mercredi 27 mai 2009

Le PS sauvé par le MR?

Tout dépendra bien sûr du résultat des élections et du "signal de l'électeur" mais l'idée d'une majorité sans le PS fait son chemin. Le cdH semble se faire une raison du divorce avec un partenaire qui risque de l'entraîner dans sa chute. Chez Ecolo, certains jubilent en y pensant (l'hégémonie socialiste dans certaines communes a laissé un goût amer à ceux qui s'y sont heurtés) et font remarquer qu'un PS dans l'opposition sera finalement moins dangereux qu'un PS dans la majorité tant, à ce jour, les figures capables d'incarner cette opposition font défaut dans le grand et vieux parti. Et au MR, Didjé prendrait enfin sa revanche... Reste Louis Michel. Le Ban-Ki Moon de la Hesbaye est le père de la coalition laïque de 1999 et, contrairement à Didjé qui se fout de la réforme de l'Etat et privilégie une logique francophone à une logique belge, il rêve d'un "grrrand accord" institutionnel dont il serait la cheville ouvrière. Or, pour y arriver, il a besoin du PS et du MR dans une même coalition sous peine de tourner en rond. Le salut du PS viendra peut-être du MR... Qui sait?
En cas de mauvais score et de rejet dans l'opposition en Wallonie, la peau d'Elio Di Rupo ne vaudra pas cher. L'intéressé affirme qu'il restera à son poste jusqu'en 2011 mais on l'imagine résister longtemps à cette ruputre presqu'affective. La Région wallonne fait corps avec le PS. Il y est présent à tous les échelons, dispose de ses relais partout, à tel point que les affaires qui le touchent et sa réputation affectent toute la Wallonie comme s'il s'agissait d'une même personne.
Qui pourrait succéder à Elio? Laurette Onkelinx en menaçant de claquer la porte la semaine passée a laissé penser qu'elle se préparait à l'opposition pour donner sans doute un coup de barre à gauche au parti. Les années d'austérité qui s'annoncent l'y aideraient. Elles font diablement penser à l'ère Martens-Gol qui a permis un retour au pouvoir du PS après un score historique aux élections. Pourtant, Laurette incarne autant qu'Elio 20 ans de participation gouvernementale et elle est devenue bruxelloise dans un parti resté très wallon. Rudy Demotte, auréolé de sa ministre-présidence francophone, incarnerait une gauche plus moderne et plus centriste. Il a le soutien des petites fédérations. Il reste à obtenir celui des grosses, en particulier de Liège. Or, à Liège, rien n'est moins sûr. Trois présidents hennuyers se sont succédé et si le PS résiste bien le 7 juin 2009, comme le 10 juin 2007, un Liégeois sera en droit de revendiquer la tête du parti. Mais qui? Papa? (Impensable) Willy Demeyer? (Trop bourgmestre) Jean-Claude Marcourt? (Trop technocrate) Alain Mathot? (Il ferait un beau tandem avec Benoît Lutgen mais bon...). D'âpres combats en perspective.... La hantise de rivalités corses combinées aux desseins michéliens de sauver la patrie, voilà ce qui aidera peut-être Elio.

Mexicano

Pré-accord pré-électoral?

L'ensemble de la presse belge propose ses carnets de campagne et à cette occasion l'éditorialiste du Soir Luc Delfosse a choisi de suivre quelques ténors battre le pavé à la recherche de l'électeur. Dernièrement, il était dans la foulée du chef de file d'Ecolo, Jean-Michel Javaux, qui est apparu très sûr de son destin en croisant un ponte du MR, Hervé Jamar. "Alors, le 8, on commence à discuter ?", s'est exclamé Javaux cité par Le Soir, suscitant de gros rires gras. La messe est-elle dite? Au PS, on semble résigné. Présidant la Commission des Affaires sociales de la Chambre, Yvan Mayeur semble tout aussi certain de son destin que le sieur Javaux l'est du sien, nous a-t-on rapporté. "Vous verrez quand on sera dans l'opposition", aurait-il lancé tout aussi récemment pendant les débats parlementaires. Et là aussi, on a bien ri.

