mercredi 30 juillet 2008

Un monde bloqué

Si on lève un instant le nez de nos tracas nationaux - exercice certes rendu malaisé par le belgocentrisme croissant des médias - on se rendra compte que la maison Belgique n'est pas seule à être frappée de paralysie durable. Les institutions qui, dans un monde parfait, s'emboîteraient comme des poupées russes, pour faire tourner région, nation, Europe et communauté internationale, sont grippées.
Crise politique belge, panne de la construction européenne, échec des négociations à l'OMC, absence de réforme du Conseil de sécurité de l'ONU,... le tableau est déprimant.
Loin de nous la volonté d'assimiler entre elles ces crises, qui ont chacune leur dynamique propre, mais on peut quand même émettre quelques observations.
Partout, il y a un manque d'empathie, un défaut de solidarité, un repli sur soi et une méfiance envers les structures communes.
En Belgique, les francophones ont trop longtemps méconnu les sources du sentiment flamand, la frustration historique d'un peuple dont la langue n'était qu'un patois, frustration aujourd'hui écartée d'un revers de la main, en disant “c'est du passé”. De leur côté, les flamands refusent de voir que leur propre politique de discrimination en périphérie bruxelloise, tout comme les menaces sur les mécanismes de solidarité, engendrent à leur tour des frustrations. Les politiciens des deux camps n'ont rien fait pour remédier à cette mécompréhension, qui est pourtant le carburant de la crise belge. Avant de négocier, il aurait fallu, il faudra encore, des “confidence building measures”, comme on dit dans le jargon des crises internationales. Il faudra se rassurer mutuellement, au lieu d'agiter des menaces-fantômes... Plus fondamentalement, il faudra veiller à ce que les aspirations identitaires flamandes soient satisfaites sans aboutir au détricotage de l'Etat, sans nuire à la solidarité, sans mettre en concurrence flamands et wallons. Ce n'est pas gagné.
Certaines caractéristiques de la crise belge se retrouvent en filigrane dans les rejets successifs de la Constitution européenne/traité de Lisbonne. Certes, il y a les quelques idéalistes du “non de gauche”, les fanatiques du grand soir, ceux qui ne voient pas que l'Europe est aujourd'hui la région du monde où la prospérité est la plus grande et la mieux répartie, où les libertés individuelles sont les mieux préservées, ceux qui refusent de voir que la Constitution/traité de Lisbonne permettra d'améliorer ces droits et de renforcer la cohésion – pas assez, mais quand même. Ceux-là alimentent, contre leur gré, la logique de l'autre camp du “non”, le repli souverainiste, le rejet de l'harmonisation au nom des intérêts nationaux. Défendre l'intérêt national aujourd'hui, ça n'a rien de noble, c'est jouer des coudes et des épaules pour conserver sa place dans un contexte de compétitivité accru, c'est promouvoir son intérêt au détriment de celui de son voisin, notamment par le dumping fiscal. En renforçant les règles communes, le traité de Lisbonne se place au contraire dans une logique de cohésion, d'anti-dumping et de solidarité.
A l'ONU, enfin, c'est la même défense d'intérêts nationaux qui empêche la communauté internationale de réformer le Conseil de sécurité. Comment accepter aujourd'hui que la France et le Royaume-Uni (environ 60 millions d'habitants) se voient toujours octroyer un siège permanent, au contraire de l'Inde (un milliard) ou du Brésil (200 millions) ? Comment accepter qu'aucun pays africain n'y siège encore ? Il est urgent que l'ONU soit réformée pour retrouver un peu de légitimité, après l'unilatéralisme dévastateur qui a prévalu en Irak et au Kosovo. Le dernier sommet de l'OMC était, à cet égard, perçu comme un test du nouvel ordre mondial.
Les blocages du monde ont des causes multiples et variées. Ils ont en commun d'être travaillés par une logique d'obstruction fondée sur le repli individualiste. Après la deuxième guerre mondiale, il existait au contraire une volonté politique de construire. Construire une gouvernance globale, construitre la sécurité sociale, construire la solidarité européenne. Cette volonté me semble aujourd'hui dangereusement menacée.

