dimanche 26 avril 2009

Premiers dérapages électoraux: Bernard Clerfayt met la barre très haut

Le secrétaire d'Etat fédéral FDF Bernard Clerfayt a fustigé la surréprésentation flamande à Bruxelles, lors d'un congrès de son parti. La Sarah Palin de la politique belge a été jusqu'à dénoncer une situation "presque d'apartheid".
Pour rappel, l'apartheid, crime contre l'humanité, est la doctrine de ségrégation raciale mise en place en Afrique du Sud entre 1948 et 1991.
La prochaine sortie électorale de Bernard Clerfayt sera-t-elle consacrée à un quasi-holocauste en périphérie?

Durum

vendredi 24 avril 2009

Le contribuable belge renfloue les comptes en banque des patrons de Dexia

C'est le quotidien Libération qui l'a révélé: Dexia a distribué 8 millions d'euros de bonus à ses cadres dirigeants, l'ancien patron Axel Miller, parti la queue entre les jambes s'en tire avec 825.000 euros d'indemnités de départ, et le nouvel administrateur délégué Pierre Mariani, proche du président Sarkozy, censé représenter une nouvelle génération de patrons responsables se voit octroyer des émoluments 30% supérieurs à son prédécesseur.
Dexia a démenti mais comme l'écrit vendredi Libération, il s'ait d'un démenti qui ne fait que confirmer les informations. La distribution en hausse des bonus concerne le Crédit local de France.
Quant aux informations relatives à Axel Miller et Pierre Mariani, elles figurent dans le rapport annuel du groupe Dexia. Il fait état d'une rémunération fixe de Mariani atteignant 1 million d'euros (Miller touchait 825.000) et énonce que "Mariani a droit, en cas de résiliation par Dexia du contrat qui le lie à Dexia, à une indemnité forfaitaire et unique dont le montant sera déterminé en fonction des règles Afep-Medef en vigueur". Les règles du patronat français prévoient que Mariani peut espérer, au maximum, à une indemnité de départ (parachute doré) de 6,5 millions d'euros.
Toujours selon le rapport annuel, Mariani aura aussi droit à un bonus de 2,25 millions d'euros.
Niant pouvoir bénéficier d'un parachute dorés et de bonus, l'actuel patron de Dexia évoque d'autres montants pour sa rémunération fixe (absents du rapport annuel) qui lui permettent de dire que l'évolution de sa rémunération par rapport à Miller n'atteint "que" 11%.
De plus en plus, le sentiment existe que la crise du système financier n'entraînera aucune remise en question, en dépit des quelques soubresauts constatés au G20.
Les Etats français, belge et luxembourgeois sont intervenus pour plus de 6 milliards d'euros pour sauver Dexia de la faillite. Le fait que cette aide serve à renflouer les comptes en banque des dirigeants de l'entreprise ne semble pas perturber notre grand argentier, Didier Reynders, qui reste muet sur la question. Le ministre français de la Relance, Patrick Devedjian a au moins fait mine de s'étrangler, jugeant "inacceptables" les bonus évoqués. Il faut dire que de source syndicale française (CFDT), on indique que certains bonus distribués en 2008 au Crédit local de France auraient compte 6 chiffres, soit plus de 100.000 euros. Waw!

Durum

jeudi 23 avril 2009

L'insupportable Vincent Van Quickenborne

Vincent Van Quickenborne, l'un des trois locataires du SPF Economie, n'est pas ministre de l'entreprise et de la simplification administrative. Non. Il est le ministre pour l'entreprise et la simplification. Une coquetterie linguistique grâce à laquelle il espère sans doute convaincre les électeurs de son engagement en faveur des petites entreprises et de son anti-conformisme. Il est tellement dans l'air du temps, Vincent. Son iPhone, son site web... Pour trouver ses services sur la toile, il faut pianoter quickonomie.be. Faut-il comprendre qu'il incarne désormais à lui seul le ministère ? Qu'à force de réclamer une réduction du nombre de fonctionnaires, il en est désormais le seul occupant ? La fausse modestie, en tout cas, ce n'est pas son truc, à Vincent. Qui a compris le potentiel de son patronyme. Quickie, Van Quick, Quickonomie... il se décline désormais en diminutifs, logos et produits dérivés. A quand les pin's "I love Quickie" ? Ou même: "Quickie for president". Car gageons que le libéral flamand a des hautes ambitions. Et dans un parti où on peine à entrevoir une relève, un jeune populiste aux dents longues dans son genre a toutes les chances d'émerger.

