mercredi 29 octobre 2008
Ni dieu, ni maître
A 25 ans du 2OOOème anniversaire de la mort du Christ, il nous apparaît que le troisième millénaire emporte sur son passage toutes nos certitudes, balayant du même coup toutes les icônes en vogue.
A l'heure où la crise financière a renvoyé aux calendes grecques Adam Smith et sa clique de doigts (d'honneur) invisibles, où soeur Emmanuelle ne semble pas vouloir nous revenir en soeur Emmanuelle II, malgré un médiatique dernier doigt invisible; à l'heure où le Dalaï-Lama semble implorer soeur Emmanuelle d'un coup de pouce pour soulager ses douleurs abdominales, à l'heure où personne ne s'annonce comme le digne successeur de Zinedine Zidane, cette Jeanne d'Arc du ballon rond; où Justine Henin a remisé sa raquette pour profiter de son pactole monégasquement éludé et continuer à dispenser ses bonnes oeuvres, où l'idole des jeunes (MR) DJ Reynders a vu son remix fiscal scratché par les bourses (ah les bourses, soeur Emmanuelle!!), où Maurice Lippens a les boules de golf (ah les boules, chère Emmanuelle!!!), où la crise financière a noyé le-débat-climatique-renvoyant-au-second-plan-l'éternelle-'aura-t-on-de-la-poudreuse-à-Noël?', où Tomeke Tomeke Boonen a lui sombré dans la poudreuse bien avant Noël, où ce pas très sexy pédé de Jörg Haider se crashe à 140 en dépassant une dernière fois à l'extrême droite, où PPDA devient une victime après avoir été le roi de l'intox journalistique sa carrière durant, où la StarAc en est à ses derniers balbutiements, non, non, non, on ne voit pas, décidément, après les disparitions de Jean-Paul II (rien à voir avec Votron), de l'abbé Pierre et sa p'tite copine la mère Thérèse, qui, en ce 21ème siècle, dont Malraux avait dit qu'il serait religieux ou ne serait pas, qui pourrait revendiquer un statut d'icône.
Car paradoxe, si le retour du religieux est malheureusement bien au rendez-vous en ce troisième millénaire, il semble en panne de dieux. Notre monde globalisé renvoie dos à dos ces caricatures de bas relief que sont sa sainteté présumée Ingrid Betancourt, God-Bless-You-Barack-Obama (ah Gode Bless You, Emmanuelle!), le camarade évangéliste Hugo Chavez, le champion derrière derny mollah Omar voire... les tristes ressuscités de Guns N'Roses (et attention, on nous annonce un retour commercial des Smiths!). Et ne parlons pas des fabuleux Trust qui viennent de réussir le hold-up parfait en spoliant leurs fans de 35 euros à l'AB avec la collaboration de ce trust antisocial qu'est Live Nation. Ceux-là ont dû croiser sur leur route Nicolas Sarkozy, l'iconoclaste président bling-bling devenu chantre du verbiage d'Epinal enrobé de sauce social-démocrate.
Non, franchement et décidément non, il n'y a plus d'icône. Et c'est très certainement une bonne chose.
Goodbye, Emmanuelle. On était à deux doigts de vous regretter.
Durum
mardi 28 octobre 2008
Fortis dans le collimateur de la justice
Selon le quotidien flamand De Tijd de mardi, une enquête est menée à l'instigation du parquet à propos de Fortis, d'anciens dirigeants étant suspectés d'avoir caché des informations sur l'état de l'entreprise. Un dossier néerlandais est joint à l'enquête, un particulier s'étant constitué partie civile aux Pays-Bas, estimant que Fortis a menti quant à sa solvabilité et sa liquidité fin 2007 dans le but de manipuler les marchés lors d'une augmentation de capital.
Nous avions déjà dans ce blog, in tempore non troppo suspecto, pointé du doigt les responsabilités du comte Lippens chez Fortis.
Selon De Tijd et l'Echo, l'analyse que mène actuellement le ministère public s'est attachée à certaines manipulations de marché: il serait possible que les actionnaires de Fortis aient été informés trop tard voire de manière quelque peu erronnée de la réelle situation financière de l'institution bancaire.
Le sp.a demande que l'Etat se constitue partie civile.
Durum
Hitler décommandé, pas de truite au beurre mardi
La VRT a finalement décidé, à la dernière minute, de ne pas diffuser mardi son émission "Plat préféré" sujette à controverse.
