vendredi 29 février 2008

Réformer la Belgique ? Maystadt a autre chose à faire

Philippe Maystadt, ancien ministre des Finances et aujourd'hui président de la Banque européenne d'investissement, n'a plus l'intention de participer aux travaux du groupe des sages. Il ne le cache à personne: il a autre chose à faire. “J'ai un vrai travail, moi”, lance-t-il à qui veut l'entendre, témoignant de peu d'égards envers les autres "sages", qui ont négocié la dernière réformette de l'Etat. Dehaene, Verhofstadt et consorts apprécieront.

vendredi 22 février 2008

Guy Verhofstadt vise la présidence du parlement européen en 2009

Le premier ministre Guy Verhofstadt entend relancer sa carrière politique au parlement européen et brigue même la présidence de l'assemblée, selon son entourage.

Guy Verhofstadt devrait quitter son poste de premier ministre le 20 mars prochain. Il l'a annoncé à plusieurs reprises. Que va-t-il devenir ensuite?

Les observateurs citent régulièrement son nom parmi les candidats au poste de président du Conseil européen voire à celui de Haut représentant de la politique étrangère de l'Union ou président de la Commission. Dans son entourage, on n'y croit guère. "Qui a été candidat une fois et a échoué sait très bien que son tour ne viendra plus", commente un proche du libéral flamand. Après le 20 mars, Guy Verhofstadt devrait retourner sur les bancs du Sénat, où il a été élu, et où il compte bien être actif... pendant une petite année. Le premier ministre sortant se présentera ensuite en 2009 aux élections européennes. Verhofstadt voit dans le Parlement européen, dont le rôle sera renforcé par le Traité de Lisbonne, l'occasion de relancer sa carrière. Les enjeux y sont de moins en mois circonscrits par les velléités nationales et les débats de plus en plus représentatifs de ce que devrait être l'activité d'un véritable parlement, commente un proche. Guy Verhofstadt anbitonnerait même la présidence du parlement européen. Mais là encore, tout est affaire d'équilibre.

Durum

mercredi 20 février 2008

Georgette, 72 ans

Lu ce matin dans le Metro, une (petite) annonce méritant une (grande) diffusion. Texto:

“A toi le jeune homme qui m'a laissé sa place assise à la station Etangs-Noirs dans le métro, sache que j'ai apprécié ce geste à sa juste valeur. Mon coeur en est tout retourné. Tu avais le crâne rasé, tu portais un T-shirt à l'effigie des Sex Pistols et un jeans à trous. Si tu te reconnais, merci de me contacter car je souhaite mieux te connaître. Georgette, 72 ans, Anderlecht”.

C'est pas beau, ça ?

mardi 19 février 2008

Kosovo: De Gucht court-circuite le Parlement

Le ministre belge des Affaires étrangères a annoncé lundi soir, dans le foulée des autres pays européens, que la Belgique reconnaîtrait rapidement l'indépendance du Kosovo. Devant les caméras de télévision, M. De Gucht a tenté de faire croire que la Chambre et le Sénat seraient consultés, avant d'admettre que le débat parlementaire aurait probablement lieu après la reconnaissance. Pourtant, au Parlement, tout le monde ne voit pas l'indépendance kosovare d'un très bon oeil, surtout du côté francophone de l'assemblée.
Le ministre n'en a cure: il s'agit surtout de ne pas enrayer la belle machine diplomatique de l'indépendance “concertée”, programmée depuis des mois entre les chancelleries européennes. Par “concertée”, il faut comprendre “pas unilatérale”, une manière pour les Européens de contrer l'argument russe selon lequel l'indépendance du Kosovo est illégale au regard du droit international.
Pour défendre la légalité de l'approche européenne, M. De Gucht invente même un nouveau concept: le "multilatéralisme effectif": puisque les Russes bloquent, ils empêchent le multilatéralisme de fonctionner, donc il est légitime de contourner l'ONU. Une telle inventivité juridique (de la part d'un professeur de droit, faut-il le rappeler) n'est pas sans rappeler un autre concept, mis au point par l'administration Bush au moment de l'invasion de l'Irak: celui de la guerre préventive. A l'époque, en Europe, on avait crié au scandale.
Quoiqu'il en soit, en dépit de l'ingéniosité européenne, l'indépendance concertée a été marquée par une certaine dose d'improvisation, selon un diplomate belge bien informé. Ainsi la Constitution kosovare, qui doit garantir notamment le respect des minorités serbes et la protection du patrimoine orthodoxe (ultra-sensible pour les Serbes), n'a-t-elle été remise aux Occidentaux qu'à la dernière minute. Elle n'a en réalité pas encore été définitivement approuvée. Or, le soutien européen était conditionné à ces garanties constitutionnelles (ce qu'on appelle le plan Athisaari).
Décidément bien avisés sur le dossier des Balkans, les Pays-Bas ont préféré attendre d'obtenir toute le clarté nécessaire avant de reconnaître le Kosovo. En Belgique, on préfère suivre le mouvement.