Colonel Moutarde

mercredi 22 avril 2009

Quand Albert II canonise Verhofstadt sauveur de la patrie

Une équipe de la VRT a suivi pendant plusieurs mois Guy Verhofstadt pendant la tumultueuse période de négociations de l'orange bleue, période qui s'est achevée par un bref retour de l'ancien Premier ministre. Le reportage en question vient d'être diffusé. Il n'apporte pas véritablement d'information fracassante, raison pour laquelle les médias francophones n'y ont probablement pas fait écho.
Il est pourtant intéressant d'y voir comment, durant l'orange bleue, les libéraux flamands se réunissaient en caucus avec Onze Guy pour y parler notamment stratégies.
Encore plus intéressant, la VRT a eu droit à une primeur, assister aux premières minutes du colloque singulier entre le Roi et son Premier ministre. Guy Verhofstadt venait de revenir à la tête du gouvernement, Yves Leterme étant incapable de former une équipe après des mois de palabres institutionnels. Au moment où la caméra de la VRT quitte le salon du Palais où a lieu l'entretien, on entend Albert II murmurer: "Vous êtes le sauveur de la patrie". Pour un chef de l'Etat censé ne pas exprimer ses opinions, il s'agit d'une sortie peu habituelle. Etrangement, elle n'a pas suscité le débat.

Durum

samedi 11 avril 2009

Contre la culture du gratuit

"There's no such thing as a free lunch". Nos amis ricains utilisent cette expression pour signifier que rien n'est gratuit. Quelqu'un a toujours payé, en définitive, pour le free lunch, le repas reçu avec une boisson, l'article publié sur Google News ou le fichier mp3 téléchargé gratuitement.
Les nombreux internautes, bloggeurs, twitteurs, qui se réjouissent du rejet de la loi française Hadopi (visant à couper la connexion internet de personnes prises en flagrant délit de téléchargement illégal) feignent d'ignorer cette réalité.
Leurs arguments sont curieux. Le risque est grand que la nouvelle autorité de contrôle identifie mal l'origine des téléchargements illégaux, avancent-ils. Mais s'abstient-on de réprimer la fraude fiscale parce qu'il n'est pas aisé de retrouver les auteurs ?
Les meilleurs fraudeurs parviendront toujours à ne pas être pris, poursuivent les détracteurs d'Hadopi. Mais s'abstient-on d'interdire le cambriolage parce qu'Arsène Lupin parviendra toujours à s'en tirer ?
L'argument massue: la privation encourue de la liberté d'expression et d'information sur le web constituerait une sanction disproportionnée par rapport à l'infraction. Mais ici encore, un simple vol à la tire est puni d'une privation de liberté réelle, d'une peine de prison. Et pourtant, priver quelqu'un d'internet serait disproportionné ?
Ce qui sous-tend les arguments anti-Hadopi, c'est au fond la croyance qu'il existe des free lunch, des repas gratuits. C'est une opinion erronée. Un aliment produit dans des conditions de travail acceptables et d'une manière respectueuse de l'environnement, cela se paie. Cette idée semble de plus en plus acceptée quand on observe la croissance du commerce équitable et du bio. Et bien, un disque de qualité, produit par un artiste qui ne soit pas contraint à vivre d'expédients, cela se paie. Un article de presse de qualité, qui ait fait l'objet de vérifications, d'enquête, cela se paie. La culture du gratuit dans la presse, c'est la fin du journalisme d'investigation, comme l'argumente Edwy Plenel.
Ne pas vouloir payer, c'est se condamner à une baisse de la qualité. Les citoyens-devenus-consommateurs qui défendent la gratuité comme un droit quasi-constitutionnel feraient bien de se mettre cette idée en tête.

