mercredi 5 décembre 2007

Naissance d'un nouveau parti populiste de droite nationale

Un Front National (FN) "rénové" et réorganisé vient d'être porté sur les fonts baptismaux à la faveur de l'éviction par les siens du président à vie Daniel Féret, empêtré dans ses problèmes juridico-financiers. La Justice vient notamment d'autoriser la nouvelle équipe dirigeante à pouvoir disposer des droits sur le site internet du FN, complètement remis à neuf depuis. Le FN nouveau entend devenir "le" grand parti francophone "populiste" de "droite nationale". D'ici quelques jours, un manifeste traduira l'idéologie du parti. Le programme, annoncé comme détaillé, sera connu pour le mois de février.
Derrière ce nouveau FN se cache un casting aux profils multiples qui pourrait, à l'instar du Belang en Flandre, laisser penser que le FN cherche à devenir ce grand parti de la droite extrême dont la Francophonie est aujourd'hui épargnée.
Le nouveau président Michel Delacroix en est le représentant de la tendance la plus radicale. Vouant un intérêt particulier pour la nazisme et le révisionnisme , il a rencontré Léon Degrelle à plusieurs reprises. Lors d'une perquisition chez lui en 1993, la Justice a trouvé une quantité impressionnante de propagande nazie et un arsenal d'armes de guerre. Michel Delacroix a été condamné en 1999.
Le secrétaire général du FN nouveau, Patrick Sessler est passé par de nombreuses organisations d'extrême droite dont le Parti des Forces Nouvelles (PFN), néo-nazi. Il s'est laissé photographier en compagnie de Léon Degrelle. Sessler a transité par le Vlaams Blok (il y a lancé Johan Demol). Fédéraliste, le FN nouveau n'en dispose pas moins de contacts avec le Vlaams Belang avec lequel il s'accorde sur le volet de l'immigration notamment. A Bruxelles, le FN et le VB collaborent à travers l'organisation de conférences mais également quant à la confection des listes, cela de manière à ne pas se présenter en ordre dispersé face à l'électorat. C'est ainsi que le FN laisse les communes du nord-ouest de la capitale au VB.
Au Front National "rénové" s'affiche également la tendance populiste incarnée par le député wallon de Charleroi Charles Petitjean, ancien bourgmestre PRL.
Pour sa part, la branche catholique conservatrice est emmenée par le parlementaire liégeois Charles Pire, ancien PSC et désormais secrétaire politique du FN. Il est admirateur du père Samuel et de Jean-Paul II. On sait aussi le FN proche de Belgique et Chrétienté dont la hiérarchie a valorisé au travers d'écrits le révisionnisme et le fascisme, ce qui a été attesté récemment par la Justice.
Enfin, le nouveau FN bénéficie du soutien de Jean-Marie Le Pen. Ce soutien ne signifie cependant plus grand chose à un moment où le FN français est en très nette perte de vitesse depuis la victoire outre-Quiévrain de la droite décomplexée.
Il n'en reste pas moins que si le Front National s'est réorganisé sous la houlette de Michel Delacroix et dispose désormais de cadres répartis géographiquement sur l'ensemble de la Wallonie et de Bruxelles, il ne bénéficie pas encore, fort heureusement, du terreau qui pourrait le faire s'envoler vers des scores "vlaamsbelangiens". Il reste aussi que le FN a toujours connu des luttes intestines en son sein qui l'ont miné au plus haut point.
Ce nouveau parti populiste de droite nationale réussira-t-il à convertir les déçus des affaires du PS et faire de Charleroi son Anvers wallon comme il en a l'ambition? Les personnalités grisonnantes du FN ne donnent pas le sentiment de pouvoir mieux réussir là où Daniel Féret a échoué. Si elles devaient cependant démentir l'auteur de ces lignes, les conséquences pourraient être désastreuses tant le profil des nouveaux dirigeants a de quoi faire frémir.

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