Durum

mercredi 20 mai 2009

Evasion fiscale: les affaires reprennent

S'il juge désormais "infréquentable" l'appareil du PS, Didier Reynders continue de fréquenter les spécialistes de l'évasion fiscale, dont il partage l'idéologie. Mardi soir, le ministre des Finances a participé à un séminaire organisé par le banquier privé Puilaetco Deeway, où il a livré ses vues sur l'avenir de la fiscalité en Europe. A mots couverts, il s'est désolé du climat international de scandale qui a concurru au durcissement de la lutte contre la fraude fiscale. Climat qui l'a contraint, rappelons-le, à annoncer une meilleure coopération avec les pays tiers. Deux mesures importantes ont été promises à cet égard: hors UE, la Belgique accepterait l'échange d'informations fiscales à la demande, en ligne avec les standards de l'OCDE; à l'intérieur de l'UE, elle participerait à l'échange automatique d'information dès 2010.
La première promesse prendra du temps: il faudra en effet négocier individuellement avec tous les pays tiers de nouvelles conventions. Bien qu'il suffise d'inclure un paragraphe standard dans des accords existants, le processus avance avec une lenteur savamment orchestrée par M. Reynders lui-même.
La seconde promesse avait quant à elle davantage de chances d'entrer en application rapidement, puisque le ministre avait fixé la date de 2010. Mais maintenant que l'indignation publique contre les paradis fiscaux est retombée, cet empressement semble s'évaporer. D'après le journal L'Echo, qui fait état mercredi de la petite sauterie chez Puilaetco Deeway, le cabinet Reynders se montre désormais "dubitatif" sur la date prévue. "Pas réaliste pour le moment", avance une source non nommée.
Est-ce un ballon d'essai ? M. Reynders tâte-t-il le terrain avant de revenir sur ses promesses ? Empêtré dans ses scandales, le PS est mal en point pour réagir. Sans réaction, il n'y a pourtant aucun doute que les efforts récents contre les paradis fiscaux n'auront rien livré en Belgique. Et que le pays restera un havre de relative tranquillité pour les capitaux évadés.

Colonel Moutarde

Reconduction de Barroso: on négocie ferme en coulisses

L'Union européenne n'est pas un super-Etat, quoiqu'en disent certains de ses détracteurs. Et la Commission n'est pas un gouvernement. Si, dans une démocratie parlementaire nationale, la majorité des voix suffit pour constituer une équipe dirigeante, les choses sont nettement plus complexes au niveau européen. Le président de la Commission est désigné par consensus entre les chefs d'Etat et de gouvernement, à l'issue de consultations totalement opaques. Il est ensuite entériné par un vote au Parlement européen, une mosaïque indéchiffrable de partis où l'on peine à déceler une majorité et une opposition. De cette situation confuse naît l'accusation classique du déficit démocratique des institutions européennes.
Le traité de Lisbonne, bien qu'il soit décrié par ceux qui reprochent à l'Europe son manque de démocratie, améliore un peu cette situation: il prévoit que le président de la Commission est élu par le Parlement européen. La nuance est réelle, puisqu'elle implique des consultations avec les principaux groupes parlementaires, ce qui renforcera la lisibilité politique du processus. Surtout, Lisbonne prévoit un vote à la majorité absolue, contre une majorté simple dans la procédure actuelle du traité de Nice.
Ce changement inquiète José Manuel Barroso, à la manoeuvre pour s'assurer un second mandat. L'homme répète depuis des mois qu'"on doit tout faire sous le traité de Nice": pas question pour lui d'anticiper les procédures plus démocratiques du traité de Lisbonne, comme le réclament certains députés. Et pour cause, il lui serait infiniment plus compliqué de recueillir une majorité absolue dans un Parlement où les verts et la gauche sont très remontés contre lui et où on annonce un groupe eurosceptique puissant, enclin à lui barrer la route. Obtenir un vote favorable dans une telle configuration l'obligerait à monnayer les portefeuilles et les politiques.
Or, le Parlement n'est pas le seul souci de M. Barroso, qui doit aussi composer avec les capitales. Si la plupart des gouvernements, y compris socialistes, lui ont déjà apporté leur soutien, tous espèrent bien un renvoi d'ascenseur. Comprendre: un bon poste d'influence pour le commissaire “national”. Ainsi les Britanniques comptent-ils bien placer un homme aux services financiers, histoire de protéger les intérêts de la City de Londres. Les Allemands chercheront peut-être à défendre leur industrie automobile, comme c'est déjà la cas avec le commissaire Gunter Verheugen. Les Français lorgneraient sur le portefeuille de la concurrence, qui reviendrait à Christine Lagarde.
S'il accède à ces demandes, José Barroso enverra à toute l'Europe le signal clair qu'il compte repartir sur les mêmes bases et transformer progressivement la Commission en secrétariat des grands Etats. Un scénario qui devrait être inacceptable pour les petits pays, que la Commission est censée protéger en plaçant l'intérêt commun au-dessus de la mêlée. Mais dans le climat actuel d'affaiblissement de l'intérêt communautaire, il n'est pas certain que les petits élèveront la voix. Chacun cherchera plutôt à obtenir un bon poste pour “son” commissaire. La Belgique de Van Rompuy sera sans doute plus encline à jouer ce jeu que celle de Verhofstadt. Karel De Gucht, pressenti commissaire, se verrait bien en charge du commerce. La bataille sera rude.