Colonel Moutarde

vendredi 10 avril 2009

Pour un service public de la presse

La presse est en crise. La concurrence redoutable d'internet ne fera que s' accroître au fur et à mesure qu'une génération d'adolescent rompue à la culture du gratuit prendra la place des ringards prêts à débourser chaque jour un euro pour le journal. Elle se double en Belgique d'un marché de taille trop étroite pour assurer des recettes suffisantes aux journaux.
Dans les rédactions, la morosité règne, quand ce n'est pas la déprime. Une cinquantaine d'emplois sont menacés à Rossel (éditeur du Soir), une trentaine le sont à Vers l'Avenir. A La Libre Belgique, les effectifs ont déjà été dégraissés, et le journal devrait devenir encore plus light, sur le modèle low-cost déjà mis en oeuvre à Libération. Ce n'est pas mieux du côté flamand. Le Persgroep a prévu de virer 26 journalistes au Morgen. Au groupe Corelio, éditeur notamment du Standaard, ce sont pas moins de 60 postes qui sont menacés.
Ces licenciements sont choquants quand l'on sait que les pertes de certains titres n'empêchent pas les groupes qui les éditent de faire des bénéfices. Les éditeurs raisonnent désormais en termes de rentabilité pour chacun des titres, sans égard pour le fait que l'information n'est pas un produit comme un autre. Bien sûr, publier un journal de qualité coûte cher. Mais faut-il rappeler que les journaux de qualité sont indispensables à la démocratie ?
C'est l'objet de ce billet. Pourquoi faudrait-il, en matière médiatique, limiter le service public à la radio-télévision ? Pourquoi ne pas l'étendre à la presse écrite ? Dans un secteur en pleine mutation, il faut avoir de l'ambition, de la vision. Il n'est pas difficile d'imagine qu'un jour, bientôt, un quotidien francophone se retrouvera à nouveau en difficulté financière, peut-être en quête d'un repreneur. Ce repreneur ne pourrait-il pas être l'Etat, ou la RTBF ? Celle-ci est déjà en train d'investir pour se doter d'un site web d'information complet, sur le modèle de la BBC. Pourquoi pas un pôle médiatique public multi-supports, avec presse écrite, radio, télévision, internet ? Il est bien question de nationaliser les banques en détresse au nom de l'inétrêt public, alors pourquoi pas les journaux ?
La proposition n'est pas orthodoxe, certes, mais les temps ne le sont pas non plus. En France, Nicolas Sarkozy est parvenu presque sans peine à imposer la fin de la publicité sur France Télévision. Loin de nous l'idée de défendre sa stratégie de main basse sur la télé, mais elle prouve qu'avec de la volonté politique, on peut réformer en profondeur le paysage médiatique.
Faute d'ambition, c'est la vision d'avenir développée par Rupert Murdoch qui pourrait s'imposer. Pour ce fameux magnat, il n'y aura plus que des titres populaire, type Dernière Heure, vendus à la populace, et des quotidiens haut-de-gamme, style Le Monde, qui deviendront nettement plus chers.
Les pauvres-de-plus-en-plus-pauvres et les riches-de-plus-en-plus-riches auraient ainsi chacun leur canard. Et la société serait de plus en plus insupportablement duale.

