samedi 20 décembre 2008

Un gouvernement des banques?

La presse évoque ces dernières heures, parmi les noms des personnalités qui pourraient reprendre les rênes du gouvernement, celui de l'ancien premier ministre et ex-coprésident de la Convention européenne sur le Traité constitutionel, Jean-Luc Dehaene. N'est-ce pas oublier un peu vite que M. Dehaene est président du Conseil d'administration de Dexia? A l'heure des grandes désillusions, des échecs cuisants de la corporate governance et de la goed bestuur, va-t-on aujourd'hui installer un banquier à la tête du pays? Et une démission au CA de Dexia ne serait-elle pas néfaste au moment où les institutions financières sont à la recherche de stabilité?
A moins que l'ambition du gouvernement soit finalement de nationaliser les banques et de compenser l'effet sur la dette par une ponction sur le capital. Ce ne serait que justice rendue. Le contribuable responsable qui ne participe pas aux jeux démentiels de la bourse et qui, contrairement à ceux qui ont fauté dans le contrôle des banques, n'a rien à se reprocher dans la faillite du système financier, ne devrait pas payer pour ceux qui aujourd'hui hurlent avec les loups contre la gestion de l'Etat. On ne peut avoir le beurre, l'argent du beurre et le sourire du contribuable éthiquement responsable. N'en déplaise à ceux qui, surfant sur cette vague du populisme des riches, entendent se présenter aux élections. Modrik Amen!

Durum

mardi 16 décembre 2008

Me Modrikamen, nouvelle star

On ne parle plus que de lui. Il fait la Une des journaux, volerait presque la vedette à Nicolas Sarkozy, défend, preux chevalier, la veuve et l'orphelin contre le gouvernement, dragon aveugle et arbitraire. J'ai nommé Maître Mischaël Modrikamen, dont le S coquet du prénom est en passe de devenir l'égal du Z vengeur de Zorro.
Son dernier "coup", rapporté dans la presse ce matin: en révoquant son élection de domicile, il contraindra, semble-t-il, le gouvernement à envoyer à chaque actionnaire une éventuelle décision de pourvoi en cassation. Avec un coût de traduction estimé à 50.000 euros . Une bagatelle au regard des 20 milliards de dédommagements réclamés au contribuable.
Le contribuable! On n'en parle pas beaucoup dans cette affaire, au contraire des désormais fameux employés, épargnants et actionnaires de Fortis. Les derniers n'ont pas seulement remporté une victoire juridique, ils sont aussi en passe de gagner la bataille de l'image. De vilains capitalistes qui auraient dû connaître les risques auxquels ils étaient exposés, ils sont devenus des bon pères de famille floués par l'Etat. On peut s'interroger sur ce retournement de situation
Loin de nous l'idée de défendre à tout prix l'action précipitée du gouvernement dans l'affaire Fortis, mais il serait bon de se souvenir que le le budget de l'Etat, c'est l'argent des contribuables. Et qu'après les milliards injectés pour sauver le système financier, il serait peut-être malvenu d'hypothéquer à nouveau les finances publiques pour dédommager les actionnaires de Fortis, qui, après tout, ne sont pas les seuls à avoir perdu des plumes dans la débâcle.