Colonel Moutarde

mardi 29 juillet 2008

L'infiniment petit et l'infiniment grand



Alors que des problèmes proches de l'insignifiance mais curieusement insolubles mettent la Belgique dans un état d'effervescence, de presque dissolution, comme cette aspirine dont on aurait besoin à force de scruter au microscope l'infiniment petit de la chose politique nationale, l'agence spatiale européenne vient de diffuser de nouvelles images de dix galaxies très éloignées. Elles sont distantes de 13 milliards d'années lumière, ce qui signifie que le cliché capture des lumières émises quand l'univers était encore très jeune, âgé d'à peine 700 millions d'années.
Tout est une question de perspective...

Colonel Moutarde

Tactique Tac Tic Tac Tic Tac

Ancien ambassadeur belge auprès de l'Union européenne à Bruxelles, Philippe de Schoutheete, propose, dans La Libre Belgique du lundi 28 juillet, une analyse assez pertinente de la situation politique belge, prolongeant une série de commentaires déjà proposés sur ce blog. Pour dénouer la crise, il importe, dans les revendications, de clarifier les concepts énoncés, indique Philippe de Schoutheete.
Il est vrai qu'en exigeant des "garanties" qu'il y ait une réforme de l'Etat et en plaidant le "confédéralisme", la Flandre ne laisse pas voir dans ses cartes, ce qui est compréhensible dans le contexte éminemment tactique du moment. On l'a déjà dit, juridiquement parlant, le confédéralisme ne veut pas dire grand chose. Quant aux garanties, comment les offrir avant que ne commence la négociation?
Au sud du pays, la situation n'est pas plus claire. La fédération Wallonie-Bruxelles semble plus servir d'épouventail menaçant de séparation une Flandre qui avancerait trop loin dans son projet. Quel projet? Celui d'une Belgique configurée par le seul nord du pays, offrant un maximum de leviers aux entités fédérées et laissant le soin à l'échelon fédéral de payer les pensions. L'entité la plus riche en sortirait (probablement) gagnante, celles en difficulté seraient amenées à développer des politiques d'austérité. Démographiquement désavantagé, le nord continuerait à se servir dans les caisses fédérales pour payer son vieillissement. CQFD.
Dans leur volonté de contrer le projet flamand, les sudistes parlent "Wallonie-Bruxelles" mais restent divisés entre Belgicains, régionalistes, communautaristes, germanophiles, wallono-bruxelliens et bruxello-centristes. Mais la stratégie fonctionne: "Wallonie-Bruxelles, wat is dat?", commencent à se demander les nordistes, rappelant que Bruxelles est capitale de la Flandre.
Tout le monde joue donc à se faire peur. C'est logique dans une première phase de grande discussion institutionnelle dévolue à la tactique. Le problème est que personne n'a vraiment les choses en main tant sont nombreux les facteurs extérieurs dont le moindre n'est pas l'organisation d'une nouvelle pré-campagne électorale à l'automne suivie des élections avec le risque de victoire des populistes et des fascistes. Folie pure, un cacique sudiste indiquait récemment en off qu'une telle situation clarifierait la donne et faciliterait les négociations. Il serait plus facile de dialoguer avec Jean-Marie Dedecker qui sait ce qu'il veut qu'avec Yves Leterme.
A cela s'ajoute la crise économique dans le cadre de laquelle va devoir se négocier à la fin de l'année l'accord interprofessionnel. Sans parler du sort des sans-papiers laissés à l'abandon sur leurs grues en attendant le retour de vacances des édiles. Les politiques pourront les y rejoindre à la rentrée. Pour prendre un peu de hauteur.