Colonel Moutarde

mercredi 8 avril 2009

Paradis fiscaux: quelques rustines et beaucoup de trous

On a failli y croire. On s'était dit que l'ampleur de la crise financière aurait fait entendre raison aux puissants. Qu'ils se décideraient enfin à prendre à bras le corps l'un des plus grands scandales de notre temps: les paradis fiscaux. A l'issue du sommet du G20, le Premier ministre britannique avait même pu déclarer que "l'ère du secret bancaire est révolue".
Mais il faut se rendre à l'évidence: si les spécialistes de l'évasion fiscale ont tremblé pendant quelques semaines, les choses reviendront bientôt à la normale, à l'abri des regards, dans les arrière-salles des banques privées.
Le critère que vient définir de l'OCDE pour permettre aux pays situés sur une liste grise (ne parlons pas de la liste noire, qui ne contient quant à elle plus aucun pays !) de se refaire une virginité est beaucoup trop faible. Il suffit en effet de conclure 12 conventions de coopération avec d'autres pays. C'est ce qui permet, dès à présent et de façon totalement hallucinante, à Jersey et Guernesey de se retrouver sur la liste blanche des pays vertueux.
Les autres paradis fiscaux vont embrayer le pas illico. La Suisse a déjà annoncé que 14 pays étaient prêts à conclure une convention avec elle. (Mais pas question par contre de signer des accords avec la France et l'Allemagne, qui ont mené la lutte contre l'évasion fiscale. “Des conditions préalables satisfaisantes ne sont pas établies”, a baratiné le président de la Confédération). Du côté belge, le ministre des Finances poursuit sa stratégie consistant à faire un peu mieux que les "vrais" paradis fiscaux, histoire de ne pas trop ternir la réputation du pays, tout en ménageant un certain avantage compétitif pour les banquiers privés établis sur le territoire: il a envoyé des projets de conventions à 32 Etats.
Tout cela marque un progrès, sans doute. Mais l'approche de l'OCDE revient à coller douze rustines sur une passoire qui compte beaucoup plus de trous. Il sera toujours possible pour les spécialistes de l'ingéniérie fiscale, qui ont largement démontré leur créativité au fil des années, de trouver une manière de frauder le fisc. Quel que soit le pays d'origine de leur client.
Il n'est donc pas l'heure de baisser la garde. L'indignation, encore vive chez les citoyens, doit être alimentée. La dynamique de la vérité ne doit pas s'épuiser maintenant. Car il ne faut pas s'y tromper: cette indignation est le seul moyen de contraindre les décideurs à agir.

Colonel Moutarde

lundi 6 avril 2009

Groen! s'offre une belle plante


Fiona Dewaele, future grosse légume? En tout cas, avec ou sans poireau, elle est tout aussi vitaminée

A l'instar des formations traditionnelles, les Verts ont succombé, eux aussi, au phénomène de la pipolisation de la démocratie, Groen! accueillant même sur sa liste des suppléants en Flandre occidentale, Fiona Dewaele, étudiante de la KUL de 23 ans dont le statut de "végétarienne la plus sexy d'Europe" vient de la hisser au rang des BV's, ces Bekende Vlamingen. 1.500 mètres plus loin, la jeune miss poireaux sera devancée par une autre pipole, l'ex-athlète Veerle Dejaeghere, avant-dernière sur la liste des effectifs westflandriens. Une belle soupe en perspective.

Durum

Les curieuses étapes d'Yves Leterme en Moldavie pavées d'insondables intentions

Dimanche ont eu lieu en Moldavie des élections législatives. Le parti communiste moldave de l'autoritaire président Vladimir Voronine, dont la police est coutumière de la pratique de la torture, régulièrement dénoncée par Amnesty International, a remporté le scrutin, décrochant une majorité absolue au parlement.
L'organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) avait dépêché en Moldavie une mission de 200 observateurs qui ont relevé "quelques irrégularités" pendant la campagne électorale, mais "aucune preuve de fraude à un haut niveau". Parmi ces observateurs, l'ancien Premier ministre belge et actuel sénateur Yves Leterme dont un voyage récent en Moldavie avait intrigué la rédaction de La Boulette.
Invité d'honneur de la cinquième "Coupe du Président" Voronine, une course cycliste, Yves Leterme a largement répondu aux attentes des autorités locales, il y a quelques mois, en félicitant les vainqueurs de l'épreuve.
Le temps d'un week-end prolongé tous frais payés par la fédération cycliste moldave, Yves Leterme, a notamment passé du temps avec le patron de la toute nouvelle équipe cycliste Katyusha, Igor Makarov, un parrain de la mafia, des mains duquel il a reçu en cadeau, à Bruxelles, un magnifique vélo de coureur professionnel. Le même Makarov a financé le séjour d'Yves Leterme dans un quatre étoiles à Calpe, en Espagne, où il a participé aux entraînements de l'équipe Katyusha.
Quelques mois plus tard, l'ancien Premier ministre belge vient donc de retourner en Moldavie pour y superviser les élections législatives. Le Parti communiste de Moldavie y a remporté une victoire écrasante, ce qui devrait lui permettre d'obtenir la majorité des trois cinquièmes requise pour élire le nouveau président.
Loin de nous l'idée d'imaginer qu'Yves Leterme ait pu à lui seul, de par le rôle qu'il a joué, peser, ne fut-ce qu'en fermant les yeux, sur le résultat du scrutin.
Mais à l'heure où l'ancien Premier ministre belge tente un retour sur la scène politique, le comportement d'Yves Leterme intrigue, dans un pays où le respect des droits de l'homme relève de la symbolique. A moins que pour Yves Leterme, le cliquetis des dérailleurs, élevé au rang de sentiment suprême, annihile toute réflexion sur l'état de la démocratie.