samedi 16 février 2008

Adoubement bling-bling pour Verhof?

Le premier ministre Guy Verhofstadt est reçu mercredi 20 février par le président français Nicolas Sarkozy. Rien n'a circulé à ce stade sur l'ordre du jour de cet entretien mais il ne faut pas être grand clerc pour deviner que le premier ministre belge profitera de cette visite pour marquer des points en vue de relancer sa carrière sur la scène européenne. On l'a déjà écrit dans La Boulette, alors que le traité de Lisbonne a entamé son parcours de ratification (5 pays dont la France l'ont ratifié à ce stade), d'importantes fonctions dirigeantes seront à pourvoir dans les prochains mois, celles de président du Conseil européen, président de la Commission européenne et chef de la diplomatie européenne.
Sachant que Manuel Barroso a de bonnes chances de rempiler à la tête de la Commission si la droite se maintient en 2009, la présidence du Conseil européen, nouvelle fonction créée par le Traité (ex-constitutionnel) de Lisbonne, sera particulièrement convoitée.
L'ancien chef du gouvernement britannique, Tony Blair, est un de ces candidats. Il a fait il y a quelques mois une apparition remarquée lors d'un Congrès de l'UMP, en compagnie du chef de l'Etat français. Allié de Bush en Irak, chef de gouvernement d'un pays eurosceptique, il aura toutefois fort à faire pour remporter la joute. Depuis son apparition aux côtés de Sarkozy (critiquée jusqu'au sein de la droite française), son étoile a d'ailleurs pâli au profit du premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe. Le gouvernement français vient d'ailleurs de déclarer, par l'entremise de son secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, que le président du Conseil devrait à ses yeux venir d'un Etat membre de l'Eurogroupe et de Schengen. Ce profil sied aussi à Guy Verhofstadt, lauréat du premier prix du Livre européen pour "Les Etats-Unis d'Europe". Le premier ministre belge est l'un des quelques candidats pressentis pour la fonction. Mercredi, il pourra toujours prendre le Thalys avec dans sa poche une lettre de recommandation de "l'ami Didier". Car dans quatre mois, la France entamera la présidence de l'Union. Elle pourrait être décisive à bien des égards.

La BEI de Philippe Maystadt accusée de miner l'Afrique

L'association de défense de l'environnement "Les Amis de la Terre" ont publié récemment un rapport intitulé "Banque européenne d’investissement : six ans de financement du pillage minier en Afrique". Ce rapport analyse les prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI) en Afrique. Alors qu’elle est censée y intervenir en tant que banque de développement de l’Union européenne, la BEI s’implique de façon croissante dans le secteur très controversé des mines, soulignent les Amis de la Terre qui relancent une campagne de sensibilisation sur le sujet.
Selon l'association, la BEI ne dispose d’aucune norme environnementale et sociale crédible. Les Amis de la Terre (ADLT) demandent à la BEI de suspendre ses financements aux mines tant qu’elle n’a pas adopté des normes exigeantes.
Selon les ADLT, entre 2000 et 2006, la BEI a accordé plus de 364 millions d’euros à de grands projets miniers dans des pays africains entraînant bien souvent déforestation, pollutions, déplacements de population, corruption, conflits pour le contrôle des ressources... En outre, estime l'association, les effets positifs des mines sur le développement du pays d’accueil sont très contestés : peu créateur d’emplois, bénéficiant souvent de niveaux de taxation très bas, le secteur minier est contrôlé par de grandes entreprises des pays riches, qui exploitent les ressources africaines pour les exporter vers les pays développés ou émergents.
Dans une récente campagne de communication lancée en France, les Amis de la Terre, soutenus par de nombreuses organisations dont Greenpeace et la Fédération internationale des Ligues de Droits de l'Homme, demandent d'interpeller à Luxembourg le président de la BEI, le Belge Philippe Maystadt. Puisse le sage démocrate-humaniste entendre leurs doléances, lui qui, avec Guy Verhofstadt, Jean-Luc Dehaene et Philippe Moureaux passe son temps entre la BEI et le Comité actuellement au chevet de la maison Belgique. Alors que le quotidien Le Soir soulevait la question de la réouverture des mines en Wallonie pour répondre à l'offre galopante d'énergie, la question est plus que jamais d'actualité.

