles une telle violation de l'ordre juridique européen serait nécessaire.
Bien sûr, on peut formuler des hypothèses: à l'heure où l'Europe (et désormais les Etats-Unis d'Obama) espèrent convaincre l'Iran d'abandonner le nucléaire, il serait malhabile de réhabiliter une organisation honnie par Téhéran.
Mais pourquoi alors la realpolitik infligée au mouvement iranien ne vaudrait-elle pas dans le cas tibétain, où les Européens n'ont pas peur de fâcher la Chine en apportant leur soutien au Dalaï Lama ? Certes, la comparaison vaut ce qu'elle vaut. Les Moudjahidine du Peuple, ce ne sont pas des hare krishna. Ils ont mené une lutte armée et ont eu des moeurs pour le moins particulières, comme en témoigne un rapport d'Human Rights Watch où il est notamment question de tortures à l'encontre de membres dissidents. Mais aujourd'hui, face au régime ultra-répressif en place à Téhéran, les Moudjahidine apparaissent comme le seul mouvement d'opposition crédible. Il suffit d'assister à l'un de leurs meetings en Europe pour se rendre compte que l'organisation est très structurée et très bien dotée. L'OMPI dispose aussi d'une armée de communicateurs prêts à harceler les journalistes et de nombreux relais de propagande sur internet, comme le site realite-eu.org. Leur travail commence à porter ses fruits, puisqu'outre leurs victoires judiciaires, les Moudjahidine du Peuple commencent à remporter certains succès dans la branche législative, avec le soutien un nombre croissant de parlementaires. Notre Anne-Marie Lizin nationale fait d'ailleurs partie du comité de soutien.
Leur qualification de groupe terroriste ne tient plus qu'à un fil... Reste à savoir jusqu'à quand les gouvernements européens pourront continuer à ignorer des injonctions de justice.
Colonel Moutarde
Mais le Conseil des ministres de l'UE - et le comité d'experts ultra-secret qui discute de ces questions - fait la sourde oreille obstinément. Sans jamais expliquer clairement pourquoi l'organisation est considérée comme terroriste. Sans rien laisser filtrer des raisons impérieuses pour lesquelles une telle violation de l'ordre juridique européen serait nécessaire.
Bien sûr, on peut formuler des hypothèses: à l'heure où l'Europe (et désormais les Etats-Unis d'Obama) espèrent convaincre l'Iran d'abandonner le nucléaire, il serait malhabile de réhabiliter une organisation honnie par Téhéran.
Mais pourquoi alors la realpolitik infligée au mouvement iranien ne vaudrait-elle pas dans le cas tibétain, où les Européens n'ont pas peur de fâcher la Chine en apportant leur soutien au Dalaï Lama ? Certes, la comparaison vaut ce qu'elle vaut. Les Moudjahidine du Peuple, ce ne sont pas des hare krishna. Ils ont mené une lutte armée et ont eu des moeurs pour le moins particulières, comme en témoigne un rapport d'Human Rights Watch où il est notamment question de tortures à l'encontre de membres dissidents. Mais aujourd'hui, face au régime ultra-répressif en place à Téhéran, les Moudjahidine apparaissent comme le seul mouvement d'opposition crédible. Il suffit d'assister à l'un de leurs meetings en Europe pour se rendre compte que l'organisation est très structurée et très bien dotée. L'OMPI dispose aussi d'une armée de communicateurs prêts à harceler les journalistes et de nombreux relais de propagande sur internet, comme le site realite-eu.org. Leur travail commence à porter ses fruits, puisqu'outre leurs victoires judiciaires, les Moudjahidine du Peuple commencent à remporter certains succès dans la branche législative, avec le soutien un nombre croissant de parlementaires. Notre Anne-Marie Lizin nationale fait d'ailleurs partie du comité de soutien.
Leur qualification de groupe terroriste ne tient plus qu'à un fil... Reste à savoir jusqu'à quand les gouvernements européens pourront continuer à ignorer des injonctions de justice.
Colonel Moutarde
mercredi 3 décembre 2008
Standard champion... de la censure aussi
Six mois après avoir conquis un titre de champion de Belgique qu'il attendait depuis vingt-cinq ans, le Standard vient de remporter sa quatrième victoire d'affilée en Coupe d'Europe, se qualifiant pour les 16ème de finale de la Coupe de l'UEFA.
La sympathie qu'inspirent le club liégeois et son public ne peuvent cependant masquer le malaise éprouvé face aux méthodes du club pour museler les médias qui choisissent de dépasser le stade de l'exaltation journalistique.
C'est ainsi que depuis un sujet réalisé par le JT de la RTBF sur Lucien D'Onofrio, le vice-président du Standard, condamné en France à 2 ans de prison dont six mois fermes (qu'il n'exécutera pas comme le veut la tradition pour les courtes peines) pour des transferts suspects en sa qualité d'agent, le Standard interdit à toute l'équipe d'accorder des interviews à la radio-télévision de service public.
On en parle peu mais ce genre de pressions visant à empêcher les journalistes d'exercer leur métier avec le regard critique qui est censé s'imposer est monnaie courante dans le milieu du football. La famille Bayat a usé de méthodes parfois violentes notamment à l'endroit de Foot Magazine.
Et ce n'est certainement pas de l'Union belge qu'il faut attendre l'exemple à montrer en matière de probité. Là, le panier de crabes qui dirige la maison football Belgique a décrété un boycott de la RTBF-Télé, lassé par les critiques du sulfureux Stéphane Pauwels. L'entraîneur des Diables rouges réserve lui, pour des raisons commerciales, ses seules interviews télévisées en français à RTL depuis 2006.
Dans la presse écrite, rares sont les échos qui dénoncent cette situation. On préfère probablement botter en touche.
Durum
La sympathie qu'inspirent le club liégeois et son public ne peuvent cependant masquer le malaise éprouvé face aux méthodes du club pour museler les médias qui choisissent de dépasser le stade de l'exaltation journalistique.
C'est ainsi que depuis un sujet réalisé par le JT de la RTBF sur Lucien D'Onofrio, le vice-président du Standard, condamné en France à 2 ans de prison dont six mois fermes (qu'il n'exécutera pas comme le veut la tradition pour les courtes peines) pour des transferts suspects en sa qualité d'agent, le Standard interdit à toute l'équipe d'accorder des interviews à la radio-télévision de service public.
On en parle peu mais ce genre de pressions visant à empêcher les journalistes d'exercer leur métier avec le regard critique qui est censé s'imposer est monnaie courante dans le milieu du football. La famille Bayat a usé de méthodes parfois violentes notamment à l'endroit de Foot Magazine.
Et ce n'est certainement pas de l'Union belge qu'il faut attendre l'exemple à montrer en matière de probité. Là, le panier de crabes qui dirige la maison football Belgique a décrété un boycott de la RTBF-Télé, lassé par les critiques du sulfureux Stéphane Pauwels. L'entraîneur des Diables rouges réserve lui, pour des raisons commerciales, ses seules interviews télévisées en français à RTL depuis 2006.
Dans la presse écrite, rares sont les échos qui dénoncent cette situation. On préfère probablement botter en touche.
Durum
jeudi 27 novembre 2008
Citibank vous souhaite un joyeux noël, et une bonne année
Après avoir plumé ses clients, Citibank vient de réaliser une étude auprès des consommateurs, delaquelle il ressort que "plus de la moitié des Belges (52%) estime
disposer de moins d'argent à consacrer cette année aux achats de Noël" et qu'ils "sont 43% à voir cette année d'un oeil plus sombre".
Le SPF Economie mène actuellement une enquête sur Citibank suspectée d'avoir commercialisé de manière très attractive 14 produits garantis par Lehman Brothers. La banque de crédits est également suspectée d'avoir commis des infractions massives à la législation sur la publicité mensongère.
Citi Never Sleeps.
Durum
disposer de moins d'argent à consacrer cette année aux achats de Noël" et qu'ils "sont 43% à voir cette année d'un oeil plus sombre".
Le SPF Economie mène actuellement une enquête sur Citibank suspectée d'avoir commercialisé de manière très attractive 14 produits garantis par Lehman Brothers. La banque de crédits est également suspectée d'avoir commis des infractions massives à la législation sur la publicité mensongère.
Citi Never Sleeps.
Durum
lundi 17 novembre 2008
Le rêve brisé de Pascal, golfeur à deux balles
"Ma vie à la retraite ? Travailler mon swing sur les plus beaux parcours de golf". C’est ainsi que "Pascal, 50 ans, directeur marketing à Cergy" s’imagine terminer sa carrière, dans une publicité d’Axa. Publiée en pleine page dans Le Monde d’hier, l’encart a attiré ma curiosité. Texto : "Le rêve de Pascal. Aujourd’hui âgé de de 50 ans, il a revendu sa PME et envisage de prendre sa retraite dans 5 ans. Passionné de golf, Pascal envisage d’explorer les plus beaux parcours du monde. Pour accéder à ces greens de prestige tous les ans, il a décidé de consacrer à sa passion 50.000 euros dès maintenant. 'Mais comment-être sûr que ce capital sera suffisant pour me permettre chaque année de profiter pleinement de ma retraite sur les parcours de golf ?' Cette question, Pascal se la pose. Doit-elle rester sans réponse ?" Euh, dites, Axa, c’est une questions sérieuse ? Parce que moi ça ne me dérange pas trop qu’elle reste sans réponse, à l’heure du vieillissement de la population, où nous devrons tous bosser jusqu’à 65 ans, voire plus. On ne va pas pleurer si Pascal ne peut pas fouler les greens dès 55... Un peu de décence, merde. En plus, il est pourri votre plan pension : avec ses 2.317 euros bruts par an garantis, Pascal, il pourra à peine se payer un caddie. Allez, Pascal, c’est pas grave, tu pourras toujours te rabatre sur le mini-golf à Coxyde avec les prolos. Ce sera bien, tu verras.
Colonel Moutarde
Colonel Moutarde
Delacroix évolue dans le bon sens
Une remarque intéressante dans le Nouvel Observateur de cette semaine: des beaux esprits ont annoncé le dépôt d'une plainte pour négationnisme après qu'a été diffusée la chanson macabre et entêtante du sénateur FN mais à bien lire les paroles, ils ont tout faux. Delacroix ne nie pas le génocide, il en fait l'apologie. On nous l'avait pas dit: il n'est plus révisionniste, Delacroix! Il est d'accord: les déportations, Dachau, etc. Un Front National nouveau, moderne, comme il nous l'avait promis.
Et puis, il faudra un jour s'interroger sur le rôle des dîners bien arrosés dans la propagation de la haine ordinaire. Un sociologue pourrait s'y intéresser de près: à la fin du repas, on sourt la goutte et les plaisanteries graveleuses. Et c'est parti! On n'ose pas imaginer ce qu'ils nous ont fait avec le petit vin blanc, Delacroix et ses acolytes, un essai sur la supériorité des races, sans doute... De toute manière, on sait bien comment ça termine: à la fin, ils vont tout vomir dans les toilettes... Si un jour, ils pouvaient être emportés dans la cuvette...
Mexicano
Et puis, il faudra un jour s'interroger sur le rôle des dîners bien arrosés dans la propagation de la haine ordinaire. Un sociologue pourrait s'y intéresser de près: à la fin du repas, on sourt la goutte et les plaisanteries graveleuses. Et c'est parti! On n'ose pas imaginer ce qu'ils nous ont fait avec le petit vin blanc, Delacroix et ses acolytes, un essai sur la supériorité des races, sans doute... De toute manière, on sait bien comment ça termine: à la fin, ils vont tout vomir dans les toilettes... Si un jour, ils pouvaient être emportés dans la cuvette...
Mexicano
dimanche 16 novembre 2008
L'asbl Dolor défend-elle l'actionnaire de Fortis ou vise-t-elle la déstabilisation de l'Etat?
Parmi les chevaliers blancs qui s'enorgueillissent de promouvoir la défense des petits actionnaires de Fortis, on trouve l'asbl Dolor, auteure d'une plainte au pénal contre le gouvernement.
C'est cette même asbl qui avait divulgué un scoop relayé sans vérification par Le Soir Magazine, selon lequel le Premier ministre Yves Leterme, le ministre des Finances Didier Reynders et les représentants de Fortis s'étaient vus le 20 août dernier et étaient au courant depuis lors de la situation du banquier.
Le Premier ministre et le ministre des Finances ont démenti l'information, soulignant qu'à cette date ils se trouvaient aux JO de Pékin.
Sans vouloir se prononcer sur le fond de l'affaire, il est bon de gratter un peu et voir qui se cache derrière cette noble association, Dolor, dont les visées sont peut-être plus larges que la simple défense du petit actionnaire.
Son principal responsable, Hendrik Boonen, est membre de Vlott, un groupuscule politique anversois dirigé par le sénateur Hugo Coveliers et allié au Vlaams Belang. A Anvers, Hendrik Boonen est d'ailleurs relativement connu dans le milieu. Il est passé ces dernières années par tout ce que la métropole a connu comme groupuscules fascistes, antipolitiques et populistes.
Il est étonnant que la presse traditionnelle ne l'évoque pas. Il est aussi étonnant qu'alors qu'existe dans la presse francophone un cordon sanitaire, Le Soir Magazine se laisse aller à colporter sans les vérifier les allégations de ces tristes sires.
Dolor, dolor!
Durum
C'est cette même asbl qui avait divulgué un scoop relayé sans vérification par Le Soir Magazine, selon lequel le Premier ministre Yves Leterme, le ministre des Finances Didier Reynders et les représentants de Fortis s'étaient vus le 20 août dernier et étaient au courant depuis lors de la situation du banquier.
Le Premier ministre et le ministre des Finances ont démenti l'information, soulignant qu'à cette date ils se trouvaient aux JO de Pékin.
Sans vouloir se prononcer sur le fond de l'affaire, il est bon de gratter un peu et voir qui se cache derrière cette noble association, Dolor, dont les visées sont peut-être plus larges que la simple défense du petit actionnaire.
Son principal responsable, Hendrik Boonen, est membre de Vlott, un groupuscule politique anversois dirigé par le sénateur Hugo Coveliers et allié au Vlaams Belang. A Anvers, Hendrik Boonen est d'ailleurs relativement connu dans le milieu. Il est passé ces dernières années par tout ce que la métropole a connu comme groupuscules fascistes, antipolitiques et populistes.
Il est étonnant que la presse traditionnelle ne l'évoque pas. Il est aussi étonnant qu'alors qu'existe dans la presse francophone un cordon sanitaire, Le Soir Magazine se laisse aller à colporter sans les vérifier les allégations de ces tristes sires.
Dolor, dolor!
Durum
vendredi 14 novembre 2008
Les dangereux "synonymes" de M. Barrot
En politique, il est parfois utile de remplacer un mot par un autre. Quand, dans un élan de racisme et de populisme, le gouvernement italien de Silvio Berlusconi a entrepris de prélever les empreintes digitales de tous les Roms du pays, il lui a fallu éviter soigneusement les termes de "gitans", de "roms" et toutes les autres formulations liées à l'origine ethnique. Les règles européennes interdisent en effet les discriminations sur base de l'origine ethnique. Ce sont donc les "nomades" qui se sont vu demander de tremper leurs pouces dans l'encre. Bel effort de politiquement correct de la part de Silvio Berlusconi qui lui a permis, moyennant quelques autres aménagement, d'obtenir le feu vert du commissaire européen en charge de la justice, Jacques Barrot.
Ce dernier s'apprête à fermer les yeux sur un nouveau tour de passe-passe sémantique impliquant cette fois les Chrétiens d'Irak. Par milliers, ceux-ci ont fui leur pays vers la Syrie et la Jordanie voisines et nombreux sont ceux qui voudraient trouver asile dans les pays européens - dont les portes restent pour l'heure closes. Leur revendication est défendue vigoureusement dans les milieux catholiques européens, où l'on voudrait leur donner un accès préférentiel sur les autres populations persécutées d'Irak. Pour étayer ce plaidoyer, on a remplacé les "Chrétiens d'Irak" par les "populations vulnérables d'Irak". Déjà soutenu à demi-mot par M. Barrot, ce raisonnement sous-entend que les Chrétiens sont plus vulnérables que les Muslumans dans le pays. Et qu'ils pourraient donc entrer en Europe par la voie rapide. Tant mieux pour eux, sans doute. Quant à ceux qui se verront refuser le droit d'entrée, qui se préoccupera de leur sort ? Du côté du clergé européen, en tout cas, la chose est entendue. "Traiter de la même façon des personnes qui seraient moins menacées serait une discrimination", a estimé ce vendredi une représentante de la fédération des épiscopats. Drôle de conception de la discrimination...