Durum

dimanche 5 avril 2009

Pourquoi tant de haine ? Pourquoi tant d'amour ?

Les caprices de l'opinion publique sont parfois déroutants. Nicolas Sarkozy, élu royalement avec plus de 53% des voix, souffre désormais d'une popularité durablement faible. Sur internet, il est la cible d'une litanie interminable de moqueries, de rancoeurs et de méchancetés. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que les grands espoirs alimentés par le candidat seraient déçus par le président. Il ne faut pas non plus s'appeler Madame Irma pour deviner que Barack Obama, élu sur un résultat presque identique, subira à peu de choses près le même sort. Attaqué avec un certain succès par l'opposition républicaine, l'homme a d'ailleurs déjà réactivé ses réseaux de campagne pour convaincre l'opinion du bien fondé de sa politique budgétaire expansionniste, avec un oeil – déjà ! - sur l'élection de 2012.
Au delà de l'opinion qu'on peut avoir de messieurs Sarkozy et Obama, on peut s'interroger sur les dents de scie que forment les courbes des popularités présidentielles. Comme l'a souligné mon collègue Durum dans son dernier article sur le narcissisme des élites, l'exacerbation des sentiments et des ressentiments tient à une pipolisation de la vie politique de plus en plus accentuée, qui remplace la débat d'idées par les bons coups médiatiques et par une nouvelle forme du culte de la personnalité.
Cette évolution ne s'explique qu'en partie par les stratégies de com' des politiciens. Elle nait aussi d'une certaine médiocrité généralisée, qui est le fait aussi bien des médias que de leurs lecteurs. Pour des raisons économiques, par facilité, les premiers jouent la carte du people, s'intéressent davantage aux robes des First Lady qu'aux détails - pourtant capitaux - des plans économiques de leurs époux.
Internet, où l'information se décline en flux RSS, accentue le phénomène en réduisant l'actualité à une succession de titres, de news peu souvent remises en contexte. Paradoxe d'une information de plus en plus abondante, mais qui ne nous éclaire pas plus! De même, si le web 2.0 a permis de libérer, grâce aux commentaires, l'intelligence dispersée des lecteurs éparpillés, il a aussi anobli les conversations de comptoir, les rumeurs, l'insulte, la vindicte. Que ceux qui en doutent fasse un détour par le site du Soir...
Du coup, les dirigeants sont un temps portés aux nues, avant d'être cloués au pilori, sans la moindre nuance, à coups de slogans et d'arguments faiblards. Nicolas Sarkozy mérite-t-il le déversement de haine dont il est l'objet ? Est-il bien raisonnable d'idolâtrer Barack Obama ? Plutôt que de se passionner pour les hommes, les médias et leurs lecteurs/commentateurs gagneraient à s'intéresser à leurs réformes, au-delà des gros titres. Les courbes de popularités ressembleraient sans doutes moins à des falaises escarpées. Mais le débat de société en sortirait gagnant.

Colonel Moutarde

PS: ce texte n'est pas une approbation des politiques de M. Sarkozy ni un rejet de celles de M. Obama. Juste une réflexion sur la pipolisation.