Pour rappel, le principe de l'émission consiste à cuisiner le "plat préféré" d'une personnalité. Mardi, il devait s'agir de la truite sauce au beurre qu'affectionnait Adolf Hitler.
La VRT a fait savoir qu'elle renonçait à la diffusion de l'émission à la suite du tollé suscité auprès d'une frange importante de la communauté juive et d'anciens prisonniers politiques.
Curieusement, la VRT continue à défendre le choix qu'elle avait opéré mais renonce à la diffusion en raison de la mauvaise perception qu'il a véhiculé. Cette justification n'est pas pour plaire au magazine "Joods Actueel" qui avait dénoncé l'initiative de la chaîne flamande de service public.
Durum
lundi 27 octobre 2008
Belgium, Rainin' In Paradize
Crise financière et crise de l'éthique des financiers oblige, l'actualité de ces derniers jours a refait surgir les débats relatifs aux paradis fiscaux et au secret bancaire. Un reportage caricatural diffusé dans le JT de France2 a permis au premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker d'éluder, non pas l'impôt, mais le problème en dénonçant une vision franco-française de la réalité luxembourgeoise quelque peu tronquée par les journalistes maison.
Pourtant le secret bancaire ou la discrétion bancaire ne sont pas des fantasmes sortis tout droit de l'imaginaire de certains. La Belgique, le Luxembourg et l'Autriche continuent de l'appliquer en Europe. Le lever n'arrangera pas tout mais rendra la situation moins opaque et facilitera notamment la lutte contre le blanchiment et le financement du crime en général. Selon le rapport annuel 2007 de la Cellule publique belge de Traitement des Informations Financières (CTIF), spécialisée dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, une partie des dossiers étudiés "confirme le fait que les fonds provenant d’activités criminelles se nichent dans certaines places financières". D'après la CTIF, "cet attrait tient au fait que ces places sont caractérisées par des pratiques de sous-règlementation et que les règles de confidentialité y sont
particulièrement développées".
Quant au fond, cette exonération au système retenu dans l'Union euroéenne pour l'échange d'informations sur l'épargne n'érige pas en principe une exception fiscale pour ces trois pays. Il n'en demeure pas moins que le secret bancaire, justifié historiquement par ses partisans par la nécessité d'observer une discrétion garantissant le respect de la vie privée à l'instar du secret médical, permet aux institutions financières d'agir en l'absence de transparence en proposant des montages locaux ingénieux dans un contexte fiscal européen qui malgré la directive épargne, au champ d'application limité, reste peu harmonisé. Les non-résidents continuent d'échapper à la globalisation de l'impôt et donc à la progressivité, ce qui est favorable aux plus riches.
Ainsi, contrairement à ses voisins (dont le Luxembourg), la Belgique ne connaît pas d’impôt sur la fortune et cela se sait à l'étranger, particulièrement en France et aux Pays-Bas. La discrète Belgique suscite donc une concurrence fiscale déloyale, les patrimoines étrangers y étant à l'abri, faute de cadastre.
L'inéquité fiscale vaut également en interne. Avantageux pour les détenteurs de patrimoine, le système fiscal belge peut l'être aussi pour les entreprises, d'autant plus si elles savent se montrer habiles en matière d'optimalisation. En remplacement des centres de coordination qui permettaient aux multinationales d'opter pour un régime fiscal favorable (tellement favorable qu'il a été interdit par l'Union européenne au nom de la libre concurrence), le gouvernement a créé les intérêts notionnels. De grandes multinationales comme Suez s'en frottent les mains. Le secteur des banques a également pu profiter des largesses publiques, l'Etat l'ayant qui plus est recapitalisé, crise oblige.
Enfin, à l'instar de nombreux Etat étrangers, la Belgique ne taxe pas non plus les plus-values boursières. On rétorquera que l'ère est plutôt aux moins-values. Il n'en demeure pas moins qu'une taxe sur la spéculation serait déjà un garde-fou contre les dérives du système financier qui aujourd'hui coupe les crédits au monde de l'économie réelle.
L'honnête travailleur doté d'un sens de l'éthique, lui, est vu à tous les échelons du système. Il est le dindon de la farce fiscale, singulièrement s'il apartient à la classe moyenne, les taux d'imposition supérieurs ayant été rabotés voire supprimés. La Belgique figure parmi les champions du monde de la taxation du monde du travail. Une envolée à relativiser, notre pays restant parmi le top mondial de la protection sociale et du bien-être. Cependant, la pente est glissante. Les plus précarisés, bas salaires, allocataires, pensionnés, s'ils ne sont pas nécessairement victimes directes du système fiscal inéquitable, le sont socialement, leurs revenus ayant décroché relativement au bien-être depuis près de vingt ans.
