Souvenez-vous, c'était il y a quelques mois. L'armée chinoise réprimait durement la révolte tibétaine. Souvenez-vous, c'était il y a bien longtemps, avant la libération d'Ingrid Bétancourt, avant le non irlandais au traité de Lisbonne, avant la victoire d'Obama aux primaires démocrates. La flamme olympique zigzaguait à Londres, à Paris, pour échapper aux manifestants des droits de l'homme. Sarkozy brandissait la menace de ne pas assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Plus habile, Gordon Brown soulignait qu'il n'avait jamais prévu d'y assister (mais qu'il irait peut-être bien à la fête de clôture - une démarche imitée par notre Yves Leterme national).
Le président français vient de faire savoir que, finalement, il irait bien à Pékin pour la cérémonie d'ouverture. Il a entretemps hérité de la présidence de l'Union européenne - et donc il représentera un peu tous les Européens. Qu'est-ce qui a changé depuis la crise tibétaine ? C'est difficile à dire. Des négociations ont bien été ouvertes entre le gouvernement chinois et les représentants du dalaï-lama, sa "clique", comme on dit à Pékin, mais qui pourrait douter que ces pourparlers sont un leurre destiné à jeter un voile pudique sur le Tibet, jusqu'à la fin des JO ? Les négociateurs tibétains ont d'ailleurs fait savoir que les discussions ne menaient nulle part.
Parmi les élites européennes, une voix dissidente se fait entendre. C'est, curieusement, celle du très sage démocrate-chrétien allemand Hans-Gert Poettering, le président du Parlement européen. Il a annoncé mercredi qu'au vu des circonstances, il ne ferait pas le déplacement. Le geste sera, sans aucun doute, perçu comme un affront à Pékin. De façon plus inattendue, il ne devrait pas non plus être très bien reçu à Paris. L'annonce de Poettering coïncide en effet avec la décision opposée de Nicolas Sakozy. Embarrassant pour un président déjà attaqué sur ses amitiés avec les dictateurs africains, le Libyen Khadafi, le Tunisien Ben Ali ou le Gabonais Omar Bongo.
On serait mal avisé de penser que le timing de Poettering relève d'une maladresse. L'Allemand aura plutôt voulu se venger du dernier coup bas de Sarkozy à son encontre. Au sommet européen de juin dernier, le président de la République avait en effet demandé aux 27 de le faire sortir de la salle, afin de pouvoir mener les discussions en toute intimité...
Ca promet des étincelles lors de la conférence de presse conjointe que les deux doivent donner ce jeudi à Strasbourg - qui sera diffusée en streaming ici.
Colonel Moutarde
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