samedi 29 décembre 2007

L'Office des étrangers, un système qui ne souffre aucune opposition

Ainsi que l'a relaté la presse, l'Office des étrangers vient une nouvelle fois de se faire remarquer en cette fin d'année en prenant, concernant une ressortissante algérienne de Belgique, une série de décisions conformes à son idéologie bureaucratique déshumanisée qui rappelle les pratiques de certains fonctionnaires qui, en d'autres temps, magnifiaient l'ordre et l'organisation au service de l'hégémonisme.
Ainsi, Latifa Boukhtouchen, disposant d'un titre de séjour en Belgique, s'est rendue plus d'un an en Algérie pour veiller son grand-père jusqu'à son décès. En infraction avec la loi, Latifa Boukhtouchen n'a pas signalé aux autorités belges cette expatriation de plus d'un an.
De retour à l'aéroport de Zaventem, elle a été placée en détention par l'Office des étrangers dans un centre pour personnes refoulées cataloguées comme "inadmissibles" sur le territoire et menacée d'expulsion. La loi laisse à l'Office des étrangers la possibilité de prendre ce genre de décision.
Il va sans dire que pour une personne née en Belgique, en demande de naturalisation, dont les frères et soeurs, de nationalité belge, attendaient le retour de leur parente en cette fin d'année, la décision de l'Office laisse perplexe. Saisie en extrême urgence, la chambre du Conseil a, dans une ordonnance particulièrement sévère pour l'Office, exigé la libération séance tenante de la jeune femme.
En bonne administration répondant aux injonctions, l'Office des étrangers, rigoriste, bien organisé et adepte de l'ordre a obtempéré. Il a libéré Mme Boukhtouchen. Mais lui refusant l'accès au territoire, il s'est contenté de l'autoriser à errer sans argent, couverture et sanitaires à sa diposition, des jours durant dans la zone de transit.
Une fois de plus, la justice a dû s'en mêler, le président du tribunal de première instance ordonnant la libération de la jeune femme sous peine de voir l'Etat belge s'acquitter d'astreintes de l'ordre de 5.000 euros par jour. L'Office des étrangers s'est vu reprocher par la justice de violer l'autorité de la chose jugée. Ce n'est pas la première fois et malheureusement, probablement pas la dernière. L'Office des étrangers n'a jamais aussi bien porté son surnom d'Etat dans l'Etat, qui foule la démocratie au pied, ne souffrant aucune opposition. Un système qui tend à l'unité. A la totalité. Une administration totalitaire.

jeudi 27 décembre 2007

Tout augmente: les prix, les achats, l'inégalité, le nombre de jours sans gouvernement (définitif), les années...

Une série de statistiques publiées récemment ont interpellé la Boulette en cette fin d'année 2007.
Le 21 décembre, alors que l'hiver s'amorçait, le SPF Economie a annoncé ce que tout le monde pressentait, à savoir que les prix des biens de consommation ont augmenté de 3,09% en un an, l'inflation battant tous les records depuis septembre 2005.
Dans le même temps, à l'occasion des premières emplettes effectuées pour les fêtes de fin d'année, la fédération belge de la distribution faisait savoir que les achats réalisés cette année dans le secteur alimentaire se situent au même niveau que l'an passé, alors que l'on constate une augmentation de 5% dans les ventes "non food" (lisez non alimentaires) par rapport à l'an dernier.
Quelle conclusion peut-on tirer de ces deux informations qui peuvent paraître discordantes? Alors que les salaires stagnent, les prix augmentent. Pourtant, la consommation reste soutenue. C'est donc que l'inégalité des revenus ne cesse de croître en Belgique.
D'après Statbel, l'organisme officiel de la statistique, l'écart entre les revenus ne cesse d'augmenter au fil des ans. En vertu d'une norme internationale dite "Gini" (cela ne s'invente pas), il apparaît que cet écart est passé de 0,297 en 1990 à 0,362 en 2004. Selon cette norme, si la valeur est égale à zéro, il y a équité parfaite en matière de revenus. Si elle est égale à 1, on imagine qu'une personne s'accapare tous les revenus au détriment de l'ensemble de ses concitoyens.
D'après les derniers chiffres d'EU-SILC ('European Union – Statistics on Income and Living Conditions' ou 'Statistiques de l'Union européenne sur le revenu et les conditions de vie') qui se basent sur le revenu 2005, 14,7% de la population vivant en Belgique (presque 1 personne sur 7) connait un risque accru de pauvreté. En chiffres absolus, cela équivaut à 1.470.000 personnes environ.
Voilà une urgence qu'on aimerait voir prise en compte par le gouvernement provisoirement-intérimaire-pas-encore-définitif.
Vu l'augmentation des prix de l'énergie et du logement et aujourd'hui des céréales et d'autres produits de première nécessité, il est plus que temps que nos autorités se soucient de soutenir le pouvoir d'achat des revenus les plus faibles. Ceux-ci n'ont que faire d'un dollar faible (même s'il limite quelque peu la hausse des prix de l'énergie) qui permet aux plus nantis de partir en week-end à New-York s'y offrir un iPhone à mettre sous le sapin. Inaccessible, la technologie ne nourrira pas ceux qui aujourd'hui éprouvent de plus en plus de difficultés à assouvir leurs besoins vitaux. Ceux-là continuent toujours à chercher en vain la main invisible censée réguler l'économie.
Il reste à espérer que le gouvernement provisoirement-intérimaire-pas-encore-définitif prenne en 2008 les résolutions qui s'imposent. Entre octobre et novembre 2007, l'indice du haché est passé de 106,7900 à 107,5300. Cela commence à faire cher la boulette! Cela n'entamera en rien notre détermination à continuer en 2008 à l'agrémenter d'une pointe de moutarde. Bonne année!