La Belgique serait-elle dès lors un paradis fiscal capitaliste? Il n'existe pas de définition mondiale du paradis fiscal, concept complexe qui rend difficile les comparaisons. L'OCDE ne retient que Monaco, Andorre et le Liechtenstein comme entités non coopérantes proposant un système fiscal anormalement bas, joli euphémisme.
Récemment à Paris, l'Allemagne a créé un incident diplomatique en proposant d'y ajouter la Suisse.
Selon deux économistes du Réseau mondial pour la justice fiscale né de l'organisation du Forum social mondial de Porto Alegre, John Christensen (ancien conseiller de Jersey) et Mark Hampton, on comptait, en 2005, 73 paradis fiscaux à travers le monde (pays, villes, entités)... dont la Belgique. (http://www.taxjustice.net/cms/upload/pdf/tax_break_EN.pdf). A méditer.
Durum
Happart à la rescousse des Flamingants
La jeune fille et la mort, Eduard Munch 1894
Reflet d'une élucubration provocatrice née d'un rapide exercice de logique qui a tenaillé mon esprit en une fraction de seconde, la contribution qui suit n'a pas d'autre vocation que de participer au relativisme ambiant, en ces temps où même le dogme de la main invisible semble être remis en cause par les économistes les plus absolutistes.
Quel est-il, cet exercice de logique? D'un côté, l'axiome José Happart, contribuable belge, figure historique du wallingantisme; de l'autre, le Boerenbond, alliance agricole flamingante, pilier historique de la KBC.
Deux mondes qui trouvent leurs racines dans la même paysannerie catholique. José H est (officiellement) socialiste mais issu d'une famille enracinée dans le syndicalisme chrétien ultra-conservateur. Le Boerenbond et la KBC sont intrinsèquement liés au parti chrétien flamand du Premier ministre Yves Leterme, lui-même-éleveur-de-chèvres-à-ses-heures-mais-c'est-une-autre-histoire.
Et pourtant, tout oppose ces deux mondes ruraux, au nom du chacun-maître-chez-soi-et-nous-vivrons-tous-en-paix.
Or, ne voilà-t-il pas que le gouvernement fédéral a annoncé lundi un effort de recapitalisation de la KBC, confrontée à son tour à un problème de liquidités. L'effort portera sur 3,5 milliards d'euros.
En vertu du paradigme selon lequel "l'Etat, c'est nous", le gouvernement va donc emprunter, au nom des 6,5 millions de contribuables que nous sommes, parmi lesquels des Flamands et des Wallons dont un certain José H.
Décidément, le monde est petit.
Et l'argent n'a pas d'odeur.
Durum
Reflet d'une élucubration provocatrice née d'un rapide exercice de logique qui a tenaillé mon esprit en une fraction de seconde, la contribution qui suit n'a pas d'autre vocation que de participer au relativisme ambiant, en ces temps où même le dogme de la main invisible semble être remis en cause par les économistes les plus absolutistes.
Quel est-il, cet exercice de logique? D'un côté, l'axiome José Happart, contribuable belge, figure historique du wallingantisme; de l'autre, le Boerenbond, alliance agricole flamingante, pilier historique de la KBC.
Deux mondes qui trouvent leurs racines dans la même paysannerie catholique. José H est (officiellement) socialiste mais issu d'une famille enracinée dans le syndicalisme chrétien ultra-conservateur. Le Boerenbond et la KBC sont intrinsèquement liés au parti chrétien flamand du Premier ministre Yves Leterme, lui-même-éleveur-de-chèvres-à-ses-heures-mais-c'est-une-autre-histoire.
Et pourtant, tout oppose ces deux mondes ruraux, au nom du chacun-maître-chez-soi-et-nous-vivrons-tous-en-paix.
Or, ne voilà-t-il pas que le gouvernement fédéral a annoncé lundi un effort de recapitalisation de la KBC, confrontée à son tour à un problème de liquidités. L'effort portera sur 3,5 milliards d'euros.
En vertu du paradigme selon lequel "l'Etat, c'est nous", le gouvernement va donc emprunter, au nom des 6,5 millions de contribuables que nous sommes, parmi lesquels des Flamands et des Wallons dont un certain José H.
Décidément, le monde est petit.
Et l'argent n'a pas d'odeur.
