vendredi 30 octobre 2009

Michel a passé la corde au cou de Reynders

Les deux camps qui s’affrontaient au MR ont signé la paix des braves. Officiellement, guère de changement: Didier Reynders n’a pas quitté la présidence du parti; il s’est accroché tant qu’il pouvait, soutenu par une partie significative des Réformateurs. Les rebelles ont obtenu un poste nouveau de vice-président en charge des affaires régionales et communautaires, confié à Willy Borsus, déjà chef de groupe au parlement wallon et animateur du groupe “Renaissance”. Louis Michel fait quant à lui son retour dans le bureau du parti, avec Daniel Ducarme. Maigre? A première vue, oui mais à bien y regarder, les rebelles ont commencé à démanteler la citadelle reyndersienne. Borsus a suivi jusqu’à présent un parcours politique sans faute, gravissant les échelons un à un: bourgmestre, député, patron de la fédération namuroise (Sabine Laruelle a du souci à se faire), chef de groupe et bouffeur de dossiers comme rarement un parlement en a connu. La question n’est pas tant de savoir quelle est la place que lui laissera Reynders -aucune à n’en pas douter- mais quelle est la place qu’il décidera d’occuper. La popularité de l’homme et son habileté pourraient en faire le leader wallon d’un MR de plus en plus divisé entre son aile bruxelloise, et singulièrement le FDF, et les autres composantes. Quant à Louis Michel, il a peut-être réussi le meilleur coup. Reynders ne pouvait plus imposer la paix au sein du parti. Comme dans l’épisode de l’Orange bleue, il est apparu sous les traits d’un tacticien excécrable et il a dû se livrer pieds et poings liés à Louis pour sauver sa tête et le MR. C’est Louis Michel qui a imposé son plan de paix avec l’aide ambigue de Daniel Ducarme et c’est Louis Michel qui l’a ensuite imposé aux rebelles. Autrement dit, Didier lui doit la vie. Quant à Reynders, il ne règne plus que sur une partie du MR. Les traités tirés des uns et des autres à l’issue de la nuit de dimanche à lundi en disaient long sur les mots qui ont été échangés. Reynders lui-même, quand il s’est exprimé devant la presse, semblait vidé. “Le MR est maintenant apaisé”, a-t-il martelé alors qu’autour de lui les décombres fumaient encore. L’autre camp va lui mener la vie dure. Michel père et fils, Borsus, Kubla, etc. ont d’ores et déjà fait savoir que c’en était assez de la place considérable laissée au FDF et n’auront rien de plus pressé que de pousser Reynders à devenir l’arbitre d’un conflit cornélien: s’il a pu rassembler une partie du MR derrière lui, c’est grâce à un FDF qui indispose une majorité du PRL wallon… dont Reynders est issu. Reynders, obnubilé peut-être par une stratégie sarkozyste, s’est en outre brouillé avec les autres partis. Nul doute que Louis Michel et Willy Borsus, animés d’une foi plus centriste et consensuelle, auront à coeur de retisser les liens brisés.
Enfermé dans sa tour d’ivoire, entouré de flagorneurs, Reynders a à peu près tout raté depuis juin 2007: de l’Orange bleue que son arrogance à l’égard du cdH et l’intransigeance du FDF sur la question de BHV ont contribué à faire échouer aux élections de juin 2009 qui ont confirmé le PS au centre du jeu francophone en passant par son image auprès du grand public aujourd’hui carbonisée ou l’affaire Aernoudt. Il y a eu la crise bancaire, certes. Mais on pourra épiloguer longtemps sur les conditions de la vente de Fortis à BNP Paribas, particulièrement avantageuses pour le géant français, et surtout sur sa conception très particulière de la solidarité ministérielle. Son mentor Jean Gol a démissionné après le drame du Heysel parce que Charles-Ferdinand Nothomb s’accrochait. Reynders a laissé en revanche partir Leterme et Vandeurzen sans sourciller… Il y a fort à parier que le CD&V ne l’oubliera pas.