Colonel Moutarde

Le bonheur est dans le pré carré

A l'accoutumée, les campagnes électorales sont rarement d'un niveau intellectuellement appréciable. Les programmes ne sont que très rarement mis en évidence. Le match est un échange de slogans voire d'anathèmes.
Cette campagne est aujourd'ui aussi très "personnelle" et il est remarquable de constater qu'elle est parfois à usage interne. La guérilla que se mènent le MR et le PS est l'occasion d'y revenir.
Lors d'un récent meeting, le MR a évoqué son supposé principal concurrent en termes d'infréquentabilité. Louis Michel a assuré n'avoir voulu viser que le seul Philippe Moureaux coupable pour les réformateurs d'avoir suggéré que les "affaires" faisaient plus de vagues dans les milieux socialistes, vu qu'à droite elles ressortissent à un comportement culturel. Le Commissaire-alors-pas-encore-en-congé y a vu un dérapage digne des grands discours fascistes. Il a peut-être cherché par là à affaiblir le PS en s'en prenant à un élément "radical", quitte à se ménager un couloir de négociations avec le potentiel futur partenaire socialiste, si le besoin s'en faisait sentir.
Mais Didier Reynders voit les choses différemment. Il n'a pas apprécié que pour se dépêtrer des affaires, Elio Di Rupo ait choisi d'attaquer Olivier Chastel (MR), également connu comme arroseur public d'amicales pas désintéressées. Pour DJR, le PS est tout simplement devenu infréquentable. Il faut l'isoler. Oser des majorités sans lui.
A l'issue de ce meeting du MR, Elio Di Rupo a réagi mollement, pondant tout un communiqué pour signifier qu'il n'entendait pas... réagir à de telles bassesses.
Sur le retour face un Di Rupo en difficulté, Onkelinx a surpris, deux jours plus tard, dans Le Soir, menaçant de quitter le fédéral. Pour mieux se concentrer sur la présidence d'un parti voué à l'opposition à tous les niveaux de pouvoir? En tout cas, sa sortie a surtout donné l'impression d'avoir été destinée à l'interne, du style 'une opposition musclée ne nous fait pas peur'. On se souviendra qu'après l'élection ratée de 2007, Onkelinx avait déjà plaidé l'opposition pour son parti. A l'extérieur en tout cas, sa sortie dans Le Soir n'a pas beaucoup impressionné. Et certainement pas DJR.
A suivre...