vendredi 8 février 2008

Traité de Lisbonne (3): le diable se cache dans les détails

Le traité de Lisbonne a beau être complexe, il reste très général dans sa formulation. Et vu qu'il modifie pas mal de choses dans le fonctionnement de l'UE, les diplomates se sont mis à carburer pour trouver comment tout ce bazar va fonctionner concrètement. A huis-clos, le grand brainstorming: il s'agit de ne pas contrarier la ratification, vous comprenez.
Parmi les sujets de discussions: comment va-t-on l'élire, ce président du Conseil qui représentera l'UE dans le monde ? Ca reste très flou pour l'instant... C'est pourtant très important: ça déterminera qui de Verhofstadt, Blair et consorts occupera le poste en premier. Et le premier qui occupera le poste imprimera probablement une marque durable.
Parmi les autres sujets flous, l'administration du président: petite ou grande ? L'initiative citoyenne, qui permettra à un million de citoyens de saisir la Commission: ça va marcher comment ? La prise de décision sur les questions de Justice sera bouleversée: oui, mais qu'est-ce que ça implique ?
Bref, on réfléchit à plein tube dans les couloirs de l'UE. Et pendant qu'on ratifie le traité, il ne faudra pas oublier le brouillard qui continue d'envelopper certaines de ses dispositions.

Traité de Lisbonne (2): la Commission marche sur des oeufs (pour protéger les oiseaux)

La priorité numéro un dans l'UE, pour l'instant, c'est la ratification du traité de Lisbonne. Du coup, la Commission européenne, qui a la monopole des initiatives, marche sur des oeufs. Même si elle refuse de le reconnaître publiquement, il est admis que le report sine die d'une proposition polémique sur le remboursement des soins de santé est lié au processus de ratification. Il s'agit de ne pas brusquer des opinions publiques qui peuvent à tout moment s'enflammer contre l'Europe. Souvenez-vous de la directive Bolkestein, qui a joué un grand rôle dans le rejet français de la Constitution...
Le cas de Malte est éclairant. La Commission a attendu que le plus petit état de l'Union ait ratifié le traité (le 29 janvier), avant de lancer (le 31) une procédure très controversée sur la chasse des oiseaux. Les habitants de l'île ont la fâcheuse habitude de descendre tous les oiseaux migrateurs qui ont le malheur (et ils sont nombreux, les pauvres) de faire une halte dans ce joli coin de méditerranée. Une belle tradition nationale, pas forcément en ligne avec les règles environnementales européennes. La polémique entre l'UE et Malte remonte à plusieurs années, bien avant l'adhésion de Malte. La Commission s'est décidée à agir deux jours après la ratification. Hasard ou coïncidence ?

