samedi 4 avril 2009

La démocratie du narcissisme, adoptée par Elio, Didier et les autres

Dans son ouvrage "Après la Démocratie", le sociologue et historien français Emmanuel Todd se réfère notamment aux travaux de l'intellectuel marxiste américain Christopher Lasch qui, dans "La Culture du narcissisme" oppose le narcisse postmoderne, supérieurement éduqué, à l'individu raisonnable, qui sous forme de résidu, serait encore le modèle de référence du peuple.
Emmanuel Todd revient sur l'effondrement des idéologies et la montée en puissance de l'individualisme pour expliquer la confiscation par l'élite, de la démocratie.
A mon humble avis, la confection des listes pour les élections régionales et européennes qui auront lieu en Belgique le 7 juin confirme ce constat.
La Belgique connaît ses spécificités. La particratie et la dimension communautaire sont autant d'éléments qui participent depuis des décennies au débat démocratique belge. L'existence de deux grandes communautés culturelles et linguistiques et d'un clivage philosophique et confessionnel ont façonné l'organisation sociétale et politique belge.
En dépit du déclin des idéologies, cette organisation a subsisté mais se trouve être en panne depuis quelques années.
L'évanescence des repères a conduit les formations politiques à recentrer leurs discours. Le système de représentation proportionnelle obligeant à composer des majorités de coalition, on se garde bien dans chaque parti d'attaquer ouvertement l'adversaire et d'annoncer des exclusives (sauf à l'égard de l'extrême droite). On se contente, en visant rarement ad hominem, de lancer des anathèmes contre les nostalgiques du soviétisme, les tenants du (néo-)libéralisme, etc, autant de formules creuses.
Le danger existe de conquérir le pouvoir pour le pouvoir dans le chef d'une élite coupée du peuple.
Comme l'écrit Emmanuel Todd, l'importance qu'ont pris les médias dans le débat politique participe de l'éclosion du narcissisme des élites. On pourrait ajouter que le phénomène a été en s'accroissant avec l'apparition des réseaux dits sociaux. C'est ce que je qualifierais de "démocratie des bons coups": l'ivresse des grands accords youtubisés, le démarchage de speakerines, la facile mise à mal des relations diplomatiques avec le Vatican l'emportent sur la qualité du travail parlementaire à l'heure de tirer les bilans et de confectionner les listes.
Il suffit de voir l'engagement des têtes de listes européennes pour se convaincre de la suffisance affichée à l'égard du débat démocratique. La reine verte de l'entorse aux principes éthiques, Isabelle Durant vient, pour la énième fois de réussir à réorienter sa carrière; Louis Michel ne rêve que de politique belge; Jean-Claude Marcourt se voit, le 8 juin, plutôt ministre qu'exilé à Strasbourg; Anne-Delvaux-celle-qui-crache-dans-la-soupe-plus-vite-que-son-ombre (mais dans les cénacles on ne connaît que son ombre) vient nous vendre pour la deuxième fois en 2 ans son statut de speakerine.
Comme il y a deux ans, et malgré la crise globale, le seul intérêt retenu par les états-majors, à l'aube des scrutins, est de savoir qui d'Elio ou de DJé sera à la manoeuvre. Les plus petits partis traditionnels se positionnent dans ce canevas.
La fin des idéologies ne met-elle pas en exergue l'effet collatéral le plus pernicieux de la particratie, à savoir la confiscation du suffrage universel? Cette crise n'appelle-t-elle pas la nécessité d'avoir des élus de la nation plus "indépendants"? Il est temps d'y réfléchir si on ne veut pas voir, comme en Flandre, apparaître des partis populistes voire liberticides.

Durum

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