Durum

La RTBF n'a pas peur d'être rouge (de honte)

Nous avons déjà relaté sur ce blog le phénomène de la censure journalistique dans le milieu du football, le Standard de Liège refusant depuis un an que ses joueurs s'expriment devant un micro de la RTBF depuis qu'un de ses reportages a rappelé le passé sulfureux d'un dirigeant de la famille rouche.
Un vent favorable nous a appris que le Standard avait décidé de changer de tactique, soucieuse probablement de gérer plus efficacement encore l'image d'un club qui a le vent en poupe. Elle a donc proposé un marché à la cité Reyers, qui année après année perd du terrain sur le marché footballistique (champion's league, europa league...): ses joueurs peuvent à nouveau s'exprimer à la RTBF (uniquement radio) à condition que l'interviewer soit attitré, et en l'occurrence que ce soit Thierry Luthers. "Et ils ont accepté, les cons", se serait esclaffé Pierre François, le patron liégeois.
Sans parler des questions de déontologie, et on peut se demander s'il en existe encore une dans le landerneau, on peut s'interroger sur les motivations, ne fut-ce que commerciales, du revirement ertébéen. Le service public ne dispose en effet plus des droits en champion's league ni europa league, les matches du championnat diffusés en direct étant eux retransmis par Belgacom TV. La RTBF espère-t-elle vraiment en s'abaissant de la sorte concurrencer d'autres médias en misant tout sur Vivacité?

Durum

dimanche 10 mai 2009

L'Europe sociale, cette arlésienne

Bientôt les élections européennes: chouette, on va de nouveau entendre parler d'Europe sociale. Des candidats de gauche, et peut-être même de droite, ne vont pas manquer une occasion de nous répéter que l'UE, ce grand marché, doit aussi se doter d'un projet social. Ca ne mange pas de pain, l'Europe sociale: on en parle depuis trente ans, tout le monde aime l'idée, et pourtant personne ne sait très bien ce que c'est. Petit retour sur le sujet et sur quelques déceptions récentes, passées plutôt inaperçues.
Il n'est pas inutile de rappeler que l'Union européenne dispose de compétences sociales très limitées: elles sont en effet gardées jalousement par les Etats. La Commission est surtout chargée de coordonner les régimes de sécurité sociale pour assurer la libre circulation des travailleurs. Au fil du temps, elle a pris d'autres initiatives qui ont permis, par exemple, de rendre illégales toutes les discriminations sur le lieu de travail à travers l'Europe. Mais le bilan n'est pas à la hauteur des attentes.
Récemment, l'échec d'un projet-phare sur le temps de travail a illustré les difficultés concrètes de l'Europe sociale. L'UE cherche depuis des années à rendre plus contraignant son plafond de 48 heures par semaine. Ce maximum est en effet fréquemment dépassé au Royaume-Uni et dans d'autres pays est-européens, qui ont obtenu une dérogation. Résultat: sans doute une industrie plus compétitive en Angleterre, mais surtout des travailleurs sous pression. Les entreprises britanniques et est-européennes sont aussi avantagées par rapport aux autres, puisqu'elles doivent engager moins de personnel. Malgré des années de pressions pour mettre un terme à la dérogation, les négociations ont échoué en avril dernier, faute d'accord entre le Parlement européen et les Etats membres, les deux co-législateurs de l'UE.
Même topo quelques semaines plus tard quand aucun accord n'a été trouvé sur les conditions de travail des transporteurs routiers: le Parlement voulait que les nouvelles règles plus strictes s'appliquent à tous les routiers, tandis que les Etats membres voulaient exempter les indépendants. Faute de compromis, le projet a sauté. La Confédération européenne des Syndicats (CES) a jugé que le rejet était "une bonne nouvelle pour l'Europe sociale".
Mais si l'abandon de mauvaises propositions est la seule raison de se réjouir, il y a du souci à se faire. Les socialistes européens avancent bien quelques pistes, comme la mise en place d'un salaire minimum pour toute l'Union. Mais leur appel à une "Europe véritablement sociale" ne semble pas séduire les électeurs. Les sondages indiquent en effet que ce sont les eurosceptiques de tout poil qui récupéreront les voix des insatisfaits de la crise économique.