Durum

mercredi 23 juillet 2008

Charlie McCreevy, où la volte-face d'un ultra-libéral

Le commissaire européen au marché intérieur, l'Irlandais Charlie McCreevy, n'est pas aussi connu que son prédécesseur, Frits Bolkestein, auteur de la directive du même nom. Peut-être le deviendra-t-il après son mandat à Bruxelles. Après tout, M. Bolkestein lui-même n'a acquis sa notoriété que plusieurs mois après avoir quitté ses fonctions, quand le Parlement européen a commencé à analyser en détail sa proposition, promptement rebaptisée par certains 'directive Frankenstein'.
Charlie McCreevy n'a pas encore eu l'honneur d'un tel sobriquet, et pourtant, son ultra-libéralisme est plus radical encore que celui de Frits Bolkestein, ce qui n'est pas peu dire. Tellement libéral que son bilan législatif est proche du néant. Adepte de la doctine selon laquelle "mieux légiférer" équivaut à ne pas légiférer, l'homme n'a jamais jugé bon de proposer de nouvelles régulations pour les marchés financiers, sur lesquels il a compétence. L'auto-régulation du secteur était selon lui la solution à tous les déséquilibres.
Mais du cas Kerviel aux subprime, la crise financière a montré à la face du monde que le secteur était loin d'être à même de se réguler tout seul. A l'heure où l'ampleur du désastre menace l'économie réelle, M. McCreevy a dû amorcer une volte-face. Il vient d'annoncer qu'il réglementerait les agences de notation, pointées du doigt comme les principales responsables. Têtu, l'Irlandais est encore loin d'admettre les failles globales d'un système où des apprentis-sorciers s'enrichissent sur le dos des contribuables et des petits investisseurs à coups de produits dérivés complexes, mais son virage doit être signalé.
Parce qu'il marque le moment d'agir pour ceux qui, en Europe, croient que le système financier doit être mieux réglementé. En veillant notamment à ce qu'après MM. Bolkestein et McCreevy, le portefeuille du marché intérieur soit confié en 2009 à une personne ne s'illustrant pas par une foi aveugle dans le marché.
D'ici là, il sera aussi utile de trouver de petits surnoms pour Charlie, histoire de bien confirmer la désuétude dans laquelle est en passe de tomber sa conception du système... une idée, quelqu'un ?

Colonel Moutarde

mardi 22 juillet 2008

Yves Laurel et Bart Hardy porteront-ils le chapeau?



Qui coiffera qui sur la ligne d'arrivée? Il faudrait travailler du chapeau pour le savoir. Etre un peu rond, rigide, pointu turlututu. A chercher rechercher jour et nuit la solution telle une aiguille dans un chapeau de paille.
Ils avaient pourtant démarré sur des chapeaux de roue, Laurel et Hardy. Annoncé cinq minutes de courage politique. Depuis, ils tentent de faire porter le chapeau, ils en bavent des ronds de chapeau, ils rament. Canotiers.
L'histoire ne leur sera pas redevable de nombreux chapeaux bas. Ces messieurs-là n'auront guère de plume à leur chapeau. Les titrailles, les chapeaux en sont las. Bas-de-forme. Modistes feutrés. 800.000 coups de chapeau puis plus rien. Des toqués sans étoile. Mous (du chapeau), melons. Ils n'ont pu cacher longtemps leur perruque, leur cartel postiche. Slecht bestuur capillaire. A bas la calotte! A bas les calotins!

Durum

dimanche 20 juillet 2008

Le preux chevalier, le prince carnaval et le président sang et or

A un mois du premier anniversaire du premier clash enregistré par Leterme en août 2007, la Belgique est plus que jamais dans l'impasse totale et si personne ne sort de l'analyse symbolique, la situation perdurera. A moins qu'un malade prenne sa bagnole et fonce dans la foule du Gordel ou que la campagne électorale pour les régionales et les européennes ne dérape complètement précipitant la fin du pays, rien ne bougera avant longtemps. Le roi gagne du temps (plutôt on agite la marionnette royale pour gagner du temps). Ce ne sont pas le chevalier de Donnea, le prince carnaval Lambertz et la mascotte Langendries de l'AFC Tubize qui sortiront la solution de leur chapeau.
La famille chrétienne paraît la plus mal mise. Qui croit encore le CD&V/N-VA lorsqu'il accuse les francophones d'opposer un sempiternel "non" à la négociation. PS et MR se disent prêts à discuter d'une grande réforme de l'Etat, à participer à un dialogue de communauté à communauté, à participer à la scission de BHV à condition que l'on élargisse Bruxelles, voire à prendre la voie du confédéralisme. Le cdH reste plus en retrait et la balbutiante argumentation de sa présidente Joëlle Milquet ne séduira plus longtemps les déçus de la crise.
En fait, c'est le CD&V/N-VA qui dit "non" à la négociation. Il souhaite une réforme dictée par lui seul (mais ne sait pas très bien laquelle, perdu entre ses ultras, partisans de la séparation et ses plus modérés). On tourne en rond. La N-VA, suivie par le CD&V, a fixé un nouvel ultimatum, le 31 juillet. Le 1er août sera donc le coup d'envoi officiel de la campagne électorale (laquelle?). D'ici-là, bonnes vacances.

