jeudi 17 juillet 2008

Docu-fiction et intox nord-sud pour pallier la slecht bestuur (suite mais pas fin)

Ainsi, depuis lundi soir 14 juillet (allons-zenfants-de-la-patrie), la Belgique est de nouveau en crise (crisette? parfum de crise?). Mis sous pression par la date butoir du 15 juillet qu'il dit n'avoir pas imposée, le premier ministre Yves Leterme a remis sa démission au roi qui la tient en suspens (la démission;-))
La Maison Belgique commence à cet égard à ressembler furieusement au Mythe de la caverne de Platon. On ne sait plus très bien si on vit dans la réalité ou dans un docu-fiction.
Quant aux événements de ces dernières heures, recoupant différentes sources, le sentiment premier qui nous apparaît évoque un scénario de contournement du 15 juillet, permettant à un Yves Leterme provisoirement suspendu de contourner un obstacle temporel et de reprendre langue avec son cartel. Avec ou sans la bénédiction de ses partenaires? S'ils ont co-écrit ce scénario, ils sont alors meilleurs comédiens que leur metteur en scène. Mais on connaît suffisamment leur propension à la fourberie.
Pendant ce temps, au sud du pays, on continue à agiter la fédération Wallonie-Bruxelles, un symbole dont on ne sait pas très bien ce qu'il signifie concrètement, si ce n'est faire contre-poids à l'appel du nord à un dialogue de communauté à communauté confédéraliste niant la Région bruxelloise. Le Parlement wallon vient lui de souligner l'importance du fait régional en votant une résolution dont on dit qu'elle est la réponse aux résolutions du Parlement flamand appelant à la régionalisation de la justice, des soins de santé, de la fiscalité et tutti quanti. Cependant, la résolution wallonne n'exige rien. Elle prône une Belgique à trois Régions, et une solidarité Wallonie-Bruxelles. Votée à l'unanimité, elle met cependant mal à l'aise les belgicains du cdH qui rappellent que la Maison B. est aussi composée de trois Communautés culturelles. Retour au point de départ.
Bref, au-delà de la symbolique fédération Wallonie-Bruxelles, la résolution sudiste ne fait que rappeler la situation institutionnelle actuelle.
Quant au nord, et singulièrement au cartel CD&V/N-VA, il s'est engagé sur la voie du confédéralisme, une construction dont les juristes répètent qu'elle est inédite et dans le contexte actuel inapplicable à la situation puisqu'elle implique une volonté de plusieurs Etats indépendants de collaborer sur une série de matières. Nonobstant le contexte temporel (il n'y a pas à l'heure H, en Belgique, d'Etats indépendants qui pourraient collaborer entre eux), on pourrait toutefois concrètement aboutir de facto à une situation où Flandre (avec ou sans Bruxelles?) et truc-Wallonie-Bruxelles-ensemble-ou-séparés collaboreraient au sein d'une Belgique-confédérale-évanescente elle-même inscrite dans un cadre-confédéral-européen-actuellement-à-l'arrêt-pour-cause-d'inventaire. Sachant qu'en l'espèce et comme toujours, la solution sera plus politique que juristique.
Le CD&V/N-VA exige pour sa part que les francophones offrent à la Flandre des "garanties" que l'on puisse aller dans la voie du grand dialogue confédéral de Communauté à Communauté, sans expliquer ce qu'il entend par "garanties". Encore des symboles. Car évidemment si ces garanties consistent à écrire noir sur blanc quelle voie (flamande) on s'apprête à suivre, il n'y a plus de place pour une négociation (équilibrée). Qui plus est, en off, côté francophone, on souligne que si l'idée confédérale a fait du chemin, il faudra encore du temps pour la concrétiser.
"Tout est dans tout", disait le philosophe grec Anaxagore. "Et vice-versa", précisait l'écrivain français Sainte-Beuve. On en est là.
"Rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme", disait encore le sudiste Anaxagore (avant de se faire piquer la formule par ce parigo de Lavoisier, on n'a rien inventé).
Il manque au nord comme au sud du pays cette dose de pragmatisme qui pourrait permettre de débloquer la situation. Il faut pouvoir dépasser les symboles nourris par trop de frustrations et une méconnaissance de l'histoire, au nord comme au sud du pays. Il faut aussi pouvoir s'inscrire dans le monde d'aujourd'hui dont les défis à relever sont nombreux. Le monde n'attend pas la Belgique.

Durum

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il manque surtout, au Nord comme au Sud, des hommes politiques digne de ce nom.