Colonel Moutarde
Ce dernier s'apprête à fermer les yeux sur un nouveau tour de passe-passe sémantique impliquant cette fois les Chrétiens d'Irak. Par milliers, ceux-ci ont fui leur pays vers la Syrie et la Jordanie voisines et nombreux sont ceux qui voudraient trouver asile dans les pays européens - dont les portes restent pour l'heure closes. Leur revendication est défendue vigoureusement dans les milieux catholiques européens, où l'on voudrait leur donner un accès préférentiel sur les autres populations persécutées d'Irak. Pour étayer ce plaidoyer, on a remplacé les "Chrétiens d'Irak" par les "populations vulnérables d'Irak". Déjà soutenu à demi-mot par M. Barrot, ce raisonnement sous-entend que les Chrétiens sont plus vulnérables que les Muslumans dans le pays. Et qu'ils pourraient donc entrer en Europe par la voie rapide. Tant mieux pour eux, sans doute. Quant à ceux qui se verront refuser le droit d'entrée, qui se préoccupera de leur sort ? Du côté du clergé européen, en tout cas, la chose est entendue. "Traiter de la même façon des personnes qui seraient moins menacées serait une discrimination", a estimé ce vendredi une représentante de la fédération des épiscopats. Drôle de conception de la discrimination...
Colonel Moutarde
lundi 10 novembre 2008
La foire du trône à l'arrêt
Préparez-vous aux flonflons et aux froufrous, le 15 novembre, c'est la Fête du Roi. Crise institutionnelle et financière oblige, on avait quelque peu oublié notre poussiéreuse monarchie que l'occasion de la Fête de la Dynastie permettra de fourbir quelque peu, à son retour d'un voyage à dos d'éléphant dans les Indes.
En ce quinzième anniversaire de l'accession d'Albert II au trône, la chancellerie du Premier ministre a tenu à marquer le coup, organisant un événement pour notre belle jeunesse de 15 ans.
Mais à moins de déguiser Armand De Decker et Herman Van Rompuy et leurs suites, en prépubères communiants confirmant, il faut s'attendre à ce que l'événement fasse flop. Les services du Premier ministre peinent à nous trouver quelques jeunes, encore verts derrière les oreilles, disposés à venir faire tapisserie le 15 novembre. Comment l'expliquer? Bon, il y a quand même Tubize-Cercle de Bruges en début de soirée mais cela ne peut expliquer à lui seul ce royal "Fortiseke" qui vient pourtant ponctuer une très originale initiative de la chancellerie. Pas du tout en décalage avec les réalités d'aujourd'hui.
Pourtant, le message qui sera distillé le 15/11 risque d'être exaltant, le Palais annonçant un hommage au Roi Baudouin, sur le thème de "l’engagement d’une vie pour une société plus harmonieuse". C'est certain que saluer la mémoire de ce croque-mort avorté que Lumumba doit encore chérir dans sa tombe, constitue un bel appel à l'engagement en faveur d'une société moderne. Il ne pourra d'ailleurs être que plus appuyé en la présence de la diacre du Palais, Fabiola Pompilio dellopusdei. Décidément non, il n'y a plus de jeunesse, plus de respect, plus de certitude.
Boudant les petits fours, nos jeunes têtes blondes pourront toujours se rabattre sur la table ronde pour la réhabilitation de l'oeuvre coloniale de Lépold II qu'organise ce même jour le chevalier Alain Destexhe. Là aussi, il y aura des absents. Le général Nkunda et le président Kabila sont excusés. Ils gèrent l'héritage colonial.
Durum
En ce quinzième anniversaire de l'accession d'Albert II au trône, la chancellerie du Premier ministre a tenu à marquer le coup, organisant un événement pour notre belle jeunesse de 15 ans.
Mais à moins de déguiser Armand De Decker et Herman Van Rompuy et leurs suites, en prépubères communiants confirmant, il faut s'attendre à ce que l'événement fasse flop. Les services du Premier ministre peinent à nous trouver quelques jeunes, encore verts derrière les oreilles, disposés à venir faire tapisserie le 15 novembre. Comment l'expliquer? Bon, il y a quand même Tubize-Cercle de Bruges en début de soirée mais cela ne peut expliquer à lui seul ce royal "Fortiseke" qui vient pourtant ponctuer une très originale initiative de la chancellerie. Pas du tout en décalage avec les réalités d'aujourd'hui.
Pourtant, le message qui sera distillé le 15/11 risque d'être exaltant, le Palais annonçant un hommage au Roi Baudouin, sur le thème de "l’engagement d’une vie pour une société plus harmonieuse". C'est certain que saluer la mémoire de ce croque-mort avorté que Lumumba doit encore chérir dans sa tombe, constitue un bel appel à l'engagement en faveur d'une société moderne. Il ne pourra d'ailleurs être que plus appuyé en la présence de la diacre du Palais, Fabiola Pompilio dellopusdei. Décidément non, il n'y a plus de jeunesse, plus de respect, plus de certitude.
Boudant les petits fours, nos jeunes têtes blondes pourront toujours se rabattre sur la table ronde pour la réhabilitation de l'oeuvre coloniale de Lépold II qu'organise ce même jour le chevalier Alain Destexhe. Là aussi, il y aura des absents. Le général Nkunda et le président Kabila sont excusés. Ils gèrent l'héritage colonial.
Durum
samedi 8 novembre 2008
Régulation du système financier: la grande désillusion
Deux mois après le débarquement en Europe de la crise financière et les annonces incantatoires d'une efficace régulation du système, force est de constater que les autorités américaines, européennes, et belges, pour ce qui nous concerne, en sont restées aux vagues déclarations d'intention voire dans les meilleurs des cas à arrêter des positions très consensuelles. Les seules véritables décisions prises à ce stade ont été relatives à la nationalisation des pertes et à la privatisation des profits.
Le président américain fraîchement élu Barack Obama, la nouvelle icône mondiale (;-)), a annoncé un important plan de relance mais il est resté muet quant à la nécessité de réguler les marchés. Laissons-lui le bénéfice du doute, il n'est pas encore président en fonction. Paroles, paroles, paroles restent ses maîtres mots.
Le Conseil européen préparatif au Sommet mondial de Washington a lui aussi accouché d'une souris. Le chef de groupe socialiste au Parlement européen, Martin Shulz avait ironisé à propos du chef d'Etat français Nicolas Sarkozy, actuel président du Conseil européen, soulignant qu'il parlait depuis la crise comme un véritable socialiste, tellement il s'est reprofilé une fois le vent tourné. Vendredi à Bruxelles, Nicolas Sarkozy a rassuré les financiers. "Nous ne voulons pas passer d'une absence de réglementation à trop de réglementation", a-t-il prévenu. Au-delà, on n'est pas plus avancé.
Le plan européen n'accouche que de principes dont la volonté de "confier au FMI un rôle central dans une architecture financière plus efficace". Balaise. Plus efficace pour qui? Quelle architecture? Et surtout, pourquoi le FMI? Cette institution dont l'ancien vice-président de la Banque mondiale, Joseph Stiglitz, affirme que ses prescriptions sont "en partie fondées sur l'hypothèse dépassée selon laquelle le marché aboutit spontanément aux résultats les plus efficaces" (1). Ce n'est pas l'architecture mais l'idéologie sous-jacente qu'il faut changer. Mais cela, la droite ne le permettra pas.
En Belgique aussi, on allait voir ce qu'on allait voir. Le président du PS, Elio Di Rupo, en perd régulièrement sa voix ces dernières semaines à force de crier au démon ultra-libéral à enfermer au plus vite dans le carcan de la régulation.
Et vendredi, le Conseil des ministres a approuvé une décision visant à limiter les parachutes dorés des patrons d'entreprises cotées en bourse. En principe, ces indemnités seront limitées à 12 mois de salaire fixe au maximum. Limitées par des paramètres temporels donc mais pas financiers. C'est bingo pour les patrons du BEL20. A titre d'exemple, alors que l'administrateur-délégué d'Agfa-Gevart a droit aujourd'hui à une indemnité de départ d'1,540 millions d'euros, selon le rapport annuel de l'entreprise; il pourra partir, en vertu des nouvelles règles, avec la coquette somme de 3,116 millions d'euros, a calculé Ecolo. Joli foutage de gueule!
In fine, ce n'est pas le système mais le gouvernement lui-même qui est transparent.
Il faut dire que quand en son sein on se prête au jeu du délit d'initié, certains n'ont pas intérêt à plus de régulation. Le ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht, dément tout délit d'initié alors que son épouse de magistrate a vendu pour 500.000 euros d'actions Fortis la veille de la cession des actifs aux Néerlandais et de l'effondrement au plus bas du cours boursier. Une pure coïncidence d'agenda. N'est pas chef de la diplomatie qui veut.
Durum
(1) La grande désillusion, Joseph Stiglitz, janvier 2002
Libellés :
De Gucht,
Di Rupo,
etats-unis,
finance,
fortis,
france,
GOUVERNEMENT,
Obama,
PS,
sarkozy
mercredi 29 octobre 2008
Ni dieu, ni maître
A 25 ans du 2OOOème anniversaire de la mort du Christ, il nous apparaît que le troisième millénaire emporte sur son passage toutes nos certitudes, balayant du même coup toutes les icônes en vogue.
A l'heure où la crise financière a renvoyé aux calendes grecques Adam Smith et sa clique de doigts (d'honneur) invisibles, où soeur Emmanuelle ne semble pas vouloir nous revenir en soeur Emmanuelle II, malgré un médiatique dernier doigt invisible; à l'heure où le Dalaï-Lama semble implorer soeur Emmanuelle d'un coup de pouce pour soulager ses douleurs abdominales, à l'heure où personne ne s'annonce comme le digne successeur de Zinedine Zidane, cette Jeanne d'Arc du ballon rond; où Justine Henin a remisé sa raquette pour profiter de son pactole monégasquement éludé et continuer à dispenser ses bonnes oeuvres, où l'idole des jeunes (MR) DJ Reynders a vu son remix fiscal scratché par les bourses (ah les bourses, soeur Emmanuelle!!), où Maurice Lippens a les boules de golf (ah les boules, chère Emmanuelle!!!), où la crise financière a noyé le-débat-climatique-renvoyant-au-second-plan-l'éternelle-'aura-t-on-de-la-poudreuse-à-Noël?', où Tomeke Tomeke Boonen a lui sombré dans la poudreuse bien avant Noël, où ce pas très sexy pédé de Jörg Haider se crashe à 140 en dépassant une dernière fois à l'extrême droite, où PPDA devient une victime après avoir été le roi de l'intox journalistique sa carrière durant, où la StarAc en est à ses derniers balbutiements, non, non, non, on ne voit pas, décidément, après les disparitions de Jean-Paul II (rien à voir avec Votron), de l'abbé Pierre et sa p'tite copine la mère Thérèse, qui, en ce 21ème siècle, dont Malraux avait dit qu'il serait religieux ou ne serait pas, qui pourrait revendiquer un statut d'icône.
Car paradoxe, si le retour du religieux est malheureusement bien au rendez-vous en ce troisième millénaire, il semble en panne de dieux. Notre monde globalisé renvoie dos à dos ces caricatures de bas relief que sont sa sainteté présumée Ingrid Betancourt, God-Bless-You-Barack-Obama (ah Gode Bless You, Emmanuelle!), le camarade évangéliste Hugo Chavez, le champion derrière derny mollah Omar voire... les tristes ressuscités de Guns N'Roses (et attention, on nous annonce un retour commercial des Smiths!). Et ne parlons pas des fabuleux Trust qui viennent de réussir le hold-up parfait en spoliant leurs fans de 35 euros à l'AB avec la collaboration de ce trust antisocial qu'est Live Nation. Ceux-là ont dû croiser sur leur route Nicolas Sarkozy, l'iconoclaste président bling-bling devenu chantre du verbiage d'Epinal enrobé de sauce social-démocrate.
Non, franchement et décidément non, il n'y a plus d'icône. Et c'est très certainement une bonne chose.
Goodbye, Emmanuelle. On était à deux doigts de vous regretter.
Durum
mardi 28 octobre 2008
Fortis dans le collimateur de la justice
Selon le quotidien flamand De Tijd de mardi, une enquête est menée à l'instigation du parquet à propos de Fortis, d'anciens dirigeants étant suspectés d'avoir caché des informations sur l'état de l'entreprise. Un dossier néerlandais est joint à l'enquête, un particulier s'étant constitué partie civile aux Pays-Bas, estimant que Fortis a menti quant à sa solvabilité et sa liquidité fin 2007 dans le but de manipuler les marchés lors d'une augmentation de capital.
Nous avions déjà dans ce blog, in tempore non troppo suspecto, pointé du doigt les responsabilités du comte Lippens chez Fortis.
Selon De Tijd et l'Echo, l'analyse que mène actuellement le ministère public s'est attachée à certaines manipulations de marché: il serait possible que les actionnaires de Fortis aient été informés trop tard voire de manière quelque peu erronnée de la réelle situation financière de l'institution bancaire.
Le sp.a demande que l'Etat se constitue partie civile.
Durum
Hitler décommandé, pas de truite au beurre mardi
La VRT a finalement décidé, à la dernière minute, de ne pas diffuser mardi son émission "Plat préféré" sujette à controverse.
Pour rappel, le principe de l'émission consiste à cuisiner le "plat préféré" d'une personnalité. Mardi, il devait s'agir de la truite sauce au beurre qu'affectionnait Adolf Hitler.
La VRT a fait savoir qu'elle renonçait à la diffusion de l'émission à la suite du tollé suscité auprès d'une frange importante de la communauté juive et d'anciens prisonniers politiques.
Curieusement, la VRT continue à défendre le choix qu'elle avait opéré mais renonce à la diffusion en raison de la mauvaise perception qu'il a véhiculé. Cette justification n'est pas pour plaire au magazine "Joods Actueel" qui avait dénoncé l'initiative de la chaîne flamande de service public.
Durum
lundi 27 octobre 2008
Belgium, Rainin' In Paradize
Crise financière et crise de l'éthique des financiers oblige, l'actualité de ces derniers jours a refait surgir les débats relatifs aux paradis fiscaux et au secret bancaire. Un reportage caricatural diffusé dans le JT de France2 a permis au premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker d'éluder, non pas l'impôt, mais le problème en dénonçant une vision franco-française de la réalité luxembourgeoise quelque peu tronquée par les journalistes maison.
Pourtant le secret bancaire ou la discrétion bancaire ne sont pas des fantasmes sortis tout droit de l'imaginaire de certains. La Belgique, le Luxembourg et l'Autriche continuent de l'appliquer en Europe. Le lever n'arrangera pas tout mais rendra la situation moins opaque et facilitera notamment la lutte contre le blanchiment et le financement du crime en général. Selon le rapport annuel 2007 de la Cellule publique belge de Traitement des Informations Financières (CTIF), spécialisée dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, une partie des dossiers étudiés "confirme le fait que les fonds provenant d’activités criminelles se nichent dans certaines places financières". D'après la CTIF, "cet attrait tient au fait que ces places sont caractérisées par des pratiques de sous-règlementation et que les règles de confidentialité y sont
particulièrement développées".
Quant au fond, cette exonération au système retenu dans l'Union euroéenne pour l'échange d'informations sur l'épargne n'érige pas en principe une exception fiscale pour ces trois pays. Il n'en demeure pas moins que le secret bancaire, justifié historiquement par ses partisans par la nécessité d'observer une discrétion garantissant le respect de la vie privée à l'instar du secret médical, permet aux institutions financières d'agir en l'absence de transparence en proposant des montages locaux ingénieux dans un contexte fiscal européen qui malgré la directive épargne, au champ d'application limité, reste peu harmonisé. Les non-résidents continuent d'échapper à la globalisation de l'impôt et donc à la progressivité, ce qui est favorable aux plus riches.
Ainsi, contrairement à ses voisins (dont le Luxembourg), la Belgique ne connaît pas d’impôt sur la fortune et cela se sait à l'étranger, particulièrement en France et aux Pays-Bas. La discrète Belgique suscite donc une concurrence fiscale déloyale, les patrimoines étrangers y étant à l'abri, faute de cadastre.
L'inéquité fiscale vaut également en interne. Avantageux pour les détenteurs de patrimoine, le système fiscal belge peut l'être aussi pour les entreprises, d'autant plus si elles savent se montrer habiles en matière d'optimalisation. En remplacement des centres de coordination qui permettaient aux multinationales d'opter pour un régime fiscal favorable (tellement favorable qu'il a été interdit par l'Union européenne au nom de la libre concurrence), le gouvernement a créé les intérêts notionnels. De grandes multinationales comme Suez s'en frottent les mains. Le secteur des banques a également pu profiter des largesses publiques, l'Etat l'ayant qui plus est recapitalisé, crise oblige.
Enfin, à l'instar de nombreux Etat étrangers, la Belgique ne taxe pas non plus les plus-values boursières. On rétorquera que l'ère est plutôt aux moins-values. Il n'en demeure pas moins qu'une taxe sur la spéculation serait déjà un garde-fou contre les dérives du système financier qui aujourd'hui coupe les crédits au monde de l'économie réelle.
L'honnête travailleur doté d'un sens de l'éthique, lui, est vu à tous les échelons du système. Il est le dindon de la farce fiscale, singulièrement s'il apartient à la classe moyenne, les taux d'imposition supérieurs ayant été rabotés voire supprimés. La Belgique figure parmi les champions du monde de la taxation du monde du travail. Une envolée à relativiser, notre pays restant parmi le top mondial de la protection sociale et du bien-être. Cependant, la pente est glissante. Les plus précarisés, bas salaires, allocataires, pensionnés, s'ils ne sont pas nécessairement victimes directes du système fiscal inéquitable, le sont socialement, leurs revenus ayant décroché relativement au bien-être depuis près de vingt ans.
