En politique, il est parfois utile de remplacer un mot par un autre. Quand, dans un élan de racisme et de populisme, le gouvernement italien de Silvio Berlusconi a entrepris de prélever les empreintes digitales de tous les Roms du pays, il lui a fallu éviter soigneusement les termes de "gitans", de "roms" et toutes les autres formulations liées à l'origine ethnique. Les règles européennes interdisent en effet les discriminations sur base de l'origine ethnique. Ce sont donc les "nomades" qui se sont vu demander de tremper leurs pouces dans l'encre. Bel effort de politiquement correct de la part de Silvio Berlusconi qui lui a permis, moyennant quelques autres aménagement, d'obtenir le feu vert du commissaire européen en charge de la justice, Jacques Barrot.
Ce dernier s'apprête à fermer les yeux sur un nouveau tour de passe-passe sémantique impliquant cette fois les Chrétiens d'Irak. Par milliers, ceux-ci ont fui leur pays vers la Syrie et la Jordanie voisines et nombreux sont ceux qui voudraient trouver asile dans les pays européens - dont les portes restent pour l'heure closes. Leur revendication est défendue vigoureusement dans les milieux catholiques européens, où l'on voudrait leur donner un accès préférentiel sur les autres populations persécutées d'Irak. Pour étayer ce plaidoyer, on a remplacé les "Chrétiens d'Irak" par les "populations vulnérables d'Irak". Déjà soutenu à demi-mot par M. Barrot, ce raisonnement sous-entend que les Chrétiens sont plus vulnérables que les Muslumans dans le pays. Et qu'ils pourraient donc entrer en Europe par la voie rapide. Tant mieux pour eux, sans doute. Quant à ceux qui se verront refuser le droit d'entrée, qui se préoccupera de leur sort ? Du côté du clergé européen, en tout cas, la chose est entendue. "Traiter de la même façon des personnes qui seraient moins menacées serait une discrimination", a estimé ce vendredi une représentante de la fédération des épiscopats. Drôle de conception de la discrimination...
Colonel Moutarde
vendredi 14 novembre 2008
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