Colonel Moutarde

Quand Charles Michel pousse Tom Boonen dans la poudreuse

Ainsi Tomeke-Tomeke-wat-doe-je-nu-Boonen vient-il d'être confondu pour la deuxième fois en un an, pris le nez dans le saladier, et, suspendu par son équipe. Qu'en penser?
Peut-être que si la Flandre avait commencé à mettre sur pied des tests de drogues festives comme que le demandent à présent plusieurs associations, le grand T'Homme eut pu être encadré par une équipe sanitaire qui l'aurait aidé à réorienter sa consommation vers des produits plus classiques pour un coureur (CERA, amphét). "Quand je sors, je ne suis plus le même homme", avoue le vaniqueur de Paris-Roubaix, appuyant le fait que la prise de coco ne répond qu'à l'appel de la fête. Pas question de dopage donc. Les observateurs apprécieront.
Dénoncés la semaine dernière par le Standaard, les tests de drogues, tels qu'ils se pratiquent en Wallonie à travers une expérience-pilote, reçoivent l'assentiment de la ministre Laurette Onkelinx qui, dans un souci de santé publique, voit l'utilité de garantir la qualité des produits consommés et d'intégrer les intéressés dans un processus de soutien. Sachant le sujet tabou, Mme Onkelinx ne souhaite cependant pas trancher seule, laissant le soin aux fonctionnaires concernés d'examiner la demande des travailleurs de terrain.
Mais le raccourci du quotidien De Standaard, retrouvant ses racines chrétiennes conservatrices, pointant du doigt la ministre Onkelinx comme sommelière es-psychotropes, a laissé grande ouverte la porte du populisme que n'a pas hésité à franchir à grandes enjambées le ministre Charles Michel. Il a dénoncé la propagande d'Onkelinx en faveur de la poudreuse, là où lui en tant que ministre de la Coopération s'efforce de freiner la production de pavot en Afghanistan. En matière, de poujadisme, Jean-Marie Dedecker peut aller se rhabiller. Il a trouvé un maître en face de lui.
Bien, me direz-vous, mais quel est le point commun avec l'affaire Boonen? Rien (ou presque), évidemment. Si ce n'est que le milieu du cyclisme et le ministre Michel partagent le même goût de l'hypocrisie et cultivent la même mauvaise foi. Alors, l'auteur de ces lignes tenait à leur rendre hommage. Bonne campagne électorale. Et, excusez-moi, si je vous plante là, mais je m'en vais voir le résultat de la deuxième étape du Giro. Un saladier (de pop-corns) sur les genoux.

Durum

jeudi 7 mai 2009

Bruit de bottes au nord du pays

Le chef de groupe CD&V à la Chambre, Servais Verherstraeten, tendance ACW (progressistes) ne s'en cache pas, dans les travées du parlement: le 7 juin, si le sp.a, meurtri par un nouveau revers électoral devait choisir l'opposition, les chrétiens-démocrates flamands balanceraient en faveur d'une alliance avec le Vlaams Belang jugé plus "facile" à manoeuvrer que la Lijst Dedecker à la ligne politique peu claire.
L'information fait froid dans le dos et on imagine mal les Vandeurzen, de Béthune, Vanackere et consorts s'inscrire dans un tel scénario. Mais que pèsent ces gens dans l'actuel CD&V? Et que fera l'Open Vld dont les Verhofstadt, Dewael et De Gucht n'ont jamais caché leur aversion profonde au Belang?
Quoi qu'il en soit, le 8 juin sonnera le retour de la crise institutionnelle en Belgique. Le Premier ministre Herman Van Rompuy lui-même vient de le rappeler à ses troupes CD&V. Il faut dire qu'il restera au maximum 2 ans de législature avant les élections fédérales. Et donc 2 ans au maximum pour trouver une solution au problème BHV.
Selon les sondages, le 7 juin, cinq partis se retrouveront dans une fourchette d'environ 6% au nord du pays: le CD&V, la Lijst Dedecker, l'Open Vld, le Vlaams Belang et le sp.a.
L'intérêt pour la bataille pour le leadership francophone pourrait s'évaporer en pipi de chat face à la déferlante populiste voire fasciste annoncée au nord. L'implosion du pays reste plus que jamais d'actualité. Le feu n'a pas encore été mis aux poudres. Mais on entend à nouveau les étincelles qui crépitent.