Durum

jeudi 17 juillet 2008

Docu-fiction et intox nord-sud pour pallier la slecht bestuur (suite mais pas fin)

Ainsi, depuis lundi soir 14 juillet (allons-zenfants-de-la-patrie), la Belgique est de nouveau en crise (crisette? parfum de crise?). Mis sous pression par la date butoir du 15 juillet qu'il dit n'avoir pas imposée, le premier ministre Yves Leterme a remis sa démission au roi qui la tient en suspens (la démission;-))
La Maison Belgique commence à cet égard à ressembler furieusement au Mythe de la caverne de Platon. On ne sait plus très bien si on vit dans la réalité ou dans un docu-fiction.
Quant aux événements de ces dernières heures, recoupant différentes sources, le sentiment premier qui nous apparaît évoque un scénario de contournement du 15 juillet, permettant à un Yves Leterme provisoirement suspendu de contourner un obstacle temporel et de reprendre langue avec son cartel. Avec ou sans la bénédiction de ses partenaires? S'ils ont co-écrit ce scénario, ils sont alors meilleurs comédiens que leur metteur en scène. Mais on connaît suffisamment leur propension à la fourberie.
Pendant ce temps, au sud du pays, on continue à agiter la fédération Wallonie-Bruxelles, un symbole dont on ne sait pas très bien ce qu'il signifie concrètement, si ce n'est faire contre-poids à l'appel du nord à un dialogue de communauté à communauté confédéraliste niant la Région bruxelloise. Le Parlement wallon vient lui de souligner l'importance du fait régional en votant une résolution dont on dit qu'elle est la réponse aux résolutions du Parlement flamand appelant à la régionalisation de la justice, des soins de santé, de la fiscalité et tutti quanti. Cependant, la résolution wallonne n'exige rien. Elle prône une Belgique à trois Régions, et une solidarité Wallonie-Bruxelles. Votée à l'unanimité, elle met cependant mal à l'aise les belgicains du cdH qui rappellent que la Maison B. est aussi composée de trois Communautés culturelles. Retour au point de départ.
Bref, au-delà de la symbolique fédération Wallonie-Bruxelles, la résolution sudiste ne fait que rappeler la situation institutionnelle actuelle.
Quant au nord, et singulièrement au cartel CD&V/N-VA, il s'est engagé sur la voie du confédéralisme, une construction dont les juristes répètent qu'elle est inédite et dans le contexte actuel inapplicable à la situation puisqu'elle implique une volonté de plusieurs Etats indépendants de collaborer sur une série de matières. Nonobstant le contexte temporel (il n'y a pas à l'heure H, en Belgique, d'Etats indépendants qui pourraient collaborer entre eux), on pourrait toutefois concrètement aboutir de facto à une situation où Flandre (avec ou sans Bruxelles?) et truc-Wallonie-Bruxelles-ensemble-ou-séparés collaboreraient au sein d'une Belgique-confédérale-évanescente elle-même inscrite dans un cadre-confédéral-européen-actuellement-à-l'arrêt-pour-cause-d'inventaire. Sachant qu'en l'espèce et comme toujours, la solution sera plus politique que juristique.
Le CD&V/N-VA exige pour sa part que les francophones offrent à la Flandre des "garanties" que l'on puisse aller dans la voie du grand dialogue confédéral de Communauté à Communauté, sans expliquer ce qu'il entend par "garanties". Encore des symboles. Car évidemment si ces garanties consistent à écrire noir sur blanc quelle voie (flamande) on s'apprête à suivre, il n'y a plus de place pour une négociation (équilibrée). Qui plus est, en off, côté francophone, on souligne que si l'idée confédérale a fait du chemin, il faudra encore du temps pour la concrétiser.
"Tout est dans tout", disait le philosophe grec Anaxagore. "Et vice-versa", précisait l'écrivain français Sainte-Beuve. On en est là.
"Rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme", disait encore le sudiste Anaxagore (avant de se faire piquer la formule par ce parigo de Lavoisier, on n'a rien inventé).
Il manque au nord comme au sud du pays cette dose de pragmatisme qui pourrait permettre de débloquer la situation. Il faut pouvoir dépasser les symboles nourris par trop de frustrations et une méconnaissance de l'histoire, au nord comme au sud du pays. Il faut aussi pouvoir s'inscrire dans le monde d'aujourd'hui dont les défis à relever sont nombreux. Le monde n'attend pas la Belgique.

