Les deux camps qui s’affrontaient au MR ont signé la paix des braves. Officiellement, guère de changement: Didier Reynders n’a pas quitté la présidence du parti; il s’est accroché tant qu’il pouvait, soutenu par une partie significative des Réformateurs. Les rebelles ont obtenu un poste nouveau de vice-président en charge des affaires régionales et communautaires, confié à Willy Borsus, déjà chef de groupe au parlement wallon et animateur du groupe “Renaissance”. Louis Michel fait quant à lui son retour dans le bureau du parti, avec Daniel Ducarme. Maigre? A première vue, oui mais à bien y regarder, les rebelles ont commencé à démanteler la citadelle reyndersienne. Borsus a suivi jusqu’à présent un parcours politique sans faute, gravissant les échelons un à un: bourgmestre, député, patron de la fédération namuroise (Sabine Laruelle a du souci à se faire), chef de groupe et bouffeur de dossiers comme rarement un parlement en a connu. La question n’est pas tant de savoir quelle est la place que lui laissera Reynders -aucune à n’en pas douter- mais quelle est la place qu’il décidera d’occuper. La popularité de l’homme et son habileté pourraient en faire le leader wallon d’un MR de plus en plus divisé entre son aile bruxelloise, et singulièrement le FDF, et les autres composantes. Quant à Louis Michel, il a peut-être réussi le meilleur coup. Reynders ne pouvait plus imposer la paix au sein du parti. Comme dans l’épisode de l’Orange bleue, il est apparu sous les traits d’un tacticien excécrable et il a dû se livrer pieds et poings liés à Louis pour sauver sa tête et le MR. C’est Louis Michel qui a imposé son plan de paix avec l’aide ambigue de Daniel Ducarme et c’est Louis Michel qui l’a ensuite imposé aux rebelles. Autrement dit, Didier lui doit la vie. Quant à Reynders, il ne règne plus que sur une partie du MR. Les traités tirés des uns et des autres à l’issue de la nuit de dimanche à lundi en disaient long sur les mots qui ont été échangés. Reynders lui-même, quand il s’est exprimé devant la presse, semblait vidé. “Le MR est maintenant apaisé”, a-t-il martelé alors qu’autour de lui les décombres fumaient encore. L’autre camp va lui mener la vie dure. Michel père et fils, Borsus, Kubla, etc. ont d’ores et déjà fait savoir que c’en était assez de la place considérable laissée au FDF et n’auront rien de plus pressé que de pousser Reynders à devenir l’arbitre d’un conflit cornélien: s’il a pu rassembler une partie du MR derrière lui, c’est grâce à un FDF qui indispose une majorité du PRL wallon… dont Reynders est issu. Reynders, obnubilé peut-être par une stratégie sarkozyste, s’est en outre brouillé avec les autres partis. Nul doute que Louis Michel et Willy Borsus, animés d’une foi plus centriste et consensuelle, auront à coeur de retisser les liens brisés.
Enfermé dans sa tour d’ivoire, entouré de flagorneurs, Reynders a à peu près tout raté depuis juin 2007: de l’Orange bleue que son arrogance à l’égard du cdH et l’intransigeance du FDF sur la question de BHV ont contribué à faire échouer aux élections de juin 2009 qui ont confirmé le PS au centre du jeu francophone en passant par son image auprès du grand public aujourd’hui carbonisée ou l’affaire Aernoudt. Il y a eu la crise bancaire, certes. Mais on pourra épiloguer longtemps sur les conditions de la vente de Fortis à BNP Paribas, particulièrement avantageuses pour le géant français, et surtout sur sa conception très particulière de la solidarité ministérielle. Son mentor Jean Gol a démissionné après le drame du Heysel parce que Charles-Ferdinand Nothomb s’accrochait. Reynders a laissé en revanche partir Leterme et Vandeurzen sans sourciller… Il y a fort à parier que le CD&V ne l’oubliera pas.
Mexicano
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1 commentaire:
Estimado Mexicano, Belle analyse à laquelle - si vous le permettez - j'aimerais apporter un élément: les "rebelles" ou "renaissants" ne luttent-ils pas également contre le pouvoir personnel (je n'ai pas dit Dictature) que s'adjuge DR ?... Là où ils jouent un jeu dangereux est en écartant le FDF... A Bruxelles, c'est lui qui mêne la dans, pas les composantes PRL et MCC... Et un FDF non marqué MR aurait des chances en Wallonie chez les wallingants déçus de la Gauche ...
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