mardi 18 décembre 2007

L'hyperréalisme d'Anne-Marie Lizin entame son crédit

En quelques semaines de temps, la pasionaria du parlement belge, Anne-Marie Lizin, vient de démontrer en deux nouveaux exemples à quel point son credo de politique pragmatique poussé à son paroxysme sur la scène internationale la décridibilise totalement.
Envoyée par l'OSCE, dont elle assure la vice-présidence du parlement, superviser les élections législatives russes, Mme Lizin a dit n'avoir constaté "aucun problème de procédure" dans son communiqué de conclusion. Son collègue Kimmo Kiljunen, vice-président de la même assemblée a fourni une analyse plus nunancée. "A chaque fois que j'entends [des chiffres comme] 99 % de participation, cela me pose un important problème car je sais que dans une situation normale il est impossible que tout le monde vote", a-t-il indiqué au quotidien Le Monde.
Plus récemment, alors que la gauche française s'est vue offrir un boulevard pour dénoncer les atermoiements sarkozyens sur les droits de l'homme et le terrorisme dans le cadre de la (même pas) lucrative visite du président libyen Mouammar Khadafi, le sixième sens pragmatique de la bouillante sénatrice-bourgmestre de Huy l'a poussée à se rendre illico presto dans la ville lumière se prosterner sous la tente du dictateur.
On connaît le credo des réalos: mieux vaut se montrer flexible avec ceux qu'on a et négocier ce qui est possible plutôt qu'aller à l'affrontement et se voir fermer toutes les portes au risque même de voir émerger des despotes pire encore que leurs prédécesseurs.
Mme Lizin avait déjà donné un aperçu de ses talents en la matière en prônant la fermeture de Guantanamo, non pas pour des motifs humanitaires (elle jugeait même Guantanamo plus respectueuse des droits de l'homme qu'une prison belge) mais parce qu'elle jugeait les Américains incapables d'y recueillir des éléments suffisamment probants dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
La flexibilité quand elle se pratique aux dépens de la dignité humaine ne fait qu'accroître le déni de démocratie. Il ne manque plus à la reine du Condroz qu'à se trouver un Carla Bruni (la Boulette propose un shooting à Plopsaland avec Mika, Ndlr) pour faire diversion. Mais la diversion, mémé Lizin, cela ne lui ressemble pas.

vendredi 14 décembre 2007

Le gouvernement ne sait pas si des mandataires éludent l'impôt au travers de sociétés-écrans

Le gouvernement fédéral se trouve dans l'incapacité de dire si des mandataires politiques utilisent des sociétés-écrans pour éluder l'impôt à percevoir sur leurs rémunérations qu'ils touchent en contrepartie de leur représentation dans des entreprises publiques. L'information peut paraître étonnante. C'est pourtant la réponse à sa question que le sénateur Georges Dallemagne (cdH) a reçue du ministre des Entreprises publiques Bruno Tuybens jeudi 13 décembre en Commission.
Le ministre wallon des Affaires intérieures Philippe Courard avait été interrogé, lui aussi par un élu cdH, sur de telles pratiques en cours dans des intercommunales au sud du pays. Plusieurs mandataires socialistes et au moins un élu MR y ont recours. Le principe est simple: faire exercer ses mandats par une SPRL créée à cette fin. Le mandataire troque un mandat exercé en personne physique contre une représentation de sa société au conseil d'administration de l'intercommunale. Ladite société y est représentée par un gérant qui n'est autre... que lui-même. Apparemment rien d'illégal mais la chose est moralement hautement répréhensible dans le chef d'élus d'un parlement qui détermine la politique fiscale d'un pays ou d'une région. On attend des citoyens et a fortiori des élus qu'ils payent l'impôt dû. Toute tentative d'ingénierie fiscale est à cet égard condamnable.
Jeudi au Sénat, Bruno Tuybens a indiqué qu'il n'avait pas eu le temps de collecter l'ensemble des éléments permettant de fournir une réponse satisfaisante au sénateur qui l'interrogeait. Le ministre l'a renvoyé aux différentes entreprises publiques pour de plus amples informations. Nul ne sait si cette réponse est liée à la difficulté de trouver des cabinettards encore actifs dans cette période d'affaires qui ne cessent de courir ou si elle témoigne plutôt un certain embarras. Il se dit que le Bureau de la Haute assemblée qui a à connaître préalablement des questions qui seront posées en séance plénière a dû subir le courroux des élus socialistes y représentés. Qui a parlé de cartel PS-cdH?

mercredi 12 décembre 2007

La politique étrangère de Sarkozy: le grand écart

En nommant les socialistes Bernard Kouchner et Jean-Pierre Jouyet dans son gouvernement, Nicolas Sarkozy semblait à la fois affaiblir le PS et donner une bonne conscience à sa politique étrangère. Après quelques mois, le résultat est plutôt mitigé.
La visite de Kadhafi à Paris a laissé éclater au grand jour toute l'étendue des contradictions du gouvernement, et les justifications pathétiques de M. Kouchner n'y ont rien changé. En signant, d'une main, des contrats faramineux avec la Libye - justifiés par un "pari" sur l'évolution sur régime - et en pointant le doigt de l'autre main sur les dérives de Kadhafi, le gouvernement français fait le grand écart... Il s'agit sans doute de la stratégie de Nicolas Sarkozy, hyper-président, qui voudrait ne pas choisir entre l'éthique et le fric.
Des tiraillements similaires apparaissent dans le dossier de l'adhésion de la Turquie à l'UE. Plus discrètement, car il n'est pas question d'abandonner l'idéologie officielle et la grande promesse de campagne. En réalité, la politique de Sarkozy n'est pas tellement différente de celle de son prédécesseur. Le président continue de marteler son opposition à la Turquie, mais il n'obtient à Bruxelles que des aménagements cosmétiques, tandis que le processus de négociation avec Ankara suit son cours. Et quand Kouchner parle avec ses homologues européens, il défend des positions nettement plus souples que celle de son maître, rapportent des dipomates...
Il faut dire que l'ancien Médecin Sans Frontière avait écrit un jour, dans un livre cosigné avec Daniel Cohn-Bendit, qu'"il faudrait être fou pour éconduire le seul grand pays musulman qui a séparé la religion de l'Etat". Mais en Sarkozie, on n'en es pas à une contradiction près.

Flamands et francophones pas d'accord sur le Kosovo

A la Chambre ce matin, les élus flamands et francophones ont montré toute l'étendue de leurs divergences sur la question du séparatisme. Dans la salle européenne – celle-là même qui, pleine à craquer, avait accueilli le vote unilatéral des Flamands pour la scission de BHV – une poignée d'élus ont évoqué le dossier du Kosovo. La province serbe se déclarera unilatéralement indépendante au début de l'année prochaine, et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on n'a pas le même avis sur le sujet des deux côtés de la frontière linguistique (belge).
Côté francophone, on craint le pire. "Effet de domino", "démembrement des Etats", "prolifération d'Etats artificiels", "boîte de Pandore"... les élus n'ont pas manqué de formules pour montrer leur inquiétude, même si aucun n'a mentionné explicitement la crise nationale.
Côté flamand, pas un mot. Ah, si, quand même: le sénateur CD&V Luc Van den Brande prend la parole et demande... que la déclaration d'indépendance puisse être examinée par les régions.
A l'issue du débat, Patrick Moriau (PS) fulmine: "Tout devient communautaire dans ce pays!" Et de rappeler le plus ardent défenseur de l'indépendance kosovare, en Belgique, c'est le Vlaams Belang...
Pendant ce temps, le gouvernement belge - toujours officiellement en affaires courantes - se prépare à reconnaître de facto l'indépendance du Kosovo en soutenant la mission civile européenne qui va y être déployée. Pour Verhofstadt comme pour la majorité des dirigeants européens, le véto russe à l'ONU importe peu. Comprendre: il importe peu que l'action européenne sorte du cadre de l'ONU. Ce qui importe vraiment, c'est de montrer que l'Europe est bien celle qui prend les choses en main dans les Balkans. Un sacré coup de poker, qui n'est pas exempt de risques...