Traité de Lisbonne: la ratification au Parlement est légitime

Les bonnes idées de Nicolas Sarkozy sont suffisamment rares pour mériter d'être signalées. Il faut donc saluer sa décision de soumettre le nouveau traité européen au vote des parlementaires, plutôt qu'à celui des citoyens.
Certes, il s'agit d'un texte important. Certes l'Europe appartient aux citoyens, pas aux élites. Certes, c'est par référendum que la Constitution a été rejetée.
Mais à quelle question les électeurs français ont-ils répondu le 29 mai 2005 ? Ont-ils répondu non à une menace contre la souveraineté, contre la "douce France" de Charles Trenet ? Ont-ils rejeté l'Europe utra-libérale à l'anglo-saxone ? Ont-il voulu protester contre les politiques du gouvernement ? Ont-ils voté contre une disposition du texte en particulier ?
Bien malin celui qui interprétera le résultat du vote. Et pour cause, comment se prononcer par oui ou non sur un texte aussi complexe ? 448 articles, 36 protocoles, 48 déclarations, résultant d'un équilibre politique délicat, longuement mûri au sein d'une Convention composée à cet effet, puis débattu entre 25 pays. Dans un tel document, chacun trouvera forcément une disposition qui ne soit pas à son goût.
Ainsi en France a-t-on sorti de son contexte la disposition sur la "concurrence libre et non-faussée”, soit-disant preuve que l'Europe virait néo-libérale, alors que la Constitution est en réalité très équilibré. On peut dire beaucoup de choses sur la Constitution/traité de Lisbonne, mais il faut être de mauvaise foi pour affirmer que le texte penche à droite ou à gauche.
Pourquoi soumette au vote populaire un texte que peu de gens sont à mêmes d'appréhender dans sa totalité, alors qu'on ne consulte pas le peuple sur des questions beaucoup plus simples et tout aussi importantes: l'avortement, l'adoption par les homosexuels, la dépénalisation du cannabis ? Le Parlement serait-il légitime dans un cas et pas dans l'autre ? Le Parlement n'est-il pas précisément le corps le plus à même de décortiquer un traité compliqué, de l'analyser sous tous les angles et de se prononcer ?
Sur les blogs, on lit beaucoup de commentateurs qui auraient voulu se prononcer. C'est tout à fait normal pour cette partie des électeurs qui suit de près les questions européennes. Mais ce n'est pas être anti-démocratique de dire qu'ils ne constituent qu'une minorité. Il est par contre tout à fait poujadiste de faire croire que les élus de la Nations n'ont pas la légitimité de juger. Il est enfin tout bonnement pathétique que le PS français n'ait rien trouvé de mieux pour se reconstituer un semblant d'identité.

mercredi 6 février 2008

Sarko et Carla, une belle histoire de regroupement familial

C'est l'histoire d'une bourde élyséenne, qu'on attribuera volontiers à l'empressement du président à convoler en justes noces. Pris de court, probablement, par la vélocité de M. Sarkozy, son premier collaborateur, Claude Guéant, a déclaré dimanche soir que Carla Bruni, d'origine italienne, serait française parce que "quelqu'un qui épouse une personne de nationalité française devient automatiquement français".
Or, en réalité, la première dame ne pourra acquérir la nationalité qu'après un délai de 4 ans à compter du mariage, à condition qu'à la date de cette déclaration "la communauté de vie tant affective que matérielle n'ait pas cessé entre les époux depuis le mariage" et que "le conjoint français ait conservé sa nationalité", selon la loi.
Comment ne pas mettre en parallèle la belle assurance de l'Elysée, qui lui fait interpréter la loi de façon créative, et la politique agressive de Nicolas Sarkozy en matière de regroupement familial. Ministre de l'intérieur, il considérait le regroupement familial comme une "nouvelle filière d'immigration". Sur son site de campagne présidentielle, il posait trois conditions "pour qu’un étranger en France puisse faire venir sa famille : qu’il ait un logement pour la loger, pour qu’il n’y ait plus de squats ; qu’il ait les revenus de son travail pour la faire vivre; et troisièmement qu’on apprenne le français, en tout cas des rudiments de français, avant de venir en France, parce que si on ne le fait pas, on ne peut pas s’intégrer". Heureusement, Carla semble remplir les conditions, surtout vu la généreuse augmentation que le président s'est accordée en début de mandat.

Promesses électorales et compromis budgétaires

Les difficultés budgétaires de la Belgique semblent provoquer bien des tensions dans un gouvernement intérimaire dont les ministres n'ont pas tous les mêmes priorités, loin s'en faut. Les divergences entre partis et même au sein des partis n'annoncent rien de bon pour les discussions institutionnelles, dont l'échec plongerait pourtant le pays dans la plus grave crise de son histoire.
Nous annoncions ici que le gouvernement s'apprêtait à retarder de cinq ans ses objectifs en matière de coopération au développement. Une info obtenue de source chrétienne-démocrate et flamande. Mais le ministre compétent, Charles Michel, a semblé rejeter cette éventualité, mardi dans Le Soir. "Il est évident qu’il faut faire mieux qu’en 2006 et 2007, où les chiffres étaient très bas (0,50 et 0,43 %). Le budget 2008 est encore en cours de confection. On l’espère pour dans une dizaine de jours, mais l’objectif de 0,7 du RNB pour 2010 est repris dans les dix points essentiels de l’action de ce gouvernement de transition", a soutenu le fils Michel. Reste à voir si les engagements seront tenus au moment des arbitrages difficiles. On peut franchement en douter.
Même topo quant aux mesures dites "one shot", ces ventes d'actifs ou de bâtiments publics qui ont permis aux gouvernements précédents de boucler leurs budgets en équilibre, mais dont la valeur à long terme est fortement mise en doute, notamment par la Commission européenne. Le CD&V, qui les avait vigoureusement dénoncées depuis les bancs de l'opposition, semble être en passe de retourner sa veste, si l'on en croit le Morgen mercredi. L'idée émane du ministre de la Justice, Jo Vandeurzen. Plaira-t-elle à son camarade de parti et néanmoins ministre du Budget, Yves Leterme ? Le futur Premier ministre est très à cheval sur ses engagements électoraux, du moins en matière institutionnelle. On verra s'il s'appliquera la même rigueur dans le domaine budgétaire.