Mexicano

jeudi 29 octobre 2009

De la différence entre Didier Donfut et Jean Sarkozy

En Belgique comme en France, deux nominations controversées à la tête d’organismes parapublics ont défrayé la chronique ces derniers jours. A ma gauche, Didier Donfut : le moustachu hennuyer vient d’être élu à la présidence de l’Intercommunale Gazière du Hainaut (IGH), quelques mois à peine après avoir été contraint de mettre un terme à son contrat de conseiller attaché à la même intercommunale, en raison, rappelons-le, d’émoluments jugés peu en ligne avec les valeurs socialistes, voire la morale, d’autant plus qu’il avait confié ses affaires à son fils.
A ma droite, Jean Sarkozy : le rejeton présidentiel français a quant à lui échoué à se faire élire à la tête de l’EPAD, l’organisme chargé de gérer le plus important quartier d’affaires parisien, après plusieurs jours d’émoi public intense.
Les issues différentes des deux affaires nous disent-elles quelque chose sur les coutumes politiques des deux pays ? En France, malgré la toute-puissance sarkozienne, l’indignation du public fait avorter une promotion inappropriée. Du côté wallon, il semble que cela ne soit pas le cas. Il se pourrait qu’on soit moins poujadiste en Belgique. A moins qu’on ne soit plus résigné face au comportement inadéquat de la classe politique ? Plus habitué au copinage ? Loin de nous l’idée de tirer de grandes conclusions.
Au fait, dans l’hexagone on s’émeut du coût de la présidence de l’UE, en 2008, avec en ligne de mire une douche présidentielle à côtés de laquelle celle de Marie Arena semble ridiculement bon marché. Le tout pour un budget total de 170 millions d’euros, une somme qui suscite la polémique en France. A comparer avec les 100 millions que coûtera la présidence belge de l’UE en 2010 (plus du double des sommes dépensées lors de la dernière présidence, en 2001). Par tête de pipe, la facture sera nettement plus salée en Belgique.
Mais tout n’est, sans doute, qu’une question de perspectives...

Colonel Moutarde

jeudi 22 octobre 2009

Le cdH voudrait se sauver en grimpant sur les Verts

Les déconvenues du MR le 7 juin ont occulté la maigre performance électorale du cdH. Les centristes sont redevenus la quatrième force politique francophone, dépassés par Ecolo. Si à Bruxelles, ils ont sauvé la mise, en Wallonie, l'érosion se poursuit inexorablement. Et pour ne rien arranger, ils forment le plus petit parti francophone à un double titre, non seulement sur le plan intrafrancophone mais aussi fédéral: le PS est le grand frère du sp.a, Ecolo celui de Groen! et le MR est devenu celui du VLD. A l'inverse, le cdH ne fait guère le poids face au CD&V.
Pour se refaire une santé, le cdH semble avoir choisi la méthode du MR, la tiédeur et le jésuitisme en plus. Le MR avait fait du PS son bouc émissaire, le cdH fait de même avec Ecolo. En sous main, les centristes attaquent les Verts. Il y a eu récemment les dépenses électorales d'Ecolo. Sans faire preuve de sympathie mal placée, on peut considérer que les reproches faits aux Verts sont de nature purement formelle mais sur le fond, il n'y a rien de répréhensible. Le cdH, aidé des deux autres, voudrait faire durer le plaisir encore quelques semaines. Il y a deux jours, le cabinet d'André Antoine a fait fuiter une note critique sur le décumul des mandats décidés par l'Olivier. Le cdH est gêné sur la question: il ne peut pas donner l'impression qu'il n'aime pas la bonne gouvernance -ça fait tâche par les temps qui courent même s'il y aurait beaucoup à en dire- mais la majorité de ses parlementaires sont des bourgmestres ou des échevins, élus grâce à leur mandat communal et non sur une appellation cdH désespérément floue. Troisième épisode, plus frontal celui-là, l'interpellation de pas moins de 3 députés cdH au parlement wallon contre Jean-Marc Nollet sur la suppression des primes pour les panneaux photovoltaïques. Ce dispositif mis sur pied par Antoine et très critiqué pour son coût et son faible intérêt au regard des besoins wallons en matière de performance énergétique sera aboli progressivement, budget oblige. Les trois députés, pourtant membres du parti du ministre du Budget, ont chargé bille en tête contre les Verts avec une mauvaise foi confondante.
L'Olivier ne vit pas du grand amour progressiste annoncé. Et pour le coup, il n'est pas sûr que le PS d'Elio Di Rupo, habitué aux foucades amoureuses, poursuive indéfiniment l'idylle avec le cdH... A moins qu'une fois de plus, le grand frère CD&V ne sauve le petiot.