La Belgique serait-elle dès lors un paradis fiscal capitaliste? Il n'existe pas de définition mondiale du paradis fiscal, concept complexe qui rend difficile les comparaisons. L'OCDE ne retient que Monaco, Andorre et le Liechtenstein comme entités non coopérantes proposant un système fiscal anormalement bas, joli euphémisme.
Récemment à Paris, l'Allemagne a créé un incident diplomatique en proposant d'y ajouter la Suisse.
Selon deux économistes du Réseau mondial pour la justice fiscale né de l'organisation du Forum social mondial de Porto Alegre, John Christensen (ancien conseiller de Jersey) et Mark Hampton, on comptait, en 2005, 73 paradis fiscaux à travers le monde (pays, villes, entités)... dont la Belgique. (http://www.taxjustice.net/cms/upload/pdf/tax_break_EN.pdf). A méditer.
Durum
Happart à la rescousse des Flamingants
La jeune fille et la mort, Eduard Munch 1894
Reflet d'une élucubration provocatrice née d'un rapide exercice de logique qui a tenaillé mon esprit en une fraction de seconde, la contribution qui suit n'a pas d'autre vocation que de participer au relativisme ambiant, en ces temps où même le dogme de la main invisible semble être remis en cause par les économistes les plus absolutistes.
Quel est-il, cet exercice de logique? D'un côté, l'axiome José Happart, contribuable belge, figure historique du wallingantisme; de l'autre, le Boerenbond, alliance agricole flamingante, pilier historique de la KBC.
Deux mondes qui trouvent leurs racines dans la même paysannerie catholique. José H est (officiellement) socialiste mais issu d'une famille enracinée dans le syndicalisme chrétien ultra-conservateur. Le Boerenbond et la KBC sont intrinsèquement liés au parti chrétien flamand du Premier ministre Yves Leterme, lui-même-éleveur-de-chèvres-à-ses-heures-mais-c'est-une-autre-histoire.
Et pourtant, tout oppose ces deux mondes ruraux, au nom du chacun-maître-chez-soi-et-nous-vivrons-tous-en-paix.
Or, ne voilà-t-il pas que le gouvernement fédéral a annoncé lundi un effort de recapitalisation de la KBC, confrontée à son tour à un problème de liquidités. L'effort portera sur 3,5 milliards d'euros.
En vertu du paradigme selon lequel "l'Etat, c'est nous", le gouvernement va donc emprunter, au nom des 6,5 millions de contribuables que nous sommes, parmi lesquels des Flamands et des Wallons dont un certain José H.
Décidément, le monde est petit.
Et l'argent n'a pas d'odeur.
Durum
Reflet d'une élucubration provocatrice née d'un rapide exercice de logique qui a tenaillé mon esprit en une fraction de seconde, la contribution qui suit n'a pas d'autre vocation que de participer au relativisme ambiant, en ces temps où même le dogme de la main invisible semble être remis en cause par les économistes les plus absolutistes.
Quel est-il, cet exercice de logique? D'un côté, l'axiome José Happart, contribuable belge, figure historique du wallingantisme; de l'autre, le Boerenbond, alliance agricole flamingante, pilier historique de la KBC.
Deux mondes qui trouvent leurs racines dans la même paysannerie catholique. José H est (officiellement) socialiste mais issu d'une famille enracinée dans le syndicalisme chrétien ultra-conservateur. Le Boerenbond et la KBC sont intrinsèquement liés au parti chrétien flamand du Premier ministre Yves Leterme, lui-même-éleveur-de-chèvres-à-ses-heures-mais-c'est-une-autre-histoire.
Et pourtant, tout oppose ces deux mondes ruraux, au nom du chacun-maître-chez-soi-et-nous-vivrons-tous-en-paix.
Or, ne voilà-t-il pas que le gouvernement fédéral a annoncé lundi un effort de recapitalisation de la KBC, confrontée à son tour à un problème de liquidités. L'effort portera sur 3,5 milliards d'euros.
En vertu du paradigme selon lequel "l'Etat, c'est nous", le gouvernement va donc emprunter, au nom des 6,5 millions de contribuables que nous sommes, parmi lesquels des Flamands et des Wallons dont un certain José H.
Décidément, le monde est petit.
Et l'argent n'a pas d'odeur.
Durum
dimanche 26 octobre 2008
Quand la VRT nous cuisine la truite sauce au beurre à la façon du Führer
L'émission "Plat préféré" (en français dans le texte) sur la deuxième chaîne télévisée de la VRT, Canvas, a pour originalité d'assaisonner l'information culinaire qui y est dispensée d'une pincée de références historiques et ou culturelles, le principe étant simple: proposer au téléspectateur la recette préférée d'une personnalité. Il y a ainsi déjà été question des moules frites de Jacques Brel et du poulet curry du chanteur Freddy Mercury.
L'émission programmée le mardi 28 octobre suscite le débat bien avant sa diffusion, à l'initiative d'une partie de la communauté juive et de l'organe "Joods Aktueel" en raison de la personnalité choisie, Adolf Hitler dont le mets préféré était la truite sauce au beurre. Durant l'émission telle qu'elle a été enregistrée, le chef vrtéien est mis en scène, pêchant ses truites en Bavière avant de préparer le plat du jour au "Nid d'Aigle" du dictateur.
Loin de pouvoir être taxée de vouloir faire l'apologie du nazisme, la VRT se voit reprocher un dangereux détour de banalisation de l'holocauste, ce dont elle se défend, maintenant la programmation de l'émission. On peut d'autant moins plaider la mauvaise foi de la chaîne publique flamande que celle-ci nous a habitués à la diffusion de nombreuses émissions historiques de qualité pointant l'horreur nazie. Il reste dès lors l'incompréhension à l'annonce d'une telle initiative.
Mardi, la truite au beurre risque de sentir le rance. On peut clairement parler de faute de goût dans le chef de la télévision flamande. A vous de juger. Et si vous passez à table, bonne chance.
Durum
vendredi 24 octobre 2008
Herman De Croo m'a sauvé la vie
Tout est politique. Même la culture, même le théâtre. Ce n'est pas Bertolt Brecht qui dira le contraire. Ni Lukas Vander Taelen, ce Flamand, ancien député européen, qui vient de signer une pièce en français intitulée "Marina, ou comment Herman De Croo m'a sauvé la vie" - et jouée actuellement au petite théâtre de la Samaritaine à Bruxelles.
Il y raconte comment De Croo lui a sauvé la vie en imposant la mixité dans les écoles, en 1969, alors qu'il était ministre de l'éducation nationale. La pièce est très drôle, une espèce de stand-up comedy à l'américaine - mais alors à l'americain-préparé, mâtinée d'humour belge. Une pièce qui rappelle comme il est bon d'être citoyen d'un pays qui n'existe pas, un pays bâtard, dont on entendra au passage quelques épisodes fameux. Comme l'histoire du tube planétaire "Marina", composé par le chanteur de Genk Rocco Granata.
La pièce se joue encore ce soir et demain, et si vous cherchez un bon plan, n'hésitez pas.
samedi 18 octobre 2008
Le plan de fréquences accouche d'une trop pure FM
Le nouveau plan de fréquences radio est enfin né mais force est de constater qu'il ne répond que fort peu à son objectif initial de diversification des contenus.
Et le problème réside moins dans la pauvreté des offres faite par le privé que dans la faillité d'un service public trustant la moitié de la bande FM et qui, en matière de programmation musicale "actuelle", faillit totalement dans ses missions.
Pure FM est devenue aujourd'hui une radio commerciale sponsorisée par les contribuables en dépit de ce que certains d'entre eux souhaitent écouter. Il y a longtemps que le plan de fréquences n'offre aucune musique pop-rock sortant des sentiers battus. Le changement n'est pas pour demain.
Cela étant dit, il est aussi de bon "ton" de rabattre son caquet à feu radio Mint, la radio du mauvais goût du groupe Bertelsmann, qui s'était présentée comme alternative (piège dans lequel de nombreux artistes sont tombés y compris le très Royal Cali). Bertelsmann, cet ogre chapeautant la maison RTL, qui a largement participé à la spoliation des artistes avant de vendre ses activités d'édition musicale après le succès du téléchargement.
Durum
Et le problème réside moins dans la pauvreté des offres faite par le privé que dans la faillité d'un service public trustant la moitié de la bande FM et qui, en matière de programmation musicale "actuelle", faillit totalement dans ses missions.
Pure FM est devenue aujourd'hui une radio commerciale sponsorisée par les contribuables en dépit de ce que certains d'entre eux souhaitent écouter. Il y a longtemps que le plan de fréquences n'offre aucune musique pop-rock sortant des sentiers battus. Le changement n'est pas pour demain.
Cela étant dit, il est aussi de bon "ton" de rabattre son caquet à feu radio Mint, la radio du mauvais goût du groupe Bertelsmann, qui s'était présentée comme alternative (piège dans lequel de nombreux artistes sont tombés y compris le très Royal Cali). Bertelsmann, cet ogre chapeautant la maison RTL, qui a largement participé à la spoliation des artistes avant de vendre ses activités d'édition musicale après le succès du téléchargement.
Durum
Les non-dits de Leterme I qui en disent long
La déclaration de politique générale du gouvernement qui a reçu le 16 octobre la confiance de la Chambre aura été plus éclairante dans ses silences que dans ses appels à la population à faire face à la menace de l'orage, en pleine crise financière.
On connaît la propension des professionnels à user de la communication pour vendre un produit fagoté, la faculté qu'ont d'aucuns à pousser le verbiage à son paroxysme quand les circonstances le demandent. Contexte de double crise, institutionnelle et financière (en partie) oblige, la logorrhée de l'équipe Leterme I est une leçon en la matière.
Ainsi, le gouvernement a-t-il, pour boucler son budget, inscrit dans ses recettes l'engagement des Régions et Communautés à ne pas dépenser 800 millions d'euros qui leur reviennent dans le cadre de leurs dotations respectives.
Pourtant, Bruxelles a fait savoir qu'elle était exsangue et que le fédéral lui devait du pognon. Pourtant, la Région wallonne ne s'est engagée sur le principe qu'à la condition que la Flandre en fasse autant. Et la Flandre a exprimé... son veto... mais a formulé une proposition alternative.
Elle est d'accord de prendre à son compte les dépenses qui mettent en difficulté l'entité I de l'Etat (l'échelon fédéral) portant sur une série de compétences aujourd'hui partagées entre les différents niveaux de pouvoir (dont l'important département de l'emploi), à condition de pouvoir dorénavant gérer elle-même à 100% ces compétences.
Ce faisant, la Flandre de Kris Peeters, relayée par le Premier ministre Yves Leterme cette semaine à la Chambre, a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de revoir la loi de financement qui, d'année en année assèche un peu plus les caisses du gouvernement fédéral. On en revient donc au projet flamand de responsabiliser des Régions devenues plus autonomes, encadrer plus objectivement les transferts, financer les entités fédérées en tenant compte de la richesse qui y est produite (ce qui est bon pour Bruxelles, d'autant plus si on y applique les normes internationales d'imposition sur le lieu de travail, mais là l'épure CD&V est comme par hasard plus nuancée).
A tout cela, qu'a répondu le gouvernement Leterme-Reynders? Il a acté ces conditions en inscrivant les 800 millions régionaux à son budget 2009. L'importante réforme de l'état annoncée est donc sur les rails. On peut commencer à l'envisager pour le second semestre de 2009, après les élections régionales.
2009 sera donc une année charnière, institutionnellement s'entend, mais elle sera également une année "énergique". Autre non-dit qui veut tout dire dans la déclaration du Premier ministre, après juin 2009, on décidera de reporter la sortie du nucléaire acquise par la coalition arc-en-ciel. Yves Leterme a rappelé l'échéance d'une réflexion l'année prochaine sur le mix énergétique telle qu'annoncée par le ministre Magnette en vertu de l'accord de gouvernement. Il faudra, a dit Leterme, proposer un modèle qui permette de rencontrer Kyoto (baisse des émissions CO2), de ne pas alourdir la facture des citoyens et d'assurer à la Belgique la sécurité d'approvisionnement. Du tout cuit pour le nucléaire. Dans le même temps, le gouvernement taxe les producteurs à hauteur de 500 millions d'euros (en réalité 360 millions après déduction d'impôts). GDF-Suez-Electrabel s'étrangle et menace mais se couchera lorsqu'elle aura la certitude de pouvoir continuer à actionner la pompe à milliards productrice d'énergie fissile.
La communication code-barre du gouvernement fortement teintée de non-dits, d'omission à l'insu de son plein gré est bien assumée en son sein. Ainsi, le secrétaire d'Etat Bernard Clerfayt, adjoint au ministre des Finances Didier Reynders, annonça urbi et orbi les différentes mesures prises pour le budget, en oubliant un détail, la taxation via le système du cliquet, des carburants en cas de baisse de prix. Mesure environnementale peu populaire qui, proportionnellement à la richesse, touchera essentiellement la classe inférieure et la classe moyenne. Il faut dire que le bourgmestre de la cité des ânes peut désormais être qualifié d'expert en omission, fausses informations et usage de fausses informations, lui qui n'a pas hésité récemment à renvoyer les tenants de la création d'une banque publique non sujette à la volatilité des cours, à ouvrir un compte à la banque nationale, pourtant cotée en bourse et... non accessible aux particuliers. Là, ce n'est plus du non-dit. Disant cela, notre expert financier, a c'est clair, failli à sa tâche. Cela lui a valu de la part de Josy Dubié (Ecolo) d'être affublé du sobriquet de "Sarah Palin de la politique belge".
Durum
On connaît la propension des professionnels à user de la communication pour vendre un produit fagoté, la faculté qu'ont d'aucuns à pousser le verbiage à son paroxysme quand les circonstances le demandent. Contexte de double crise, institutionnelle et financière (en partie) oblige, la logorrhée de l'équipe Leterme I est une leçon en la matière.
Ainsi, le gouvernement a-t-il, pour boucler son budget, inscrit dans ses recettes l'engagement des Régions et Communautés à ne pas dépenser 800 millions d'euros qui leur reviennent dans le cadre de leurs dotations respectives.
Pourtant, Bruxelles a fait savoir qu'elle était exsangue et que le fédéral lui devait du pognon. Pourtant, la Région wallonne ne s'est engagée sur le principe qu'à la condition que la Flandre en fasse autant. Et la Flandre a exprimé... son veto... mais a formulé une proposition alternative.
Elle est d'accord de prendre à son compte les dépenses qui mettent en difficulté l'entité I de l'Etat (l'échelon fédéral) portant sur une série de compétences aujourd'hui partagées entre les différents niveaux de pouvoir (dont l'important département de l'emploi), à condition de pouvoir dorénavant gérer elle-même à 100% ces compétences.
Ce faisant, la Flandre de Kris Peeters, relayée par le Premier ministre Yves Leterme cette semaine à la Chambre, a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de revoir la loi de financement qui, d'année en année assèche un peu plus les caisses du gouvernement fédéral. On en revient donc au projet flamand de responsabiliser des Régions devenues plus autonomes, encadrer plus objectivement les transferts, financer les entités fédérées en tenant compte de la richesse qui y est produite (ce qui est bon pour Bruxelles, d'autant plus si on y applique les normes internationales d'imposition sur le lieu de travail, mais là l'épure CD&V est comme par hasard plus nuancée).
A tout cela, qu'a répondu le gouvernement Leterme-Reynders? Il a acté ces conditions en inscrivant les 800 millions régionaux à son budget 2009. L'importante réforme de l'état annoncée est donc sur les rails. On peut commencer à l'envisager pour le second semestre de 2009, après les élections régionales.
2009 sera donc une année charnière, institutionnellement s'entend, mais elle sera également une année "énergique". Autre non-dit qui veut tout dire dans la déclaration du Premier ministre, après juin 2009, on décidera de reporter la sortie du nucléaire acquise par la coalition arc-en-ciel. Yves Leterme a rappelé l'échéance d'une réflexion l'année prochaine sur le mix énergétique telle qu'annoncée par le ministre Magnette en vertu de l'accord de gouvernement. Il faudra, a dit Leterme, proposer un modèle qui permette de rencontrer Kyoto (baisse des émissions CO2), de ne pas alourdir la facture des citoyens et d'assurer à la Belgique la sécurité d'approvisionnement. Du tout cuit pour le nucléaire. Dans le même temps, le gouvernement taxe les producteurs à hauteur de 500 millions d'euros (en réalité 360 millions après déduction d'impôts). GDF-Suez-Electrabel s'étrangle et menace mais se couchera lorsqu'elle aura la certitude de pouvoir continuer à actionner la pompe à milliards productrice d'énergie fissile.