Durum

lundi 14 juillet 2008

La Belgique tangue, cynique intox

L'info vaut ce qu'elle vaut. Elle n'est pas dénuée d'intérêt et témoigne, si elle se vérifie, de ce que la politique est empreinte de cynisme. Elle nous a été rapportée en haut lieu comme on dit dans ces cas-là. L'agitation créée autour d'une fédération Wallonie-Bruxelles est avant tout une entreprise d'intoxication visant à déstabiliser le monde politique flamand. Elle participerait notamment d'une stratégie visant à faire grossir les rangs des extrêmes de la Lijst Dedecker et du Vlaams Belang de sorte que le cartel CD&V/N-VA n'ose précipiter des élections anticipées qui feraient éclater le pays dans un contexte de crise aiguë. Partant, il n'y aurait dès lors pas d'élections anticipées ni le 15 juillet ni en octobre ni même en juin 2009. La Belgique tangue dangereusement. De Court-Saint-Etienne à Dour. Et même au-delà.

Durum

vendredi 11 juillet 2008

Des festivals politiquement corrects

Le lancement de la saison estivale a coïncidé comme c'est le cas depuis de nombreuses années avec le retour des festivals de musique rock. L'occasion pour la Boulette de faire le point sur quelques grands événements souvent présentés comme indépendants or, parfois très associés à de puissantes machines économiques (on a déjà évoqué ici la mainmise de Live Nation sur quelques uns de ces importants événements) mais également au monde politique. Sans tirer d'informations hâtives, voilà quelqu'info bonne à enregister.
Ainsi, l'organisateur du festival de Werchter (qu'il a fondé et revendu à Live Nation) Herman Schuurmans milite à l'Open Vld. Une nouvelle initiative cette année, le festival d'1 jour Werchter Boutique à laquelle s'associent d'ailleurs les libéraux flamands qui y organisent dimanche un événement politique. Bien implanté dans le coin, le CD&V local n'est pas en reste pour y inviter les journalistes. On y retrouve le bourgmestre de Rotselaar, Dirk Claes, et le sénateur local Hugo Vandenberghe. Le grand chef du Pukkelpop (également Livenationalisé) Chokri Mahassine est député au Parlement flamand pour le parti blairiste sp.a. Autre député, mais au Parlement wallon cette fois, Carlo Di Antonio est bourgmestre cdH de Dour. Il organise depuis des années le festival éponyme qui s'est aussi au fil du temps transformé en supermarché. L'échevin spadois Charles Gardier (MR), proche de Didier Reynders, est à la tête des Francofolies qui sert de vitrine au président bling-bling. Quant au festival liégeois qui monte, les Ardentes, on le doit à la bravoure du camarade Gaëtan Servais, ex-chef de cabinet de Marie Arena à la Communauté française et futur directeur de Meusinvest, société chargée de la reconversion économique de la province de Liège. Gaëtan Servais a un beau curriculum, passé chez Van Cau et Marcourt, venant en droite ligne de chez Di Rupo.
Ces liens favorisent évidemment la politique de subsidiation. D'autres festivals plus en marge ne bénéficient pas des mêmes appuis. Et quand politique et affairisme se rencontrent, le cocktail (maison) peut s'avérer d'autant plus explosif pour la diversité culturelle.
Demandez le programme!

