Le commissaire européen au marché intérieur, l'Irlandais Charlie McCreevy, n'est pas aussi connu que son prédécesseur, Frits Bolkestein, auteur de la directive du même nom. Peut-être le deviendra-t-il après son mandat à Bruxelles. Après tout, M. Bolkestein lui-même n'a acquis sa notoriété que plusieurs mois après avoir quitté ses fonctions, quand le Parlement européen a commencé à analyser en détail sa proposition, promptement rebaptisée par certains 'directive Frankenstein'.
Charlie McCreevy n'a pas encore eu l'honneur d'un tel sobriquet, et pourtant, son ultra-libéralisme est plus radical encore que celui de Frits Bolkestein, ce qui n'est pas peu dire. Tellement libéral que son bilan législatif est proche du néant. Adepte de la doctine selon laquelle "mieux légiférer" équivaut à ne pas légiférer, l'homme n'a jamais jugé bon de proposer de nouvelles régulations pour les marchés financiers, sur lesquels il a compétence. L'auto-régulation du secteur était selon lui la solution à tous les déséquilibres.
Mais du cas Kerviel aux subprime, la crise financière a montré à la face du monde que le secteur était loin d'être à même de se réguler tout seul. A l'heure où l'ampleur du désastre menace l'économie réelle, M. McCreevy a dû amorcer une volte-face. Il vient d'annoncer qu'il réglementerait les agences de notation, pointées du doigt comme les principales responsables. Têtu, l'Irlandais est encore loin d'admettre les failles globales d'un système où des apprentis-sorciers s'enrichissent sur le dos des contribuables et des petits investisseurs à coups de produits dérivés complexes, mais son virage doit être signalé.
Parce qu'il marque le moment d'agir pour ceux qui, en Europe, croient que le système financier doit être mieux réglementé. En veillant notamment à ce qu'après MM. Bolkestein et McCreevy, le portefeuille du marché intérieur soit confié en 2009 à une personne ne s'illustrant pas par une foi aveugle dans le marché.
D'ici là, il sera aussi utile de trouver de petits surnoms pour Charlie, histoire de bien confirmer la désuétude dans laquelle est en passe de tomber sa conception du système... une idée, quelqu'un ?
Colonel Moutarde
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1 commentaire:
Bonjour Creevie! Bonjour Charlie! J'ai une mission pour vous. Surtout ne changez rien, laissez agir la main invisible. Votre système s'effondrera de lui-même et nous reconstruirons un monde plus équitable.
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