C'est l'histoire d'un militant des droits de l'Homme africain venu se réfugier en Belgique, fuyant l'oppression dans son pays. Familiarisé aux subtilités de notre plat pays qu'il a eu l'occasion de connaître au travers de nombreuses missions qui l'ont conduit dans les arcanes du pouvoir, belge et européen, notre hôte y est installé depuis récemment.
Le traitement administratif de sa procédure d'asile l'a conduit au fin fond de la Flandre, dans une sympathique bourgade rurale. Un Noir au pays des Ardennes flamandes, de ses kermesses cyclistes, ses trapistes, son Wooncode, sa zorgverzekering, son inburgeringsdecreet.
Inburgeringswade? La Flandre dispose parmi ses outils oeuvrant à l'organisation d'une société harmonieuse, d'un décret qui vise à intégrer les nouveaux arrivants sur son territoire dans des parcours d'insertion à l'objectif louable. Quoi de plus naturel que d'offrir la possibilité à ces citoyens du monde de se familiariser avec la langue d'Hugo Claus et d'apprendre les subtilités du fonctionnement institutionnel local afin de s'intégrer au mieux dans la communauté accueillante.
On peut toutefois regretter le caractère coercitif de telles démarches qui faute d'être suivies entraînent de sérieuses amendes infligées à des personnes souvent déboussolées et certainement fragilisées. Le non suivi d'autres démarches visant à activer ces citoyens en devenir peut par ailleurs entraîner la suspension d'allocations sociales avec toutes les conséquences qu'on imagine. Notre hôte en a fait l'expérience avant de comprendre ce qu'on lui voulait au pays de Tijl Uylenspiegel. Depuis quelques mois, il commande sa Westvleteren en néerlandais matiné d'accent lingala, dispense les rudiments d'apprentissage aux institutions européennes qu'il pratique de longue date, à la place du titulaire ès insertion et donne des "keukenlessen" à son aréopage intégrateur, rompant le secret de préparation du poulet à la moambe. Tout cela avec le sourire.
L'histoire est belle. Pourtant, au final, on ne manquera pas d'éprouver plus qu'un sentiment de gêne à l'égard de pratiques qui en rappellent d'autres. Cette boulette d'avril n'est pas un poisson d'avril. S'il est de la responsabilité d'autorités publiques d'organiser la vie en société, la méthode de la carotte et du bâton n'est pas digne d'une communauté qui se veut civilisation.
Notre hôte a eu l'intelligence d'équilibrer le processus et de le ramener à ce qui devrait animer toute société qui se voudrait progressiste. Vivre ensemble, c'est partager des valeurs que l'on veut communément admises. Après une Westvleteren, rien de tel qu'une cuiller d'huile de palme. Pour tapisser.
Durum
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6 commentaires:
D'accord, mais de l'huile de palme gérée de manière durable alors.
L'inburgeringsdecreet n'oblige pas de remplacer l'huile de palme par de la palm ?
je décerne volontiers la palme du meilleur commentaire à anonyme
Lequel ?
je suspecte anonyme de n'être qu'un... et de ne pas être si anonyme que cela;-)
Négatif, il y a plusieurs anonymes...
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