Colonel Moutarde

samedi 13 décembre 2008

Les louvoiements d'une presse porteuse d'angoisse

Le décret mixité sociale à l'école est donc mort après une longue agonie. Au centre d'un véritable jeu de massacre digne d'une fancy-fair scolaire, il a fini par succomber sous les coups de boutoir de parents angoissés (à tort ou à raison, sachant que l'angoisse est toujours mauvaise conseillère), d'attaques politiques parfois fondées (?), mais souvent électoralistes (pour rester poli), de directeurs jésuites, et d'écrits assassins dans la presse. A cet égard, il est intéressant de constater que, concernant la couverture de ce dossier, notamment, les journalistes et responsables de rédaction sont extrêmement impliqués dans le sujet qu'ils traitent.
Un nombre très important de responsables de rédaction et de journalistes chargés de l'analyse institutionnelle en Belgique francophone habite des quartiers privilégiés dans le sud-est de Bruxelles, en périphérie (flamande) de la capitale (dans les communes à facilités), et en Brabant wallon, soit les régions où se sont révélés une série de problèmes, minoritaires, mais surexposés dans la presse.
Sans vouloir porter aux nues un décret, dont on peut à tout le moins saluer la courageuse volonté d'avoir voulu s'attaquer à un problème majeur dans la société, les inégalités sociales, singulièrement dans l'enseignement, il est pour le moins permis de dire que le tollé qu'il a suscité est sans commune mesure avec le silence honteux qui dans les milieux bien-pensants, y compris journalistiques, accueille depuis des décennies les dénonciations de parents refusés à l'inscription pour port de patronyme inadéquat.
Cette couverture biaisée de l'information ne porte d'ailleurs pas uniquement sur l'enseignement. C'est aussi le cas sur le plan communautaire. Sans vouloir porter du crédit à la politique hégémonique flamande que défend trop souvent la presse du nord, l'analyse que fait la presse francophone de la situation de ses lecteurs dans les communes à facilités de la périphérie transpire elle aussi le vécu de ses éditorialistes fransquillons dont certains ne sont parfois pas bien loin de comparer la vie de leurs congénères à celle des déplacés du Kivu.

Durum

vendredi 12 décembre 2008

Loulou et Kaka en guéguerre sur le Kivu

Le torchon brûle entre le "chef de la diplomatie" (hum) Karel De Gucht et son prédécesseur Louis Michel, aujourd’hui "commissaire européen à l’aide humanitaire" (en fait tonton Loulou a compétence pour tout ce qui touche à l’Afrique). Les deux hommes ne cachent plus leur opposition profonde sur la manière de gérer le conflit meurtrier en cours à l’est du Congo.
Pour Louis Michel, sans doute plus proche de la tradition orale africaine, il faut parler. Il est d’ailleurs actuellement dans la région, pour des pourparlers avec Kabila et Kagame, mais aussi avec le rebelle Laurent Nkunda (par ailleurs criminel de guerre recherché par la justice internationale).
Karel De Gucht privilégie quant à lui l’option militaire, l’envoi de troupes européennes de maintien de la paix. Il faut dire qu’il est persona non grata au Congo et qu’il peut difficilement incarner le dialogue. Mais surtout, il ne croit pas que des négociations puissent déboucher sur une paix durable, du moins pas tant que les Européens ne se seront pas interposés.
Jusqu’à présent, les deux hommes s’affrontaient à fleurets mouchetrés. Mais depuis jeudi soir, c’est la guerre ouverte. Karel n’a pas du tout, mais alors pas du tout, apprécié que Louis tente de le contrer en plein Conseil européen des Affaires étrangères. Car pendant qu’il s’échinait à convaincre les autres pays européens d’envoyer des troupes au Kivu, Louis a non seulement interrompu la réunion en téléphonant au french doctor Bernard Kouchner, qui présidait les débats, mais il a fait circuler un document exposant des thèses exactement opposées aux siennes.
Furax, De Gucht ne cache désormais plus son mépris. Fidèle à son franc-parler, il casse désormais du Loulou en direct à la télévision.
Le tout se comprenant bien sûr dans la perspective de la prochaine législature européenne. Les deux hommes pourraient bien se retrouver en concurrence pour la poste de commissaire européen.

Colonel Moutarde

mercredi 10 décembre 2008

Enterrer le décret "mixité" au plus vite...

Mardi, le "G9" du PS (le président et les ministres) a décidé d'enterrer le décret "mixité", ex-décret "inscriptions". Le texte suscite une hostilité croissante et la majorité risque de le traîner comme un boulet lors des élections. Par correction, la présidente du cdH, Joëlle Milquet, est prévenue. La veille, elle avait reçu des directeurs de l'enseignement libre. Nul doute que ses oreilles ont chauffé... A-t-elle eu peur de voir le PS s'arroger le mérite d'avoir mis fin à un texte tellement mal vu dans l'électorat cdH? Toujours est-il qu'elle décide de sortir, le même jour que Christian Dupont. Résultat: mercredi, deux interviews: celle de Dupont qui veut mettre fin au tirage au sort, celle de Milquet qui jette tout le décret aux orties et, en prime, reproche au PS d'avoir refusé de passer outre un avis du Conseil d'Etat...