Mexicano

dimanche 18 octobre 2009

Ceci (n') est (pas) un Flandrien

Alors qu'en cette année d'inauguration du Musée Magritte le gouvernement s'apprête, après des mois de sursis, à remettre les mains dans le cambouis BHV en guise de prélude à d'autres concupiscences communautaires, la VRT et le quotidien Het Nieuwsblad, les références de l'information sportive vélocipédique, ont décerné au coureur remoucastrien Philippe Gilbert le titre de "Flandrien van het Jaar", traditionnellemnt attribué au cycliste qui s'est, durant l'année écoulée, le plus illustré à "stoempen op Vlaamse kasseien", littéralement (et littérairement) écraser la pédale sur les pavés flamands, en d'autres mots, le meilleur coureur d'une saison disséquée par les médias du nord.
Proposé par un jury, choisi par ses pairs, Philippe Gilbert devance celui qui depuis la retraite de Johan Museeuw est devenu le nouveau Leeuw van Vlaanderen d'un peuple bâtisseur de mythes, Tomeke Tomeke Boonen.
Apparaissant comme un paradoxe à l'heure où les algarades communautaires disputaient jusque récemment encore aux accrochages institutionnels un rang prioritaire dans la hiérarchie des préoccupations des élus nordistes, d'aucuns pourraient soulever que ce choix ne tardera pas à réveiller outre Zenne quelqu'esprit chagrin frustré q'un 'coureur' (rouler les r) non ethniquement propre eut raflé le tant convoité titre de "Flandrien van het Jaar" au nez (poudré) et à la barbe (mal rasée) de Tom Ier.
Rien de tout cela pourtant. Pas une voix discordante ne viendra troubler le sacre du Wallon Filip Gilbert, le nouvel 'enfant terrible' (roulez toujours les r), même pas, oserait-on parier, une interpellation de la N-VA au Vlaams Parlement.
L'entendement étaye la logique qui a prévalu à faire de Gilbert le 'Stoemper' 2009. Au-delà de son palmarès, elle est plus culturelle que technique, le Wallon ayant finalement fait pleinement étalage de sa classe dans les courses de fin de saison plus que sur les pavés nordistes pourtant également taillés pour lui et qu'il pourrait ne pas devoir tarder à apprivoiser. Elle prend sa source dans les racines d'une Flandre reconnaissante à l'endroit de ceux qui s'attachent à s''inburgerer' en vertu de valeurs qui contre vents et marées roulent des Polders au Pajottenland. Ces valeurs qui s'inspirent du travail, du mérite, de la faculté à se surpasser, à souffrir dans la boue, à éviter les coups de bordure, sous la pluie ruisselant sur les pavés glissants qui longent les parvis des églises et de guinguettes où dégoulinent la bière d'abbaye des Vlaamse Ardennen. Ces valeurs qui ont, parfois avec de terribles dérives, permis au prolétariat et à la paysannerie flamand de relever avec fièreté la tête dans une Belgique oppressante, celles qui d'Hendrik Conscience à la légende de Thyl Uylenspiegel ont façonné une Région que d'aucuns au Nord rêvent de devenir hégémonique. Ces valeurs rêvées tête dans le guidon par des Yves Leterme suceurs de roue d'une Flandre nationaliste qui les a amenés droit dans le vent. Volontier raciste, anti-wallonne, repliée sur elle-même, une certaine Flandre peut reconnaître ses dissemblables finalement fort semblables.
A l'image d'un feu (follet) Frank Vandenbroucke parti rejoindre Pater Damiaan dans un ciel si gris qu'un canal s'est pendu, et aux côtés d'un Tom Boonen ayant quelque peu perdu de sa superbe, Philippe Gilbert a tout pour devenir le nouvel héros d'une Flandre encline à l'adoration, un bekende Vlaming d'adoption.
Cette Flandre conservatrice dont le cyclisme et le cyclo-cross sont dignes d'être matérialisés au rang de patrimoine mondial de l'Unesco sait reconnaître ses héros, tantôt adulés tantôt brûlés. Elle met en selle ses gladiateurs offerts en spectacle. Du pain et des jeux. Pistolets en spelletjes. N'en servez plus.
Polyglotte averti, Philippe Gilbert séduit partout où il gagne. Il court et est accueilli en demi-dieu sur toutes ces terres immuables de Lombardie, de Vendée et de Flandre qui avec les Alpes et les Pyrénées basques restent attachées à leurs traditions parfois mystifiées et parfois génératrices d'élans populaires et populistes pour ne pas dire nationalistes et réactionnaires, voire pire encore.
La Flandre fait de Philippe Gilbert un héros en même tant qu'elle canonise Frank Vandenbroucke. Philippe Gilbert a du talent et est intelligent. Il ne lui manque plus qu'à devenir un citoyen. Que la Flandre accepte que ses "Flandriens", fussent-ils d'adoption, puissent également convoiter le titre de Monégasque de l'année ne sert pas l'image d'un sport tellement populaire et généreux en émotions mais qui, à l'instar d'autres se perd années après années dans les méandres de l'argent et de tout ce qui s'y attache. Après Axel Merckx et Tom Boonen, Philippe Gilbert a lui aussi succombé au charme du rocher, véritable attraction pour les cyclistes en quête d'entraînements pentus. Goûtant aux fruits du fiscal paradis défendu, Justine Henin fut plus largement égratignée par la presse. Probablement parce que, déjà pas gâtée par un physique rebûtant, elle s'est rapidement muée en une rébarbative cheffe d'entreprise sans foi ni loi. Mais aussi certainement par la volonté de ne pas porter encore plus atteinte au cyclisme, probablement un des sports les plus difficiles et certainement l'un des plus décriés pour ses affaires de dopage. Mais Philippe Gilbert ne peut en faire une excuse. Ceci n'est pas un Monégasque.