samedi 8 décembre 2007

Leterme l’Africain

Pendant que Guy Verhofstadt causait Darfour et enfants-soldats au sommet Europe-Afrique à Lisbonne, son rival Yves Leterme a lui aussi démontré sa bonne connaissance du continent noir. Dans une interview avec le Gazet Van Antwerpen et le Belang Van Limburg, l’ex-formateur n’a pas hésité à comparer la RTBF à Radio Mille Collines, cette radio qui diffusait des appels au massacre pendant le génocide rwandais. Tout en finesse…

Karel De Gucht la préfère asymétrique

Dans une conversation informelle avec quelques journalistes, Karel De Gucht ne s’est pas montré très enthousiaste à l’idée d’une coalition tripartite, envisagée par le dépanneur royal, son camarade de parti et grand rival Guy Verhofstadt. Une majorité asymétrique semble avoir ses faveurs. Elle serait composée de l’Open VLD et du CD&V côté flamand et du MR et du PS côté francophone, histoire de bouter Madame Non hors de la formation.
Et pendant que, dans le Standaard, Yves Leterme se vantait d’avoir réussi à convaincre les francophones de la nécessité d’une réforme de l’Etat (« Tout le monde, tout-le-monde, réalise maintenant qu’une réforme de l’Etat doit avoir lieu. Nous avons réussi à transformer le non absolu du côté francophone en la conscience que sans réforme de l’Etat il ne peut pas y avoir de bonne gouvernance »), M. De Gucht a par ailleurs tenu des propos plutôt surprenants : il n’y a, a-t-il doctement expliqué, aucun fondement économique à une réforme institutionnelle. Celle-ci ne répond qu’à une logique politique. Il semble quYves Leterme ait encore un peu de travail de persuasion à accomplir…

mercredi 5 décembre 2007

Naissance d'un nouveau parti populiste de droite nationale

Un Front National (FN) "rénové" et réorganisé vient d'être porté sur les fonts baptismaux à la faveur de l'éviction par les siens du président à vie Daniel Féret, empêtré dans ses problèmes juridico-financiers. La Justice vient notamment d'autoriser la nouvelle équipe dirigeante à pouvoir disposer des droits sur le site internet du FN, complètement remis à neuf depuis. Le FN nouveau entend devenir "le" grand parti francophone "populiste" de "droite nationale". D'ici quelques jours, un manifeste traduira l'idéologie du parti. Le programme, annoncé comme détaillé, sera connu pour le mois de février.
Derrière ce nouveau FN se cache un casting aux profils multiples qui pourrait, à l'instar du Belang en Flandre, laisser penser que le FN cherche à devenir ce grand parti de la droite extrême dont la Francophonie est aujourd'hui épargnée.
Le nouveau président Michel Delacroix en est le représentant de la tendance la plus radicale. Vouant un intérêt particulier pour la nazisme et le révisionnisme , il a rencontré Léon Degrelle à plusieurs reprises. Lors d'une perquisition chez lui en 1993, la Justice a trouvé une quantité impressionnante de propagande nazie et un arsenal d'armes de guerre. Michel Delacroix a été condamné en 1999.
Le secrétaire général du FN nouveau, Patrick Sessler est passé par de nombreuses organisations d'extrême droite dont le Parti des Forces Nouvelles (PFN), néo-nazi. Il s'est laissé photographier en compagnie de Léon Degrelle. Sessler a transité par le Vlaams Blok (il y a lancé Johan Demol). Fédéraliste, le FN nouveau n'en dispose pas moins de contacts avec le Vlaams Belang avec lequel il s'accorde sur le volet de l'immigration notamment. A Bruxelles, le FN et le VB collaborent à travers l'organisation de conférences mais également quant à la confection des listes, cela de manière à ne pas se présenter en ordre dispersé face à l'électorat. C'est ainsi que le FN laisse les communes du nord-ouest de la capitale au VB.
Au Front National "rénové" s'affiche également la tendance populiste incarnée par le député wallon de Charleroi Charles Petitjean, ancien bourgmestre PRL.
Pour sa part, la branche catholique conservatrice est emmenée par le parlementaire liégeois Charles Pire, ancien PSC et désormais secrétaire politique du FN. Il est admirateur du père Samuel et de Jean-Paul II. On sait aussi le FN proche de Belgique et Chrétienté dont la hiérarchie a valorisé au travers d'écrits le révisionnisme et le fascisme, ce qui a été attesté récemment par la Justice.
Enfin, le nouveau FN bénéficie du soutien de Jean-Marie Le Pen. Ce soutien ne signifie cependant plus grand chose à un moment où le FN français est en très nette perte de vitesse depuis la victoire outre-Quiévrain de la droite décomplexée.
Il n'en reste pas moins que si le Front National s'est réorganisé sous la houlette de Michel Delacroix et dispose désormais de cadres répartis géographiquement sur l'ensemble de la Wallonie et de Bruxelles, il ne bénéficie pas encore, fort heureusement, du terreau qui pourrait le faire s'envoler vers des scores "vlaamsbelangiens". Il reste aussi que le FN a toujours connu des luttes intestines en son sein qui l'ont miné au plus haut point.
Ce nouveau parti populiste de droite nationale réussira-t-il à convertir les déçus des affaires du PS et faire de Charleroi son Anvers wallon comme il en a l'ambition? Les personnalités grisonnantes du FN ne donnent pas le sentiment de pouvoir mieux réussir là où Daniel Féret a échoué. Si elles devaient cependant démentir l'auteur de ces lignes, les conséquences pourraient être désastreuses tant le profil des nouveaux dirigeants a de quoi faire frémir.

mardi 4 décembre 2007

L'axe du ma(e)l(strom): Belgique-Liban-Kosovo

On a déjà évoqué dans ce blog les similitudes de la crise belge avec celle du Kosovo. Il est un autre pays avec lequel le maelstrom belge a souvent été comparé: le Liban. Multiconfessionnel, exemple de compromis subtil entre les communautés, le pays du Cèdre est, comme la Belgique, plongé dans une crise institutionnelle depuis de longs mois.
Au cours d'une mission sur place, la parlementaire européenne Véronique De Keyser (PS) a pu constater que les tracas belges ne laissaient pas les Libanais indifférents. Ces derniers "m'ont accueilli avec beaucoup de compassion, l'air de dire 'votre crise dépasse la nôtre'", a-t-elle dit à son retour à Bruxelles. "C'était à qui va gagner le premier".
Alors, Belgique, Liban ou Kosovo ? On prend les paris ?
Du côté serbe, en tout cas, on n'est pas pressé. En visite à Bruxelles, le vice Premier ministre Bozidar Delic, a plaidé pour une prolongation des pourparlers sur le Kosovo, histoire d'éviter la sécession. "Si aujourd'hui il faut six mois à la Belgique pour former un gouvernement, s'il a fallu 36 ans pour l'Irlande du Nord, des décennies pour le Moyen Orient, pourquoi ne pas prolonger un peu les négociations sur le Kosovo", a-t-il argumenté.