Durum

lundi 4 mai 2009

Quelques questions sur l’Holocauste et le conflit israélo-palestinien

Médias et responsables politiques occidentaux se sont indignés à l'unisson des propos du président iranien Mahmoud Ahmadinedjad à la tribune de la conférence Durban II sur le racisme. L'homme, il faut le dire, n'y est pas allé avec le dos de la cuiller, conformément à sa mauvaise habitude de provocation, que l'approche des élections présidentielles en Iran n'a pas manqué de renforcer. "Après la fin de la seconde guerre mondiale, ils [les Alliés] ont eu recours à l'agression militaire pour priver de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive. Ils ont envoyé des migrants d'Europe, des Etats-Unis et du monde de l'Holocauste pour établir un gouvernement raciste en Palestine occupée (...) Des efforts doivent être faits pour mettre un terme aux abus des sionistes et de (leurs) partisans", a-t-il déclaré.
On peut certes s'indigner du manque de respect de M. Ahmadinedjad pour les victimes de l'Holocauste, on doit critiquer son populisme dangereux, ses inexactitudes. Mais feindre d'ignorer que certains de ses arguments sont légitimes, ne pas voir que son discours a été copieusement applaudi par les délégations arabes, contribue à alimenter une différence de perception qui risque de virer au clash des civilisations.
C'est l'objet de ce billet, où je voudrais plaider pour un ré-examen de certaines vaches sacrées occidentales. Plutôt de condamner en bloc les propos de M. Ahmadinedjad, les Européens seraient bien inspirés de conduire une réflexion nuancée sur leurs propres zones d'ombres.
Est-il illégitime de dire que le partage de la Palestine en 1947, qui a débouché sur la création d'Israël, a été imposé aux Arabes par les Occidentaux ? Est-il faux de dire que ce partage favorable aux juifs a été en partie justifié par leurs souffrances pendant la seconde guerre mondiale, même si on n’avait pas encore pris toute la mesure de l’ampleur de l’Holocauste ?
Le génocide, d'une barbarie méticuleuse, de six millions de juifs est gravé pour toujours dans l'inconscient collectif des Européens. Si la flamme de la mémoire doit absolument être entretenue, à l’heure où certains spectres du passé semblent refaire surface, elle ne peut pas devenir aveuglante, au point d'oblitérer les souffrances des autres peuples. Et le traumatisme qui hante la communauté juive ne doit pas donner lieu à un chantage émotionnel et politique.
Par exemple, même si on comprend les raisons qui ont amené à pénaliser la négation ou la révision de l'Holocauste, on peut se demander pourquoi les lois sont muettes sur le génocide rwandais, qui fut tout aussi machiavélique dans sa préparation et barbare dans son exécution. Pourquoi n’y a-t-il pas de délit de négationnisme de l’esclavage ou des crimes coloniaux. On peut aussi se demander pourquoi il est illégal de relativiser les atrocités commises contre un peuple, certes incommensurables, alors qu'il est accepté de minimiser les injustices qui frappent un autre.
Est-on antisémite quand l’on constate que le peuple juif, qui est hanté par l’Holocauste, vit par contre dans le déni de la question palestinienne, au sujet de laquelle il est d’ailleurs sous-informé ? Est-on antisémite quand on affirme qu'il existe aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, un lobby qui réussit efficacement à rendre acceptables les politiques inhumaines des gouvernements israéliens successifs ? On a dénoncé sur ce blog les références inappropriées à l’apartheid. Mais est-on antisémite quand on affirme que c’est effectivement une politique d’apartheid qui est mise en place en Palestine occupée ? Sous le couvert d’une guerre contre le terrorisme, on enferme tous les Gazaouis dans une prison à ciel ouvert, en Cisjordanie on construit un mur de la honte qui coupe les communautés, on installe d’innombrables contrôles auxquels doivent se soumettre patiemment les seuls Palestiniens, on construit des autoroutes réservées aux colons... N’est-ce pas là une ségrégation semblable au régime de l’apartheid ?
Le nouveau gouvernement envisage maintenant de renoncer à la perspective de créer un Etat palestinien, et de faire d’Israël définitivement un Etat juif, privant ainsi de droit au retour les Palestiniens qui ont fui les hostilités en 1947. Manque-t-on de sens des proportions si l’on met sur le même pied le refus de créer un Etat palestinien envisagé par Netanyahu et la volonté de détruire l’Etat juif clamée par Ahmadinedjad ?
Il serait temps que l’Occident se pose ces questions. Ne pas le faire – à l’instar de ces Etats européens qui voudraient développer les relations UE-Israël comme si de rien n’était – revient à attiser les braises d’un conflit dangereux entre l’Occident et le monde musulman.