Durum

samedi 17 octobre 2009

Milquet, dictateur par défaut ou présidente par excès?

Le mandat de Joëlle Milquet à la présidence du cdH est venu à échéance, en vertu des statuts du parti, quatre mois après le renouvellement du parlement fédéral, soit en octobre 2007. Depuis lors, Mme Milquet préside par dérogation, promettant régulièrement des élections sans cesse reportées, enjeux obligent. Il y a pourtant bien un candidat pour lui succéder, Benoît Lutgen, mais ce dernier refuser de transformer l'essai par peur de devoir diriger un parti avec une belle-mère dans le dos. Conséquence? La (belle) mère Milquet indique qu'elle reste tant qu'il n'y a pas de “consensus” sur le nom de son successeur. Aux dernières nouvelles, elle reste au moins jusque janvier 2010. La mughabétisation se poursuit.

Durum

L'heure de la social-démocratie Demotienne n'a pas encore sonné

Pendant qu'au MR on s'étripe, au PS, et singulièrement dans l'entourage de Di Rupo, on boit du p'tit lait. Certain d'être largué aux élections de juin 2009 à la suite des affaires, le PS est passé à travers le sombre destin de la cure d'opposition que d'aucuns lui prédisaient. Et la guerre des chefs qui eût pu s'ensuivre finalement n'aura pas lieu. En tout cas pas à court terme. Di Rupo voit sa présidence confortée et en profite même pour mettre l'ensemble de ses fédérations sous quasi-tutelle, fait exceptionnel dans l'histoire du parti. Il pourrait même se représenter en 2011 et rester 4 années supplémentaires au Boulevard de l'Empereur, voire plus si affinités.
Parmi ses challengers, personne n'osera broncher à ce stade. Il y a Rudy Demotte dont on dit qu'il ambitionne d'inscrire pleinement le parti dans la social-démocratie strauss-kahnienne quitte à en changer le nom en PSD pour parti social-démocrate. Il y a Laurette Onkelinx, la Bruxelloise (ratée?) de gauche qui dans la capitale ne parvient pas à prendre la succession de Philippe Moureaux, son père politique trop imposant et tellement étouffant. Il y a Paul Magnette, le jeune qui monte doucement mais sûrement, estampillé (vraie) gauche rénovatrice (si tant est que tous ces acronymes aient un sens). Le parti ayant gagné les élections (en tout cas sur le plan stratégique), chacun reste en place. Laurette, la patronne au gouvernement tient la Sécu, Rudy est premier wallono-francophone et construit son assise picarde. Paul grandit au gouvernement et rénove Charleroi.
Et si malgré tout crise il devait y avoir un jour, me direz-vous, et si celle-ci devait finalement déboucher sur une guerre à laquelle n'hésiteraient pas à se mêler les Liégeois? Ce pourrait être finalement Elio Di Rupo, toujours lui, qui pourrait en sortir gagnant. Comme rassembleur.

