Les caprices de l'opinion publique sont parfois déroutants. Nicolas Sarkozy, élu royalement avec plus de 53% des voix, souffre désormais d'une popularité durablement faible. Sur internet, il est la cible d'une litanie interminable de moqueries, de rancoeurs et de méchancetés. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que les grands espoirs alimentés par le candidat seraient déçus par le président. Il ne faut pas non plus s'appeler Madame Irma pour deviner que Barack Obama, élu sur un résultat presque identique, subira à peu de choses près le même sort. Attaqué avec un certain succès par l'opposition républicaine, l'homme a d'ailleurs déjà réactivé ses réseaux de campagne pour convaincre l'opinion du bien fondé de sa politique budgétaire expansionniste, avec un oeil – déjà ! - sur l'élection de 2012.
Au delà de l'opinion qu'on peut avoir de messieurs Sarkozy et Obama, on peut s'interroger sur les dents de scie que forment les courbes des popularités présidentielles. Comme l'a souligné mon collègue Durum dans son dernier article sur le narcissisme des élites, l'exacerbation des sentiments et des ressentiments tient à une pipolisation de la vie politique de plus en plus accentuée, qui remplace la débat d'idées par les bons coups médiatiques et par une nouvelle forme du culte de la personnalité.
Cette évolution ne s'explique qu'en partie par les stratégies de com' des politiciens. Elle nait aussi d'une certaine médiocrité généralisée, qui est le fait aussi bien des médias que de leurs lecteurs. Pour des raisons économiques, par facilité, les premiers jouent la carte du people, s'intéressent davantage aux robes des First Lady qu'aux détails - pourtant capitaux - des plans économiques de leurs époux.
Internet, où l'information se décline en flux RSS, accentue le phénomène en réduisant l'actualité à une succession de titres, de news peu souvent remises en contexte. Paradoxe d'une information de plus en plus abondante, mais qui ne nous éclaire pas plus! De même, si le web 2.0 a permis de libérer, grâce aux commentaires, l'intelligence dispersée des lecteurs éparpillés, il a aussi anobli les conversations de comptoir, les rumeurs, l'insulte, la vindicte. Que ceux qui en doutent fasse un détour par le site du Soir...
Du coup, les dirigeants sont un temps portés aux nues, avant d'être cloués au pilori, sans la moindre nuance, à coups de slogans et d'arguments faiblards. Nicolas Sarkozy mérite-t-il le déversement de haine dont il est l'objet ? Est-il bien raisonnable d'idolâtrer Barack Obama ? Plutôt que de se passionner pour les hommes, les médias et leurs lecteurs/commentateurs gagneraient à s'intéresser à leurs réformes, au-delà des gros titres. Les courbes de popularités ressembleraient sans doutes moins à des falaises escarpées. Mais le débat de société en sortirait gagnant.
Colonel Moutarde
PS: ce texte n'est pas une approbation des politiques de M. Sarkozy ni un rejet de celles de M. Obama. Juste une réflexion sur la pipolisation.
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