mercredi 23 septembre 2009

Le MR lève un coin du voile

Le MR a frappé le premier et a ainsi le mérite de lancer le débat sur le voile, ou plus largement sur le port de signes ostentatoires, notamment à l'école, dans l'administration et dans les gouvernements. Les réformateurs proposent l'interdiction, s'agissant à l'école de limiter l'interdit à l'enseignement officiel, pacte scolaire oblige. On pourrait regretter cette limitation. Le moment n'est-il pas venu, en Belgique, de redéfinir un modèle de société, qui passerait par la fusion des réseaux d'enseignement, aux vertus plus égalitaire? Au nom de quoi l'enseignement catholique est-il doublement subventionné tout en pouvant s'affranchir, au nom de l'autonomie, d'un encadrement par trop cadenassant? Mais ne nous perdons pas. Si l'officiel fait un pas, sans doute pressera-t-il le libre de prendre ses responsabilités.
L'argument le plus régulièrement avancé pour contrer l'interdiction du port du voile est celui de la liberté de choix. On ne se départira pas de l'idée que certaines jeunes filles non émancipées portent le voile par conviction mais combien d'autres se voient sacrifiées, contraintes de l'afficher sous la pression sociale de leur communauté et ne pouvant compter sur le soutien des pouvoirs publics.
Qui peut le plus peut le moins. Le voile peut être porté en tout lieu privé, en rue, à domicile, où est le mal de l'ôter à l'école, lieu d'apprentissage de valeurs communes. La liberté de culte ne s'en trouverait pas bafouée.
L'école, espace d'émancipation, ne pourrait plus longtemps admettre que la liberté de jeunes filles soit outragée au nom du soit disant choix qui serait laissé à toutes. La liberté des un(e)s s'arrête là où commence celle d'autrui. L'adage est à double sens et le débat, compliqué, ne peut gommer les nécessaires nuances. Mais à un moment donné, il faut oser trancher, au nom de la cohésion sociale. Le MR prend ses responsabilités. Les béni-oui-oui ou autres champions de l'électoralisme vont devoir sortir du bois.

Durum

12 commentaires:

himself a dit…

"Au nom de quoi l'enseignement catholique est-il doublement subventionné"

?? Est-il possible d'expliquer ce mécanisme ou cette affirmation ?

Anonyme a dit…

Interdire le port du voile ou l'obliger, où est la différence?
Pour tous il s'agit surtout d'aller contre la volonté supossée d'une jeune fille.
Notre société est démocratique, multi culturelle et ouverte.
Si notre but est de permettre aux jeunes filles musulmanes de s'émanciper de leur communauté et bien il faut traiter directement ce problème. Par exemple en mettant en place des structures d'écoute et d'accueil dans les écoles. Ou bien en interdisant la pratique de la religion musulmane en Belgique.
Mais appelons un chat un chat.

Durum a dit…

@himself
l'enseignement libre est subventionné par les pouvoirs publics et soutenu financièrement par l'Eglise. Or, l’article 24 de la Constitution, tel qu’il est aujourd’hui formulé, n’accorde aucun pouvoir contraignant du politique sur l’enseignement libre. entre enseignement privé et enseignement public, il faut choisir.

Durum a dit…

@anonyme
la religion musulmane comme tout autre courant de pensée doit rester dans la sphère privée. vivre dans une société interculturelle demande à chacun de s'abstenir de faire du prosélytisme, certainement à l'école. quoi qu'on en dise, et au-delà de toute référence culturelle et historique, le voile revêt (sans mauvais jeu de mot) aujourd'hui une symbolique éminemment politique derrière laquelle se cache l'infériorité de la femme. en permettant à tout un chacun de s'émanciper dans un modèle de société offrant des valeurs communément admises, on participe à la construction de la société de demain. il faut vivre avec son temps et sans cesse réfléchir à de nouveaux modèles de cohésion. cela n'empêche pas de développer d'autres initiatives comme des structures d'écoutes et d'accueil. pas que pour les musulmans d'ailleurs.

François a dit…

@ Durum

Je pense que vous faites une confusion par rapport au financement: ce n'est pas le culte catholique qui finance un réseau privé, c'est considéré comme l'inverse.

L'on estime que le culte catholique est financé au travers du financement public du réseau d'enseignement libre (traitements des professeurs etc.).

Le culte catholique, pour sa part, en Belgique tout au moins, est relativement dépourvu de moyens propres qui permettraient de grassement arroser le réseau d'enseignement libre. Ses contributions se limitent à la mise à disposition, par exemple, d'un patrimoine immobilier. Il en va de même, que je sache, dans le réseau public (on ne paye pas de loyer pour occuper les bâtiments de l'état).

Pour en venir au fond du débat, j'aimerais que vous m'expliquiez en quoi, selon vous, le port du voile par une personne "limite" la liberté des autres, des enseignants comme de ses condisciples?

himself a dit…

@ Durum

François, si mes souvenirs sont bons, est un spécialiste en la matière et je soutiens complètement son explication qu'il y a "confusion par rapport au financement: ce n'est pas le culte catholique qui finance un réseau privé, c'est considéré comme l'inverse.

L'on estime que le culte catholique est financé au travers du financement public du réseau d'enseignement libre (traitements des professeurs etc.).

Le culte catholique, pour sa part, en Belgique tout au moins, est relativement dépourvu de moyens propres qui permettraient de grassement arroser le réseau d'enseignement libre. Ses contributions se limitent à la mise à disposition, par exemple, d'un patrimoine immobilier. Il en va de même, que je sache, dans le réseau public (on ne paye pas de loyer pour occuper les bâtiments de l'état)."

Durum a dit…

@François
1) c'est bien cela. l'enseignement libre (catholique) est subventionné par l'Etat et perçoit des moyens des paroisses notamment pour ses bâtiments scolaires; il est en moyenne plus à l'aise que l'officiel; et en plus il profite de son autonomie pour échapper à tout cadre trop contraignant, on l'a encore vu dans le débat sur le décret mixité

2) tel n'est pas mon propos, en tout cas pas s'il n'y a pas d'attitude dans le chef de ces jeunes filles porteuses du voile laissant penser qu'elles tentent de convertir leurs consisciples à leur choix. ce que je veux dire est qu'il faut trancher, trouver un équilibre cornélien entre le choix des unes de porter le voile et celui des autres de ne pas le porter. aujourd'hui, on décide de laisser le choix de le porter ou non, sachant que de nombreuses filles le font sous la pression et ne sont donc pas libres. à mon sens, il faut inverser la logique, l'interdire pour toutes.

Durum a dit…

@himself
je vous remercie pour votre intervention qui fait preuve d'à propos.

Anonyme a dit…

L'analyse sur le réseau catholique versus réseau(x) public(s) est un peu rapide. De même dire qu'il profite de son autonomie est également un raccourci. Pour moi le réseau le plus subsidié au monde est celui de la Cocof (ancien réseau francophnoe de l'ex-Province de Brabant)

Mexicano a dit…

Petite précision technique: le réseau libre touche des subventions qui ne représentent que 60 pc des moyens affectés au réseau de la Communauté.

Pitta a dit…

On pourrait arrêter le subventionnement de l'enseignement libre par l'Eglise et les paroisses (ou l'inverse). C'est très simple. Il suffit d'augmenter les subventions publiques de 60% à 100% !

Durum a dit…

la boucle est bouclée, fusionnons les réseaux! cela dit, on s'est écarté du débat lancé sur ce post.