Durum

Anne-Marie Lizin ouvre un Bureau d'accueil pour femmes battues au Sénat

L'ancienne présidente du Sénat Anne-Marie Lizin, suspendue il y a quelques mois du parti socialiste, est venue au secours de l'ex-chef de groupe MR dans la même assemblée, Christine Defraigne, défenestrée cette semaine pour insubordination. "Je voudrais commencer mon intervention en saluant une chef de groupe que j’ai beaucoup appréciée pour son travail et, plus particulièrement, pour sa dernière proposition (relative à l'interdiction de la burka) qui, je l’espère, poursuivra son chemin. Le machisme est a son comble, dans les partis politiques. Elle en est victime et c’est dommage", a indiqué Mme Lizin en plein débat sur la déclaration de politique générale.

En politique, les retournements de situation sont légion. On se souvient que Mme Defraigne avait flingué l'ex-maïeure hutoise lorsque celle-ci, alors présidente du Sénat, était venu demander un geste à une magistrate dans une affaire de droit familial concernant une femme qu'elle présumait malmenée. S'excusant d'avoir franchi les limites de la séparation des pouvoirs, Mme Lizin avait pu conserver son perchoir, en dépit des attaques de la mère Defraigne. Elle ne semble aujourd'hui plus tenir rigueur à la fougeuse sénatrice MR de sa spectaculaire sortie de l'époque. Un front des passionarias liégeoises est-il en train de naître sous les ors du Sénat?


Durum

vendredi 16 octobre 2009

Jeu de massacre au MR

La semaine qui vient pourrait être celle des "longs couteaux" au MR. Didier Reynders est passé à la vitesse supérieure et a décidé d'imposer son autorité par la force. Exit Defraigne, coupable d'avoir trop parlé. La sentence est tombée lundi depuis lundi mais le forfait n'a été perpétré que jeudi. Il fallait quelques jours pour convaincre les sénateurs de se prêter à cette farce. Le chantage exercé contre certains aurait été rude. Il mettait notamment en jeu les places sur les listes lors du scrutin de 2011. Officiellement, le clan Michel se tait. En coulisses, les couteaux sont sortis. "A force de se taire, on va finir par être complice de qui est en train de se passer. La semaine prochaine, il se passera quelque chose", disait-on sans donner d'autre précision. En attendant, le MR s'enfonce dans la tragi-comédie qu'illustre le coup de téléphone de Dominique Tilmans à la Première alors que Christine Defraigne était l'invitée. L'éviction de Defraigne était une déclaration de guerre. L'intervention de Tilmans avait un côté kamikaze qui loupe le ponton et pique dans l'eau. Didier voulait rassembler les déçus du PS. Il se met à dos les déçus du MR.

jeudi 15 octobre 2009

Les Flamands ont une drôle de conception du territoire

Les Flamands ont une drôle de conception du territoire. C’est la conclusion qui s’impose à la vision de l’excellent reportage sur les travaux du RER, diffusé hier soir par la RTBF dans son émission Questions à la Une. Entre autres informations surprenantes sur ce chantier gigantesque, on apprend que certains travaux d’infrastructure réalisés en territoire flamand ont été financés sur l’enveloppe francophone de la SNCB. La raison de cet arrangement, passé quand Isabelle Durant était ministre des Transports, est que les lignes concernées sont celles qui relient la capitale au Brabant wallon.
Ce non-financement est surprenant de la part d’une communauté tellement attachée à l’intégrité de son territoire. Tout autour de Bruxelles fleurissent les panneaux destinés à rappeler aux francophones le caractère sacré de la frontière linguistique. Comme à Dilbeek, "waar Vlamingen thuis zijn" ("où les flamands sont chez eux"). Dans les communes de la périphérie, l’accès aux logements sociaux, aux infrastructures sportives, aux terrains à bâtir, et caetera, est infléchi par la crainte de la tache d’huile francophone, perverti par la logique de l' "Eigen Volk eerst". Cette même logique qui fait de la scission de BHV, en dépit du bon sens, la priorité presque unanime des partis flamands.


Mais il faut croire que les Flamands ont le nationalisme sélectif, puisque cette conception restrictive du territoire ne s’applique pas au financement des infrastructures. Un constat dont on peut gager qu’Olivier Maingain ne manquera pas de se servir pour demander l’élargissement de Bruxelles.