samedi 1 décembre 2007

Les nationalistes corrigent la copie du formateur

Rétroactes d'une semaine cruciale dans la crise institutionnelle que traverse la pays. Lundi soir, le 26 novembre, la N-VA réunit un Bureau de parti qui focalise l'attention de tous les médias après les convergences dimanche sur la note du formateur censée préparer une réforme de l'Etat. La réunion de dimanche soir se termine autour d'un cadre équilibré que les différents partis de l'orange bleue s'engagent à défendre le lendemain devant leurs bureaux de partis. Lundi, cdH, MR et Open Vld valident l'accord. Paralysé, par la N-VA, le CD&V ne s'exprime pas clairement. On sait aujourd'hui que la N-VA n'a jamais eu l'intention de donner son aval à la note du formateur. Le Bureau est l'occasion d'un moment de franche rigolade. On y boit du champagne. Les gros bras nationalistes relisent le programme institutionnel du cartel, soulignent tous les points qui ne figurent pas dans la note du formateur et envoient le tout à Yves Leterme. Ils viennent de tuer l'ex-futur premier ministre. Mais le cartel, Leterme l'a créé. C'est sa chose. Sachant que l'orange bleue est morte, il va dès lors passer la semaine à trouver une stratégie qui permet à son cartel de garder la face. Il modifie sa note qui redevient inacceptable pour les francophones. La suite est connue. Selon un scénario moult fois ressassé depuis six mois, les libéraux, flamands et francophones font front, le MR offrant un discours schizophrénique, Didier Reynders et Olivier Maingain se contredisant. Mme Non est isolée. Et rendue responsable du clash.

dimanche 25 novembre 2007

L'orange bleue fermée pour cause d'inventaire institutionnel


Au 169ème jour sans gouvernement, les grilles de l'orange bleue restent invariablement fermées à l'image de cette photo exclusive d'un snack prise à Montpellier par la Boulette. Montpellier, capitale du Languedoc, vit notamment naître un certain Jean-Luc Dehaene, l'homme qui s'essaya à faire pousser des oranges bleues avant de se faire rabrouer par Yves Leterme dont on peut aujourd'hui s'interroger sur les capacités intellectuelles à former un gouvernement.

vendredi 23 novembre 2007

Rififi à la tête du régulateur bruxellois de l'énergie

Ca chauffe dans le secteur bruxellois de l'énergie! Nommée en septembre à la tête de Brugel, le régulateur régional du gaz et de l'électricité, Marie-Pierre Fauconnier ne fait pas l'unanimité. Cette proche de Laurette Onkelinx aurait même quelques ennemis, comme le laisse penser une question posée à son sujet à la Commission européenne fin novembre.
Un journaliste français - vraisemblablement tuyauté par des gens mal intentionnés - lance une question-accusation sur la double casquette de Mme Fauconnier. Car celle-ci ne préside pas seulement le CA de Brugel: elle est aussi à la tête de l'administration fédérale de l'énergie. Et le journaliste de brandir les risques de conflit d'intérêt et d'influence politique. La Commission ne commente pas. Mais elle lâche en passant, à titre général, que “les régulateurs ne doivent pas être soumis à des intérêts à court terme, qu'ils soient industriels, politiques ou électoraux”... Autant pour Mme Fauconnier.
Il risque d'y avoir encore du tirage dans les cénacles énergétiques bruxellois.

lundi 19 novembre 2007

Circonvolution fédérale inique

Au 162ème jour sans gouvernement, Didier se prend pour Jean-Claude Dusse. "Cette fois, j'crois que j'ai une ouverture". Effarouchée, Mme Non pousse des cris d'orfraies: pas de sauterie cunnilinguistique avant le mariage gouvernemental. Les Nordistes applaudissent le roi des beauformateurs: "Splendid!". Ils rabrouent Joëlle Balasko décidément hostile à ce mariage de raison.
Pendant ce temps, impérial, un olivier escompte maints gains. Mais d'élargi, il n'a jusqu'ici que le cou. En face, cela collabore ferme en mer agitée, by the way vers la droite. On revisionne ce mauvais soap.
Entre-temps, le Palais arrête la liste des nouveaux fournisseurs de la Cour, la maison Peignoirs Libertins, le Sirage de pompes Blague&Decker, les "parfums de crisette" de Grasse, l'organe de barbarie Helmut Frottis Marginal. Les Funérailles Hazewee à Laeken font offre de service pour la mise en bière. Spécial.
En attendant, les prix augmentent. Et le peuple, lui, n'a plus de quoi s'offrir un dîner, fut-il de con... fédéralisme.
Morale de l'Histoire, dus(se): quand tu as fait le tour du néant, l'heure est venue de conclure.

Belgique-Kosovo, même combat ?

Il n'y a pas si longtemps, les comparaisons entre la Belgique et le Kosovo auraient fait rire n'importe quel belge, des deux côtés de la frontière linguistique.
Mais au fil des semaines la Belgique ressemble de plus en plus à ces conflits gelés dont son ministre des Affaires étrangères se plaisait encore, il y a peu, à démêler les fils aux quatres coins de l'Europe, du Haut-Karabach à l'Ossetie du Sud, en passant, bien sûr par le Kosovo.
Les deux dossiers se ressemblent donc de plus en plus, et - surprise - ils pourraient être mêlés!
Le Kosovo devrait en effet proclamer son indépendance unilatérale très bientôt, dans les jours qui suivront le 10 décembre (date de l'échec certain des négociations avec les Serbes).
Une fois l'indépendance déclarée, tous les pays du monde devront se prononcer. Les Etats-Unis ont déjà annoncé qu'ils soutiendraient les Kosovars. La Belgique, à moins d'une décrispation subite, n'aura pas encore de gouvernement. Et comme l'a déjà admis M. De Gucht, la question ne relève pas des affaires courantes.
Se pourrait-il que le dossier se retrouve sur la table du parlement ? Et que les fancophones, qui ont tant dénoncé l'attitude unilatérale des flamands dans le dossier BHV, ne soient pas très chauds à soutenir la déclaration unilatérale du Kosovo ? Ou même, pourquoi pas, que la déclaration kosovare donne des idées aux flamands ?
Il y a quelques mois, ceux-ci ont rejeté au parlement régional une motion d'indépendance promue par le Vlaams Belang. Après un long blocage communautaire, qui dit qu'ils n'auront pas changé d'avis ?