La communication code-barre du gouvernement fortement teintée de non-dits, d'omission à l'insu de son plein gré est bien assumée en son sein. Ainsi, le secrétaire d'Etat Bernard Clerfayt, adjoint au ministre des Finances Didier Reynders, annonça urbi et orbi les différentes mesures prises pour le budget, en oubliant un détail, la taxation via le système du cliquet, des carburants en cas de baisse de prix. Mesure environnementale peu populaire qui, proportionnellement à la richesse, touchera essentiellement la classe inférieure et la classe moyenne. Il faut dire que le bourgmestre de la cité des ânes peut désormais être qualifié d'expert en omission, fausses informations et usage de fausses informations, lui qui n'a pas hésité récemment à renvoyer les tenants de la création d'une banque publique non sujette à la volatilité des cours, à ouvrir un compte à la banque nationale, pourtant cotée en bourse et... non accessible aux particuliers. Là, ce n'est plus du non-dit. Disant cela, notre expert financier, a c'est clair, failli à sa tâche. Cela lui a valu de la part de Josy Dubié (Ecolo) d'être affublé du sobriquet de "Sarah Palin de la politique belge".
Durum
mercredi 15 octobre 2008
Saint Gordon, priez d'abord pour vous
Il y a de la béatification dans l’air pour Gordon Brown. Après avoir été présenté comme le sauveur par le tout nouveau prix Nobel d’économie Paul Krugman, il vient de dévoiler ses propositions pour une refonte en profondeur de l’architecture financière internationale, un Bretton Woods du XXIe siècle, dont lui serait, sans doute, le John Maynard Keynes. Un bon double coup de promo pour le Premier ministre britannique, à la traîne dans les sondages, loin derrière le chef de l’opposition David Cameron.
Si on ne met pas un instant en doute les convictions de M. Brown, il convient quand même de tempérer tout de suite ses éventuelles prétentions au titre de grand justicier de la finance internationale. En commençant par rappeler que sous son égide et celle de Tony Blair, le parti travailliste a mis en place une stratégie de gouvernement reniant largement ses idées fondatrices : proximité du patronat, véto aux réformes fiscales et sociales européennes... En matière financière, précisément, le bilan britannique n’est pas glorieux, malgré la décennie des travaillistes au pouvoir. Comme le rappelle l’ONG Tax Justice Network,
The UK has played a particularly dirty game in this arena. British politicians like to parade themselves internationally as being at the forefront of tackling corruption and promoting international development. Yet for decades the UK and US have stood in the way of progress here, undermining the efforts of the OECD, for example, and preventing the United Nations from addressing tax issues by blocking attempts to strengthen the UN Committee of Experts on International Cooperation in Tax Matters (the Tax Committee).
En outre, le Royaume-Uni est mal placé pour donner des leçons de stabilité financière, vu que la place de Londres est un important moteur de déregulation, et que le pays protège sous son aile plusieurs paradis fiscaux (Jersey, Guernesey,...), où se réugient les milliards des profits indûs de la spéculation.
Alors, Gordon, commence par faire le ménage chez toi. Après on prendra les mesures pour ton auréole.
Colonel Moutarde
Si on ne met pas un instant en doute les convictions de M. Brown, il convient quand même de tempérer tout de suite ses éventuelles prétentions au titre de grand justicier de la finance internationale. En commençant par rappeler que sous son égide et celle de Tony Blair, le parti travailliste a mis en place une stratégie de gouvernement reniant largement ses idées fondatrices : proximité du patronat, véto aux réformes fiscales et sociales européennes... En matière financière, précisément, le bilan britannique n’est pas glorieux, malgré la décennie des travaillistes au pouvoir. Comme le rappelle l’ONG Tax Justice Network,
The UK has played a particularly dirty game in this arena. British politicians like to parade themselves internationally as being at the forefront of tackling corruption and promoting international development. Yet for decades the UK and US have stood in the way of progress here, undermining the efforts of the OECD, for example, and preventing the United Nations from addressing tax issues by blocking attempts to strengthen the UN Committee of Experts on International Cooperation in Tax Matters (the Tax Committee).
En outre, le Royaume-Uni est mal placé pour donner des leçons de stabilité financière, vu que la place de Londres est un important moteur de déregulation, et que le pays protège sous son aile plusieurs paradis fiscaux (Jersey, Guernesey,...), où se réugient les milliards des profits indûs de la spéculation.
Alors, Gordon, commence par faire le ménage chez toi. Après on prendra les mesures pour ton auréole.
Colonel Moutarde
mardi 14 octobre 2008
Les Européens aussi adeptes de la realpolitik
Les Européens aiment à se considérer comme les parangons de la vertu en matière de politique étrangère, fervents défenseurs des droits humains, pourvoyeurs de missions de maintien de la paix, adeptes du soft power, à mille lieues de la politique unilatérale des Etats-Unis, de l'expansionnisme russe dans le Caucase ou du péril jaune en Afrique. Une décision récente des chefs de la diplomatie européenne, passée inaperçue en ces temps de crise, vient pourtant nous rappeler combien l'Europe elle aussi pratique une realpolitik à géométrie variable en fonction de ses intérêts.
Les 27 viennent de décider de lever les sanctions diplomatiques contre le régime d'Alexandre Loukachenko, surnommé le dernier dictateur d'Europe. Qu'est-ce qui a changé au Bélarus ? Rien. En fait, les Européens avaient tablé sur une bonne tenue des dernières élections pour relancer les relations avec ce pays de transit énergétique, situé dans la zone grise où se croisent les influences russes et européennes. Mais le verdict de l'OCDE a été clair: M. Loukachenko n'a aucunement abandonné des mauvaises habitudes de résultats truqués et de persécution des opposants. Aucun candidat de l'opposition n'a d'ailleurs été élu.
Qu'à cela ne tienne. A l'heure où s'amorce un grand combat géostratégique pour l'énergie, pas question de de s'émouvoir davantage du sort de quelques malheureux opposants emprisonnés. L'UE a donc amorcé un revirement complet de sa stratégie d'isolement des dernières années. M. Loukachenko pourra voyager en Europe, où les dirigeants tenteront de l'arracher à la sphère d'influence de Moscou. Même topo en Ouzbékistan, sous la coupe du régime très dur du président Islom Karimov, qui bénéficiera d'un assouplissement, alors que rien ou presque n'a changé depuis le massacre d'Andijan en 2005.
Non vraiment, l'Europe n'est pas cette force douce et juste qu'on aimerait bien voir en elle...
Colonel Moutarde
Les 27 viennent de décider de lever les sanctions diplomatiques contre le régime d'Alexandre Loukachenko, surnommé le dernier dictateur d'Europe. Qu'est-ce qui a changé au Bélarus ? Rien. En fait, les Européens avaient tablé sur une bonne tenue des dernières élections pour relancer les relations avec ce pays de transit énergétique, situé dans la zone grise où se croisent les influences russes et européennes. Mais le verdict de l'OCDE a été clair: M. Loukachenko n'a aucunement abandonné des mauvaises habitudes de résultats truqués et de persécution des opposants. Aucun candidat de l'opposition n'a d'ailleurs été élu.
Qu'à cela ne tienne. A l'heure où s'amorce un grand combat géostratégique pour l'énergie, pas question de de s'émouvoir davantage du sort de quelques malheureux opposants emprisonnés. L'UE a donc amorcé un revirement complet de sa stratégie d'isolement des dernières années. M. Loukachenko pourra voyager en Europe, où les dirigeants tenteront de l'arracher à la sphère d'influence de Moscou. Même topo en Ouzbékistan, sous la coupe du régime très dur du président Islom Karimov, qui bénéficiera d'un assouplissement, alors que rien ou presque n'a changé depuis le massacre d'Andijan en 2005.
Non vraiment, l'Europe n'est pas cette force douce et juste qu'on aimerait bien voir en elle...
Colonel Moutarde
mardi 7 octobre 2008
C'est l'histoire d'un homme qui tombe...
"C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 étages. A chaque étage il se répète : 'Jusqu’ici tout va bien'. 'Jusqu’ici tout va bien'. 'Jusqu’ici tout va bien'... mais l’important c’est pas la chute : c’est l’atterissage".
Cette réplique du film "La Haine" colle parfaitement à la situation actuelle de crise financière. Jamais les discours politiques n'ont-ils semblé aussi éloignés de a réalité. "Jusqu'ici tout va bien", répètent à l'envi les dirigeants, tandis que les cours de bourse poursuivent leur chute vertigineuse. Les poujadistes enclins à penser que les politiciens sont des menteurs pourront surfer sur cette apparente confirmation de leurs théories. Est-ce une coïncidence si les derniers sondages belges annoncent une envolée des leaders populistes ?
Pourtant, sur le coup, les dirigeants méritent un peu de crédit - sans mauvais jeu de mot. Entre vérité et propos rassurants, le choix est cornélien. En sémiologie, on parlerait d'un dilemme entre langage constatif et performatif. Quand le ministre néerlandais des Finances Wouter Bos a déclaré que la Belgique avaité écopé des mauvais morceaux de Fortis, il n'a pas seulement constaté une réalité, il l'a lui-même créée/renforcée et ainsi précipité la vente à BNP Paribas avant que l'ouverture des Bourses ne vienne entériner ses déclarations par une nouvelle chute du titre. Il y a là une sorte de self-fulfilling prophecy, comme disent les British, quelque chose de très oedipien, diraient les amateurs de théâtre.
Dans ces circonstances très exceptionnelles, on peut admettre que la communication politique s'écarte un instant de la vérité. Par exemple quand les gouvernements européens proclament à l'unisson qu'ils protègeront les épargnants, on peut fermer les yeux sur cette entorse à la réalité. Injecter ainsi un peu de confiance dans un système qui en a besoin autant que des milliards des banques centrales. Tout en sachant qu'en vérité il est impossible pour les pouvoirs publics de garantir l'intégralité des dépôts, dont le montant excède de loin les capacités des budgets nationaux. Bien sûr, il serait possible de lancer des emprunts publics. Avec une dette publique de près de 90% de son PIB, la Belgique n'est pas le pays le mieux placé à cet égard. Pire, les autorités monétaires devront peut-être lancer la planche à billets, avec en vue le spectre d'un scénario à l'argentine. Dans son éditorial de lundi, le Financial Times estimait que mois prochain serait le plus dangereux de la crise. Le risque est grand que la confiance s'évapore complètement du système, avec un coût faramineux pour la société. Mais peut-être aussi l'opportunité d'une grande réforme du capitalisme financier, dont personne, même à l'extrême-gauche, n'osait plus rêver.
Colonel Moutarde
PS l'illustration de ce billet est tirée d'un autre film "Hudsucker Proxy" des frères Coen (1994), qui croquait précisément avec pas mal d'ironie les déboires des grands capitalistes.
dimanche 5 octobre 2008
Crise financière: que fait le politique?
La spectaculaire crise financière qui secoue le monde, depuis les Etats-Unis, et qui a atteint l'Europe, suscitant un raz de marée en Belgique, est l'occasion de voir comment le monde politique se positionne à cet égard et si, comme l'avait prédit le colonel Moutarde, la gauche saisit l'opportunité qui s'offre à elle pour dénoncer l'ultralibéralisme ravageur et proposer un modèle alternatif plus solidaire. Voir aussi comment la droite gère ce cataclysme qui a priori est censée lui être plus défavorable.
Une chose est sûre, en Belgique, la crise financière a éclipsé la crise institutionnelle. Cela ne veut pas dire que celle-ci est éteinte mais (à part Bart De Wever et consorts) chacun est conscient aujourd'hui que l'urgence est ailleurs. Les partis flamands vont probablement tenter d'acquérir quelques réformettes supplémentaires au premier paquet de réforme(ttes) institutionnelles déjà négocié comme autant de plumes à leur chapeau en vue du scrutin de juin 2009. Il y a d'ailleurs fort à parier que, vu les sondages plus ou moins mauvais pour tout le monde à l'exception des extrémistes, juin 2009 ne sera l'occasion que d'élections régionales et européennes, Leterme I tentant de survivre jusqu'en 2011.
Mais revenons à nos moutons. Crise institutionnelle oblige, c'est l'idéologie gauche-droite qui marque à nouveau le débat politique. La nationalisation partielle de Fortis et Dexia à peine annoncée, le PS a rugi dans les brancards, dénonçant le "libéralisme", le "capitalisme", un "système" vicié de l'intérieur, qui vient d'exploser et qu'il va falloir remplacer. Stratégiquement, le PS est dans le coup, tant sur le contenu que le timing. Hasard des calendriers (??), une semaine avant que n'éclate la crise belge, il avait déjà tenu un Bureau exceptionnel sur la crise aux USA et ses répercussions éventuelles en Belgique, exigeant une Commission d'enquête parlementaire. Elio Di Rupo s'est ensuite envolé pour New York où il a participé à une réunion de l'internationale socialiste dont il est vice-président, il est allé écouter Barack Obama, des prix Nobel, à la recherche d'un modèle alternatif. "Et qu'est-ce que j'apprends pendant ce temps, Didier Reynders fait savoir que tout est sous contrôle et puis patatras tout s'écroule, et on ne me dit rien." Beau numéro.
Les libéraux, connotés dans leur appartenance à la grande amicale des financiers, sont quant à eux mal mis. Ils doivent dare dare changer leur image de camarades des banquiers, ministres des rupins, un monde financier que l'opinion publique juge aujourd'hui de manière très négative. Didier Reynders a trouvé son créneau. Depuis 2 semaines, il l'a déjà répété 2.678 fois: aucun épargnant ne sera laissé sur le côté de la route. Gêné aux entournures, sur la défensive, il dénonce les parachutes dorés - dans la foulée de Nicolas Sarkozy appelant à un "capitalisme régulé" (rires) ou de Berlusconi qui appelle à plus "d'éthique" (éclat de rires) - tentant de faire oublier que lui, DJR, avait lobbyé au sein du gouvernement pour qu'on ne légalise pas les règles de bonne gouvernance, lui préférant le Code Lippens de bonne conduite (re-rires). Didier Reynders trouve aussi "rassurant" que l'Etat nationalise Fortis, un discours qu'il n'aurait jamais tenu il y a quelques mois encore. Les libéraux font évidemment beaucoup d'effets de manche, puisque l'heure est plutôt à surfer sur la vague de l'anti-ultralibéralisme immoral. Pour eux, ce n'est pas le système qui est vicié mais quelques acteurs qui ont dérapé, quelques prédateurs qui s'en sont pris à des victimes isolées. Mais à l'instar du président Sarkozy, DJR ne plaide que recommandations, jurant qu'il est impossible de dégager une majorité européenne qualifiée pour imposer un cadre régulateur digne de ce nom.
Dans l'ombre, le MR tente de saboter les tentatives du PS, qui, rejoint par Groen! (pas par Ecolo, en embuscade pour juin 2009?) et le sp.a, exige une Commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la crise financière en Belgique. La CBFA, chargée du contrôle prudentiel du secteur des banques et assurances, dirigée par Jean-Claude Servais, ancien chef de cabinet de Didier Reynders, est accusé d'avoir failli à son devoir. Dans sa stratégie, le MR essaie de mouiller tout le monde, indiquant que la Banque nationale est également concernée par la surveillance (son gouverneur, Guy Quaden, est étiqueté PS). Il dit aussi que si enquête il doit y avoir, il faut entendre tout le monde dont les administrateurs des banques, présents et passés. Or, à Dexia, certains représentent les intérêts des partis politiques. Tel est le cas d'un certain Elio Di Rupo (remplacé il y a quelques années par Anne-Sylvie Mouzon).
Dans le positionnement gauche-droite, on constate que la proposition de mise en place d'un Commission parlementaire d'enquête confirme certains schémas plaçant le PS et Groen! à gauche de l'échiquier. Le sp.a tente de se refaire une virginité, choisissant l'opposition pure et dure et sous l'impulsion de sa nouvelle présidente Caroline Gennez, tend à se démarquer de la troisième voie blairiste qu'avaient suivie Johan Vande Lanotte et Frank Vandenbroucke. Comme le parti socialiste, le sp.a a également déposé une proposition de loi demandant une Commission d'enquête. Au-delà du PS, et outre le sp.a, toute l'opposition flamande (LDD, VB, N-VA, Groen!) - dont par essence le rôle est de s'opposer (It's the duty of an opposition to oppose) - soutient la mise en place de la Commission d'enquête. A l'exception du PS, les partis de la majorité, MR, CD&V, Open Vld, cdH, en refusent le principe, au nom de la stabilité du système bancaire. Ils demandent que toute la clarté soit faite mais via un autre angle d'attaque. Ils sont suivis par Ecolo que l'on a connu moins réaliste en d'autres temps. Dans le chef des Verts francophones, cette prise de position est symbolique d'une évolution du parti.
Durum
Une chose est sûre, en Belgique, la crise financière a éclipsé la crise institutionnelle. Cela ne veut pas dire que celle-ci est éteinte mais (à part Bart De Wever et consorts) chacun est conscient aujourd'hui que l'urgence est ailleurs. Les partis flamands vont probablement tenter d'acquérir quelques réformettes supplémentaires au premier paquet de réforme(ttes) institutionnelles déjà négocié comme autant de plumes à leur chapeau en vue du scrutin de juin 2009. Il y a d'ailleurs fort à parier que, vu les sondages plus ou moins mauvais pour tout le monde à l'exception des extrémistes, juin 2009 ne sera l'occasion que d'élections régionales et européennes, Leterme I tentant de survivre jusqu'en 2011.