Colonel Moutarde

mercredi 14 octobre 2009

José Happart et Cupidon

José Happart, il est comme ça: il dit ce qu'il pense même si c'est bête. C'est difficile de faire le compte de toutes ses biesreyes. C'est un travail d'entomologiste. On suggérerait bien à l'Institut Jules Destrée de s'y mettre; pour une fois, il pourrait publier quelque chose qui intérésserait quelqu'un. Revenons à José. Quand il était encore maréchal-président suprême du parlement de toutes les Wallonies, il avait harangué la foule et traité les Wallons de fraudeurs parce qu'ils allaient faire leur plein au Luxembourg. Il avait aussi invité la Biélorussie au parlement (toute trace de son dicours de bienvenue a été détruite, hélas). Maintenant, même s'il est plus rien, il a toujours des trucs à dire. Errant comme une âme en peine pendant la réception des Fêtes de Wallonie, il est revenu devant des journalistes sur le procès qui est fait aux plantureuses indemnités de départ de certains parlementaires. Il a eu ce mot: “Oui mais attention, il y aussi une prime d'exposition au risque” “Quel risque?” “Dans notre métier, il y a plus de divorces qu'ailleurs. Au moins un couple sur deux ne tient pas”. On comprend mieux: des esprits chagrins l'ont houspillé il y a pas longtemps à cause de la villa qu'il faisait construire pour une “amie”. Environ 350.000 euros, paraît-il. Avec ses 530.000 euros d'indemnité, il peut couvrir les frais, ajouter une piscine et s'offrir une Porsche. S'il avait pas reçu l'argent, il aurait dû fuir en Biélorussie, les créanciers aux trousses. Là, il aurait pu dire tout ce qu'il voulait: les Biélorusses, ils ont entendu pire.


Mexicano

La baisse de la TVA dans l'horeca, ou comment une inanité électorale est devenue réalité

La baisse de la TVA dans l'horeca, mantra électoral de Didier Reynders et Nicolas Sarkozy, est donc finalement devenue une réalité. Aux prochaines élections, les deux hommes pourront se targuer de l'avoir obtenue de haute lutte. Sur la scène européenne d'abord, il ont dû batailler ferme avec l'Allemagne pendant des années. Car Berlin a longuement maintenu son véto - par souci de rigueur budgétaire et parce que l'impact positif d'un taux réduit sur la restauration est très incertain. Une fois brisée la résistance teutonne, c'est au pays qu'il leur a fallu convaincre. Car comment justifier cette mesure dans un contexte budgétaire ultra-délicat ? La France a pris les devants, en baissant la TVA sur la restauration à 5,5% dès le mois de juillet - en imposant en contrepartie au secteur un vague "contrat d'avenir" prévoyant des prix plus bas, de nouveaux emplois et une amélioration de la situation des salariés. Quelques mois plus tard, le bilan est très mitigé. Avec à peine 6.000 emplois créés sur les 40.000 promis, la mesure, qui coûte trois milliards d'euros aux contribuables français, semble bien onéreuse en période de disette. Elle est "l'une des niches fiscales les plus coûteuses", résume France Info.
De ce bilan, Didier Reynders n'a cure. Bien décidé à honorer sa promesse électorale, il a fait acter lors des dernières négociations budgétaires une TVA réduite à 12% pour l'horeca. De son point de vue, mieux valait sans doute gaspiller 250 millions d'euros d'argent public que dilapider encore un peu un capital politique personnel déjà bien entamé. Quant aux autres membre du gouvernement, socialistes en tête, ils n'ont pas osé revenir sur cet engagement fait trop légèrement pendant la dernière campagne.
Officiellement rangée avec les autres mesure de relance, la baisse de la TVA relève plutôt de la mascarade. A l'heure où l'on ne remplacera pas les départs à la retraite à la RTBF, à la police, dans l'armée, à l'heure où les professeurs devront se passer d'investissements promis, le gouvernement tente de nous faire avaler une mesure coûteuse dont l'intérêt social est proche de zéro.
La gestion des finances publiques mériterait un peu plus de sérieux. Et les dirigeants belges enclins au promesses électorales feraient bien de méditer sur l'exemple des Etats-Unis – ce grand pays où, à force de cadeaux fiscaux, les finances publiques s'approchent doucement de la faillite.