Durum

jeudi 10 juillet 2008

Guerre des commentaires sur les blogs: un mort et plusieurs blessés

Blogueur politique n'est pas un métier facile. Jean Quatremer vous le dira. Ce journaliste de Libération passe désormais l'essentiel de temps à s'occuper de son blog (21e en termes de fréquentation dans le classement établi par Wikio), notamment à répondre au fil des commentaires, où le débat fait rage entre les "nonistes" et les "ouiouistes" au traité de Lisbonne. Le clivage y a pris des proportions sans commune mesure, au point que l'auteur vient de décider de censurer une série de "nonistes" soupçonnés d'être une seule et même personne. "Je ne veux pas que mon blog permette des manipulations de l'opinion en donnant à penser que les souverainistes et les eurosceptiques sont une véritable armée de l'ombre", a-t-il averti. Les réponses n'ont pas tardé, et la discussion a viré à l'aigre, au point que plusieurs habitués ont annoncé leur retrait définitif. "En tout cas moi je me retire à jamais, il est très malsain ce blog. Jamais vu ça un tel flicage, une telle peur du débat. Amusez-vous bien entre vous, je ne vous embêterai plus ! Vive l'Europe fédérale, vive le libéralisme, vive Lisbonne et vive les élites éclairées qui savent tout mieux que les autres !" s'est emportée Elodie.
Du côté d'un autre poids lourd du blog politique, Versac (8e au classement Wikio), c'est carrément l'auteur lui-même qui a décidé d'arrêter. "Suite à une nouvelle étape du délire, qui a encore induit des commentaires qui dépassent ma capacité de réponse et mon niveau d'attention, et - summum de l'exposition merdique - une citation tronquée, hors contexte, de mes propos chez Jean-Marc Morandini (note de la Boulette, un autre blogueur influent), je cesse la publication sur ce blog", vient d'expliquer Nicolas Vanbremeersch dans son dernier post. On se souviendra qu'à l'époque, en Belgique, le journaliste Mehmet Koksal avait lui aussi décidé de mettre la clé (USB) sous le paillasson en raison des réactions pour le moins virulentes à ses investigations dans les milieux négationnistes turcs.
A La Boulette, heureusement, nous n'en sommes pas encore là. Avec une petite cinquantaine de visiteurs par jours, nous caracolons à la 2005e place du classement Wikio. Et nous nous réjouissons de voir que les commentaires avisés de nos lecteurs sont chaque jour un peu plus nombreux.

Colonel Moutarde

mercredi 9 juillet 2008

Cérémonie des JO: petits réglements de comptes entre amis

Souvenez-vous, c'était il y a quelques mois. L'armée chinoise réprimait durement la révolte tibétaine. Souvenez-vous, c'était il y a bien longtemps, avant la libération d'Ingrid Bétancourt, avant le non irlandais au traité de Lisbonne, avant la victoire d'Obama aux primaires démocrates. La flamme olympique zigzaguait à Londres, à Paris, pour échapper aux manifestants des droits de l'homme. Sarkozy brandissait la menace de ne pas assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Plus habile, Gordon Brown soulignait qu'il n'avait jamais prévu d'y assister (mais qu'il irait peut-être bien à la fête de clôture - une démarche imitée par notre Yves Leterme national).
Le président français vient de faire savoir que, finalement, il irait bien à Pékin pour la cérémonie d'ouverture. Il a entretemps hérité de la présidence de l'Union européenne - et donc il représentera un peu tous les Européens. Qu'est-ce qui a changé depuis la crise tibétaine ? C'est difficile à dire. Des négociations ont bien été ouvertes entre le gouvernement chinois et les représentants du dalaï-lama, sa "clique", comme on dit à Pékin, mais qui pourrait douter que ces pourparlers sont un leurre destiné à jeter un voile pudique sur le Tibet, jusqu'à la fin des JO ? Les négociateurs tibétains ont d'ailleurs fait savoir que les discussions ne menaient nulle part.
Parmi les élites européennes, une voix dissidente se fait entendre. C'est, curieusement, celle du très sage démocrate-chrétien allemand Hans-Gert Poettering, le président du Parlement européen. Il a annoncé mercredi qu'au vu des circonstances, il ne ferait pas le déplacement. Le geste sera, sans aucun doute, perçu comme un affront à Pékin. De façon plus inattendue, il ne devrait pas non plus être très bien reçu à Paris. L'annonce de Poettering coïncide en effet avec la décision opposée de Nicolas Sakozy. Embarrassant pour un président déjà attaqué sur ses amitiés avec les dictateurs africains, le Libyen Khadafi, le Tunisien Ben Ali ou le Gabonais Omar Bongo.
On serait mal avisé de penser que le timing de Poettering relève d'une maladresse. L'Allemand aura plutôt voulu se venger du dernier coup bas de Sarkozy à son encontre. Au sommet européen de juin dernier, le président de la République avait en effet demandé aux 27 de le faire sortir de la salle, afin de pouvoir mener les discussions en toute intimité...
Ca promet des étincelles lors de la conférence de presse conjointe que les deux doivent donner ce jeudi à Strasbourg - qui sera diffusée en streaming ici.