vendredi 16 novembre 2007

L'ambassadeur d'Israël se lâche contre Le Soir, Le Vif et le PS

Jehudi Kinar, ambassadeur d'Israël en Belgique depuis 2003 ne porte pas vraiment dans son coeur le Parti socialiste. Ni d'ailleurs Le Soir et Le Vif. Vu qu'il prendra sa pension prochainement, il ne se prive plus de le faire savoir.
Dans une interview (en néerlandais) au magazine Joods Actueel, il dénonce les “contre-vérités” du PS, les positions “anti-Israël” du Soir et l'”arrogance sans précédent” du Vif.
“La Flandre a des accords économiques et culturels bilatéraux avec Israël, alors que le PS refuse de ratifier de tels accords à Bruxelles et en Wallonie”, déplore-t-il. “Quand j'en ai parlé à Elio Di Rupo, je me suis vu répondre qu'il y avait des élections et qu'il ne pouvait rien entreprendre”.
Jehudi Kinar est plus virulent avec la presse. Il juge “tout bonnement scandaleux” la manière dont le quotidien de la rue royale aurait décidé de ne pas publier une interview de l'écrivain Dror Ben Yemini.
Quant au correspondant du Soir en Israël, “Maurice Sarfaty, mieux connu ici sous le nom de Serge Dumont”, “son premier article positif sur Israël doit encore être publié”, se lâche l'ambassadeur.
Il n'est pas plus tendre avec le Vif. “Quand j'ai réagi à un article trompeur du rédacteur en chef, l'hebdomadaire n'a publié qu'une petite partie de ma réponse, accompagnée d'un long commentaire du rédacteur en chef, cela ne se fait pas”.
Bref, du côté francophone du pays, on ne serait pas assez tendre avec Israël, selon M. Kinar, dont l'avis semble tout à fait partagé par Joods Actueel.
Un article surprenant publié dans le même numéro du mensuel passe à la loupe le traitement de l'actualité du Proche Orient par la RTBF. Il détaille très précisément – en allant jusqu'à compter le nombre de mots – comment la chaîne publique aurait escamoté une dépêche AFP pour lui donner un ton pro-palestinien...
Alors que la dépêche AFP consacrait 63% des ses mots à un attaque palestinienne à la roquette et 9% aux possibles représailles israéliennes, le traitement du même sujet par la RTBF inverse les proportions à 28% et 72%. Choquant pour l'auteur de l'article...
En pleine crise communautaire belge, on s'abstiendra d'ironiser sur sa paranoïa... Le jour où les activistes du TAK enverront des roquettes sur Bruxelles enclavée, on rigolera moins.

jeudi 15 novembre 2007

Frattini à la rencontre des tziganes

Le commissaire européen Franco Frattini veut rencontrer des représentants de la communauté rom. Il l'a annoncé après s'être fait pointer du doigt par le Parlement européen – chose rare – pour ses propos pour le moins sévères contre les tziganes.
"J'espère rencontrer la semaine prochaine des représentants de la communauté rom afin de leur exprimer mon soutien et de leur communiquer l'intention de la Commission de s'attaquer aux discriminations qu'ils rencontrent à travers l'Europe", dixit Frattini, qui espère s'amender de la sorte.
Pas certain que la rencontre, si elle a lieu, se déroule dans un climat cordial. Rappelons les propos du commissaire dans la presse italienne, il y a quelques jours:
“Il faut aller dans les camps de nomades près de Rome et demander aux gens: 'toi, de quoi vis-tu ?'. Ceux qui répondent 'je ne sais pas', on les prend et on les renvoie en Roumanie. Il faut ensuite passer à la destruction immédiate du camp. Parce que si j'expulse 10 personnes et que je ne détruis pas le camp horrible où elles sont installées, je laisse le refuge prêt pour des nouveaux clandestins”.
Maître de la duplicité, M. Frattini devrait éviter soigneusement ce genre de propos la semaine prochaine. Parions qu'il donnera dans la déclaration convenue, le sourire pepsodent et peut-être même dans la poigné de main devant les photographes de presse...

mercredi 7 novembre 2007

La Belgique va à vau-l'eau

Scène de négociation orange bleue mardi sur le dossier BHV. Yves Leterme reçoit les négociateurs francophones pour leur présenter un cadre permettant de lancer la discussion. Le climat est orageux. Herman Van Rompuy est présent. Didier Reynders reproche à son frère, Eric Van Rompuy, une série de déclarations incendiaires à l'endroit des Francophones. Herman Van Rompuy quitte la réunion. Et c'est le déluge. A l'image du fédéralisme d'union qui s'effrite, l'autorité voit ses bâtiments publics prendre l'eau. Des flots s'écoulent de la tuyauterie d'aération dans la plafonnerie. Chacun des négociateurs s'affère à pousser les meubles et nettoyer la pièce. L'exercice n'aura pas suffi à souder l'équipe orange bleue. Vingt-quatre heures plus tard, elle s'embourbait dans BHV dont la scission était amorcée.

mardi 6 novembre 2007

Kérosène pour un traité: la polémique enfle!

Le 'double sommet européen', qui se tiendra le même jour à Lisbonne et à Bruxelles n'a pas fini de faire parler de lui!
Difficile de comprendre en effet que les dirigeants se retrouvent le même jour à Lisbonne – pour signer le traité réformateur – puis à Bruxelles – pour leur sommet de décembre. Cette solution alambiquée, qui vise à satisfaire à la fois l'égo du Portugal et le porte-monnaie de la Belgique, n'est pas du goût de tout le monde.
Après le Times de Londres, le quotidien danois Politiken s'en prend à cette idée saugrenue. Selon les calculs savants du journaliste, les déplacements aériens additionnels se solderont par l'émission de 250 tonnes de C02.
Interrogé, le ministre des Affaires étrangères, Per Stig Moller, annonce qu'il soulèvera la question à la première occasion avec ses pairs. La discussion qui risque d'être embarrassante pour Karel De Gucht...
Il pourra toujours reprendre à son compte l'idée de Brigitte Grouwels, secrétaire d'Etat bruxelloise. Sur son blog, elle propose de signer le traité... “à la délégation permanente du Portugal auprès de l'Union européenne qui est basée à Bruxelles”.
“La visibilité portugaise serait ainsi assurée, et on éviterait par la même occasion de devoir replanter 200 arbres pour neutraliser l'effet de serre provoqué par ces 'déplacements d'air'”, avance Mme Grouwels.
L'orange bleue peine peut-être à conclure, mais le compromis à la Belge a encore de beaux jours devant lui!

lundi 5 novembre 2007

Milquet-Di Rupo: le reflux

Les (interminables) négociations en vue de la constitution d'une coalition orange bleue de centre droit commencent à porter atteinte aux relations qu'entretiennent PS et cdH, partenaires aux échelons régional et communautaire mais adversaires au fédéral. Il semble notamment que le discours socialiste d'opposition fustigeant la politique fédérale anti-sociale que s'apprêterait à mettre en place l'orange bleue indispose le camp démocrate humaniste en plus haut lieu. Le 9 octobre chez Jean-Pierre Jacqmin, sur La Première, Laurette Onkelinx descendait en flèche l'accord orange bleu sur l'immigration économique, laissant entendre que le petit cdH s'était laissé rouler dans la farine par une coalition largement dominée par les vents dominants de droite venus du nord. Dans les minutes qui suivirent, Joëlle Milquet envoyait à Elio Di Rupo un texto au contenu réprobateur. Depuis, les relations entre les deux présidents de parti se sont quelque peu distendues. Joëlle Milquet entretenait le contact quasi-quotidiennement avec le président du PS. Aujourd'hui, elle ne l'appelle plus que très rarement.