Colonel Moutarde

vendredi 9 octobre 2009

Obama still can

Barack Obama n'a plus la cote. C'est le lot de tous les dirigeants qui ont suscité des attentes de changement importantes. Il n'était pas difficile à prévoir, comme nous l'avions fait ce sur blog, qu'il serait rattrapé par la réalité et que la déception serait à la mesure des espoirs déraisonnables que certains avaient placé en lui. Aux Etats-Unis, sa cote de popularité a dégringolé. En Europe aussi, où il était pourtant plébiscité, il est de bon ton désormais d'afficher son scepticisme – comme tous ces internautes qui raillent son prix Nobel.
Aux contempteurs de circonstance, on rappellera que Barack Obama a déjà posé des gestes forts, qui lui font mériter la récompense.
Certes, il n'a pas résolu le conflit au Proche orient. Mais il n'est pas responsable de l'élection d'un gouvernement d'extrême-droite en Israël. Malgré un contexte très défavorable, il a pris le problème à bras le corps dès le début de son mandat, au contraire de ses prédécesseurs qui n'y ont consacré que de vains efforts de dernière minute.
Certes, Barack Obama n'a pas encore mis fin aux croisades modernes dans lesquelles George W. Bush a entraîné les Etats-Unis, et même l'Occident tout entier. Mais il a pratiqué une politique d'ouverture inédite pour un président américain. En tendant une main à l'Iran, ennemi juré des Etats-Unis, que son prédécesseur avait mis en bonne place sur son 'axe du mal'. En prononçant un discours incroyable au Caire, où il a cité le Coran et affirmé que l'Islam fait partie intégrante des Etats-Unis (1) – une gageure pour un président noir appelé Barack Husein Obama, une déclaration potentiellement impopulaire dans un pays où la peur du rouge a été remplacée par la peur du terroriste arabe.
Certes, Barack Obama n'a pas annoncé le démantèlement unilatéral de l'arsenal nucléaire américain. Mais il s'est engagé résolument dans cette direction. Il a engagé des négociations avec la Russie pour réduire le nombre d'armes. Il a mis un terme au projet insensé de bouclier anti-missile, inventé par un prédécesseur qui ne rêvait que d'émuler la 'guerre des étoiles' de Ronald Reagan. Il a coupé les budgets à des projets militaires pharaonesques tout droit sorti des tuyaux du complexe militaro-industriel.
Pour ces raisons et pour d'autres encore, Barack Obama est le président le plus transformateur qu'aient connu les Etats-Unis. Son projet est périlleux. Il mérite d'être soutenu.

Colonel Moutarde


(1) I also know that Islam has always been a part of America's story. The first nation to recognize my country was Morocco. In signing the Treaty of Tripoli in 1796, our second President, John Adams, wrote, "The United States has in itself no character of enmity against the laws, religion or tranquility of Muslims." And since our founding, American Muslims have enriched the United States. They have fought in our wars, they have served in our government, they have stood for civil rights, they have started businesses, they have taught at our universities, they've excelled in our sports arenas, they've won Nobel Prizes, built our tallest building, and lit the Olympic Torch. And when the first Muslim American was recently elected to Congress, he took the oath to defend our Constitution using the same Holy Koran that one of our Founding Fathers -- Thomas Jefferson -- kept in his personal library.

vendredi 2 octobre 2009

Ils touchent, elles se retouchent, nous nous touchons; qui botte en touche?


La sénatrice Marie-Hélène Crombé-Berton (MR) a déposé une proposition visant à modifier la loi sur les pratiques de commerce et qualifiant de pratique déloyale toute publicité qui omettrait d'insérer une mention signalant que l'image corporelle qu'elle utilise a été retouchée.

Cette proposition qui émane d'une parlementaire dont l'ex-collègue, le toujours très fin Jean-Marie Happart (PS) se plaisait à constater que les doigts de pieds se relevaient à chaque sourire esquissé, a le mérite de lancer un débat qui prend tout son sens au sein de la réformatrice réflexion sur le vivre ensemble.

Au MR, on réforme tous azimuts



"Les annonceurs n'hésitent pas à utiliser des programmes de retouche des photos", nous dit l'auteure de cette très intéressante proposition. "Des pratiques qui peuvent véhiculer auprès d'un public fragile, comme les adolescents par exemple, une image erronée de la représentation du corps, au détriment d'un bon développement psychologique", poursuit la sénatrice dans les colonnes de La Libre Belgique. Il faudra, peut-être, également prévenir les étudiants en visite à la haute assemblée que sous les ors du Sénat, on vote parfois en toc. La démocratie est tellement fragile.



Durum