Un ego surdimensionné peut servir en certaines occasions. Par exemple quand on doit rédiger une Constitution pour le continent européen. Valéry Giscard d’Estaing, qui n’a pas hésité à se comparer à Benjamin Franklin pendant les travaux de sa Convention sur l’avenir de l’Europe, en est la preuve vivante.
Mais un ego trop gros peut aussi s’avérer problématique. Par exemple quand le même Giscard se fend d’une tribune, publiée simultanément par The Independent, Le Monde et le Frankfurter Rundschau, dans laquelle il affirme sans ciller que le traité réformateur européen est à peu de choses près la même chose que la Constitution.
"Les propositions originelles du traité constitutionnel sont pratiquement inchangées. Elles ont simplement été dispersées dans les anciens traités sous forme d’amendements. Pourquoi ce changement subtil? Avant tout pour éloigner toute menace de référendums en évitant de recourir à une quelconque forme de vocabulaire constitutionnel".
Entendons-nous bien : VGE a raison. Le traité, s’il est ratifié un jour, sera bel et bien une copie de "sa" Constitution. Mais si l’on veut que ce traité soit ratifié, il faut éviter de donner aux conservateurs britanniques des arguments pour réclamer un référendum. Référendum réputé impossible à remporter au Royaume-Uni. Est-ce à dire que les citoyens de sa gracieuse majesté n’ont rien à dire sur l’Europe? Non, mais vu leur état de désinformation chronique sur le sujet, la question "pour ou contre le traité" équivaudra, pour beaucoup d’entre eux, à "pour ou contre ces sales eurocrates qui essaient de nous imposer des normes stupides". Dans ce contexte, peut-être serait-il plus sain pour la démocratie de poser la question au parlement.
mardi 30 octobre 2007
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