dimanche 4 novembre 2007

Frattini prêt à agir pour expulser les Roumains d'Italie

Le commissaire européen Franco Frattini, ancien ministre de Silvio Berlusconi, est prêt à agir pour défendre son Italie natale contre les hordes de Roumains qui la menacent! C'est en substance ce qu'il a fait savoir à ses compatriotes dans une interview publiée vendredi par le Messaggero.
Il faut dire que le mandat de la Commission européenne approche doucement de son terme et que l'instabilité politique chronique en Italie le fait peut-être rêver d'élections anticipées et de nouvelles fonctions ministérielles... Après trois années à Bruxelles passées à polir méticuleusement son discours, Franco Frattini a visiblement décidé de revenir à des déclarations plus dures.
Le crime crapuleux commis près de Rome par un tsigane d'origine roumaine lui a donné l'occasion idéale pour flatter l'électorat de droite.
“La solution est simple: il faut aller dans les camps de nomades près de Rome et demander aux gens: 'toi, de quoi vis-tu ?'. Ceux qui répondent 'je ne sais pas', on les prend et on les renvoie en Roumanie”.
Franco Frattini ne s'arrête pas en si bon chemin. “Il faut ensuite passer à la destruction immédiate du camp. Parce que si j'expulse 10 personnes et que je ne détruis pas le camp horrible où elles sont installées, je laisse le refuge prêt pour des nouveaux clandestins”.
Quand le journaliste du Messaggero lui demande “mais comment peut-il y avoir tant de Roumains en Italie ? Où est la faille ?”, le commissaire incrimine le gouvernement de Romano Prodi. La gauche aurait dû restreindre la liberté de circulation des Roumains, comme elle en avait la possibilité, au lieu d'ouvrir ses portes aux nouveaux Européens, avance-t-il. Le commissaire a-t-il la mémoire courte ? C'est la Commission elle-même qui a demandé, en 2006, aux gouvernements de lever les restrictions à la libre circulation des travailleurs...

samedi 3 novembre 2007

Un bon coup de kérozène pour le traité européen (suite)

Le Times a eu vent du paquet de kérozène que la signature du traité européen devrait déverser dans l'atmosphère (que nous relations ici). Le très euroscptique quotidien de Londres s'empare à sa manière de l'information et dénonce la “vanité pathétique” de la Belgique et du Portugal. Il évalue même à 77.000 le nombre minimal de kilomètres additionnels que les dirigeants européens parcourront en avion pour leur petit manège du 13 décembre – soit se rendre à Lisbonne pour signer le traité, remonter dans l'avion et se retrouver à Bruxelles pour le sommet européen.
Certains ont suggéré au Premier ministre portugais José Socrates d'organiser la signature quelques jours plus tôt, pendant le sommet UE-Afrique qui se tiendra aussi à Lisbonne, mais il y a un couac: puisque le dictateur zimbabwéen Robert Mugabe sera invité, il est fort peu probable que le Premier ministre britannique Gordon Brown fasse le déplacement...
Du coup, les Portugais espèrent que les Belges leur feront une fleur et les laisseront organiser le sommet du 13 décembre à Bruxelles... C'est peu probable. Guy Verhofstadt, qui a négocié fermement à Nice en 2000 pour garantir la tenue des sommets à Bruxelles, n'entend pas créer un précédent en laissant une présidence “ramener” la réunion à domicile. Entre la Belgique et le Portugal, ce sera donc match nul. Vraiment nul.

mardi 30 octobre 2007

La Boulette de Giscard

Un ego surdimensionné peut servir en certaines occasions. Par exemple quand on doit rédiger une Constitution pour le continent européen. Valéry Giscard d’Estaing, qui n’a pas hésité à se comparer à Benjamin Franklin pendant les travaux de sa Convention sur l’avenir de l’Europe, en est la preuve vivante.
Mais un ego trop gros peut aussi s’avérer problématique. Par exemple quand le même Giscard se fend d’une tribune, publiée simultanément par The Independent, Le Monde et le Frankfurter Rundschau, dans laquelle il affirme sans ciller que le traité réformateur européen est à peu de choses près la même chose que la Constitution.
"Les propositions originelles du traité constitutionnel sont pratiquement inchangées. Elles ont simplement été dispersées dans les anciens traités sous forme d’amendements. Pourquoi ce changement subtil? Avant tout pour éloigner toute menace de référendums en évitant de recourir à une quelconque forme de vocabulaire constitutionnel".
Entendons-nous bien : VGE a raison. Le traité, s’il est ratifié un jour, sera bel et bien une copie de "sa" Constitution. Mais si l’on veut que ce traité soit ratifié, il faut éviter de donner aux conservateurs britanniques des arguments pour réclamer un référendum. Référendum réputé impossible à remporter au Royaume-Uni. Est-ce à dire que les citoyens de sa gracieuse majesté n’ont rien à dire sur l’Europe? Non, mais vu leur état de désinformation chronique sur le sujet, la question "pour ou contre le traité" équivaudra, pour beaucoup d’entre eux, à "pour ou contre ces sales eurocrates qui essaient de nous imposer des normes stupides". Dans ce contexte, peut-être serait-il plus sain pour la démocratie de poser la question au parlement.

vendredi 26 octobre 2007

La Belgique ne soutient plus l’Autriche contre les OGM

La Belgique ne soutiendra plus l’Autriche dans sa lutte contre les OGM. Vienne ferraille depuis des années pour préserver le droit d’interdire les OGM sur son territoire, mais la Commission européenne ne l’entend pas de cette oreille, liberté de circulation oblige. Mardi prochain, à Luxembourg, les 27 devront trancher. Et la Belgique, qui a toujours soutenu l’Autriche jusqu’à présent, s’abstiendra. En cause : l’impossibilité de se mettre d’accord au sein du P11, l’organe qui réunit le gouvernement fédéral et ceux des régions et communautés. Pour une fois, la mésentente n’est pas communautaire : ce sont les libéraux qui ont durci leur position. Pas sûr que l’abstention belge pèse très lourd dans la balance, mais elle ne passera pas inaperçue auprès des collègues européens. La Belgique n’avait-elle pas adopté une position en pointe cet été quand il s’agissait d’interdire la présence accidentelle d’OGM dans les aliments bio ?
Le gouvernement belge n’est pas le seul à avoir des états d’âme sur la question. Au sein même de la Commission, le Grec Stavros Dimas, en charge de l’environnement, a fait savoir cette semaine qu’après mûre réflexion, il était partisan du principe de précaution. Peut-être pense-t-il déjà à sa reconduction ? Il lui aura en tout cas fallu trois ans à Bruxelles pour faire son coming out anti-OGM. La Commission défend traditionnellement une approche « basée sur la science », c’est à dire sur les avis de l’agence pour la sécurité des aliments (EFSA), avant d’autoriser un nouvel OGM. Or, ces avis sont remis en cause par les environnementalistes parce qu’ils ne prendraient pas en compte tous les aspects de la question, notamment l’impact sur la biodiversité…
Ces tergiversations n’empêchent pas la Commission de rester très assertive sur le sujet. Interrogée sur les velléités françaises de restaurer un moratoire sur les OGM, elle a fait savoir sans hésiter que ce moratoire serait illégal.
Bref, les OGM en Europe, c’est toujours la grande confusion.

lundi 22 octobre 2007

Vive le président! Vive la Biélorussie!