mardi 5 février 2008

Michel fait enrager Rudy

Avec Michel Daerden, on ne sait jamais. Derrière le clown qui fait s'esclaffer la Belgique, se cache un homme de pouvoir à l'appétit insatiable. Il a tissé sa toile en région liégeoise, placé ses hommes aux postes-clé de diverses structures publiques et se serait bien vu ministre-président. Quand Elio Di Rupo a quitté la Région wallonne, il eût été logique qu'il lui succède: il a cartonné aux élections, il est le vice-président du gouvernement, et depuis deux législatures en plus. Mais il a bien dû se ravaler ses prétentions: son image réduit la nouvelle culture politique à une séquence des "inmontrables" des Grosses Têtes, c'est-à-dire pas vraiment ce que l'on attend pour incarner le renouveau wallon, et sa désignation aurait fait étouffer de rage un autre prétendant, liégeois lui aussi, Jean-Claude Marcourt. Place donc à Rudy dont le style colle si bien à celui de l'artiste officiel de la Région, Jean-Michel Folon. A en croire quelques indiscrétions, si Daerden s'est résolu à accepter Demotte (en gagnant au passage des compétences supplémentaires), il n'entend pas lui faciliter la vie. Il a ainsi décidé d'arriver systématiquement en retard aux réunions du gouvernement -près d'une heure-, quitte à retarder considérablement la fin des réunions. Vice-président et ministre du Budget, il est difficile de prendre une décision en son absence. Rudy a beau s'énerver, rien n'y fait. Michel débarque, placide, le sourire aux lèvres, et la réunion peut vraiment commencer. Il semble en outre qu'un véritable axe Antoine-Daerden se soit mis en place pour régler les gros dossiers... Et dire que Michel était si serviable à l'égard du "prééésident" Di Rupo.

lundi 4 février 2008

Un premier cas de dumping climatique ?

Il est parfois utile de lire la presse étrangère pour mieux observer nos travers nationaux. Il en est ainsi, singulièrement, dans le dossier des quotas de CO2 d'ArcelorMittal.
Du côté des journaux belges, depuis samedi, ce sont les grandes réjouissances, peu ou prou. La Libre ose même titrer, au dessus d'une photo de l'usine de Seraing, “L'acier wallon respire à nouveau”. Il faut admettre, comme le fait Le Soir, qu'il est “bien hardi (celui) qui oserait ici s'opposer à la relance du Haut-Fourneau 6. Dans une ville qui compte 31% de chômeurs et 46% de minimexés, chaque emploi est bon à prendre”.
Soit. Mais sur le déroulement de cette affaire, on est quand même en droit de se poser quelques questions.
1/ S'agirait-il du premier cas de dumping climatique ? C'est en effet sous la menace d'une délocalisation dans un pays ne respectant pas les normes de Kyoto que les autorités belges ont accepté de prendre à leur charge une partie des quotas de CO2 de Mittal. Après l'arrogance de Bernie Ecclestone à Francorchamps, les menaces de Ryanair à Charleroi, la Wallonie commence à ressembler un peu trop à une bonne poire pour les entreprises peu scrupuleuses.
2/ Combien cette prise en charge a-t-elle coûté aux contribuables ? L'Etat doit-il vraiment payer pour le sauvetage, peut-être très provisoire, de postes dans un secteur pas vraiment considéré comme porteur d'emplois pour l'avenir ?
3/ Est-on vraiment certain que la mesure aura l'aval des autorités européennes ? C'est la première fois depuis le lancement du système européen de quotas qu'un Etat acquiert des droits d'émission pour une entreprise. La Commission ne pourrait-elle trouver qu'il s'agit d'une aide d'Etat déguisée et exiger le "remboursement" des quotas ?
Ces interrogations ne sont pas vraiment reflétées dans la presse nationale. A la Commission européenne, par contre, nombre de journalistes s'inquiètent de ce cas de chantage climatique (voir la retransmission du briefing ici). Sur le blog du journaliste de Libération Jean Quatremer aussi, le débat fait rage. Et sur la Boulette, on s'y met ?

