vendredi 12 septembre 2008

Je te mouille, tu me mouilles. Nous nous noyons?

Il fallait s'y attendre, campagne électorale pour les élections régionales oblige, le contentieux communautaire prend une nouvelle tournure. Il apparaît clairement que le débat est plus nuancé qu'on ne le pense parfois dans l'opposition manichéenne entre un bloc francophone soudé attaché à la conception actuelle de l'état fédéral et un monolithe nordiste soucieux d'offrir à la Flandre tous les leviers permettant de conforter sa prospérité dans un monde globalisé.
On sent bien depuis le scrutin législatif de 2007 le CD&V tenaillé par son aile droite nationaliste et la N-VA. Jamais, le cartel n'acceptera un compromis qui sera toujours jugé trop mou eu égard aux fantasmes parfois symboliques du Mouvement flamand. Près d'un an et demi plus tard, le cartel chute dans les sondages mais le CD&V reste intraitable, horrifié par la perspective de perdre la N-VA mais aussi sa propre aile droite nationaliste, car qui sait si tout ce beau monde ne sera pas alléché par l'idée de créer une Forza Flandria sous la férule de la Lijst Dedecker. Ce scénario tétanise le CD&V qui garde en mémoire l'annus horribilis 1999 qui le vit basculer dans l'opposition après 40 années de partage du pouvoir. En interne, l'aile progressiste démocrate-chrétienne, l'ACW se tait dans toutes les langues alors qu'elle est pourtant majoritaire au gouvernement fédéral (Leterme, Schouppe, Vervotte, Vandeurzen) et flamand (Crevits, Vanackere). A un bémol près, nous dit-on: Yves Leterme, qui est quand même à l'origine de la crise, mais dont l'étoile a pâli, entend désormais être débarrassé de l'écueil institutionnel. Il a refilé la patate chaude au nouveau dieu de la Flandre Kris Peeters, le ministre-président du gouvernement flamand.
L'Open Vld voit aussi approcher les élections de juin 2009. Or, son dada c'est la baisse des impôts et la baisse des charges, bien plus que l'institutionnel pour l'institutionnel. Les libéraux flamands ont dès lors appelé au réalisme, indiquant que la réforme de l'état ne viendrait plus avant les élections. Et un coup au CD&V. Le sp.a, en pleine mutation après sa débâche de juin 2007, se rend compte que l'action du gouvernement fédéral est paralysée et qu'il n'a pas l'occasion de faire entendre sa voix au parlement dans l'opposition. Une violette flamande s'est donc retrouvée cette semaine provoquant une mini-crise à la place des Martyrs, demandant au cartel qu'il cesse ses ukazes. Chacun se tient à la culotte.
Côté francophone, on sent bien que personne n'est véritablement motivé par l'idée de réformer l'état. Chacun l'exprime à sa façon: le PS veut bien discuter pour sauver le pays (son aile régionaliste est, elle, partisane d'une réforme); le cdH tient un discours méga-brouillon qui masque mal ses réticences à toute réforme, le MR dit officiellement qu'il n'a pas de tabou mais Didier Reynders laisse le soin à Olivier Maingain de rendre toute avancée impossible.
Qui plus est, il faut bien constater qu'entre francophones, on se regarde aussi en chiens de faïence. Le MR est déjà en campagne, Didier Reynders ayant annoncé à ses troupes qu'elle sera sanglante. Il flingue la majorité PS-cdH (sans toutefois viser directement les états-majors: s'il gagne les élections, il devra quand même composer et une alliance MR-Ecolo est arithmétiquement peu probable). Socialistes et centristes-démocrates-humanistes continuent d'avancer main dans la main (même si, de temps en temps, en coulisse, on constate des pointes d'allergies dans l'un et l'autre camp vis-à-vis du partenaire). Quant à Ecolo, il compte les points, continuant à caresser son vieux rêve de renvoyer le parti socialiste dans l'opposition.
Chacun se positionne donc dans l'attente des régionales (et européennes) de juin 2009 qui pourraient consacrer les extrêmes. Et après? Advienne que pourra.
Le CD&V ne veut pas entendre parler de fédérales anticipées: impossible sans régler BHV, dit-il officiellement (officieusement les sondages ne sont pas bons). Les libéraux n'hésiteront pas, eux, à porter un coup de Jarnac au moment le plus opportun. En attendant, Yves Leterme reste Premier ministre, même si cela échappe à tout le monde même à l'édition 2009 du Petit Robert. Le Premier voyage. Il sera bientôt en Russie, à Sotchi (attention M. le diplomate, c'est à 50 bornes de l'Abkhazie). Il se rendra ensuite à New York puis au Québec pour le Sommet de la Francophonie. Ira-t-il dire à l'occasion du 400ème anniversaire de la capitale de la Belle Province, que les Québecois ne sont pas en état intellectuel d'apprendre l'anglais?

Durum

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