Le 30 mai dernier, le parlement wallon recevait avec les honneurs l'ambassadeur de Biélorussie. L'homme était venu inaugurer une exposition de peinture "Les humeurs du Bélarus", reflet, paraît-il, de l'art pictural contemporain dans cette ancienne république soviétique. Autant ne pas tourner autour du pot: des croûtes! L'intérêt de la visite n'avait pourtant rien d'esthétique, bien au contraire.
La Biélorussie est la dernière dictature d'Europe, les contacts avec elle sont réduits à peu de choses, 31 de ses dirigeants sont mêmes interdits de séjour dans l'Union européenne et leurs avoirs gelés. Mais José Happart n'en a cure: un ami, c'est un ami, et le monde entier peut penser ce qu'il veut, surtout si cet ami organise de belles chasses auxquelles il invite le hérisson. Le président du parlement wallon a donc décidé de lui rendre la pareille. Ce ne fut pas chose aisée: une mission parlementaire biélorusse devait se rendre en Wallonie en mars 2006 mais le bureau du parlement wallon l'a annulée. Un terrain d'entente fut finalement trouvé, en l'occurrence l'exposition de peinture.
Fallait-il pour autant accueillir l'ambassadeur en grandes pompes, le faire applaudir par l'assemblée réunie en séance plénière, le laisser prononcer un discours, disposer pendant plusieurs semaines sur un présentoir des revues vantant la Biélorussie,...? Ces question ont mis du temps à émerger. Il a fallu attendre l'intervention d'un député cdH le 4 octobre, ... alors que les tableaux étaient partis depuis longtemps.
Cette énième bourde du président du parlement wallon n'a guère ému son propre parti, le PS. Elle laisse pourtant songeur: au début de la législature, José Happart a emmené une série de parlementaires et des écoliers visiter le camp de Ravensbrück. Plus récemment, il a présenté aux mêmes les institutions européennes, soucieux d'éveiller les jeunes aux valeurs démocratiques... Personne ne l'avait sans doute averti qu'en 2006, le parlement européen avait remis le prix Sakharov au principal opposant biélorusse, Alexandre Milinkevich.

vendredi 19 octobre 2007

Un bon coup de kérozène pour le traité européen

Les symboles, c'est important. Les Portugais le savent. C'est pourquoi ils insistent pour que le nouveau traité réformateur de l'UE, approuvé hier à Lisbonne, soit aussi signé dans leur capitale, le 13 décembre prochain. Ils avaient déjà la stratégie de Lisbonne, ils auront maintenant le traité de Lisbonne.
Le hic, c'est que le 13 décembre, c'est aussi le jour où les dirigeants européens doivent se retrouver pour un sommet à Bruxelles. Pas moyen d'y échapper: légalement, tous les sommets doivent être organisés dans la capitale belge.
Du coup, nos élites européennes ont convenu de se rendre à Lisbonne à midi pour une petite signature et une petite photo officielle, avant de remonter dans l'avion pour regagner Bruxelles en fin d'après-midi. Ca fait un paquet de CO2 envoyé inutilement dans l'atmosphère. Mais en matière d'écologie, les leaders européens sont plus enclins aux grandes déclarations qu'à l'action concrète...
D'ailleurs, le traité de Lisbonne lui-même ne fait-il pas de l'environnement, "et particulièrement la lutte contre le changement climatique", l'une des priorités de l'UE ?

jeudi 18 octobre 2007

Laurette Onkelinx prend le pouvoir au PS

Ministre sortante bombardée chef de file PS de l'opposition fédérale, Laurette Onkelinx apparaît de plus en plus comme l'incarnation du parti, reléguant dans l'ombre le président Di Rupo. Le lendemain de la défaite électorale du parti, le 10 juin, Laurette Onkelinx a été la première à prôner l'opposition. Depuis, son discours n'a cessé de se durcir, la faisant apparaître dans les médias comme la passionaria d'un PS au ton radical, pourfendant parfois sans nuance la droite anti-sociale. Dans le même temps, elle tisse sa toile, installant un bureau au Boulevard de l'Empereur, faisant de son chef de cabinet Olivier Vanderijst le secrétaire politique du groupe à la Chambre et plaçant des collaborateurs directs dans les groupes PS de la Chambre et du Sénat. Le 14 octobre, le ton de son discours s'est voulu plus incisif encore, Laurette Onkelinx évoquant la méchanceté élevée au rang de valeur dans le chef du MR, le Tom Pouce cdH obligé de s'écraser devant le Goliath anti-social et la mérule (flamande) qui menace l'Etat fédéral. Ledit discours n'a jamais été soumis pour relecture au président du PS, Elio Di Rupo, qui, l'herbe coupée sous le pied, s'est vu contraint de conclure ce congrès par un propos fade et creux. C'est ce qui s'appelle se faire voler la vedette... et l'emprise sur le parti. Onkelinx devient l'incarnation du PS. Petit à petit.

mercredi 17 octobre 2007

Turquie : La Belgique aussi change de cap

La Belgique d’Yves Leterme suivra-t-elle la France de Nicolas Sarkozy dans son refus de voir la Turquie adhérer à l’Union européenne ? C’est en tout cas ce que laisse penser l’accord orange-bleu sur la politique étrangère, conclu dans le plus grand consensus (mou) la semaine dernière :
"Sachant que ni le résultat final ni le calendrier ne sont fixés, les négociations avec la Turquie peuvent être poursuivies. Si la Turquie n’est pas à même, compte tenu de tous les critères, d’assumer pleinement toutes les obligations découlant de son accession, ou que l’Union se révèle incapable d’absorber la Turquie, il y a lieu de garantir l’ancrage de la Turquie au sein de l’Europe par le lien le plus étroit possible".
Bref, il s’agit de prendre tout ce qu’a à offrir la Turquie - tête de pont de l’OTAN au Moyen Orient - mais sans vraiment en payer le prix. C’est le fameux "partenariat privilégié", prôné par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Un partenariat dont la Turquie ne veut absolument pas. Mais qui devient une option de plus en plus en vogue dans une Europe plutôt à droite. La Belgique chrétienne-libérale est en passe de rejoindre le cercle de ses partisans.

