samedi 2 mai 2009

Inoculer la grippe mexicaine aux pirates somaliens

Le monde des décideurs économico-politico-médiatico-faiseurs d'opinions serait-il à ce point pernicieux d'avoir été capable de détourner l'attention des foules, contre les agissements de la crise, et de leurs revendications pour une autre planète. Pour ce faire, l'idée lui serait-il venu de filer au bon peuple une bonne virée virale anxiogène, laisser planer une nouvelle menace, après le communisme, l'islamisme et ou le terrorisme. La grippe porcine voire mexicaine (car porcine c'est discriminatoire) ou encore, pour faire simple, la grippe nouvelle, comme l'appelle la Commission européenne, est arrivée.
Ce préambule pourrait servir de trame à un scénario de politique fiction ranimant le spectre de la théorie du grand complot.
Et pourtant, il est vrai que l'emballement suscité par l'annonce de cette grippe mexicaine dont on ne sait presque rien, a quelque chose qui tient de l'irrationnel. Alors qu'on compterait une dizaine de victimes avérées, les colporteurs d'angoisse n'ont plus que la grippe mexicaine à la bouche (même pas masquée). On n'évoque jamais les milliers de victimes mexicaines de la violence et de la précarité. Or, aujourd'hui, dix morts de la grippe suffisent à agiter les sombres héros de l'info, les pisse-Corona du JT, ces bouffeurs de guacamole globalisée.
Qu'est-ce à dire? L'économie sera-t-elle relancée par l'industrie pharmaceutique? La mondialisation imposera-t-elle le Tamiflu à l'apéro, condamnant les nachos et autres tortillas. Alors que des indices (mais une des leçons du moment n'invite-t-elle pas à se méfier des indices?) annoncent la fin prochaine de la crise (financière, pas mexicaine), et par là, l'envolée des belles promesses de corseter le système capitaliste qui a fait éclater au grand jour sa véritable capacité de nuisance, l'occasion est belle pour les dirigeants de masquer leur incapacité ou leur manque de volonté d'agir en faveur du changement. Les sous-commandants-Marcos-en-goguette du monde entier peuvent s'en retourner, masqués, s'enivrer dans la pampa.
En Belgique, même laïus. Suivant d'heure en heure la grippe nouvelle (est arrivée), le gouvernement, immobile depuis deux ans, continue d'avancer masqué pour cacher son inaction. En guise d'énième supercherie, il vient de prendre une grande décision attendue par tous ses électeurs: sécuriser militairement nos navires contre les méchants pirates somaliens, ces gredins qui, en trios, accroupis sur leurs hors-bord, arraisonnent des bâtiments dans l'Océan indien, narguant l'occident, et ses anciennes puissances colonisatrices qui ont laissé tomber l'Afrique dans ses guerres ethniques. Et pourtant, en Somalie, on aurait pu envoyer une délégation parlementaire wallonne. Revenue de Californie, elle aurait pu mettre en pagaille ces bandits-en-pagaie, leur filant la grippe en chantant. "Enlevez-les-sombreros-les-ptits-belges-les-ptits-belges-sont-à-mogadiscio-olé-olé-olé-olé-olé!!!"

Durum

2 commentaires:

Sybarite a dit…

En tout cas Durum tient la toute grande forme. Par les temps qui courent, ça mérite d'être souligné.

Durum a dit…

Je remercie le président d'honneur de notre comité de lecteurs pour ces encouragements.