jeudi 27 novembre 2008

Citibank vous souhaite un joyeux noël, et une bonne année

Après avoir plumé ses clients, Citibank vient de réaliser une étude auprès des consommateurs, delaquelle il ressort que "plus de la moitié des Belges (52%) estime
disposer de moins d'argent à consacrer cette année aux achats de Noël" et qu'ils "sont 43% à voir cette année d'un oeil plus sombre".
Le SPF Economie mène actuellement une enquête sur Citibank suspectée d'avoir commercialisé de manière très attractive 14 produits garantis par Lehman Brothers. La banque de crédits est également suspectée d'avoir commis des infractions massives à la législation sur la publicité mensongère.
Citi Never Sleeps.

Durum

lundi 17 novembre 2008

Le rêve brisé de Pascal, golfeur à deux balles

"Ma vie à la retraite ? Travailler mon swing sur les plus beaux parcours de golf". C’est ainsi que "Pascal, 50 ans, directeur marketing à Cergy" s’imagine terminer sa carrière, dans une publicité d’Axa. Publiée en pleine page dans Le Monde d’hier, l’encart a attiré ma curiosité. Texto : "Le rêve de Pascal. Aujourd’hui âgé de de 50 ans, il a revendu sa PME et envisage de prendre sa retraite dans 5 ans. Passionné de golf, Pascal envisage d’explorer les plus beaux parcours du monde. Pour accéder à ces greens de prestige tous les ans, il a décidé de consacrer à sa passion 50.000 euros dès maintenant. 'Mais comment-être sûr que ce capital sera suffisant pour me permettre chaque année de profiter pleinement de ma retraite sur les parcours de golf ?' Cette question, Pascal se la pose. Doit-elle rester sans réponse ?" Euh, dites, Axa, c’est une questions sérieuse ? Parce que moi ça ne me dérange pas trop qu’elle reste sans réponse, à l’heure du vieillissement de la population, où nous devrons tous bosser jusqu’à 65 ans, voire plus. On ne va pas pleurer si Pascal ne peut pas fouler les greens dès 55... Un peu de décence, merde. En plus, il est pourri votre plan pension : avec ses 2.317 euros bruts par an garantis, Pascal, il pourra à peine se payer un caddie. Allez, Pascal, c’est pas grave, tu pourras toujours te rabatre sur le mini-golf à Coxyde avec les prolos. Ce sera bien, tu verras.

Colonel Moutarde

Delacroix évolue dans le bon sens

Une remarque intéressante dans le Nouvel Observateur de cette semaine: des beaux esprits ont annoncé le dépôt d'une plainte pour négationnisme après qu'a été diffusée la chanson macabre et entêtante du sénateur FN mais à bien lire les paroles, ils ont tout faux. Delacroix ne nie pas le génocide, il en fait l'apologie. On nous l'avait pas dit: il n'est plus révisionniste, Delacroix! Il est d'accord: les déportations, Dachau, etc. Un Front National nouveau, moderne, comme il nous l'avait promis.
Et puis, il faudra un jour s'interroger sur le rôle des dîners bien arrosés dans la propagation de la haine ordinaire. Un sociologue pourrait s'y intéresser de près: à la fin du repas, on sourt la goutte et les plaisanteries graveleuses. Et c'est parti! On n'ose pas imaginer ce qu'ils nous ont fait avec le petit vin blanc, Delacroix et ses acolytes, un essai sur la supériorité des races, sans doute... De toute manière, on sait bien comment ça termine: à la fin, ils vont tout vomir dans les toilettes... Si un jour, ils pouvaient être emportés dans la cuvette...

Mexicano

dimanche 16 novembre 2008

L'asbl Dolor défend-elle l'actionnaire de Fortis ou vise-t-elle la déstabilisation de l'Etat?