Durum
dimanche 26 octobre 2008
Quand la VRT nous cuisine la truite sauce au beurre à la façon du Führer
L'émission "Plat préféré" (en français dans le texte) sur la deuxième chaîne télévisée de la VRT, Canvas, a pour originalité d'assaisonner l'information culinaire qui y est dispensée d'une pincée de références historiques et ou culturelles, le principe étant simple: proposer au téléspectateur la recette préférée d'une personnalité. Il y a ainsi déjà été question des moules frites de Jacques Brel et du poulet curry du chanteur Freddy Mercury.
L'émission programmée le mardi 28 octobre suscite le débat bien avant sa diffusion, à l'initiative d'une partie de la communauté juive et de l'organe "Joods Aktueel" en raison de la personnalité choisie, Adolf Hitler dont le mets préféré était la truite sauce au beurre. Durant l'émission telle qu'elle a été enregistrée, le chef vrtéien est mis en scène, pêchant ses truites en Bavière avant de préparer le plat du jour au "Nid d'Aigle" du dictateur.
Loin de pouvoir être taxée de vouloir faire l'apologie du nazisme, la VRT se voit reprocher un dangereux détour de banalisation de l'holocauste, ce dont elle se défend, maintenant la programmation de l'émission. On peut d'autant moins plaider la mauvaise foi de la chaîne publique flamande que celle-ci nous a habitués à la diffusion de nombreuses émissions historiques de qualité pointant l'horreur nazie. Il reste dès lors l'incompréhension à l'annonce d'une telle initiative.
Mardi, la truite au beurre risque de sentir le rance. On peut clairement parler de faute de goût dans le chef de la télévision flamande. A vous de juger. Et si vous passez à table, bonne chance.
Durum
vendredi 24 octobre 2008
Herman De Croo m'a sauvé la vie
Tout est politique. Même la culture, même le théâtre. Ce n'est pas Bertolt Brecht qui dira le contraire. Ni Lukas Vander Taelen, ce Flamand, ancien député européen, qui vient de signer une pièce en français intitulée "Marina, ou comment Herman De Croo m'a sauvé la vie" - et jouée actuellement au petite théâtre de la Samaritaine à Bruxelles.
Il y raconte comment De Croo lui a sauvé la vie en imposant la mixité dans les écoles, en 1969, alors qu'il était ministre de l'éducation nationale. La pièce est très drôle, une espèce de stand-up comedy à l'américaine - mais alors à l'americain-préparé, mâtinée d'humour belge. Une pièce qui rappelle comme il est bon d'être citoyen d'un pays qui n'existe pas, un pays bâtard, dont on entendra au passage quelques épisodes fameux. Comme l'histoire du tube planétaire "Marina", composé par le chanteur de Genk Rocco Granata.
La pièce se joue encore ce soir et demain, et si vous cherchez un bon plan, n'hésitez pas.
samedi 18 octobre 2008
Le plan de fréquences accouche d'une trop pure FM
Le nouveau plan de fréquences radio est enfin né mais force est de constater qu'il ne répond que fort peu à son objectif initial de diversification des contenus.
Et le problème réside moins dans la pauvreté des offres faite par le privé que dans la faillité d'un service public trustant la moitié de la bande FM et qui, en matière de programmation musicale "actuelle", faillit totalement dans ses missions.
Pure FM est devenue aujourd'hui une radio commerciale sponsorisée par les contribuables en dépit de ce que certains d'entre eux souhaitent écouter. Il y a longtemps que le plan de fréquences n'offre aucune musique pop-rock sortant des sentiers battus. Le changement n'est pas pour demain.
Cela étant dit, il est aussi de bon "ton" de rabattre son caquet à feu radio Mint, la radio du mauvais goût du groupe Bertelsmann, qui s'était présentée comme alternative (piège dans lequel de nombreux artistes sont tombés y compris le très Royal Cali). Bertelsmann, cet ogre chapeautant la maison RTL, qui a largement participé à la spoliation des artistes avant de vendre ses activités d'édition musicale après le succès du téléchargement.
Durum
Et le problème réside moins dans la pauvreté des offres faite par le privé que dans la faillité d'un service public trustant la moitié de la bande FM et qui, en matière de programmation musicale "actuelle", faillit totalement dans ses missions.
Pure FM est devenue aujourd'hui une radio commerciale sponsorisée par les contribuables en dépit de ce que certains d'entre eux souhaitent écouter. Il y a longtemps que le plan de fréquences n'offre aucune musique pop-rock sortant des sentiers battus. Le changement n'est pas pour demain.