Un nouveau Parlement européen à Schaerbeek-formation ?

Sacré François-Xavier de Donnea ! Il s’y entend pour gâcher les effets d’annonce de son successeur à la tête de la région bruxelloise, Charles Picqué. Le jour même où ce dernier a dévoilé son plan d’infrastructures pour assurer la pérennité internationale de Bruxelles, l’ancien ministre président a avancé une petite spéculation qui ne manquera pas de faire jaser : l’hémicycle du Parlement européen à Bruxelles ne sera pas assez grand, dit-il, pour contenir tous les eurodéputés dans une UE de plus de 30 membres, avec la Croatie, la Macédoine, la Serbie, le Monténégro, l’Albanie, l’Ukraine ("il n’y a pas de raison que l’Ukraine n’adhère pas un jour") et la Turquie ("même si son adhésion devient de moins en moins probable").
Pour M. De Donnea, une seule solution : bâtir un nouvel hémicycle sur le site de Schaerbeek-formation. « Accessible en 6 ou 7 minutes » depuis la gare du Luxembourg, à Ixelles, où les eurodéputés continueraient d’avoir leurs bureaux et leurs commissions.
Schaerbeek-formation ? Ce serait pas juste là où Charles Picqué voudrait construire un nouveau stade de foot, par hasard ? Ben si, justement. Sacré François-Xavier ! Il s’y entend vraiment pour gâcher les effets d’annonce de son successeur. Peut-être pense-t-il déjà à le reléguer au rang de prédécesseur en 2009 ?

mardi 16 octobre 2007

L'ancien ministre-président wallon Robert Collignon appelle au séparatisme

Plusieurs personnalités du PS dont l'ancien ministre-président wallon Robert Collignon et l'ancien ministre fédéral et de la Communauté française Yvan Ylieff ont lancé un "Appel aux Wallons" qui se veut clairement séparatiste.
Ils invitent les Wallons à négocier "avec sérénité mais fermeté les conditions et modalités de la fin inéluctable de la Belgique". Selon eux, les Flamands aspirent à une Flandre autonome et indépendante. L'affirmation de plus en plus forte de leur identité linguistique et culturelle s'accompagne d'une dénonciation de plus en plus systématique des mécanismes de solidarité avec les Wallons, soutiennent les pétitionnaires. "Ce serait dès lors une erreur grave préjudiciable aux intérêts des Wallons et des Francophones de céder une nouvelle fois, dans le cadre des négociations actuelles pour la formation du gouvernement, aux revendications flamandes", affirment-ils.
Les convictions régionalistes de Robert Collignon, qui a aussi été rattachiste, et d'Yvan Ylieff, aujourd'hui tous deux retirés de la vie parlementaire, ne datent pas d'hier. On verra si leurs velléités séparatistes conduiront à faire des émules. Les Happart et autre Van Cau suivront-ils le pas? Et la nouvelle génération dont les Van Cau et Collignon fils?

Les états d'âme de Jean-Claude Marcourt sur les quotas de C02

Sur son blog, en août 2006, Jean-Claude Marcourt lançait un appel à la “cohérence” en matière de politique environnementale. Le ministre wallon de l'économie plaidait pour le développement des énergies renouvelables, “comme un fer de lance d’une Europe à venir: une Europe qui rejettera moins de CO2 dans l’atmosphère”.
A l'heure de réduire les émissions, l'économie wallonne n'est pas vraiment au rendez-vous. Hier, à la Commission européenne, M. Marcourt a même demandé un rab de quelques millions de tonnes de CO2. Objectif ? Permettre à Arcelor Mittal de lancer un haut-fourneau à Seraing. Argumentation ? “Refuser de la production en Europe occidentale la fera partir vers des pays non-signataires du protocole de Kyoto et moins respectueux de l'environnement, ce qui aurait en fait un effet global négatif”.
Entre l'emploi et la planète, le socialiste liégeois a choisi, ce sera l'emploi. Surtout l'emploi de son électorat direct. Mais la Commission européenne, qui gère le système d'échange des droits de polluer, ne l'entend pas de cette oreille. Et pour cause: tous les pays de l'UE, ou presque, mendient des tonnes de CO2 pour leurs entreprises. Impossible de donner à l'un sans accéder aux demandes de l'autre, sans risque de perdre de vue tous les objectifs environnementaux.
Les politiques sont toujours bien meilleurs pour proclamer des grandes ambitions pour la planète que quand il s'agit de les mettre en oeuvre. Et dire que les Européens ont promis en mars dernier de réduire unilatéralement leurs émissions de 20% d'ici 2020. Comprendre: sans attendre les pays non-signataires des futurs accords et moins respectueux de l'environnement. Entre l'emploi et la planète, ils n'ont pas fini d'avoir des état d'âme.

dimanche 14 octobre 2007

Elio Di Rupo titille les bourrelets de Nicolas Sarkozy

Les bourrelets du président français Nicolas Sarkozy se sont invités au congrès du parti socialiste francophone belge dimanche 14 octobre lors d’un congrès à Liège.
Le président du PS, Elio Di Rupo, a égratigné le chef de l'Etat français dont les poignées d'amour avaient été retouchées sur une photo de presse de manière à rendre l'hyper-président encore plus fringant.
Dans son discours, Elio Di Rupo a vilipendé les projets d’augmentation de la TVA imaginés par l'ami de Didier Reynders, ses cadeaux fiscaux pour les riches, ainsi que la franchise pour les soins de santé. Encore heureux pour la Sécu française que le président se soit fait effacer les bourrelets grâce à la technologie de l’image plutôt que par l'entremise d'une opération de chirurgie esthétique, a conclu le président du PS.

jeudi 11 octobre 2007

Les correspondants étrangers n’apprécient pas les méthodes de De Gucht

Les correspondants de la presse étrangère à Bruxelles n’ont pas apprécié la lettre envoyée par le ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht, à ses ambassades pour leur expliquer comment dédramatiser la crise politique.
Sur son site internet, l’Association de la Presse Internationale (API) est montée au créneau. « Je m’étonne vivement que l’on puisse s’imaginer pouvoir corriger cette image par des notes adressées aux missions diplomatiques de Belgique et destinées à la presse des pays où celles-ci sont établies », a dénoncé son président, le journaliste italien Lorenzo Consoli.Il n’a pas manqué de rappeler « que le gouvernement de la région flamande a cru bon dans les circonstances difficiles que traverse le pays supprimer simplement au mois de juillet l’outil d’information extrêmenent utile Focus on Flanders ». Ce magazine offrait aux correspondants une traduction en français, en anglais et en allemand des principaux titres de la presse flamande. Il est passé à la trappe pour des raisons budgétaires. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que la presse étrangère répercute surtout les vues de francophones…