mercredi 14 octobre 2009

La baisse de la TVA dans l'horeca, ou comment une inanité électorale est devenue réalité

La baisse de la TVA dans l'horeca, mantra électoral de Didier Reynders et Nicolas Sarkozy, est donc finalement devenue une réalité. Aux prochaines élections, les deux hommes pourront se targuer de l'avoir obtenue de haute lutte. Sur la scène européenne d'abord, il ont dû batailler ferme avec l'Allemagne pendant des années. Car Berlin a longuement maintenu son véto - par souci de rigueur budgétaire et parce que l'impact positif d'un taux réduit sur la restauration est très incertain. Une fois brisée la résistance teutonne, c'est au pays qu'il leur a fallu convaincre. Car comment justifier cette mesure dans un contexte budgétaire ultra-délicat ? La France a pris les devants, en baissant la TVA sur la restauration à 5,5% dès le mois de juillet - en imposant en contrepartie au secteur un vague "contrat d'avenir" prévoyant des prix plus bas, de nouveaux emplois et une amélioration de la situation des salariés. Quelques mois plus tard, le bilan est très mitigé. Avec à peine 6.000 emplois créés sur les 40.000 promis, la mesure, qui coûte trois milliards d'euros aux contribuables français, semble bien onéreuse en période de disette. Elle est "l'une des niches fiscales les plus coûteuses", résume France Info.
De ce bilan, Didier Reynders n'a cure. Bien décidé à honorer sa promesse électorale, il a fait acter lors des dernières négociations budgétaires une TVA réduite à 12% pour l'horeca. De son point de vue, mieux valait sans doute gaspiller 250 millions d'euros d'argent public que dilapider encore un peu un capital politique personnel déjà bien entamé. Quant aux autres membre du gouvernement, socialistes en tête, ils n'ont pas osé revenir sur cet engagement fait trop légèrement pendant la dernière campagne.
Officiellement rangée avec les autres mesure de relance, la baisse de la TVA relève plutôt de la mascarade. A l'heure où l'on ne remplacera pas les départs à la retraite à la RTBF, à la police, dans l'armée, à l'heure où les professeurs devront se passer d'investissements promis, le gouvernement tente de nous faire avaler une mesure coûteuse dont l'intérêt social est proche de zéro.
La gestion des finances publiques mériterait un peu plus de sérieux. Et les dirigeants belges enclins au promesses électorales feraient bien de méditer sur l'exemple des Etats-Unis – ce grand pays où, à force de cadeaux fiscaux, les finances publiques s'approchent doucement de la faillite.

Colonel Moutarde

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