lundi 21 septembre 2009

Lait : le scandale d’une politique européenne qui ne dit pas son nom

La crise du lait, c’est un concours d’hypocrisie. Il y a d’abord ces gouvernements trop peureux pour assumer leurs propres décisions. C’est tellement facile de laisser porter la chapeau à la Commission européenne, en l’occurrence la commissaire Mariann Fischer Boel. Pourtant, l’abandon progressif des quotas laitiers – cible principale des agriculteurs en colère – n’est pas le seul fait de la Commission. Il a été reconfirmé en juin dernier, au sommet, par les chefs d’Etat et de gouvernement. Pas à haute voix, certes. C’eut été risquer une confrontation trop directe avec les fermiers courroucés, qui, déjà, campaient au pied du quartier européen. C’est donc dans un jargon insupportable que les 27 ont répété, en juin, que la libéralisation laitière se poursuivrait. Texto : le sommet a "invité la Commission à présenter une analyse de marché approfondie (...), tout en respectant le résultat du bilan de santé de la PAC". Une formulation moins administrative aurait donné : "Retournez traire vos vaches, y a rien à voir".
Mais la véritable hypocrisie de cette crise, c’est cette stratégie qui ne dit pas son nom. Cette stratégie dont l’objectif même est de pousser les agriculteurs jugés trop petits à abandonner leur ferme, cette stratégie qui veut émuler les grandes exploitations américaines, cette stratégie qui privilégie l’exportation sur la souvenaineté alimentaire, cette stratégie industrielle qui ne laisse aucune place pour l’agriculture familiale. Mme Fischer Boel l’a dit depuis longtemps, elle qui détient une propriété porcine intensive au Danemark : "Si vous avez juste une chèvre dans votre jardin, vous n'êtes pas un vrai fermier". Sa toute dernière mesure, basée sur le "rachat de quotas", est le comble de la lâcheté. Ici aussi, le jargon est censé faire croire à l’opinion publique que l’Europe vient en aide aux agriculteurs en détresse. Alors qu’il ne s’agit de les pousser à abandonner leur activité. L’Europe a non seulement besoin de dirigeants mieux avisés, elle a besoin de dirigeants plus courageux.

Colonel Moutarde

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