Mexicano

dimanche 7 décembre 2008

Autisme sans précédent de l'UE face à l'opposition iranienne

C'est une situation sans précédent dans l'Union européenne, mais elle ne semble pas émouvoir grand monde. Par trois fois, la Cour de Justice de Luxembourg a ordonné que l'opposition iranienne des "Moudjahidine du Peuple" (OMPI) soit retirée de la liste européenne des organisations terroristes.
Mais le Conseil des ministres de l'UE - et le comité d'experts ultra-secret qui discute de ces questions - fait la sourde oreille obstinément. Sans jamais expliquer clairement pourquoi l'organisation est considérée comme terroriste. Sans rien laisser filtrer des raisons impérieuses pour lesquelles une telle violation de l'ordre juridique européen serait nécessaire.
Bien sûr, on peut formuler des hypothèses: à l'heure où l'Europe (et désormais les Etats-Unis d'Obama) espèrent convaincre l'Iran d'abandonner le nucléaire, il serait malhabile de réhabiliter une organisation honnie par Téhéran.
Mais pourquoi alors la realpolitik infligée au mouvement iranien ne vaudrait-elle pas dans le cas tibétain, où les Européens n'ont pas peur de fâcher la Chine en apportant leur soutien au Dalaï Lama ? Certes, la comparaison vaut ce qu'elle vaut. Les Moudjahidine du Peuple, ce ne sont pas des hare krishna. Ils ont mené une lutte armée et ont eu des moeurs pour le moins particulières, comme en témoigne un rapport d'Human Rights Watch où il est notamment question de tortures à l'encontre de membres dissidents. Mais aujourd'hui, face au régime ultra-répressif en place à Téhéran, les Moudjahidine apparaissent comme le seul mouvement d'opposition crédible. Il suffit d'assister à l'un de leurs meetings en Europe pour se rendre compte que l'organisation est très structurée et très bien dotée. L'OMPI dispose aussi d'une armée de communicateurs prêts à harceler les journalistes et de nombreux relais de propagande sur internet, comme le site realite-eu.org. Leur travail commence à porter ses fruits, puisqu'outre leurs victoires judiciaires, les Moudjahidine du Peuple commencent à remporter certains succès dans la branche législative, avec le soutien un nombre croissant de parlementaires. Notre Anne-Marie Lizin nationale fait d'ailleurs partie du comité de soutien.
Leur qualification de groupe terroriste ne tient plus qu'à un fil... Reste à savoir jusqu'à quand les gouvernements européens pourront continuer à ignorer des injonctions de justice.

Colonel Moutarde

mercredi 3 décembre 2008

Standard champion... de la censure aussi

Six mois après avoir conquis un titre de champion de Belgique qu'il attendait depuis vingt-cinq ans, le Standard vient de remporter sa quatrième victoire d'affilée en Coupe d'Europe, se qualifiant pour les 16ème de finale de la Coupe de l'UEFA.
La sympathie qu'inspirent le club liégeois et son public ne peuvent cependant masquer le malaise éprouvé face aux méthodes du club pour museler les médias qui choisissent de dépasser le stade de l'exaltation journalistique.
C'est ainsi que depuis un sujet réalisé par le JT de la RTBF sur Lucien D'Onofrio, le vice-président du Standard, condamné en France à 2 ans de prison dont six mois fermes (qu'il n'exécutera pas comme le veut la tradition pour les courtes peines) pour des transferts suspects en sa qualité d'agent, le Standard interdit à toute l'équipe d'accorder des interviews à la radio-télévision de service public.
On en parle peu mais ce genre de pressions visant à empêcher les journalistes d'exercer leur métier avec le regard critique qui est censé s'imposer est monnaie courante dans le milieu du football. La famille Bayat a usé de méthodes parfois violentes notamment à l'endroit de Foot Magazine.
Et ce n'est certainement pas de l'Union belge qu'il faut attendre l'exemple à montrer en matière de probité. Là, le panier de crabes qui dirige la maison football Belgique a décrété un boycott de la RTBF-Télé, lassé par les critiques du sulfureux Stéphane Pauwels. L'entraîneur des Diables rouges réserve lui, pour des raisons commerciales, ses seules interviews télévisées en français à RTL depuis 2006.
Dans la presse écrite, rares sont les échos qui dénoncent cette situation. On préfère probablement botter en touche.

Durum