Cela étant dit, il est aussi de bon "ton" de rabattre son caquet à feu radio Mint, la radio du mauvais goût du groupe Bertelsmann, qui s'était présentée comme alternative (piège dans lequel de nombreux artistes sont tombés y compris le très Royal Cali). Bertelsmann, cet ogre chapeautant la maison RTL, qui a largement participé à la spoliation des artistes avant de vendre ses activités d'édition musicale après le succès du téléchargement.
Durum
Les non-dits de Leterme I qui en disent long
La déclaration de politique générale du gouvernement qui a reçu le 16 octobre la confiance de la Chambre aura été plus éclairante dans ses silences que dans ses appels à la population à faire face à la menace de l'orage, en pleine crise financière.
On connaît la propension des professionnels à user de la communication pour vendre un produit fagoté, la faculté qu'ont d'aucuns à pousser le verbiage à son paroxysme quand les circonstances le demandent. Contexte de double crise, institutionnelle et financière (en partie) oblige, la logorrhée de l'équipe Leterme I est une leçon en la matière.
Ainsi, le gouvernement a-t-il, pour boucler son budget, inscrit dans ses recettes l'engagement des Régions et Communautés à ne pas dépenser 800 millions d'euros qui leur reviennent dans le cadre de leurs dotations respectives.
Pourtant, Bruxelles a fait savoir qu'elle était exsangue et que le fédéral lui devait du pognon. Pourtant, la Région wallonne ne s'est engagée sur le principe qu'à la condition que la Flandre en fasse autant. Et la Flandre a exprimé... son veto... mais a formulé une proposition alternative.
Elle est d'accord de prendre à son compte les dépenses qui mettent en difficulté l'entité I de l'Etat (l'échelon fédéral) portant sur une série de compétences aujourd'hui partagées entre les différents niveaux de pouvoir (dont l'important département de l'emploi), à condition de pouvoir dorénavant gérer elle-même à 100% ces compétences.
Ce faisant, la Flandre de Kris Peeters, relayée par le Premier ministre Yves Leterme cette semaine à la Chambre, a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de revoir la loi de financement qui, d'année en année assèche un peu plus les caisses du gouvernement fédéral. On en revient donc au projet flamand de responsabiliser des Régions devenues plus autonomes, encadrer plus objectivement les transferts, financer les entités fédérées en tenant compte de la richesse qui y est produite (ce qui est bon pour Bruxelles, d'autant plus si on y applique les normes internationales d'imposition sur le lieu de travail, mais là l'épure CD&V est comme par hasard plus nuancée).
A tout cela, qu'a répondu le gouvernement Leterme-Reynders? Il a acté ces conditions en inscrivant les 800 millions régionaux à son budget 2009. L'importante réforme de l'état annoncée est donc sur les rails. On peut commencer à l'envisager pour le second semestre de 2009, après les élections régionales.
2009 sera donc une année charnière, institutionnellement s'entend, mais elle sera également une année "énergique". Autre non-dit qui veut tout dire dans la déclaration du Premier ministre, après juin 2009, on décidera de reporter la sortie du nucléaire acquise par la coalition arc-en-ciel. Yves Leterme a rappelé l'échéance d'une réflexion l'année prochaine sur le mix énergétique telle qu'annoncée par le ministre Magnette en vertu de l'accord de gouvernement. Il faudra, a dit Leterme, proposer un modèle qui permette de rencontrer Kyoto (baisse des émissions CO2), de ne pas alourdir la facture des citoyens et d'assurer à la Belgique la sécurité d'approvisionnement. Du tout cuit pour le nucléaire. Dans le même temps, le gouvernement taxe les producteurs à hauteur de 500 millions d'euros (en réalité 360 millions après déduction d'impôts). GDF-Suez-Electrabel s'étrangle et menace mais se couchera lorsqu'elle aura la certitude de pouvoir continuer à actionner la pompe à milliards productrice d'énergie fissile.
La communication code-barre du gouvernement fortement teintée de non-dits, d'omission à l'insu de son plein gré est bien assumée en son sein. Ainsi, le secrétaire d'Etat Bernard Clerfayt, adjoint au ministre des Finances Didier Reynders, annonça urbi et orbi les différentes mesures prises pour le budget, en oubliant un détail, la taxation via le système du cliquet, des carburants en cas de baisse de prix. Mesure environnementale peu populaire qui, proportionnellement à la richesse, touchera essentiellement la classe inférieure et la classe moyenne. Il faut dire que le bourgmestre de la cité des ânes peut désormais être qualifié d'expert en omission, fausses informations et usage de fausses informations, lui qui n'a pas hésité récemment à renvoyer les tenants de la création d'une banque publique non sujette à la volatilité des cours, à ouvrir un compte à la banque nationale, pourtant cotée en bourse et... non accessible aux particuliers. Là, ce n'est plus du non-dit. Disant cela, notre expert financier, a c'est clair, failli à sa tâche. Cela lui a valu de la part de Josy Dubié (Ecolo) d'être affublé du sobriquet de "Sarah Palin de la politique belge".