Mais revenons à nos moutons. Crise institutionnelle oblige, c'est l'idéologie gauche-droite qui marque à nouveau le débat politique. La nationalisation partielle de Fortis et Dexia à peine annoncée, le PS a rugi dans les brancards, dénonçant le "libéralisme", le "capitalisme", un "système" vicié de l'intérieur, qui vient d'exploser et qu'il va falloir remplacer. Stratégiquement, le PS est dans le coup, tant sur le contenu que le timing. Hasard des calendriers (??), une semaine avant que n'éclate la crise belge, il avait déjà tenu un Bureau exceptionnel sur la crise aux USA et ses répercussions éventuelles en Belgique, exigeant une Commission d'enquête parlementaire. Elio Di Rupo s'est ensuite envolé pour New York où il a participé à une réunion de l'internationale socialiste dont il est vice-président, il est allé écouter Barack Obama, des prix Nobel, à la recherche d'un modèle alternatif. "Et qu'est-ce que j'apprends pendant ce temps, Didier Reynders fait savoir que tout est sous contrôle et puis patatras tout s'écroule, et on ne me dit rien." Beau numéro.
Les libéraux, connotés dans leur appartenance à la grande amicale des financiers, sont quant à eux mal mis. Ils doivent dare dare changer leur image de camarades des banquiers, ministres des rupins, un monde financier que l'opinion publique juge aujourd'hui de manière très négative. Didier Reynders a trouvé son créneau. Depuis 2 semaines, il l'a déjà répété 2.678 fois: aucun épargnant ne sera laissé sur le côté de la route. Gêné aux entournures, sur la défensive, il dénonce les parachutes dorés - dans la foulée de Nicolas Sarkozy appelant à un "capitalisme régulé" (rires) ou de Berlusconi qui appelle à plus "d'éthique" (éclat de rires) - tentant de faire oublier que lui, DJR, avait lobbyé au sein du gouvernement pour qu'on ne légalise pas les règles de bonne gouvernance, lui préférant le Code Lippens de bonne conduite (re-rires). Didier Reynders trouve aussi "rassurant" que l'Etat nationalise Fortis, un discours qu'il n'aurait jamais tenu il y a quelques mois encore. Les libéraux font évidemment beaucoup d'effets de manche, puisque l'heure est plutôt à surfer sur la vague de l'anti-ultralibéralisme immoral. Pour eux, ce n'est pas le système qui est vicié mais quelques acteurs qui ont dérapé, quelques prédateurs qui s'en sont pris à des victimes isolées. Mais à l'instar du président Sarkozy, DJR ne plaide que recommandations, jurant qu'il est impossible de dégager une majorité européenne qualifiée pour imposer un cadre régulateur digne de ce nom.
Dans l'ombre, le MR tente de saboter les tentatives du PS, qui, rejoint par Groen! (pas par Ecolo, en embuscade pour juin 2009?) et le sp.a, exige une Commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la crise financière en Belgique. La CBFA, chargée du contrôle prudentiel du secteur des banques et assurances, dirigée par Jean-Claude Servais, ancien chef de cabinet de Didier Reynders, est accusé d'avoir failli à son devoir. Dans sa stratégie, le MR essaie de mouiller tout le monde, indiquant que la Banque nationale est également concernée par la surveillance (son gouverneur, Guy Quaden, est étiqueté PS). Il dit aussi que si enquête il doit y avoir, il faut entendre tout le monde dont les administrateurs des banques, présents et passés. Or, à Dexia, certains représentent les intérêts des partis politiques. Tel est le cas d'un certain Elio Di Rupo (remplacé il y a quelques années par Anne-Sylvie Mouzon).
Dans le positionnement gauche-droite, on constate que la proposition de mise en place d'un Commission parlementaire d'enquête confirme certains schémas plaçant le PS et Groen! à gauche de l'échiquier. Le sp.a tente de se refaire une virginité, choisissant l'opposition pure et dure et sous l'impulsion de sa nouvelle présidente Caroline Gennez, tend à se démarquer de la troisième voie blairiste qu'avaient suivie Johan Vande Lanotte et Frank Vandenbroucke. Comme le parti socialiste, le sp.a a également déposé une proposition de loi demandant une Commission d'enquête. Au-delà du PS, et outre le sp.a, toute l'opposition flamande (LDD, VB, N-VA, Groen!) - dont par essence le rôle est de s'opposer (It's the duty of an opposition to oppose) - soutient la mise en place de la Commission d'enquête. A l'exception du PS, les partis de la majorité, MR, CD&V, Open Vld, cdH, en refusent le principe, au nom de la stabilité du système bancaire. Ils demandent que toute la clarté soit faite mais via un autre angle d'attaque. Ils sont suivis par Ecolo que l'on a connu moins réaliste en d'autres temps. Dans le chef des Verts francophones, cette prise de position est symbolique d'une évolution du parti.
Durum
mercredi 1 octobre 2008
Les références caricaturales, obsessionnelles et dangereusement minimisantes de Bart De Wever
Il y a septante ans, le 29 septembre 1938 étaient signés les accords de Münich entre l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie scellant le sort de la Thécoslovaquie, les Sudètes, dans un premier temps, passant sous le giron du troisième Reich. La France et la Grande-Bretagne avaient fini par plier, acceptant cette fatalité au profit du maintien de la paix en Europe (l'histoire leur donnera rapidement tort). Elles disaient à cet égard avoir obtenu des garanties d'Hitler.
Rentrant au pays, le premier ministre britannique Neville Chamberlain exhiba au siens "les textes de Münich".
Septante ans plus tard, le 29 septembre 2008, dans le quotidien De Morgen, le président de la N-VA, Bart De Wever, vient de publier une carte blanche intitulée "Toute analogie avec des personnes ou des évenements actuels relève du pur hasard". L'historien nationaliste y fait une comparaison nauséabonde entre le ministre-président Kris Peeters se félicitant d'avoir obtenu des garanties des francophones qu'ils s'engageront sur la voie d'une réforme de l'état, et le premier ministre Neville de retour de chez Hitler. Avec cette précision évoquant Neville: "lui encore, il avait un texte".
Cette sortie de Bart De Wever intervient deux jours après d'autres propos tenus dans plusieurs journaux du samedi 27 septembre où il a comparé le gouvernement fédéral à celui de Vichy et Yves Leterme au Maréchal Pétain, telle une marionnette entre les mains des francophones.
On se souviendra qu'en 2007 M. De Wever s'était dit "conscient de la controverse qui divise les historiens sur l'histoire de l'Holocauste", en conclusion d'excuses après qu'il eut estimé "gratuite" la reconnaissance par le bourgmestre d'Anvers pour la participation des autorités de la Métropole à la mise en oeuvre du génocide juif.
On peut comprendre, entendre et reconnaître légitimes beaucoup de choses dans les revendications du mouvement flamand et de ses apendices nationalistes mais il apparaît de plus en plus clairement que Bart De Wever est bien l'incarnation de sa face la plus sombre, celle qui n'a jamais fait son examen de conscience par rapport à la collaboration et qui continue aujourd'hui à propager des idées de haine teintées de références historiques de plus en plus circonscrites à la mise en évidence du Völkisch. On imagine aisément la frustration de ce Max Aue de la politique, qui, entre diarrhées et vomissements, s'en va replonger dans ses livres d'histoire se rassérénant à la lecture de ces évocations. S'il devait exister, Bart De Wever serait un type (très) dangereux.
Durum
Rentrant au pays, le premier ministre britannique Neville Chamberlain exhiba au siens "les textes de Münich".
Septante ans plus tard, le 29 septembre 2008, dans le quotidien De Morgen, le président de la N-VA, Bart De Wever, vient de publier une carte blanche intitulée "Toute analogie avec des personnes ou des évenements actuels relève du pur hasard". L'historien nationaliste y fait une comparaison nauséabonde entre le ministre-président Kris Peeters se félicitant d'avoir obtenu des garanties des francophones qu'ils s'engageront sur la voie d'une réforme de l'état, et le premier ministre Neville de retour de chez Hitler. Avec cette précision évoquant Neville: "lui encore, il avait un texte".
Cette sortie de Bart De Wever intervient deux jours après d'autres propos tenus dans plusieurs journaux du samedi 27 septembre où il a comparé le gouvernement fédéral à celui de Vichy et Yves Leterme au Maréchal Pétain, telle une marionnette entre les mains des francophones.
On se souviendra qu'en 2007 M. De Wever s'était dit "conscient de la controverse qui divise les historiens sur l'histoire de l'Holocauste", en conclusion d'excuses après qu'il eut estimé "gratuite" la reconnaissance par le bourgmestre d'Anvers pour la participation des autorités de la Métropole à la mise en oeuvre du génocide juif.
On peut comprendre, entendre et reconnaître légitimes beaucoup de choses dans les revendications du mouvement flamand et de ses apendices nationalistes mais il apparaît de plus en plus clairement que Bart De Wever est bien l'incarnation de sa face la plus sombre, celle qui n'a jamais fait son examen de conscience par rapport à la collaboration et qui continue aujourd'hui à propager des idées de haine teintées de références historiques de plus en plus circonscrites à la mise en évidence du Völkisch. On imagine aisément la frustration de ce Max Aue de la politique, qui, entre diarrhées et vomissements, s'en va replonger dans ses livres d'histoire se rassérénant à la lecture de ces évocations. S'il devait exister, Bart De Wever serait un type (très) dangereux.
Durum
lundi 29 septembre 2008
Le roi de la corporate governance est nu
Le président du CA de Fortis, Maurice Lippens, a donc été viré dimanche si l'on interprète le communiqué du groupe qui a annoncé que le comte du Zoute avait "fait un pas de côté" alors que la banque a été nationalisée. Sacré retour de bâton pour celui qui récemment donnait des leçons de bonne gouvernance au patron de Belgacom, Didier Bellens, à qui il reprochait le manque de prise de risques. Voulant avaler ABN-Amro, Fortis n'a pas vu venir la crise américaine, et s'est retrouvée sur la dèche. Prônant l'autorégulation autorisant d'être une grenouille se voulant plus grosse que le boeuf, Maurice Lippens a perdu son dernier combat ou plutôt a obligé le gouvernement à entraîner des millions de contribuables dans la folle aventure capitaliste qui a abouti dimanche à la nationalisation des pertes et la privatisation des profits de l'entreprise.
Le moment semble on ne peut plus opportun pour la gauche pour imposer la régulation du marché, comme l'énonçait mon excellent confrère Colonel Moutarde. Elio Di Rupo semble en faire son champ de bataille électoral. Saura-t-il se rendre crédible après avoir feint de découvrir le désastre et laissé faire le courant libéral?
Durum
Le moment semble on ne peut plus opportun pour la gauche pour imposer la régulation du marché, comme l'énonçait mon excellent confrère Colonel Moutarde. Elio Di Rupo semble en faire son champ de bataille électoral. Saura-t-il se rendre crédible après avoir feint de découvrir le désastre et laissé faire le courant libéral?
Durum
jeudi 25 septembre 2008
Frank Vanhecke souffre d'un complexe de persécution
Le Vlaams Belang n'en est pas à un mensonge près. On ne s'étonnera donc pas de la dernière sortie de Frank Vanhecke, ancien président du parti, aujourd'hui eurodéputé. Après un vote au Parlement européen d'un rapport sur le pluralisme dans les médias, l'homme a tenu à évoquer le cas de la Flandre, qui n'est "pas une démocratie" selon lui.
Le motif de son coup de gueule ? "Mon parti est systématiquement discriminé par la chaîne publique VRT". Difficile de dire si M. Vanhecke souffre de paranoïa, de mythomanie ou d'amnésie sélective (probablement un peu des trois), mais il suffit de regarder une émission politique de la VRT pour se rendre compte que le cordon sanitaire a depuis longtemps été rangé dans l'armoire des vieux souvenirs. Les journalistes n'éprouvent aucune hésitation à laisser les politiciens du VB développer leurs idées nauséabondes.
Colonel Moutarde
Le motif de son coup de gueule ? "Mon parti est systématiquement discriminé par la chaîne publique VRT". Difficile de dire si M. Vanhecke souffre de paranoïa, de mythomanie ou d'amnésie sélective (probablement un peu des trois), mais il suffit de regarder une émission politique de la VRT pour se rendre compte que le cordon sanitaire a depuis longtemps été rangé dans l'armoire des vieux souvenirs. Les journalistes n'éprouvent aucune hésitation à laisser les politiciens du VB développer leurs idées nauséabondes.
Colonel Moutarde
mercredi 24 septembre 2008
La crise financière, une occasion à ne pas manquer pour la gauche
L’air de rien, c’est une petite révolution copernicienne qui est en train de se dérouler sous nos yeux. Ca a commencé il y a quelques mois, avec une nationalisation qui n’a pas dit son nom, celle de la banque Northern Rock au Royaume-Uni (nationalisation, dans le lexique du New Labour, c’est un gros mot). Ca se poursuit aujourd’hui aux Etats-Unis, avec le sauvetage public de plusieurs grosses institutions financières (Fannie Mae, Freddie Mac, AIG, ...).
C’est dans le temple même du libéralisme, aux Etats-Unis et en Angleterre, que l’Etat fait sa subite réapparition. Coût pour le contribuable : faramineux. Mais surtout : un changement idéologique dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences. Comme l’a rappelé la présidente argentine Cristina Kirchner dans son très bon discours à la tribune de l’ONU, les remèdes appliqués aujourd’hui à Washington sont exactement opposés à ceux que le FMI a imposé aux pays sud-américains quand ils étaient confrontés à une crise de la dette.
« Sous le consensus de Washington, on nous a dit, nous les pays d’Amérique du Sud, que l’interventionnisme étatique n’était que de la nostalgie de la part de personnes qui n’avaient pas compris que l’économie avait évolué. Mais aujourd’hui se produit l’intervention étatique la plus formidable jamais vue, précisément dans le pays qui nous a dit que l’Etat n’était plus nécessaire ».
Cela fait des années que la gauche fait l’étalage de son impuissance à réguler la finance internationale. La crise est une occasion à ne pas manquer de renverser la tendance. Le PS belge semble d’ailleurs l’avoir bien compris, si l’on en croit la réunion spéciale de son bureau organisée aujourd’hui. Reste à voir si le parti aura de la suite dans les idées. Jusqu’à présent, en matière de politique européenne (soit le niveau approprié pour s'attaquer aux problèmes), il a plutôt laissé carte blanche aux libéraux.
Colonel Moutarde
C’est dans le temple même du libéralisme, aux Etats-Unis et en Angleterre, que l’Etat fait sa subite réapparition. Coût pour le contribuable : faramineux. Mais surtout : un changement idéologique dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences. Comme l’a rappelé la présidente argentine Cristina Kirchner dans son très bon discours à la tribune de l’ONU, les remèdes appliqués aujourd’hui à Washington sont exactement opposés à ceux que le FMI a imposé aux pays sud-américains quand ils étaient confrontés à une crise de la dette.
« Sous le consensus de Washington, on nous a dit, nous les pays d’Amérique du Sud, que l’interventionnisme étatique n’était que de la nostalgie de la part de personnes qui n’avaient pas compris que l’économie avait évolué. Mais aujourd’hui se produit l’intervention étatique la plus formidable jamais vue, précisément dans le pays qui nous a dit que l’Etat n’était plus nécessaire ».
Cela fait des années que la gauche fait l’étalage de son impuissance à réguler la finance internationale. La crise est une occasion à ne pas manquer de renverser la tendance. Le PS belge semble d’ailleurs l’avoir bien compris, si l’on en croit la réunion spéciale de son bureau organisée aujourd’hui. Reste à voir si le parti aura de la suite dans les idées. Jusqu’à présent, en matière de politique européenne (soit le niveau approprié pour s'attaquer aux problèmes), il a plutôt laissé carte blanche aux libéraux.
Colonel Moutarde
mardi 23 septembre 2008
Quick Stup (2): le retour
Un p'tit post pour notre lecteur amateur de bicyclette puisque l'équipe Quick Step n'en a pas terminé avec son recrutement de choix. Pour alimenter son cocaïnomane et son speederman, elle piste un dealer rangé des voitures (suiveuses) mais prêt à revenir dans le circuit pour promouvoir la santé publique, Lance Armstrong himself. Yeah! On ne pourrait que trop suggérer à Patrick Lefevere de choper les numéros de portable de Tyler Hamilton et Floyd Landis eux aussi sur le retour. Il n'y a pas de doute cette fois, le Tour de France 2009 s'annonce comme celui du renouveau!
Durum
Durum
Yves Leterme tue sa chose avant qu'elle ne lui explose à la figure
Yves Leterme s'accroche à son poste de premier ministre comme à son blackberry. Les événements de ces derniers jours l'ont montré de manière spectaculaire, sa première des priorités est... son ambition personnelle, quitte à passer outre les exigences de son propre parti. Un cacique CD&V nous rapportait récemment quelles étaient les priorités du premier ministre: d'abord le parti, puis le cartel, puis le pays. Un autre précisait: "c'est presque ça, mais en numéro 1, c'est d'abord lui".
