vendredi 20 novembre 2009

Avec Van Rompuy et Barroso, l'Europe solidement ancrée au centre-droit

Etant donné que ce blog a spéculé sur les nominations à la tête de l'Union européenne et que le sujet est à la première page de tous les journaux ce matin - avec d'ailleurs une très bonne Une du Soir - , je me sens un peu obligé de livrer quelques commentaires additionnels.
D'abord, il faut insister qu'avec Herman Van Rompuy au Conseil, flanqué de José Barroso à la Commission et Jerzy Buzek au Parlement, la direction de l'Europe est désormais bien ancrée au centre-droit. Les trois hommes sont issus du Parti populaire européen (PPE), qui a certes remporté les dernières élections européennes, sans pour autant obtenir une victoire écrasante. Alors pourquoi cette domination politique ? Sans doute parce que le Parti socialiste européen (PSE) n'a eu, depuis les élections, aucune ligne claire. Ecartelée entre des partis membres très différents, incapable de désigner un concurrent à José Barroso, la direction socialiste n'a pas non plus pesé sur le choix du président du Conseil. En panne dans de nombreux pays, le socialisme semble l'être aussi au niveau européen.
Au-delà des orientations politique, HRV a sans doute les qualités nécessaires pour remplir sa mission. Discret, calme et persévérant, il devrait pouvoir mettre d'accord les Berlusconi, Sarkozy et Brown sans faire de jaloux, de la même manière qu'il louvoyait avec plus ou moins de succès entre Reynders, Milquet, Onkelinx et consorts.
Il est étonnant de lire la déception de ceux qui, en France, auraient préféré un caractère plus trempé, un homme qui aurait "arrêté le trafic à Washington et Pékin". Ainsi Giscard, le père du traité de Lisbonne, a-t-il regretté "une ambition limitée pour l'Europe", tandis que Rocard aurait préféré "quelqu'un d'expérimenté" à "un petit nouveau". Même ton chez Bayrou. Après presque trois ans en Sarkozie, ces hommes ne sont-ils pas lassés des dérives présidentielles ?
En outre, un profil modeste au Conseil correspond mieux à la logique de l'intégration européenne. Le Conseil, lieu de compromis entre les Etats membres, a une tendance naturelle à réduire les ambitions de la Commission. C'est parfois positif, quand la Commission se lance dans des délires ultra-libéraux ou se met à harmoniser la courbure des bananes, mais c'est le plus souvent pour conclure des accords à la manque. Un président du Conseil faible ou modeste laissera plus de marge à la Commission pour jouer son rôle de moteur.
Encore qu'avec cinq nouvelles années de Barroso, l'Europe ne doit pas s'attendre à de nouvelles initiatives radicales. La législature sera bien celle d'un bon vieux pragmatisme de centre-droit...

Colonel Moutarde

2 commentaires:

Ø a dit…

Et l'Anglaise là, elle est pas socialiste ?
Sûrement tendance Ken le rouge.
Ca va équiilibrer...

Colonel Moutarde a dit…

Oui, ça équilibre un peu (aussi sur le plan hommes femmes). Mais les Affaires étrangères, ce n'est pas la responsabilité où l'orientation politique est la plus significative...