Colonel Moutarde

Qui de la France ou de Ségolène est le plus à la dérive?

Curieuse déclaration que celle de Ségolène Royal invitée mardi soir du Journal Télévisé de David Pujadas sur France2. Mme Royal a émis la possibilité que le clan Sarkozy soit à l'origine de la mise à sac de son appartement.
"J'observe que la semaine dernière, le lendemain où j'ai dit qu'il fallait mettre fin à la mainmise du clan Sarkozy sur la France, mon domicile a été mis à sac (...) Je fais un rapport entre les deux. Je considère qu'aujourd'hui il y a une mainmise du pouvoir sur les médias (...)", a affirmé l'ex-candidate PS à l'élection présidentielle. Comme on lui demandait s'il s'agissait d'une "forme d'accusation formulée contre le pouvoir en place", la présidente de la région Poitou-Charentes a répondu: "C'est une drôle de coïncidence. Et c'est la seconde fois (que cet appartement est fouillé, ndlr), la première a eu lieu pendant la campagne présidentielle (...)".
Ou Mme Royal a définitivement pété les plombs ou la France est véritablement devenue une république bananière.

Durum

mardi 8 juillet 2008

Hypocrisie au Tour de France: on touche le fondement

Cette fois ça y est, les actualités l'ont claironné. A l'eau claire, honni le remontant: 2008 est le Tour du Renouveau (TR). Les organisateurs y ont été sans prendre de gants. Les dopés sont restés à la maison. L'équipe Astana n'a pas été autorisée à participer. En selle!
Mais il y a une couille. Et de la couille au TR, il n'y a qu'un doigt. L'un des deux grands favoris, Alejandro Valverde a vu son nom apparaitre dans les documents du fameux Dr Fuentes. Et il est en (vice de) forme. Le gaillard a déjà porté le maillot cireux pendant quelques jours en ce début de TR. Il est recta. Ca, ça fait mal.
Le premier contre-la-montre a permis de saisir la pleine mesure du talent de Stefan Schumacher, un autre champion, qui en a mis la plein la vue, laissant une impression fausse. Sceptique? Le cycliste allemand avait été contrôlé positif aux amphétamines lors d'une analyse sanguine pratiquée après une arrestation pour conduite en état d'ivresse il y a quelques mois. "Cela n'a rien à voir avec le dopage. Il a célébré son succès des championnats du monde avec des amis dans une discothèque de Stuttgart", déclarait alors le responsable de son équipe Michael Lehner. Une affaire qui rappelle celle d'un certain Tomeke Tomeke Boonen qui a lui reçu un mois de congé des organisateurs du TR pour aller s'éclater dans les discothèques monégasques. Ah, on en chie! A selle! Qu'on dise que le Tour sera ouvert, indécis, oui. Mais renouvelé. Il y a loin de la coupe aux lèvres. La purge est utopique. Ah oui! J'oubliais. Jeannie Longo a décroché mardi un 55ème titre national à 49 ans. Le cyclisme féminin tarde à se renouveler. Mamie n'a pas encore troqué la longotte pour l'alèse. Le TR concerne moins le sexe faible.