De manière inattendue dimanche, Yves Leterme a décidé de sacrifier sa chose, son cartel, contre l'avis des autres pontes du CD&V. Cette alliance avec la N-VA, qu'il avait imaginée pour conquérir le pouvoir, commençait à desservir son dessein personnel. Le cartel risquait de plus en plus de l'emporter à tout jamais dans la tourmente. Yves Leterme a dès lors fait le choix du dialogue avec les francophones, non pas tellement qu'il fasse mine d'y croire ou qu'il place en tête des priorités l'avenir du pays, mais bien qu'il veuille maintenir sa position à la tête du gouvernement. Il veut continuer à parader sur la scène internationale, laissant le soin désormais à Kris Peeters de mener la barque institutionnelle. Gageons qu'il continuera à manoeuvrer en ce sens tant qu'il le pourra et préfèrera éviter un scrutin fédéral anticipé, même en juin 2009. Entre-temps, le gouvernement ne fera pas grand chose. Mais personne dans la majorité n'aura intérêt à le saborder, au risque de... se saborder. C'est de la politique politicienne que seule la rue pourrait perturber. On connaît des gérontocraties, des ploutocraties, des oligarchies, des technocraties, des théocraties. Voici la zotbestuurocratie.
Durum
De manière inattendue dimanche, Yves Leterme a décidé de sacrifier sa chose, son cartel, contre l'avis des autres pontes du CD&V. Cette alliance avec la N-VA, qu'il avait imaginée pour conquérir le pouvoir, commençait à desservir son dessein personnel. Le cartel risquait de plus en plus de l'emporter à tout jamais dans la tourmente. Yves Leterme a dès lors fait le choix du dialogue avec les francophones, non pas tellement qu'il fasse mine d'y croire ou qu'il place en tête des priorités l'avenir du pays, mais bien qu'il veuille maintenir sa position à la tête du gouvernement. Il veut continuer à parader sur la scène internationale, laissant le soin désormais à Kris Peeters de mener la barque institutionnelle. Gageons qu'il continuera à manoeuvrer en ce sens tant qu'il le pourra et préfèrera éviter un scrutin fédéral anticipé, même en juin 2009. Entre-temps, le gouvernement ne fera pas grand chose. Mais personne dans la majorité n'aura intérêt à le saborder, au risque de... se saborder. C'est de la politique politicienne que seule la rue pourrait perturber. On connaît des gérontocraties, des ploutocraties, des oligarchies, des technocraties, des théocraties. Voici la zotbestuurocratie.
Durum
Rélexion sur l’enchevêtrement
Un jour récent, alors que, dans un accès soudain de détermination, j’avais entrepris de jardiner et m’évertuais à démêler les branches de capucines tellement enchevêtrées que j’en vins à renoncer à la tâche, je me mis à méditer sur l’état d’enchevêtrement, non seulement des plantes, mais du monde en général. Contrairement au vingtième siècle, qui était simple, lisible, bipolaire - me dis-je - la période contemporaine est marquée par une tel niveau de complexité qu’on peine à en voir les tenants et les aboutissants.
-Monde non-polaire, selon l’expression de Richard N. Haas (voir cet article de référence dans Foreign Affairs), marqué par la distribution du pouvoir (nouvelles puissances, ONG, sociétés multinationales, organisations régionales...).
-Interdépendance économique : l’Europe a besoin du gaz russe, la Russie a besoin des paiements européens. Les Etats-Unis s’endettent auprès de la Chine pour lui acheter en retour ses produits bon marché (voir ce bon article de Rue89).
-La crise financière actuelle participe du même enchevêtrement : c’est la distribution du risque entre des milliers d’acteurs qui n’a pas permis de déceler à temps l’ampleur du phénomène.
Dans un monde difficile à comprendre, il peut être tentant de se raccrocher à des choses simples, maitrisables. Ainsi, en Belgique, les dirigeants et les médias préfèrent-ils se détourner de ces questions pour tergiverser sans fin sur les maux nationaux. Cela fait longtemps que les élites belges ont fait le choix stratégique d’abandonner le patriotisme économique pour embrasser pleinement le capitalisme mondial, en misant sur les groupes multinationaux plutôt que sur les fleurons nationaux, mais on dirait ajourd’hui qu’ils ont renoncé à exercer toute influence sur la marche du monde. La décision – certes compréhensible - d’Yves Leterme d’annuler son déplacement à l’ONU pour résoudre un énième épisode de la crise n’en est que le dernier exemple.
La nature des débats nationaux elle-même est complètement inadaptée aux problèmes réels. Leterme a toujours prétendu que la demande d’autonomie flamande était fondée sur une logique de bonne gestion, mais il est de plus en plus évident qu’elle se base sur de l’idéologie pure. Un attaché commercial dans une ambassade belge m’a un jour expliqué que la régionalisation de la compétence du Commerce extérieur lui avait sensiblement compliqué la tâche : au lieu de s’occuper indistinctement des entreprises belges, il devait revêtir des casquettes différentes en fonction de l’heure de la journée. La matin, il s’occupait des sociétés wallonnes, l’après-midi des flamandes. Pas vraiment un gain d’efficacité.
Les problèmes du monde requièrent davantage de collaboration, pas davantage de fragmentation, surtout pas si cette fragmentation est basée sur des motifs idéologiques ou ethniques.
Plus de décentralisation revient à plus de comlexité, plus dilution des règles, plus de possibilité de les contourner. Il me semble que le monde a désespérément besoin d’être mieux réglementé.
Colonel Moutarde
-Monde non-polaire, selon l’expression de Richard N. Haas (voir cet article de référence dans Foreign Affairs), marqué par la distribution du pouvoir (nouvelles puissances, ONG, sociétés multinationales, organisations régionales...).
-Interdépendance économique : l’Europe a besoin du gaz russe, la Russie a besoin des paiements européens. Les Etats-Unis s’endettent auprès de la Chine pour lui acheter en retour ses produits bon marché (voir ce bon article de Rue89).
-La crise financière actuelle participe du même enchevêtrement : c’est la distribution du risque entre des milliers d’acteurs qui n’a pas permis de déceler à temps l’ampleur du phénomène.
Dans un monde difficile à comprendre, il peut être tentant de se raccrocher à des choses simples, maitrisables. Ainsi, en Belgique, les dirigeants et les médias préfèrent-ils se détourner de ces questions pour tergiverser sans fin sur les maux nationaux. Cela fait longtemps que les élites belges ont fait le choix stratégique d’abandonner le patriotisme économique pour embrasser pleinement le capitalisme mondial, en misant sur les groupes multinationaux plutôt que sur les fleurons nationaux, mais on dirait ajourd’hui qu’ils ont renoncé à exercer toute influence sur la marche du monde. La décision – certes compréhensible - d’Yves Leterme d’annuler son déplacement à l’ONU pour résoudre un énième épisode de la crise n’en est que le dernier exemple.
La nature des débats nationaux elle-même est complètement inadaptée aux problèmes réels. Leterme a toujours prétendu que la demande d’autonomie flamande était fondée sur une logique de bonne gestion, mais il est de plus en plus évident qu’elle se base sur de l’idéologie pure. Un attaché commercial dans une ambassade belge m’a un jour expliqué que la régionalisation de la compétence du Commerce extérieur lui avait sensiblement compliqué la tâche : au lieu de s’occuper indistinctement des entreprises belges, il devait revêtir des casquettes différentes en fonction de l’heure de la journée. La matin, il s’occupait des sociétés wallonnes, l’après-midi des flamandes. Pas vraiment un gain d’efficacité.
Les problèmes du monde requièrent davantage de collaboration, pas davantage de fragmentation, surtout pas si cette fragmentation est basée sur des motifs idéologiques ou ethniques.
Plus de décentralisation revient à plus de comlexité, plus dilution des règles, plus de possibilité de les contourner. Il me semble que le monde a désespérément besoin d’être mieux réglementé.
Colonel Moutarde
samedi 20 septembre 2008
Vers un cabinet socio-économique?
Au lendemain de la présentation du rapport des médiateurs au roi, le pays sombre à nouveau dans le chaos institutionnel. Que s'est-il passé? Rien de bien neuf, vu que l'insipide rapport est tellement circonvenu, reprenant, tout en les noyant, les revendications et non revendications des deux communautés, que chaque paragraphe pouvait tantôt satisfaire tantôt fâcher l'ensemble des parties. Mais voilà, les interprétations des uns (Reynders a rappelé l'importance de BHV, l'élargissement de la capitale, la nomination des bourgmestres de la périphérie) ont cabré les autres (la N-VA a dit fourte, une fois est coutume, entraînant le CD&V dans le doute, une fois est coutume bis).
Alors quid maintenant? A bonne source, on évoque la piste d'un gouvernement fédéral devenant cabinet socio-économique. Les partis (flamands, cartel en tête) pourraient alors définitivement partir en campagne (institutionnelle). Mais quid N-VA? (comme avait écrit un autre médiateur, Jean-Luc Dehaene, dans un précédent rapport). Quittera-t-elle le gouvernement flamand? Et le cartel y résistera-t-il? Oui, et certainement tant que Leterme restera aux commandes et qu'il estimera que sa chose continue à nourrir son parti. L'intérêt du pays passe après. Non vraiment, rien n'a changé.
Durum
Alors quid maintenant? A bonne source, on évoque la piste d'un gouvernement fédéral devenant cabinet socio-économique. Les partis (flamands, cartel en tête) pourraient alors définitivement partir en campagne (institutionnelle). Mais quid N-VA? (comme avait écrit un autre médiateur, Jean-Luc Dehaene, dans un précédent rapport). Quittera-t-elle le gouvernement flamand? Et le cartel y résistera-t-il? Oui, et certainement tant que Leterme restera aux commandes et qu'il estimera que sa chose continue à nourrir son parti. L'intérêt du pays passe après. Non vraiment, rien n'a changé.
Durum
vendredi 12 septembre 2008
Didier Reynders fait sauter la note de téléphone de Bercy
Didier Reynders n'a jamais été candidat à la présidence de l'Eurogroupe. Du moins, c'est ce qu'il a fait savoir dans un communiqué de presse la semaine dernière. Il faut dire qu’il venait de perdre toutes ses chances d’être élu, vu que le très populaire Jean-Claude Juncker avait fait savoir qu’il était lui-même candidat à sa réélection.
Il convenait dès lors d’avoir l’air dégagé de celui qui n’avait rien demandé. Genre De Gaule dans sa retraite de Colombey-les-deux-églises, rappelé pour sauver la France. A la différence près que personne ne l’aurait appelé. Pour notre éternel candidat Premier ministre, ça aurait fait désordre, il faut dire, d’avoir l’air d’échouer à la présidence de l’Eurogroupe.
Mais pour quelqu’un qui n’a jamais été candidat, il semble que le Dide ait été curieusement actif dans les dernières semaines. Les coups de téléphone entre Bruxelles et Paris ont, parait-il, été nombreux, présidence française de l’UE oblige. Au point qu’à Bercy (le ministère français des Finances), certains se demandent si la note de téléphone de ce mois ne va pas être aussi élevée que l’ambition de Didier.
Colonel Moutarde
Il convenait dès lors d’avoir l’air dégagé de celui qui n’avait rien demandé. Genre De Gaule dans sa retraite de Colombey-les-deux-églises, rappelé pour sauver la France. A la différence près que personne ne l’aurait appelé. Pour notre éternel candidat Premier ministre, ça aurait fait désordre, il faut dire, d’avoir l’air d’échouer à la présidence de l’Eurogroupe.
Mais pour quelqu’un qui n’a jamais été candidat, il semble que le Dide ait été curieusement actif dans les dernières semaines. Les coups de téléphone entre Bruxelles et Paris ont, parait-il, été nombreux, présidence française de l’UE oblige. Au point qu’à Bercy (le ministère français des Finances), certains se demandent si la note de téléphone de ce mois ne va pas être aussi élevée que l’ambition de Didier.
Colonel Moutarde
Je te mouille, tu me mouilles. Nous nous noyons?
Il fallait s'y attendre, campagne électorale pour les élections régionales oblige, le contentieux communautaire prend une nouvelle tournure. Il apparaît clairement que le débat est plus nuancé qu'on ne le pense parfois dans l'opposition manichéenne entre un bloc francophone soudé attaché à la conception actuelle de l'état fédéral et un monolithe nordiste soucieux d'offrir à la Flandre tous les leviers permettant de conforter sa prospérité dans un monde globalisé.
On sent bien depuis le scrutin législatif de 2007 le CD&V tenaillé par son aile droite nationaliste et la N-VA. Jamais, le cartel n'acceptera un compromis qui sera toujours jugé trop mou eu égard aux fantasmes parfois symboliques du Mouvement flamand. Près d'un an et demi plus tard, le cartel chute dans les sondages mais le CD&V reste intraitable, horrifié par la perspective de perdre la N-VA mais aussi sa propre aile droite nationaliste, car qui sait si tout ce beau monde ne sera pas alléché par l'idée de créer une Forza Flandria sous la férule de la Lijst Dedecker. Ce scénario tétanise le CD&V qui garde en mémoire l'annus horribilis 1999 qui le vit basculer dans l'opposition après 40 années de partage du pouvoir. En interne, l'aile progressiste démocrate-chrétienne, l'ACW se tait dans toutes les langues alors qu'elle est pourtant majoritaire au gouvernement fédéral (Leterme, Schouppe, Vervotte, Vandeurzen) et flamand (Crevits, Vanackere). A un bémol près, nous dit-on: Yves Leterme, qui est quand même à l'origine de la crise, mais dont l'étoile a pâli, entend désormais être débarrassé de l'écueil institutionnel. Il a refilé la patate chaude au nouveau dieu de la Flandre Kris Peeters, le ministre-président du gouvernement flamand.
L'Open Vld voit aussi approcher les élections de juin 2009. Or, son dada c'est la baisse des impôts et la baisse des charges, bien plus que l'institutionnel pour l'institutionnel. Les libéraux flamands ont dès lors appelé au réalisme, indiquant que la réforme de l'état ne viendrait plus avant les élections. Et un coup au CD&V. Le sp.a, en pleine mutation après sa débâche de juin 2007, se rend compte que l'action du gouvernement fédéral est paralysée et qu'il n'a pas l'occasion de faire entendre sa voix au parlement dans l'opposition. Une violette flamande s'est donc retrouvée cette semaine provoquant une mini-crise à la place des Martyrs, demandant au cartel qu'il cesse ses ukazes. Chacun se tient à la culotte.
Côté francophone, on sent bien que personne n'est véritablement motivé par l'idée de réformer l'état. Chacun l'exprime à sa façon: le PS veut bien discuter pour sauver le pays (son aile régionaliste est, elle, partisane d'une réforme); le cdH tient un discours méga-brouillon qui masque mal ses réticences à toute réforme, le MR dit officiellement qu'il n'a pas de tabou mais Didier Reynders laisse le soin à Olivier Maingain de rendre toute avancée impossible.
Qui plus est, il faut bien constater qu'entre francophones, on se regarde aussi en chiens de faïence. Le MR est déjà en campagne, Didier Reynders ayant annoncé à ses troupes qu'elle sera sanglante. Il flingue la majorité PS-cdH (sans toutefois viser directement les états-majors: s'il gagne les élections, il devra quand même composer et une alliance MR-Ecolo est arithmétiquement peu probable). Socialistes et centristes-démocrates-humanistes continuent d'avancer main dans la main (même si, de temps en temps, en coulisse, on constate des pointes d'allergies dans l'un et l'autre camp vis-à-vis du partenaire). Quant à Ecolo, il compte les points, continuant à caresser son vieux rêve de renvoyer le parti socialiste dans l'opposition.
Chacun se positionne donc dans l'attente des régionales (et européennes) de juin 2009 qui pourraient consacrer les extrêmes. Et après? Advienne que pourra.
Le CD&V ne veut pas entendre parler de fédérales anticipées: impossible sans régler BHV, dit-il officiellement (officieusement les sondages ne sont pas bons). Les libéraux n'hésiteront pas, eux, à porter un coup de Jarnac au moment le plus opportun. En attendant, Yves Leterme reste Premier ministre, même si cela échappe à tout le monde même à l'édition 2009 du Petit Robert. Le Premier voyage. Il sera bientôt en Russie, à Sotchi (attention M. le diplomate, c'est à 50 bornes de l'Abkhazie). Il se rendra ensuite à New York puis au Québec pour le Sommet de la Francophonie. Ira-t-il dire à l'occasion du 400ème anniversaire de la capitale de la Belle Province, que les Québecois ne sont pas en état intellectuel d'apprendre l'anglais?