Colonel Moutarde

samedi 2 mai 2009

Le Palais royal touche des subventions européennes

Les Etats-membres de l'Union européenne publient depuis jeudi, et pour la première fois, règlement européen oblige, la liste des bénéficiaires de la politique agricole commune. On savait déjà qu'en Grande-Bretagne, la famille royale, propriétaire de nombreux terrains bénéficiait d'aides importantes. Elles sont évaluées à 530.000 euros, peut-on découvrir. Surprise en Belgique. La famille royale est également bénéficaire de subventions agricoles européennes. En 2008, la Donation royale a reçu 12.892,50 euros pour des terrains à Villers-sur-Lesse (http://www.belpa.be/pub/FR/index.html). Il s'agit des terrains jouxtant le château de Ciergnon, près de Rochefort, l'une des résidences secondaires de la famille royale.

Durum

Inoculer la grippe mexicaine aux pirates somaliens

Le monde des décideurs économico-politico-médiatico-faiseurs d'opinions serait-il à ce point pernicieux d'avoir été capable de détourner l'attention des foules, contre les agissements de la crise, et de leurs revendications pour une autre planète. Pour ce faire, l'idée lui serait-il venu de filer au bon peuple une bonne virée virale anxiogène, laisser planer une nouvelle menace, après le communisme, l'islamisme et ou le terrorisme. La grippe porcine voire mexicaine (car porcine c'est discriminatoire) ou encore, pour faire simple, la grippe nouvelle, comme l'appelle la Commission européenne, est arrivée.
Ce préambule pourrait servir de trame à un scénario de politique fiction ranimant le spectre de la théorie du grand complot.
Et pourtant, il est vrai que l'emballement suscité par l'annonce de cette grippe mexicaine dont on ne sait presque rien, a quelque chose qui tient de l'irrationnel. Alors qu'on compterait une dizaine de victimes avérées, les colporteurs d'angoisse n'ont plus que la grippe mexicaine à la bouche (même pas masquée). On n'évoque jamais les milliers de victimes mexicaines de la violence et de la précarité. Or, aujourd'hui, dix morts de la grippe suffisent à agiter les sombres héros de l'info, les pisse-Corona du JT, ces bouffeurs de guacamole globalisée.
Qu'est-ce à dire? L'économie sera-t-elle relancée par l'industrie pharmaceutique? La mondialisation imposera-t-elle le Tamiflu à l'apéro, condamnant les nachos et autres tortillas. Alors que des indices (mais une des leçons du moment n'invite-t-elle pas à se méfier des indices?) annoncent la fin prochaine de la crise (financière, pas mexicaine), et par là, l'envolée des belles promesses de corseter le système capitaliste qui a fait éclater au grand jour sa véritable capacité de nuisance, l'occasion est belle pour les dirigeants de masquer leur incapacité ou leur manque de volonté d'agir en faveur du changement. Les sous-commandants-Marcos-en-goguette du monde entier peuvent s'en retourner, masqués, s'enivrer dans la pampa.
En Belgique, même laïus. Suivant d'heure en heure la grippe nouvelle (est arrivée), le gouvernement, immobile depuis deux ans, continue d'avancer masqué pour cacher son inaction. En guise d'énième supercherie, il vient de prendre une grande décision attendue par tous ses électeurs: sécuriser militairement nos navires contre les méchants pirates somaliens, ces gredins qui, en trios, accroupis sur leurs hors-bord, arraisonnent des bâtiments dans l'Océan indien, narguant l'occident, et ses anciennes puissances colonisatrices qui ont laissé tomber l'Afrique dans ses guerres ethniques. Et pourtant, en Somalie, on aurait pu envoyer une délégation parlementaire wallonne. Revenue de Californie, elle aurait pu mettre en pagaille ces bandits-en-pagaie, leur filant la grippe en chantant. "Enlevez-les-sombreros-les-ptits-belges-les-ptits-belges-sont-à-mogadiscio-olé-olé-olé-olé-olé!!!"