Parmi les chevaliers blancs qui s'enorgueillissent de promouvoir la défense des petits actionnaires de Fortis, on trouve l'asbl Dolor, auteure d'une plainte au pénal contre le gouvernement.
C'est cette même asbl qui avait divulgué un scoop relayé sans vérification par Le Soir Magazine, selon lequel le Premier ministre Yves Leterme, le ministre des Finances Didier Reynders et les représentants de Fortis s'étaient vus le 20 août dernier et étaient au courant depuis lors de la situation du banquier.
Le Premier ministre et le ministre des Finances ont démenti l'information, soulignant qu'à cette date ils se trouvaient aux JO de Pékin.
Sans vouloir se prononcer sur le fond de l'affaire, il est bon de gratter un peu et voir qui se cache derrière cette noble association, Dolor, dont les visées sont peut-être plus larges que la simple défense du petit actionnaire.
Son principal responsable, Hendrik Boonen, est membre de Vlott, un groupuscule politique anversois dirigé par le sénateur Hugo Coveliers et allié au Vlaams Belang. A Anvers, Hendrik Boonen est d'ailleurs relativement connu dans le milieu. Il est passé ces dernières années par tout ce que la métropole a connu comme groupuscules fascistes, antipolitiques et populistes.
Il est étonnant que la presse traditionnelle ne l'évoque pas. Il est aussi étonnant qu'alors qu'existe dans la presse francophone un cordon sanitaire, Le Soir Magazine se laisse aller à colporter sans les vérifier les allégations de ces tristes sires.
Dolor, dolor!

Durum

vendredi 14 novembre 2008

Les dangereux "synonymes" de M. Barrot

En politique, il est parfois utile de remplacer un mot par un autre. Quand, dans un élan de racisme et de populisme, le gouvernement italien de Silvio Berlusconi a entrepris de prélever les empreintes digitales de tous les Roms du pays, il lui a fallu éviter soigneusement les termes de "gitans", de "roms" et toutes les autres formulations liées à l'origine ethnique. Les règles européennes interdisent en effet les discriminations sur base de l'origine ethnique. Ce sont donc les "nomades" qui se sont vu demander de tremper leurs pouces dans l'encre. Bel effort de politiquement correct de la part de Silvio Berlusconi qui lui a permis, moyennant quelques autres aménagement, d'obtenir le feu vert du commissaire européen en charge de la justice, Jacques Barrot.
Ce dernier s'apprête à fermer les yeux sur un nouveau tour de passe-passe sémantique impliquant cette fois les Chrétiens d'Irak. Par milliers, ceux-ci ont fui leur pays vers la Syrie et la Jordanie voisines et nombreux sont ceux qui voudraient trouver asile dans les pays européens - dont les portes restent pour l'heure closes. Leur revendication est défendue vigoureusement dans les milieux catholiques européens, où l'on voudrait leur donner un accès préférentiel sur les autres populations persécutées d'Irak. Pour étayer ce plaidoyer, on a remplacé les "Chrétiens d'Irak" par les "populations vulnérables d'Irak". Déjà soutenu à demi-mot par M. Barrot, ce raisonnement sous-entend que les Chrétiens sont plus vulnérables que les Muslumans dans le pays. Et qu'ils pourraient donc entrer en Europe par la voie rapide. Tant mieux pour eux, sans doute. Quant à ceux qui se verront refuser le droit d'entrée, qui se préoccupera de leur sort ? Du côté du clergé européen, en tout cas, la chose est entendue. "Traiter de la même façon des personnes qui seraient moins menacées serait une discrimination", a estimé ce vendredi une représentante de la fédération des épiscopats. Drôle de conception de la discrimination...

Colonel Moutarde

lundi 10 novembre 2008

La foire du trône à l'arrêt

Préparez-vous aux flonflons et aux froufrous, le 15 novembre, c'est la Fête du Roi. Crise institutionnelle et financière oblige, on avait quelque peu oublié notre poussiéreuse monarchie que l'occasion de la Fête de la Dynastie permettra de fourbir quelque peu, à son retour d'un voyage à dos d'éléphant dans les Indes.
En ce quinzième anniversaire de l'accession d'Albert II au trône, la chancellerie du Premier ministre a tenu à marquer le coup, organisant un événement pour notre belle jeunesse de 15 ans.
Mais à moins de déguiser Armand De Decker et Herman Van Rompuy et leurs suites, en prépubères communiants confirmant, il faut s'attendre à ce que l'événement fasse flop. Les services du Premier ministre peinent à nous trouver quelques jeunes, encore verts derrière les oreilles, disposés à venir faire tapisserie le 15 novembre. Comment l'expliquer? Bon, il y a quand même Tubize-Cercle de Bruges en début de soirée mais cela ne peut expliquer à lui seul ce royal "Fortiseke" qui vient pourtant ponctuer une très originale initiative de la chancellerie. Pas du tout en décalage avec les réalités d'aujourd'hui.
Pourtant, le message qui sera distillé le 15/11 risque d'être exaltant, le Palais annonçant un hommage au Roi Baudouin, sur le thème de "l’engagement d’une vie pour une société plus harmonieuse". C'est certain que saluer la mémoire de ce croque-mort avorté que Lumumba doit encore chérir dans sa tombe, constitue un bel appel à l'engagement en faveur d'une société moderne. Il ne pourra d'ailleurs être que plus appuyé en la présence de la diacre du Palais, Fabiola Pompilio dellopusdei. Décidément non, il n'y a plus de jeunesse, plus de respect, plus de certitude.
Boudant les petits fours, nos jeunes têtes blondes pourront toujours se rabattre sur la table ronde pour la réhabilitation de l'oeuvre coloniale de Lépold II qu'organise ce même jour le chevalier Alain Destexhe. Là aussi, il y aura des absents. Le général Nkunda et le président Kabila sont excusés. Ils gèrent l'héritage colonial.