Durum
On sent bien depuis le scrutin législatif de 2007 le CD&V tenaillé par son aile droite nationaliste et la N-VA. Jamais, le cartel n'acceptera un compromis qui sera toujours jugé trop mou eu égard aux fantasmes parfois symboliques du Mouvement flamand. Près d'un an et demi plus tard, le cartel chute dans les sondages mais le CD&V reste intraitable, horrifié par la perspective de perdre la N-VA mais aussi sa propre aile droite nationaliste, car qui sait si tout ce beau monde ne sera pas alléché par l'idée de créer une Forza Flandria sous la férule de la Lijst Dedecker. Ce scénario tétanise le CD&V qui garde en mémoire l'annus horribilis 1999 qui le vit basculer dans l'opposition après 40 années de partage du pouvoir. En interne, l'aile progressiste démocrate-chrétienne, l'ACW se tait dans toutes les langues alors qu'elle est pourtant majoritaire au gouvernement fédéral (Leterme, Schouppe, Vervotte, Vandeurzen) et flamand (Crevits, Vanackere). A un bémol près, nous dit-on: Yves Leterme, qui est quand même à l'origine de la crise, mais dont l'étoile a pâli, entend désormais être débarrassé de l'écueil institutionnel. Il a refilé la patate chaude au nouveau dieu de la Flandre Kris Peeters, le ministre-président du gouvernement flamand.
L'Open Vld voit aussi approcher les élections de juin 2009. Or, son dada c'est la baisse des impôts et la baisse des charges, bien plus que l'institutionnel pour l'institutionnel. Les libéraux flamands ont dès lors appelé au réalisme, indiquant que la réforme de l'état ne viendrait plus avant les élections. Et un coup au CD&V. Le sp.a, en pleine mutation après sa débâche de juin 2007, se rend compte que l'action du gouvernement fédéral est paralysée et qu'il n'a pas l'occasion de faire entendre sa voix au parlement dans l'opposition. Une violette flamande s'est donc retrouvée cette semaine provoquant une mini-crise à la place des Martyrs, demandant au cartel qu'il cesse ses ukazes. Chacun se tient à la culotte.
Côté francophone, on sent bien que personne n'est véritablement motivé par l'idée de réformer l'état. Chacun l'exprime à sa façon: le PS veut bien discuter pour sauver le pays (son aile régionaliste est, elle, partisane d'une réforme); le cdH tient un discours méga-brouillon qui masque mal ses réticences à toute réforme, le MR dit officiellement qu'il n'a pas de tabou mais Didier Reynders laisse le soin à Olivier Maingain de rendre toute avancée impossible.
Qui plus est, il faut bien constater qu'entre francophones, on se regarde aussi en chiens de faïence. Le MR est déjà en campagne, Didier Reynders ayant annoncé à ses troupes qu'elle sera sanglante. Il flingue la majorité PS-cdH (sans toutefois viser directement les états-majors: s'il gagne les élections, il devra quand même composer et une alliance MR-Ecolo est arithmétiquement peu probable). Socialistes et centristes-démocrates-humanistes continuent d'avancer main dans la main (même si, de temps en temps, en coulisse, on constate des pointes d'allergies dans l'un et l'autre camp vis-à-vis du partenaire). Quant à Ecolo, il compte les points, continuant à caresser son vieux rêve de renvoyer le parti socialiste dans l'opposition.
Chacun se positionne donc dans l'attente des régionales (et européennes) de juin 2009 qui pourraient consacrer les extrêmes. Et après? Advienne que pourra.
Le CD&V ne veut pas entendre parler de fédérales anticipées: impossible sans régler BHV, dit-il officiellement (officieusement les sondages ne sont pas bons). Les libéraux n'hésiteront pas, eux, à porter un coup de Jarnac au moment le plus opportun. En attendant, Yves Leterme reste Premier ministre, même si cela échappe à tout le monde même à l'édition 2009 du Petit Robert. Le Premier voyage. Il sera bientôt en Russie, à Sotchi (attention M. le diplomate, c'est à 50 bornes de l'Abkhazie). Il se rendra ensuite à New York puis au Québec pour le Sommet de la Francophonie. Ira-t-il dire à l'occasion du 400ème anniversaire de la capitale de la Belle Province, que les Québecois ne sont pas en état intellectuel d'apprendre l'anglais?
Durum
jeudi 11 septembre 2008
35ème anniversaire de l'attentat du 11/09
Il y a 35 ans, le 11 septembre 1973, le président chilien Savador Allende-Goossens, était poussé au suicide dans son palais de la Moneda par une junte militaire qui, soutenue par la CIA et ITT, allait mettre au pouvoir le dictateur Augusto Pinochet. S'en suivit une terrible période de vingt ans de répression qui, officiellement, fera plus de 3.000 morts et disparus.
Il importe de se souvenir de cet événement aujourd'hui totalement occulté par un autre sinistre anniversaire, celui des attentats du 11/09/2001 aux Etats-Unis.
Durum
Il importe de se souvenir de cet événement aujourd'hui totalement occulté par un autre sinistre anniversaire, celui des attentats du 11/09/2001 aux Etats-Unis.
Durum
Quick Stup
On avait déjà évoqué en quelques lignes dans la Boulette la personnalité du coureur cycliste Stefan Schumacher, contrôlé positif aux amphétamines il y a quelques mois, et qui avait fait forte impression au Tour de France, épreuve à laquelle n'avait pu participer Tom Boonen pour avoir, lui, consommé de la cocaïne.
Or, les prochaines After organisées par l'équipe Quick Step risquent de gagner en intensité puisque l'équipe belge vient d'annoncer le transfert de Stefan Schumacher, dernier "renfort" de choix. Celui-ci roulera donc l'année prochaine aux côtés du roi Boonen, celui dont la stèle ne devrait plus tarder à piquer la place du sanguinaire et désormais sanguinolent Léopold II. Cela va zouker sur les parquets. Et puis quick au Parquet?
Durum
Or, les prochaines After organisées par l'équipe Quick Step risquent de gagner en intensité puisque l'équipe belge vient d'annoncer le transfert de Stefan Schumacher, dernier "renfort" de choix. Celui-ci roulera donc l'année prochaine aux côtés du roi Boonen, celui dont la stèle ne devrait plus tarder à piquer la place du sanguinaire et désormais sanguinolent Léopold II. Cela va zouker sur les parquets. Et puis quick au Parquet?
Durum
mercredi 10 septembre 2008
Passé colonial: Léopold s'en prend plein la tronche
J'ai écrit ici récemment que le débat sur le passé colonial était inexistant en Belgique. L'écrivain Théophile de Giraud vient de me donner tort. Cet iconoclaste a escaladé mardi après-midi la statue équestre de Léopold II située place du Trône à Bruxelles avant de maculer de gouache rouge la tête du Roi. Cette action réjouissante avait pour objectif de dénoncer le bilan désastreux de Lopold II au Congo, qui reste un grand tabou belge. M. de Giraud réclame carrément que toutes les statues de Leopold II soient déboulonnées. Voilà une proposition intéressante, qui mériterait un vrai débat...
Colonel Moutarde
Colonel Moutarde
dimanche 7 septembre 2008
Passé colonial: on solde !
C'est une première dans les relations entre l'Europe et l'Afrique. Une ancienne métropole a réglé son contentieux historique avec son ancienne colonie. L'Italie vient en effet de conclure un accord à ce sujet avec la Libye, qu'elle a occupé entre 1911 et 1942. Il n'est au fond pas étonnant que Silvio Berlsuconi et Mouammar Khadafi, ces deux vieux roublards opportunistes, soient parvenus à s'entendre sur un passé sensible. L'accord prévoit que Rome versera cinq milliards de dollars à titre de dédommagements. "C'est une reconnaissance complète et morale des dommages infligés à la Libye par l'Italie pendant la période coloniale", a déclaré Silvio Berlsuconi. Le même a précisé plus tard qu'il s'agissait en fait surtout d'investissements dans les infrastructures. De la part de cet homme d'affaire redoutable, on peut douter que le deal ne soit fondé que sur la conscience historique. Quand Silvio Berlusconi parle d'investissement, il faut entendre retour sur investissement.
Quoi qu'il en soit, la démarche “ouvre un débat très intéressant”, selon les mots du président rwandais Paul Kagame, qui vient d'accorder une interview à la journaliste du Soir Colette Braeckman. Dans une partie de l'entretien non publiée par le quotidien mais bien sur le blog de Madame Colette (comme on l'appelle au Congo), M. Kagame a estimé que “sur cette base là, beaucoup de pays d’Afrique pourraient ouvrir un débat, le Rwanda, en principe, pourrait se tourner vers la Belgique…”. Et de souligner que les injustices commises par l'Italie en Libye ont été “beaucoup, beaucoup moins graves que celles qui ont été commises par d’autres puissances coloniales, la France ou la Belgique”. Bref, de l'avis de M. Kagame, il n'est pas trop tard pour que les Belges passent au tiroir-caisse.
Ces propos seront sans doute balayés d'un revers de la main en Belgique, pays où le débat public sur le bilan de la colonisation est inexistant. Il y a bien eu un timide effort de mémoire au moment de la commission d'enquête sur l'assassinat de Patrice Lumumba, mais rien sur les méthodes brutales et le pillage des ressources naturelles dont le pays s'est rendu coupable sous le règne de Léopold II. Près d'un demi siècle après son retrait chaotique et précipité, la Belgique ne s'est toujours pas résolue à présenter des excuses, ni à envisager un dédommagement – lequel pourrait être faramineux.
Récemment, à l'occasion du 48ème anniversaire de l’indépendance du Congo, le collectif mémoires Coloniales a appelé la Belgique à faire amende honorable. Le pays “s’est appropriée une terre qui ne lui appartenait pas et y a opprimé les peuples autochtones au nom de la civilisation”. Il a, en outre, “en collusion avec la Banque mondiale, également violé le droit international en transférant la dette contractée par le pouvoir colonial belge à l’égard de la Banque mondiale, à la charge du Congo au moment de son indépendance en 1960”, selon un article publié début juillet.
Dans le contexte actuel de tensions diplomatiques entre Bruxelles et Kinshasa, il est peu vraisemblable que le débat soit à l'ordre du jour. Peut-être les parlementaires pourraient-ils sortir de leur torpeur et en prendre l'initiative. Ca les changera de BHV.
Colonel Moutarde
Quoi qu'il en soit, la démarche “ouvre un débat très intéressant”, selon les mots du président rwandais Paul Kagame, qui vient d'accorder une interview à la journaliste du Soir Colette Braeckman. Dans une partie de l'entretien non publiée par le quotidien mais bien sur le blog de Madame Colette (comme on l'appelle au Congo), M. Kagame a estimé que “sur cette base là, beaucoup de pays d’Afrique pourraient ouvrir un débat, le Rwanda, en principe, pourrait se tourner vers la Belgique…”. Et de souligner que les injustices commises par l'Italie en Libye ont été “beaucoup, beaucoup moins graves que celles qui ont été commises par d’autres puissances coloniales, la France ou la Belgique”. Bref, de l'avis de M. Kagame, il n'est pas trop tard pour que les Belges passent au tiroir-caisse.
Ces propos seront sans doute balayés d'un revers de la main en Belgique, pays où le débat public sur le bilan de la colonisation est inexistant. Il y a bien eu un timide effort de mémoire au moment de la commission d'enquête sur l'assassinat de Patrice Lumumba, mais rien sur les méthodes brutales et le pillage des ressources naturelles dont le pays s'est rendu coupable sous le règne de Léopold II. Près d'un demi siècle après son retrait chaotique et précipité, la Belgique ne s'est toujours pas résolue à présenter des excuses, ni à envisager un dédommagement – lequel pourrait être faramineux.
Récemment, à l'occasion du 48ème anniversaire de l’indépendance du Congo, le collectif mémoires Coloniales a appelé la Belgique à faire amende honorable. Le pays “s’est appropriée une terre qui ne lui appartenait pas et y a opprimé les peuples autochtones au nom de la civilisation”. Il a, en outre, “en collusion avec la Banque mondiale, également violé le droit international en transférant la dette contractée par le pouvoir colonial belge à l’égard de la Banque mondiale, à la charge du Congo au moment de son indépendance en 1960”, selon un article publié début juillet.
Dans le contexte actuel de tensions diplomatiques entre Bruxelles et Kinshasa, il est peu vraisemblable que le débat soit à l'ordre du jour. Peut-être les parlementaires pourraient-ils sortir de leur torpeur et en prendre l'initiative. Ca les changera de BHV.
Colonel Moutarde
jeudi 4 septembre 2008
Lords of the ring (nord)
La région flamande a failli nous faire un enfant dans le dos. Sans la vigilance de quelques organisations environnementales, la consultation publique sur l'extension du ring nord de Bruxelles serait pliée sans que personne n'y eut trouvé à redire. Sans accès aux documents pour les francophones, avec ça.
Comme le rappelle l'organisation Les Amis de la terre, l'idée du gouvernement flamand “consiste à élargir le Ring de deux fois 3 bandes à deux fois 4 + 2 bandes. Au lieu des 6 bandes actuelles, il y en aurait donc 12 (...). Les travaux cadrent avec le slogan bien connu 'Logistiek Vlaanderen'”, dans le cadre duquel “la Flandre souhaite devenir la plaque tournante logistique de l’Europe”.
Le projet a été soumis à l'avis du public, en néerlandais, entre début juillet et fin août: le coup classique de la mesure polémique en pleine pause estivale, quand tout le monde est en vacances!
Heureusement, les protestations des ONG vertes, ainsi que du conseiller communal Ecolo de Wemmel, Robert De Lille, ont amené le gouvernement flamand à étendre le délai de la consultation. La ministre flamande des Travaux publics Hilde Crevits, a décidé en août que "dans un souci de transparence et de clarté maximales" une nouvelle enquête de 60 jours, entre le 8 septembre et le 6 novembre, serait organisée, avec une version française des documents.
Voilà pour la forme. Quant au fond, on peut se demander s'il est vraiment opportun de doter Bruxelles de douze bandes de circulation. Certes, il y a des embouteillages, mais la fluidification du trafic ne conduira-t-elle pas à une augmentation plus marquée du nombre de voitures, donc de la pollution, et à terme, un retour des embouteillages ? Bruxelles est une ville qui a déjà beaucoup sacrifié au tout-à-l'auto, avec la petite ceinture et de véritables autoroutes urbaines, comme la rue de la loi. La ville (et la région flamande qui l'entoure) seraient bien inspirées d'investir dans des politiques de mobilité plus douces, avec des transports publics efficaces, comme l'ont fait d'autres villes en Europe. Douze bandes, franchement, c'est beaucoup trop. Bruxelles, c'est pas Los Angeles. Et que dire du projet, défendu par les associations automobilistes, de creuser un tunnel dans la forêt de Soignes pour faire du ring une boucle, un vrai périphérique ? Ces obsédés du ring feraient bien de revoir le Seigneur des anneaux. Et de prendre un peu le vélo, ça aère l'esprit.
Colonel Moutarde
Comme le rappelle l'organisation Les Amis de la terre, l'idée du gouvernement flamand “consiste à élargir le Ring de deux fois 3 bandes à deux fois 4 + 2 bandes. Au lieu des 6 bandes actuelles, il y en aurait donc 12 (...). Les travaux cadrent avec le slogan bien connu 'Logistiek Vlaanderen'”, dans le cadre duquel “la Flandre souhaite devenir la plaque tournante logistique de l’Europe”.
Le projet a été soumis à l'avis du public, en néerlandais, entre début juillet et fin août: le coup classique de la mesure polémique en pleine pause estivale, quand tout le monde est en vacances!
Heureusement, les protestations des ONG vertes, ainsi que du conseiller communal Ecolo de Wemmel, Robert De Lille, ont amené le gouvernement flamand à étendre le délai de la consultation. La ministre flamande des Travaux publics Hilde Crevits, a décidé en août que "dans un souci de transparence et de clarté maximales" une nouvelle enquête de 60 jours, entre le 8 septembre et le 6 novembre, serait organisée, avec une version française des documents.
Voilà pour la forme. Quant au fond, on peut se demander s'il est vraiment opportun de doter Bruxelles de douze bandes de circulation. Certes, il y a des embouteillages, mais la fluidification du trafic ne conduira-t-elle pas à une augmentation plus marquée du nombre de voitures, donc de la pollution, et à terme, un retour des embouteillages ? Bruxelles est une ville qui a déjà beaucoup sacrifié au tout-à-l'auto, avec la petite ceinture et de véritables autoroutes urbaines, comme la rue de la loi. La ville (et la région flamande qui l'entoure) seraient bien inspirées d'investir dans des politiques de mobilité plus douces, avec des transports publics efficaces, comme l'ont fait d'autres villes en Europe. Douze bandes, franchement, c'est beaucoup trop. Bruxelles, c'est pas Los Angeles. Et que dire du projet, défendu par les associations automobilistes, de creuser un tunnel dans la forêt de Soignes pour faire du ring une boucle, un vrai périphérique ? Ces obsédés du ring feraient bien de revoir le Seigneur des anneaux. Et de prendre un peu le vélo, ça aère l'esprit.
Colonel Moutarde
It's not only rock'n'roll, Elio!
Le président du PS, Elio Di Rupo, a indiqué lors de la rentrée de son parti à Chevetogne le 31 août se retrouver en partie dans le discours du leader trotskyste Olivier Besancenot dont il a découvert que les idées séduisent la jeunesse française abonnée aux Inrocks. "Et je me suis dit, Elio tu es sur la bonne voie".