Durum

Sainte Ingrid: la stratégie française désavouée

Sur ce blog comme ailleurs, on parle beaucoup de Sainte Ingrid en ce moment. Pendant que la principale intéressée planifie un voyage à Lourdes, ça commence à dézinguer entre les capitales. Alors que la récupération politique de la libération bat son plein en France, le gouvernement colombien a carrément désavoué la stratégie de Paris. A Bogota, on n'a pas trop apprécié les offres faites au FARC, rapporte aujourd'hui l'excellent site d'information indépendante sur l'Amérique latine www.latinreporters.com. La France aurait proposé à la guerilla "de faire lever le qualificatif d'organisation terroriste, d'engager des négociations directes ainsi que d'ouvrir un bureau à Paris". Pas trop bien vu, à l'heure où l'organisation semble être en pleine déliquescence. Mais quand on s'appelle Nicolas Sarkozy et qu'on compte sur la libération d'otages pour se refaire une popularité, ce genre de considérations passe sans doute au second plan.
Voir le décryptage du site ici.

Colonel Moutarde

lundi 7 juillet 2008

Sainte Ingrid, restez cloîtrée!

A peine libérée, Ingrid Betancourt nous fait déjà presque regretter le temps de son trip aventure dans l'Amazonien feuillus. On sentait plus que potentielle l'émergence d'un culte de la personnalité depuis sa détention il y a six ans et demi mais là, depuis sa délivrance, cela vire au mysticisme. Et il y a malaise. Rendre grâce à Dieu, à l'armée colombienne, porter aux nues un axe Uribe-Sarkozy-Benoît XVI, témoigne à foison des valeurs qu'incarne la sénatrice écologiste et on en finirait presque par comprendre dans cette satire qu'elle ait pu susciter la raillerie de ses farcois geôliers. Offense à tous les anonymes déshérités de cette planète, le show médiatique qui accompagne la sanctissime tournée de la mère Betancourt n'a été, en France, remis en question que par la toute aussi mystique Ségolène Royal, aussitôt brûlée, telle une hérétique, sur l'autel bleu blanc rouge du politiquement correct. "Comme si de rien n'était". Le titre du nouvel album de la première dame de France résume parfaitement la situation. Il ne manquerait plus que Carla prenne Soeur Ingrid par la main pour un duo. Une bonus track avec la mère Betancourt. Un cantique présidentiel à la gloire de Dieu. La messe serait dite.

Durum

mercredi 2 juillet 2008

Ingrid Betancourt libérée !

Tout bon pour Leterme Ier dont on ne parlera plus pendant quelques jours dans les médias. Je serais eux, je partirais en vacances dès ce soir. Tout le monde n'y verra que du feu. Le 15 juillet, on aura déjà oublié qu'il était question d'une déclaration.

Durum

Leterme Ier, le gouvernement plan-plan

Le gouvernement Leterme Ier travaille d'arrache-pied. En une semaine de temps, il nous sort un plan de lutte contre la fraude, un plan pour la préservation du milieu (printemps de l'environnement) et un plan de lutte contre la pauvreté.
Ces trois plans ont plusieurs similitudes. Ils énoncent la nécessité de coordonner les politiques menées, renvoient à des groupes de travail voire de réflexion, suggèrent, proposent; annoncent des monitorings, des études, rappellent des statistiques mais concrètement contiennent peu ou prou de mesures concrètes.
A y regarder de plus près, ils sont aussi complémentaires: les conclusions du printemps de l'environnement et le plan de lutte contre la pauvreté souffrent du manque de moyens budgétaires là où le plan de lutte contre la fraude vise à ramener des sousous dans la cai-caisse. Le problème est qu'une autre similitude frappe les trois plans: l'absence de volonté politique cohérente qui caractérise cette majorité de façade, qui se croit dès lors obligée de faire du marketing. Leterme Ier a un plan média. Mais personne n'est dupe.

Durum