Durum
On connaît la propension des professionnels à user de la communication pour vendre un produit fagoté, la faculté qu'ont d'aucuns à pousser le verbiage à son paroxysme quand les circonstances le demandent. Contexte de double crise, institutionnelle et financière (en partie) oblige, la logorrhée de l'équipe Leterme I est une leçon en la matière.
Ainsi, le gouvernement a-t-il, pour boucler son budget, inscrit dans ses recettes l'engagement des Régions et Communautés à ne pas dépenser 800 millions d'euros qui leur reviennent dans le cadre de leurs dotations respectives.
Pourtant, Bruxelles a fait savoir qu'elle était exsangue et que le fédéral lui devait du pognon. Pourtant, la Région wallonne ne s'est engagée sur le principe qu'à la condition que la Flandre en fasse autant. Et la Flandre a exprimé... son veto... mais a formulé une proposition alternative.
Elle est d'accord de prendre à son compte les dépenses qui mettent en difficulté l'entité I de l'Etat (l'échelon fédéral) portant sur une série de compétences aujourd'hui partagées entre les différents niveaux de pouvoir (dont l'important département de l'emploi), à condition de pouvoir dorénavant gérer elle-même à 100% ces compétences.
Ce faisant, la Flandre de Kris Peeters, relayée par le Premier ministre Yves Leterme cette semaine à la Chambre, a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de revoir la loi de financement qui, d'année en année assèche un peu plus les caisses du gouvernement fédéral. On en revient donc au projet flamand de responsabiliser des Régions devenues plus autonomes, encadrer plus objectivement les transferts, financer les entités fédérées en tenant compte de la richesse qui y est produite (ce qui est bon pour Bruxelles, d'autant plus si on y applique les normes internationales d'imposition sur le lieu de travail, mais là l'épure CD&V est comme par hasard plus nuancée).
A tout cela, qu'a répondu le gouvernement Leterme-Reynders? Il a acté ces conditions en inscrivant les 800 millions régionaux à son budget 2009. L'importante réforme de l'état annoncée est donc sur les rails. On peut commencer à l'envisager pour le second semestre de 2009, après les élections régionales.
2009 sera donc une année charnière, institutionnellement s'entend, mais elle sera également une année "énergique". Autre non-dit qui veut tout dire dans la déclaration du Premier ministre, après juin 2009, on décidera de reporter la sortie du nucléaire acquise par la coalition arc-en-ciel. Yves Leterme a rappelé l'échéance d'une réflexion l'année prochaine sur le mix énergétique telle qu'annoncée par le ministre Magnette en vertu de l'accord de gouvernement. Il faudra, a dit Leterme, proposer un modèle qui permette de rencontrer Kyoto (baisse des émissions CO2), de ne pas alourdir la facture des citoyens et d'assurer à la Belgique la sécurité d'approvisionnement. Du tout cuit pour le nucléaire. Dans le même temps, le gouvernement taxe les producteurs à hauteur de 500 millions d'euros (en réalité 360 millions après déduction d'impôts). GDF-Suez-Electrabel s'étrangle et menace mais se couchera lorsqu'elle aura la certitude de pouvoir continuer à actionner la pompe à milliards productrice d'énergie fissile.
La communication code-barre du gouvernement fortement teintée de non-dits, d'omission à l'insu de son plein gré est bien assumée en son sein. Ainsi, le secrétaire d'Etat Bernard Clerfayt, adjoint au ministre des Finances Didier Reynders, annonça urbi et orbi les différentes mesures prises pour le budget, en oubliant un détail, la taxation via le système du cliquet, des carburants en cas de baisse de prix. Mesure environnementale peu populaire qui, proportionnellement à la richesse, touchera essentiellement la classe inférieure et la classe moyenne. Il faut dire que le bourgmestre de la cité des ânes peut désormais être qualifié d'expert en omission, fausses informations et usage de fausses informations, lui qui n'a pas hésité récemment à renvoyer les tenants de la création d'une banque publique non sujette à la volatilité des cours, à ouvrir un compte à la banque nationale, pourtant cotée en bourse et... non accessible aux particuliers. Là, ce n'est plus du non-dit. Disant cela, notre expert financier, a c'est clair, failli à sa tâche. Cela lui a valu de la part de Josy Dubié (Ecolo) d'être affublé du sobriquet de "Sarah Palin de la politique belge".