C'est la rentrée et rien n'a changé. Le pays est toujours paralysé. Et Elio est resté un roi de la Comm. La Boulette vous salue.
Durum
C'est la rentrée et rien n'a changé. Le pays est toujours paralysé. Et Elio est resté un roi de la Comm. La Boulette vous salue.
Durum
mercredi 27 août 2008
Géorgie: les Européens échec et mat
Les Occidentaux ont réagi avec indignation à la reconnaissance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie par la Russie. Il ne fallait pourtant pas être un grand maître des échecs géostratégiques pour voir venir ce coup. En sponsorisant l'indépendance du Kosovo, les Occidentaux s'y sont eux-mêmes exposés.
Dans les chancelleries européennes, on peaufine maintenant les arguments qui devront permettre d'expliquer, lors d'un sommet à Bruxelles lundi prochain, pourquoi les deux cas sont différents.
L'indépendance du Kosovo, devrait-on entendre, est un cas sui generis, dont le caractère exceptionnel justifié par 1/ les exactions dont ont été victimes les Kosovars dans le contexte du démembrement de la Yougoslavie 2/ l'échec des négociations directes entre Serbes et Kosovars sous l'égide de l'ONU.
Mais ces arguties juridiques, qui servent depuis des mois à justifier l'unilatéralisme des Occidentaux, seront inutiles face à Moscou, dont il est, ici encore, aisé de prévoir les prochains coups.
En affirmant que 1/ les Ossètes ont eux aussi une histoire d'oppression et que 2/ les négociations onusiennes sur le Kosovo ne se sont en fait jamais vu donner une chance de succès, les Russes balaieront le distinguo européen.
Et comment leur donner tort ? Comment les Européens pourraient-ils aujourd'hui se draper dans un droit international sur lequel, il y a quelques mois à peine, ils s'essuyaient les pieds ?
Du coup, la Russie aura beau jeu d'appliquer la stratégie du fait accompli déployée au Kosovo par les Européens. Ceux-ci ont imposé leur propre mission dans l'ancienne province serbe en dépit d'un mandat insuffisant des Nations Unies. Moscou fera de même en Ossétie du Sud et en Abkhazie. Cela n'a rien à voir avec le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. C'est une lutte d'influence sur un échiquier grandeur nature.
Dans les chancelleries européennes, on peaufine maintenant les arguments qui devront permettre d'expliquer, lors d'un sommet à Bruxelles lundi prochain, pourquoi les deux cas sont différents.
L'indépendance du Kosovo, devrait-on entendre, est un cas sui generis, dont le caractère exceptionnel justifié par 1/ les exactions dont ont été victimes les Kosovars dans le contexte du démembrement de la Yougoslavie 2/ l'échec des négociations directes entre Serbes et Kosovars sous l'égide de l'ONU.
Mais ces arguties juridiques, qui servent depuis des mois à justifier l'unilatéralisme des Occidentaux, seront inutiles face à Moscou, dont il est, ici encore, aisé de prévoir les prochains coups.
En affirmant que 1/ les Ossètes ont eux aussi une histoire d'oppression et que 2/ les négociations onusiennes sur le Kosovo ne se sont en fait jamais vu donner une chance de succès, les Russes balaieront le distinguo européen.
Et comment leur donner tort ? Comment les Européens pourraient-ils aujourd'hui se draper dans un droit international sur lequel, il y a quelques mois à peine, ils s'essuyaient les pieds ?
Du coup, la Russie aura beau jeu d'appliquer la stratégie du fait accompli déployée au Kosovo par les Européens. Ceux-ci ont imposé leur propre mission dans l'ancienne province serbe en dépit d'un mandat insuffisant des Nations Unies. Moscou fera de même en Ossétie du Sud et en Abkhazie. Cela n'a rien à voir avec le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. C'est une lutte d'influence sur un échiquier grandeur nature.
mercredi 6 août 2008
Les drôles d'affaire de la famille Daerden
L'affaire est entendue: Michel Daerden (encore lui) a fait s'esclaffer la Belgique toute entière et le but décisif du Standard contre Anderlecht, dans le fond, c'est lui. Les électeurs reconnaissent sa simplicité, son côté "comme tout le monde" et l'ont plébiscité. Après tout, la démocratie a parlé. Restons-en là.
Pourtant, derrière l'amuseur public, se cache l'un des trois ou quatre hommes politiques les plus puissants du pays. Il a tissé sa toile à travers la Belgique francophone, non seulement -comme bien d'autres que lui l'ont fait et continuent à le faire- en nommant les "siens" à des postes-clé mais aussi en faisant fructifier un cabinet de réviseur d'entreprises qui lui a procuré une fortune considérable.
Ledit cabinet (DC&Co) s'est spécialisé dans les structures publiques et il en contrôle un nombre considérable, tant à Liège qu'ailleurs. Quand Daerden père est devenu ministre, il en a cédé les parts à son fils Frédéric, devenu depuis lors député wallon et bourgmestre. En 2006, alors que soufflait encore la "tornade éthique", Daerden Jr a annoncé qu'il renonçait à son mandat d'administrateur, tout en restant le principal actionnaire.
Certes, rien d'illégal. Pourtant l'Institut des Réviseurs d'Entreprises a interdit, le 20 mars dernier, à DC&Co, devenu depuis lors BCG & associés, de poursuivre ses mandats dans une série de sociétés où pourraient se poser des problèmes d'indépendance et de déontologie. Frédéric Daerden a fait appel mais l'IRE a confirmé sa décision et l'affaire est maintenant en cassation.
Le mois passé, un élément aussi troublant que les précédents s'est ajouté au dossier. La députée Véronique Cornet (MR) a révélé que le siège de la société par le biais de laquelle Frédéric Daerden détenait ses parts dans BCG & Co -une mystérieuse A.I. Invest- avait son siège chez un certain Georges Xhaufelaire qui n'est autre que le directeur de la cellule fiscale wallonne appelée à mettre sur pied la future administration fiscale wallonne, dépendant du gouvernement wallon et placée sous l'autorité directe du ministre wallon du Budget et des Finances, ... Michel Daerden.
L'affaire n'a pas fait grand bruit. Elle traduit pourtant une confusion intolérable entre les affaires privées du clan Daerden et les instances publiques wallonnes. Est-ce un signe que la "tornade éthique" s'est arrêtée à des sous-fifres ou que le clan Daerden est décidément trop puissant? Toujours est-il qu'à ce jour, aucune mesure n'a été prise.
Finalement, tant qu'il fait des bons mots...
Mexicano
Pourtant, derrière l'amuseur public, se cache l'un des trois ou quatre hommes politiques les plus puissants du pays. Il a tissé sa toile à travers la Belgique francophone, non seulement -comme bien d'autres que lui l'ont fait et continuent à le faire- en nommant les "siens" à des postes-clé mais aussi en faisant fructifier un cabinet de réviseur d'entreprises qui lui a procuré une fortune considérable.
Ledit cabinet (DC&Co) s'est spécialisé dans les structures publiques et il en contrôle un nombre considérable, tant à Liège qu'ailleurs. Quand Daerden père est devenu ministre, il en a cédé les parts à son fils Frédéric, devenu depuis lors député wallon et bourgmestre. En 2006, alors que soufflait encore la "tornade éthique", Daerden Jr a annoncé qu'il renonçait à son mandat d'administrateur, tout en restant le principal actionnaire.
Certes, rien d'illégal. Pourtant l'Institut des Réviseurs d'Entreprises a interdit, le 20 mars dernier, à DC&Co, devenu depuis lors BCG & associés, de poursuivre ses mandats dans une série de sociétés où pourraient se poser des problèmes d'indépendance et de déontologie. Frédéric Daerden a fait appel mais l'IRE a confirmé sa décision et l'affaire est maintenant en cassation.
Le mois passé, un élément aussi troublant que les précédents s'est ajouté au dossier. La députée Véronique Cornet (MR) a révélé que le siège de la société par le biais de laquelle Frédéric Daerden détenait ses parts dans BCG & Co -une mystérieuse A.I. Invest- avait son siège chez un certain Georges Xhaufelaire qui n'est autre que le directeur de la cellule fiscale wallonne appelée à mettre sur pied la future administration fiscale wallonne, dépendant du gouvernement wallon et placée sous l'autorité directe du ministre wallon du Budget et des Finances, ... Michel Daerden.
L'affaire n'a pas fait grand bruit. Elle traduit pourtant une confusion intolérable entre les affaires privées du clan Daerden et les instances publiques wallonnes. Est-ce un signe que la "tornade éthique" s'est arrêtée à des sous-fifres ou que le clan Daerden est décidément trop puissant? Toujours est-il qu'à ce jour, aucune mesure n'a été prise.
Finalement, tant qu'il fait des bons mots...
Mexicano
mercredi 30 juillet 2008
Un monde bloqué
Si on lève un instant le nez de nos tracas nationaux - exercice certes rendu malaisé par le belgocentrisme croissant des médias - on se rendra compte que la maison Belgique n'est pas seule à être frappée de paralysie durable. Les institutions qui, dans un monde parfait, s'emboîteraient comme des poupées russes, pour faire tourner région, nation, Europe et communauté internationale, sont grippées.
Crise politique belge, panne de la construction européenne, échec des négociations à l'OMC, absence de réforme du Conseil de sécurité de l'ONU,... le tableau est déprimant.
Loin de nous la volonté d'assimiler entre elles ces crises, qui ont chacune leur dynamique propre, mais on peut quand même émettre quelques observations.
Partout, il y a un manque d'empathie, un défaut de solidarité, un repli sur soi et une méfiance envers les structures communes.
En Belgique, les francophones ont trop longtemps méconnu les sources du sentiment flamand, la frustration historique d'un peuple dont la langue n'était qu'un patois, frustration aujourd'hui écartée d'un revers de la main, en disant “c'est du passé”. De leur côté, les flamands refusent de voir que leur propre politique de discrimination en périphérie bruxelloise, tout comme les menaces sur les mécanismes de solidarité, engendrent à leur tour des frustrations. Les politiciens des deux camps n'ont rien fait pour remédier à cette mécompréhension, qui est pourtant le carburant de la crise belge. Avant de négocier, il aurait fallu, il faudra encore, des “confidence building measures”, comme on dit dans le jargon des crises internationales. Il faudra se rassurer mutuellement, au lieu d'agiter des menaces-fantômes... Plus fondamentalement, il faudra veiller à ce que les aspirations identitaires flamandes soient satisfaites sans aboutir au détricotage de l'Etat, sans nuire à la solidarité, sans mettre en concurrence flamands et wallons. Ce n'est pas gagné.
Certaines caractéristiques de la crise belge se retrouvent en filigrane dans les rejets successifs de la Constitution européenne/traité de Lisbonne. Certes, il y a les quelques idéalistes du “non de gauche”, les fanatiques du grand soir, ceux qui ne voient pas que l'Europe est aujourd'hui la région du monde où la prospérité est la plus grande et la mieux répartie, où les libertés individuelles sont les mieux préservées, ceux qui refusent de voir que la Constitution/traité de Lisbonne permettra d'améliorer ces droits et de renforcer la cohésion – pas assez, mais quand même. Ceux-là alimentent, contre leur gré, la logique de l'autre camp du “non”, le repli souverainiste, le rejet de l'harmonisation au nom des intérêts nationaux. Défendre l'intérêt national aujourd'hui, ça n'a rien de noble, c'est jouer des coudes et des épaules pour conserver sa place dans un contexte de compétitivité accru, c'est promouvoir son intérêt au détriment de celui de son voisin, notamment par le dumping fiscal. En renforçant les règles communes, le traité de Lisbonne se place au contraire dans une logique de cohésion, d'anti-dumping et de solidarité.
A l'ONU, enfin, c'est la même défense d'intérêts nationaux qui empêche la communauté internationale de réformer le Conseil de sécurité. Comment accepter aujourd'hui que la France et le Royaume-Uni (environ 60 millions d'habitants) se voient toujours octroyer un siège permanent, au contraire de l'Inde (un milliard) ou du Brésil (200 millions) ? Comment accepter qu'aucun pays africain n'y siège encore ? Il est urgent que l'ONU soit réformée pour retrouver un peu de légitimité, après l'unilatéralisme dévastateur qui a prévalu en Irak et au Kosovo. Le dernier sommet de l'OMC était, à cet égard, perçu comme un test du nouvel ordre mondial.
Les blocages du monde ont des causes multiples et variées. Ils ont en commun d'être travaillés par une logique d'obstruction fondée sur le repli individualiste. Après la deuxième guerre mondiale, il existait au contraire une volonté politique de construire. Construire une gouvernance globale, construitre la sécurité sociale, construire la solidarité européenne. Cette volonté me semble aujourd'hui dangereusement menacée.
Colonel Moutarde
Crise politique belge, panne de la construction européenne, échec des négociations à l'OMC, absence de réforme du Conseil de sécurité de l'ONU,... le tableau est déprimant.
Loin de nous la volonté d'assimiler entre elles ces crises, qui ont chacune leur dynamique propre, mais on peut quand même émettre quelques observations.
Partout, il y a un manque d'empathie, un défaut de solidarité, un repli sur soi et une méfiance envers les structures communes.
En Belgique, les francophones ont trop longtemps méconnu les sources du sentiment flamand, la frustration historique d'un peuple dont la langue n'était qu'un patois, frustration aujourd'hui écartée d'un revers de la main, en disant “c'est du passé”. De leur côté, les flamands refusent de voir que leur propre politique de discrimination en périphérie bruxelloise, tout comme les menaces sur les mécanismes de solidarité, engendrent à leur tour des frustrations. Les politiciens des deux camps n'ont rien fait pour remédier à cette mécompréhension, qui est pourtant le carburant de la crise belge. Avant de négocier, il aurait fallu, il faudra encore, des “confidence building measures”, comme on dit dans le jargon des crises internationales. Il faudra se rassurer mutuellement, au lieu d'agiter des menaces-fantômes... Plus fondamentalement, il faudra veiller à ce que les aspirations identitaires flamandes soient satisfaites sans aboutir au détricotage de l'Etat, sans nuire à la solidarité, sans mettre en concurrence flamands et wallons. Ce n'est pas gagné.
Certaines caractéristiques de la crise belge se retrouvent en filigrane dans les rejets successifs de la Constitution européenne/traité de Lisbonne. Certes, il y a les quelques idéalistes du “non de gauche”, les fanatiques du grand soir, ceux qui ne voient pas que l'Europe est aujourd'hui la région du monde où la prospérité est la plus grande et la mieux répartie, où les libertés individuelles sont les mieux préservées, ceux qui refusent de voir que la Constitution/traité de Lisbonne permettra d'améliorer ces droits et de renforcer la cohésion – pas assez, mais quand même. Ceux-là alimentent, contre leur gré, la logique de l'autre camp du “non”, le repli souverainiste, le rejet de l'harmonisation au nom des intérêts nationaux. Défendre l'intérêt national aujourd'hui, ça n'a rien de noble, c'est jouer des coudes et des épaules pour conserver sa place dans un contexte de compétitivité accru, c'est promouvoir son intérêt au détriment de celui de son voisin, notamment par le dumping fiscal. En renforçant les règles communes, le traité de Lisbonne se place au contraire dans une logique de cohésion, d'anti-dumping et de solidarité.
A l'ONU, enfin, c'est la même défense d'intérêts nationaux qui empêche la communauté internationale de réformer le Conseil de sécurité. Comment accepter aujourd'hui que la France et le Royaume-Uni (environ 60 millions d'habitants) se voient toujours octroyer un siège permanent, au contraire de l'Inde (un milliard) ou du Brésil (200 millions) ? Comment accepter qu'aucun pays africain n'y siège encore ? Il est urgent que l'ONU soit réformée pour retrouver un peu de légitimité, après l'unilatéralisme dévastateur qui a prévalu en Irak et au Kosovo. Le dernier sommet de l'OMC était, à cet égard, perçu comme un test du nouvel ordre mondial.
Les blocages du monde ont des causes multiples et variées. Ils ont en commun d'être travaillés par une logique d'obstruction fondée sur le repli individualiste. Après la deuxième guerre mondiale, il existait au contraire une volonté politique de construire. Construire une gouvernance globale, construitre la sécurité sociale, construire la solidarité européenne. Cette volonté me semble aujourd'hui dangereusement menacée.
Colonel Moutarde
mardi 29 juillet 2008
L'infiniment petit et l'infiniment grand
Alors que des problèmes proches de l'insignifiance mais curieusement insolubles mettent la Belgique dans un état d'effervescence, de presque dissolution, comme cette aspirine dont on aurait besoin à force de scruter au microscope l'infiniment petit de la chose politique nationale, l'agence spatiale européenne vient de diffuser de nouvelles images de dix galaxies très éloignées. Elles sont distantes de 13 milliards d'années lumière, ce qui signifie que le cliché capture des lumières émises quand l'univers était encore très jeune, âgé d'à peine 700 millions d'années.
Tout est une question de perspective...
Colonel Moutarde
Inscription à :
Articles (Atom)