Durum

samedi 8 novembre 2008

Régulation du système financier: la grande désillusion


Deux mois après le débarquement en Europe de la crise financière et les annonces incantatoires d'une efficace régulation du système, force est de constater que les autorités américaines, européennes, et belges, pour ce qui nous concerne, en sont restées aux vagues déclarations d'intention voire dans les meilleurs des cas à arrêter des positions très consensuelles. Les seules véritables décisions prises à ce stade ont été relatives à la nationalisation des pertes et à la privatisation des profits.
Le président américain fraîchement élu Barack Obama, la nouvelle icône mondiale (;-)), a annoncé un important plan de relance mais il est resté muet quant à la nécessité de réguler les marchés. Laissons-lui le bénéfice du doute, il n'est pas encore président en fonction. Paroles, paroles, paroles restent ses maîtres mots.
Le Conseil européen préparatif au Sommet mondial de Washington a lui aussi accouché d'une souris. Le chef de groupe socialiste au Parlement européen, Martin Shulz avait ironisé à propos du chef d'Etat français Nicolas Sarkozy, actuel président du Conseil européen, soulignant qu'il parlait depuis la crise comme un véritable socialiste, tellement il s'est reprofilé une fois le vent tourné. Vendredi à Bruxelles, Nicolas Sarkozy a rassuré les financiers. "Nous ne voulons pas passer d'une absence de réglementation à trop de réglementation", a-t-il prévenu. Au-delà, on n'est pas plus avancé.
Le plan européen n'accouche que de principes dont la volonté de "confier au FMI un rôle central dans une architecture financière plus efficace". Balaise. Plus efficace pour qui? Quelle architecture? Et surtout, pourquoi le FMI? Cette institution dont l'ancien vice-président de la Banque mondiale, Joseph Stiglitz, affirme que ses prescriptions sont "en partie fondées sur l'hypothèse dépassée selon laquelle le marché aboutit spontanément aux résultats les plus efficaces" (1). Ce n'est pas l'architecture mais l'idéologie sous-jacente qu'il faut changer. Mais cela, la droite ne le permettra pas.
En Belgique aussi, on allait voir ce qu'on allait voir. Le président du PS, Elio Di Rupo, en perd régulièrement sa voix ces dernières semaines à force de crier au démon ultra-libéral à enfermer au plus vite dans le carcan de la régulation.
Et vendredi, le Conseil des ministres a approuvé une décision visant à limiter les parachutes dorés des patrons d'entreprises cotées en bourse. En principe, ces indemnités seront limitées à 12 mois de salaire fixe au maximum. Limitées par des paramètres temporels donc mais pas financiers. C'est bingo pour les patrons du BEL20. A titre d'exemple, alors que l'administrateur-délégué d'Agfa-Gevart a droit aujourd'hui à une indemnité de départ d'1,540 millions d'euros, selon le rapport annuel de l'entreprise; il pourra partir, en vertu des nouvelles règles, avec la coquette somme de 3,116 millions d'euros, a calculé Ecolo. Joli foutage de gueule!
In fine, ce n'est pas le système mais le gouvernement lui-même qui est transparent.
Il faut dire que quand en son sein on se prête au jeu du délit d'initié, certains n'ont pas intérêt à plus de régulation. Le ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht, dément tout délit d'initié alors que son épouse de magistrate a vendu pour 500.000 euros d'actions Fortis la veille de la cession des actifs aux Néerlandais et de l'effondrement au plus bas du cours boursier. Une pure coïncidence d'agenda. N'est pas chef de la diplomatie qui veut.

Durum

(1) La grande désillusion, Joseph Stiglitz, janvier 2002