Les lignes bougent sur le plan institutionnel. En quelques mois, le discours politique relatif à l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde, dossier qui menace de mener la Belgique au chaos, a sensiblement évolué. Etat de la situation.
Grand vainqueur des élections législatives en 2007 le CD&V d'Yves Leterme n'a pas réussi à transformer l'essai après une campagne aux accents très communautaires. Après une série d'échecs dans la négociation de formation gouvernementale, la nouvelle génération chrétienne démocrate commence à entendre le discours des anciens CVP qui lui assurent qu'elle fonce droit dans le mur.
Yves Leterme commence sa métamorphose. Il largue la N-VA qui l'a aidé à gagner les élections de 2007 mais qui constitue un poids pour assurer la gestion de l'Etat.
Aux élections de 2009, le CD&V change de tactique. Il ne tentera plus de passer en force sur le plan institutionnel, adoptant la fameuse tactique Maddens (du nom d'un économiste de la KUL): la Flandre agira au maximum de son autonomie, laissant mourir à petit feu les francophones jusqu'à ce qu'ils viennent à leur tour pleurer une réforme institutionnelle.
Entre-temps surtout, le contexte économique a complètement changé la donne. La Flandre du quasi-plein emploi paie le prix fort d'une crise qui pèse sur ses anciennes structures économiques.
Dans sa réplique au débat relatif à sa mini-déclaration à la Chambre, Yves Leterme, redevenu premier ministre, souligne que le socio-économique sera 'la' priorité du gouvernement. Il ne pipe mot de l'institutionnel et de BHV que doit tenter de résoudre un poids lourd de l'ancien CVP, Jean-Luc Dehaene.
Au nom du CD&V, le député Hendrik Bogaert, jeune loup communautariste obtu, fait son mea culpa dans une interview au Soir. Il lance un appel au dialogue. Il en va notamment de la réputation de la Belgique à l'étranger, assure-t-il, évoquant la présidence belge de l'Union européenne au second semestre 2010 et la présidence permanente du Conseil européen assumée par Herman Van Rompuy.
Du côté francophone aussi, des lignes bougent. Depuis 2007, certains partis francophones affirment régulièrement qu'une réforme de l'Etat sera nécessaire et que le NON du cdH ou le OUI (mais en fait NON du FDF-MR) ne sera pas tenable à long terme. PS et Ecolo ont aussi indiqué que OUI BHV sera inéluctablement scindée à condition que les francophones de la périphérie y voient leurs droits confortés. A cet égard, le FDF a également subtilement corrigé son discours. A la tête du mouvement revendiquant l'élargissement de Bruxelles en contrepartie de la scission de la BHV, le FDF ne fait plus qu'évoquer le soit disant presqu'accord de 2005 qui prévoyait lui un élargissement... des droits des francophones en jouant sur les compétences en périphérie de la Communauté française.
Que conclure de toute cela? Que manifestement l'axe PS-CVP qui a géré la Belgique pendant longtemps jusqu'en 1999 semble reprendre forme, ce que semble avoir compris Ecolo. Que comme d'habitude le cdH est chèvre-choutiste, d'autant plus que contrairement au PS et à Ecolo, il conserve un petit électorat en périphérie.
Si le dialogue semble s'amorcer, les écueils restent importants. Que fera le MR-FDF, parti francophone le plus puissant en périphérie, qui risque de basculer dans l'opposition fédérale en 2011. Entendra-t-on l'Open Vld qui tente de se reconstruire, lui qui n'a plus voix au chapitre au nord du pays. Que fera Kris Peeters de la N-VA en cas d'accord (même sur un retour temporaire aux anciennes circonscriptions électorales, une solution qui si elle ne résoudra pas le problème politique BHV mettra un terme à son problème juridique en ce qu'elle permettra l'organisation sans souci des élections en 2011).
Bref, si on semble progresser, on pourrait s'apercevoir au printemps prochain que cette avancée n'aura permis qu'à tourner en rond et revenir au point de départ.
/Joost van den Vondel/Seul ne fait pas le printemps/Mais Pschitting Nu/ risque d'être le haïku.
Durum
dimanche 29 novembre 2009
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2 commentaires:
Je crois me souvenir que le non du CDH venait du fait qu'il n'y avait aucune majorité qualifiée pour modifier la constitution lors des négociations plus que laborieuses de l'Orange Bleue; il n'y avait ni majorité des 2/3 ni majorité dans le groupe linguistique flamand.
Milquet disait donc, à juste titre pour moi, qu'il ne servait à rein de discuter modification de la constitution tant que Leterme n'aurait pas amené les majorités nécessaires, ce qu'il n'a jamais réussi à faire (on se demande bien pourquoi)
Certes. Et il n'y a toujours pas de majorité des 2/3 et toujours pas de majorité côté flamand (sans compter que certains articles utiles à une négociation incluant BHV et un début de réforme de l'Etat ne sont pas ouverts à révision). Je constate cependant que le cdH s'émeut des prises de position du PS et d'Ecolo qui jugent inéluctable une scission de BHV avec des droits pour les francophones. On verra s'il y a des évolutions.
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