Durum
mercredi 15 octobre 2008
Saint Gordon, priez d'abord pour vous
Il y a de la béatification dans l’air pour Gordon Brown. Après avoir été présenté comme le sauveur par le tout nouveau prix Nobel d’économie Paul Krugman, il vient de dévoiler ses propositions pour une refonte en profondeur de l’architecture financière internationale, un Bretton Woods du XXIe siècle, dont lui serait, sans doute, le John Maynard Keynes. Un bon double coup de promo pour le Premier ministre britannique, à la traîne dans les sondages, loin derrière le chef de l’opposition David Cameron.
Si on ne met pas un instant en doute les convictions de M. Brown, il convient quand même de tempérer tout de suite ses éventuelles prétentions au titre de grand justicier de la finance internationale. En commençant par rappeler que sous son égide et celle de Tony Blair, le parti travailliste a mis en place une stratégie de gouvernement reniant largement ses idées fondatrices : proximité du patronat, véto aux réformes fiscales et sociales européennes... En matière financière, précisément, le bilan britannique n’est pas glorieux, malgré la décennie des travaillistes au pouvoir. Comme le rappelle l’ONG Tax Justice Network,
The UK has played a particularly dirty game in this arena. British politicians like to parade themselves internationally as being at the forefront of tackling corruption and promoting international development. Yet for decades the UK and US have stood in the way of progress here, undermining the efforts of the OECD, for example, and preventing the United Nations from addressing tax issues by blocking attempts to strengthen the UN Committee of Experts on International Cooperation in Tax Matters (the Tax Committee).
En outre, le Royaume-Uni est mal placé pour donner des leçons de stabilité financière, vu que la place de Londres est un important moteur de déregulation, et que le pays protège sous son aile plusieurs paradis fiscaux (Jersey, Guernesey,...), où se réugient les milliards des profits indûs de la spéculation.
Alors, Gordon, commence par faire le ménage chez toi. Après on prendra les mesures pour ton auréole.
Colonel Moutarde
Si on ne met pas un instant en doute les convictions de M. Brown, il convient quand même de tempérer tout de suite ses éventuelles prétentions au titre de grand justicier de la finance internationale. En commençant par rappeler que sous son égide et celle de Tony Blair, le parti travailliste a mis en place une stratégie de gouvernement reniant largement ses idées fondatrices : proximité du patronat, véto aux réformes fiscales et sociales européennes... En matière financière, précisément, le bilan britannique n’est pas glorieux, malgré la décennie des travaillistes au pouvoir. Comme le rappelle l’ONG Tax Justice Network,
The UK has played a particularly dirty game in this arena. British politicians like to parade themselves internationally as being at the forefront of tackling corruption and promoting international development. Yet for decades the UK and US have stood in the way of progress here, undermining the efforts of the OECD, for example, and preventing the United Nations from addressing tax issues by blocking attempts to strengthen the UN Committee of Experts on International Cooperation in Tax Matters (the Tax Committee).
En outre, le Royaume-Uni est mal placé pour donner des leçons de stabilité financière, vu que la place de Londres est un important moteur de déregulation, et que le pays protège sous son aile plusieurs paradis fiscaux (Jersey, Guernesey,...), où se réugient les milliards des profits indûs de la spéculation.
Alors, Gordon, commence par faire le ménage chez toi. Après on prendra les mesures pour ton auréole.
Colonel Moutarde
mardi 14 octobre 2008
Les Européens aussi adeptes de la realpolitik
Les Européens aiment à se considérer comme les parangons de la vertu en matière de politique étrangère, fervents défenseurs des droits humains, pourvoyeurs de missions de maintien de la paix, adeptes du soft power, à mille lieues de la politique unilatérale des Etats-Unis, de l'expansionnisme russe dans le Caucase ou du péril jaune en Afrique. Une décision récente des chefs de la diplomatie européenne, passée inaperçue en ces temps de crise, vient pourtant nous rappeler combien l'Europe elle aussi pratique une realpolitik à géométrie variable en fonction de ses intérêts.