samedi 4 avril 2009

La démocratie du narcissisme, adoptée par Elio, Didier et les autres

Dans son ouvrage "Après la Démocratie", le sociologue et historien français Emmanuel Todd se réfère notamment aux travaux de l'intellectuel marxiste américain Christopher Lasch qui, dans "La Culture du narcissisme" oppose le narcisse postmoderne, supérieurement éduqué, à l'individu raisonnable, qui sous forme de résidu, serait encore le modèle de référence du peuple.
Emmanuel Todd revient sur l'effondrement des idéologies et la montée en puissance de l'individualisme pour expliquer la confiscation par l'élite, de la démocratie.
A mon humble avis, la confection des listes pour les élections régionales et européennes qui auront lieu en Belgique le 7 juin confirme ce constat.
La Belgique connaît ses spécificités. La particratie et la dimension communautaire sont autant d'éléments qui participent depuis des décennies au débat démocratique belge. L'existence de deux grandes communautés culturelles et linguistiques et d'un clivage philosophique et confessionnel ont façonné l'organisation sociétale et politique belge.
En dépit du déclin des idéologies, cette organisation a subsisté mais se trouve être en panne depuis quelques années.
L'évanescence des repères a conduit les formations politiques à recentrer leurs discours. Le système de représentation proportionnelle obligeant à composer des majorités de coalition, on se garde bien dans chaque parti d'attaquer ouvertement l'adversaire et d'annoncer des exclusives (sauf à l'égard de l'extrême droite). On se contente, en visant rarement ad hominem, de lancer des anathèmes contre les nostalgiques du soviétisme, les tenants du (néo-)libéralisme, etc, autant de formules creuses.
Le danger existe de conquérir le pouvoir pour le pouvoir dans le chef d'une élite coupée du peuple.
Comme l'écrit Emmanuel Todd, l'importance qu'ont pris les médias dans le débat politique participe de l'éclosion du narcissisme des élites. On pourrait ajouter que le phénomène a été en s'accroissant avec l'apparition des réseaux dits sociaux. C'est ce que je qualifierais de "démocratie des bons coups": l'ivresse des grands accords youtubisés, le démarchage de speakerines, la facile mise à mal des relations diplomatiques avec le Vatican l'emportent sur la qualité du travail parlementaire à l'heure de tirer les bilans et de confectionner les listes.
Il suffit de voir l'engagement des têtes de listes européennes pour se convaincre de la suffisance affichée à l'égard du débat démocratique. La reine verte de l'entorse aux principes éthiques, Isabelle Durant vient, pour la énième fois de réussir à réorienter sa carrière; Louis Michel ne rêve que de politique belge; Jean-Claude Marcourt se voit, le 8 juin, plutôt ministre qu'exilé à Strasbourg; Anne-Delvaux-celle-qui-crache-dans-la-soupe-plus-vite-que-son-ombre (mais dans les cénacles on ne connaît que son ombre) vient nous vendre pour la deuxième fois en 2 ans son statut de speakerine.
Comme il y a deux ans, et malgré la crise globale, le seul intérêt retenu par les états-majors, à l'aube des scrutins, est de savoir qui d'Elio ou de DJé sera à la manoeuvre. Les plus petits partis traditionnels se positionnent dans ce canevas.
La fin des idéologies ne met-elle pas en exergue l'effet collatéral le plus pernicieux de la particratie, à savoir la confiscation du suffrage universel? Cette crise n'appelle-t-elle pas la nécessité d'avoir des élus de la nation plus "indépendants"? Il est temps d'y réfléchir si on ne veut pas voir, comme en Flandre, apparaître des partis populistes voire liberticides.

Durum

jeudi 2 avril 2009

Putain de Brigitte!

Nous vivons décidément une époque formidable, à tout le moins politiquement correcte.
Après la décision avortée de la commune de St-Josse d'interdire le spectacle de cet abonné à l'humour (?) répétitif qu'est Dieudonné, voilà que le Bota vient d'annuler, à l'initiative de la ministre bruxelloise de l'Egalité des Chances Brigitte Grouwels, une représentation du rat peur français Orelsan, dont certains se sont ému des paroles misogynes d'une scansion (Sale Pute!) datant d'il y a 2 ans.
Sans vouloir insister sur la pauvreté du contenu artistique des auteurs précités, il me semble opportun de soulever le danger de voir le politique s'immiscer de plus en plus dans un débat qui relève de la liberté d'expression.
Certes, il est du devoir de l'autorité publique de garantir la cohésion sociale si celle-ci est menacée par l'objectif haineux d'une expression, mais son intervention se doit d'être exceptionnelle au risque de relever du totalitarisme. Qu'on sache, Johnny et Sardou chantent toujours, et pourtant, quel exemple pour la jeunesse.
Il est plus facile pour le Bota de refuser Orelsan que de boycotter la très liberticide Live Nation. Et plus porteur, électoralement, pour Mme Grouwels, de scander "Meer Brigitte, Minder Frans" et de surfer sur l'éviction du pas très catholique Orelsan.

Durum