vendredi 25 avril 2008

Affaire dEUS: Les journaux se tirent dans les pattes

Un micro-scandale agite depuis peu le (tout) petit monde de la critique musicale belge: la semaine dernière, Le Soir a publié en avant-première une interview du groupe de rock dEUS. Le quotidien de la rue Royale a délibérément violé l'embargo que voulait imposer la firme de disque Universal sous peine d'une amende de milliers d'euros. Le Soir en a même fait ses choux gras en publiant plusieurs pages sur le présumé chantage de la major.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les confrères n'apprécient pas. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter la rediffusion, sur le site interMédias, d'une émission où Hugues Dayez et Sylvestre Defontaine (RTBF) tirent à boulets rouges sur Thierry Coljon (Le Soir). Ou encore de prendre connaissance d'une lettre adressée par La Libre Belgique et La Dernière Heure aux firmes de disque pour se plaindre du comportement du Soir. Car plutôt que de jouer la carte de la solidarité entre médias, les deux journaux du groupe IPM préfèrent se poser en concurrents vachards. Dans cette lettre, qui circule pour l'instant sous le manteau, ils demandent en gros que Le Soir soit puni pour sa pratique, récurrente selon eux, de violer les embargos.
On pensera ce qu'on veut de l'attitude des uns et des autres. Ce que cette triste affaire révèle en tout cas, c'est que l'industrie du disque, comme celle de presse, sont aux abois.
Universal et consorts vendent de moins en moins de CD et licencient du personnel. Comme dit Mano Solo, dans une interview récente à ... La Libre Belgique: “quand vous téléchargez, vous mettez des prolos sur le trottoir”. Cela explique, davantage que le souci d'une concurrence équitable entre les médias, que les majors se soucient des embargos: si tous les journaux publient l'interview le même jour, cela crée un buzz médiatique propice aux ventes.
Quant aux journaux, eux aussi, ils doivent vendre du papier. Ils ont besoin de dEUS et des autres people, au moins autant que dEUS a besoin d'eux.
Nous sommes tous interdépendants, des rouages de la société de consommation culturelle, c'est ce que semble nous dire cette affaire, finalement. Et, finalement, le coup de gueule du Soir contre cette grande machine commerciale, aussi vain soit-il, est plutôt sympathique. Il est juste un peu surprenant de retrouver Thierry Coljon, dont on a épinglé ici la complaisance, se retrouve dans le rôle du Don Quichotte de la critique musicale...

Colonel Moutarde

4 commentaires:

Ø a dit…

Entre nous, ça intéresse qui ?

-"Le téléchargement (Intenet) a mis des prolos sur le trottoir"
-La roue a mis des prolos sur le trottoir.
-Le métier Jacquard a mis des prolos sur le trottoir.
-La pelle mécanique a mis des prolos sur le trottoir.

Anonyme a dit…

Le jour où le dernier disquaire de Bruxelles aura mis le clé sous le paillasson et que la Fnac et Mediamarkt seront les seuls endroits où acheter un disque, la ville sera un peu moins humaine, à mon avis. Cela dit, ça n'a rien avoir avec le sujet de mon post qui, il est vrai, porte sur un sujet très anecdotique.

Anonyme a dit…

En revanche, le jour où Florent Pagny ou Amel Bent (entre beaucoup d'autres) auront mis la clé sous le paillasson parce qu'ils ne vendent plus rien, la musique sera beaucoup plus humaine, à mon avis.

Anonyme a dit…

Absolument. Le fisc français a fait une belle tentative pour mettre Florent Pagny en banqueroute, mais malheureusement, cela l'a incité à sortir de nouvelles chansons pour se renflouer.