Durum

Le dessous des cartes de l'affaire Koekelberg

Dans la ligne de mire depuis plusieurs mois, le commissaire en chef de la police fédérale Fernand Koekelberg vient de se voir retirer d'importantes compétences pendant une période de deux mois après qu'un rapport du Comité P (contrôle des polices) lui a reproché un important manquement dans le cadre de ses fonctions. La nature de ce manquement échappe quelque peu au commun des mortels et fait planer d'importantes interrogations sur les motivations exactes de cette suspension provisoire visant la tête de la police du royaume.
De source bien informée, une hyptohèse, valant cet qu'elle vaut, se fait jour.
Commissaire francophone succédant à un flamand, M. Koekelberg s'est retrouvé dans le collimateur il y a plusieurs mois, suspecté d'avoir initié des promotions canapé. L'affaire suit son cours et il reviendra notamment à la justice de trancher. Visé par le ministre de l'Intérieur, le dossier a à l'époque rebondi en boomerang entraînant Patrick Dewael vers la porte de sortie après qu'il eut été démontré que son propre cabinet est intervenu dans des nominatons à caractère politique.
Un nouveau ministre de l'Intérieur a été désigné, l'illustre inconnu Guido De Padt, député et ancien président du CPAS de Grammont.
Ces dernières années, la gestion passée de M. De Padt à ce CPAS a été régulièrement égratignée sans qu'aucune preuve n'ait jamais démontré aucune malversation. Une plainte anonyme vient encore d'avoir été déposée il y a quelques semaines contre M. De Padt, causant, indirectement de nouveaux ennuis à M. Koekelberg.
Il lui est reproché d'avoir pris acte de cette plainte sans l'avoir transmise directement à la justice, (en vue de s'en servir pour faire chanter M. De Padt?). Un rapport du (décrié) Comité P a écrit en ce sens, ce qui a motivé la suspension de M. Koekelberg. Etrange.
Plusieurs sources bien informées nous font connaître le dessous des cartes, en tout cas leur scénario du dessous des cartes.
Elles rappellent en préambule que, la jugeant farfelue, M. Koekelberg n'était pas tenu de transmettre automatiquemenent la plainte à la justice, cette obligation étant limitée aux chefs de corps des polices locales.
En réalité, disent-elles, des substituts détachés dans les cabinets de la Justice et de l'Intérieur entendent détricoter la réforme des polices et manipulent leurs ministres. L'affaire aurait un relent communautaire. Elle viserait à régionaliser la tutelle sur les polices locales et placer la police fédérale sous la tutelle des magistrat. Il n'y aurait alors plus besoin de Commissaire général.

Durum