dimanche 3 février 2008

Un casting mis au point sans controverse possible

Un dimanche qui pue, rien de tel que de se taper deux bons débats (politiques?) qui puent sur la RTBF et RTL-TVI consacrés, une fois n'est pas coutume, à la sécurité dans les transports en commun et au service minimum. Résultat des courses après une heure de Mise au point (RTBF) ou de Controverse (RTL-TVI): comme d'hab, rien de neuf sous le sapin ou plutôt, réchauffement oblige, sous le soleil. Un enfoncement de portes ouvertes, de raccourcis qui puent, de circonvolutions en tout sens et de jackpots 0900 ou autres textos dignes de la prose à Poujade.
Mais non, dimanche l'info était ailleurs, dans la patronymie des invités présents sur les différents plateaux télés. Quel casting! Lisez plutôt. Sur les bancs syndicaux: Marianne Lerouge. La mal nommée d'ailleurs, puisque déléguée chez... les verts de la CSC. A ses côtés, Claude Bleu, commissaire divisionnaire à la police de Charleroi. On réclame plus d'uniformes dans la rue, dans les bus, les trains. Waw. Très très fort RTL. On se dit alors qu'avec Albert Flausch, directeur général de la STIB, c'est le ponpon. Que Dominique Bal, l'accompagnateur de trains, en a une qui ne revient pas aux jeunes. Pas de bol Bal. Mais c'est finalement la RTBF qui met tout le monde d'accord en donnant la parole à un "citoyen" sorti d'un panel dûment sélectionné. Pris par le syndrome du sentiment d'insécurité, on le croirait en proie à la présence d'envahisseurs. David Vincent. David Vincent? David Vincent!!!! Hallucinant. Jamais je n'eus pu croire que l'on puisse être citoyen et s'appeler David Vincent. Ce n'est qu'à ce moment que je comprends. Mise au Point. Controverse. C'est de la science-fiction! Un jeu de télé-réalité!
La semaine prochaine, je veux en être. J'appelle le 0900. "La Boulette". Avec un tel patronyme, peu importe la thématique, j'ai ma place dans le panel. La malbouffe, le shit, les grosses, le rap et Diam's (qui est un peu une synthèse des thématiques précédentes), les sous-doués, la gastronomie, la gastro. Vivement dimanche (prochain)!

vendredi 1 février 2008

Société générale: Cendrillon avait tout prévu

Alors que vient d'éclater en France l'affaire de la Société Générale, la rédaction de la Boulette (RDLB) ne saurait qu'assez vivement conseiller aux lecteurs de ce blog qui ne l'auraient encore fait la lecture de "Cendrillon", le dernier roman d'Eric Reinhardt dont la narration évoque une étrange similitude avec les événements rapportés dernièrement de Paris. Au centre de l'histoire on trouve notamment l'ascension fulgurante et bientôt funeste d'un jeune trader, une histoire qui sert de fil conducteur pour tracer l'évolution hallucinante des hedge funds, qui petit à petit prennent le contrôle du système économique et par là politique.
Un très bon roman désormais d'anticipation comme peuvent parfois l'être certaines traces laissées par les artistes. On se souviendra à cet égard de l'étonnant "Grand incendie" de Noir Désir, annonçant la chute d'un système blaireux-bourgeois qui ne fait même pas peur à Claudia Schiffer, l'apparition d'une faille de Paris à Delhi, le grand incendie jusqu'à New York City. Un titre sorti la veille de l'attentat du 11 septembre.
Eric Reinhardt annonce les fourches qui bientôt feront valser les traders. On n'en est pas encore là même si les premières failles se font jour. Eric Reinhardt dénonce aussi le rôle de la gauche intellectuelle juste préoccupée par son ambition de se maintenir au pouvoir dans les cénacles pseudo-artistico-médiatiques qui lui permettent d'exister. Cette gauche intellectuelle incarnée par... Carla Bruni. Un roman d'anticipation qu'on vous dit.