Les 27 viennent de décider de lever les sanctions diplomatiques contre le régime d'Alexandre Loukachenko, surnommé le dernier dictateur d'Europe. Qu'est-ce qui a changé au Bélarus ? Rien. En fait, les Européens avaient tablé sur une bonne tenue des dernières élections pour relancer les relations avec ce pays de transit énergétique, situé dans la zone grise où se croisent les influences russes et européennes. Mais le verdict de l'OCDE a été clair: M. Loukachenko n'a aucunement abandonné des mauvaises habitudes de résultats truqués et de persécution des opposants. Aucun candidat de l'opposition n'a d'ailleurs été élu.
Qu'à cela ne tienne. A l'heure où s'amorce un grand combat géostratégique pour l'énergie, pas question de de s'émouvoir davantage du sort de quelques malheureux opposants emprisonnés. L'UE a donc amorcé un revirement complet de sa stratégie d'isolement des dernières années. M. Loukachenko pourra voyager en Europe, où les dirigeants tenteront de l'arracher à la sphère d'influence de Moscou. Même topo en Ouzbékistan, sous la coupe du régime très dur du président Islom Karimov, qui bénéficiera d'un assouplissement, alors que rien ou presque n'a changé depuis le massacre d'Andijan en 2005.
Non vraiment, l'Europe n'est pas cette force douce et juste qu'on aimerait bien voir en elle...
Colonel Moutarde
Les 27 viennent de décider de lever les sanctions diplomatiques contre le régime d'Alexandre Loukachenko, surnommé le dernier dictateur d'Europe. Qu'est-ce qui a changé au Bélarus ? Rien. En fait, les Européens avaient tablé sur une bonne tenue des dernières élections pour relancer les relations avec ce pays de transit énergétique, situé dans la zone grise où se croisent les influences russes et européennes. Mais le verdict de l'OCDE a été clair: M. Loukachenko n'a aucunement abandonné des mauvaises habitudes de résultats truqués et de persécution des opposants. Aucun candidat de l'opposition n'a d'ailleurs été élu.
Qu'à cela ne tienne. A l'heure où s'amorce un grand combat géostratégique pour l'énergie, pas question de de s'émouvoir davantage du sort de quelques malheureux opposants emprisonnés. L'UE a donc amorcé un revirement complet de sa stratégie d'isolement des dernières années. M. Loukachenko pourra voyager en Europe, où les dirigeants tenteront de l'arracher à la sphère d'influence de Moscou. Même topo en Ouzbékistan, sous la coupe du régime très dur du président Islom Karimov, qui bénéficiera d'un assouplissement, alors que rien ou presque n'a changé depuis le massacre d'Andijan en 2005.
Non vraiment, l'Europe n'est pas cette force douce et juste qu'on aimerait bien voir en elle...
Colonel Moutarde
mardi 7 octobre 2008
C'est l'histoire d'un homme qui tombe...
"C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 étages. A chaque étage il se répète : 'Jusqu’ici tout va bien'. 'Jusqu’ici tout va bien'. 'Jusqu’ici tout va bien'... mais l’important c’est pas la chute : c’est l’atterissage".
Cette réplique du film "La Haine" colle parfaitement à la situation actuelle de crise financière. Jamais les discours politiques n'ont-ils semblé aussi éloignés de a réalité. "Jusqu'ici tout va bien", répètent à l'envi les dirigeants, tandis que les cours de bourse poursuivent leur chute vertigineuse. Les poujadistes enclins à penser que les politiciens sont des menteurs pourront surfer sur cette apparente confirmation de leurs théories. Est-ce une coïncidence si les derniers sondages belges annoncent une envolée des leaders populistes ?
Pourtant, sur le coup, les dirigeants méritent un peu de crédit - sans mauvais jeu de mot. Entre vérité et propos rassurants, le choix est cornélien. En sémiologie, on parlerait d'un dilemme entre langage constatif et performatif. Quand le ministre néerlandais des Finances Wouter Bos a déclaré que la Belgique avaité écopé des mauvais morceaux de Fortis, il n'a pas seulement constaté une réalité, il l'a lui-même créée/renforcée et ainsi précipité la vente à BNP Paribas avant que l'ouverture des Bourses ne vienne entériner ses déclarations par une nouvelle chute du titre. Il y a là une sorte de self-fulfilling prophecy, comme disent les British, quelque chose de très oedipien, diraient les amateurs de théâtre.
Dans ces circonstances très exceptionnelles, on peut admettre que la communication politique s'écarte un instant de la vérité. Par exemple quand les gouvernements européens proclament à l'unisson qu'ils protègeront les épargnants, on peut fermer les yeux sur cette entorse à la réalité. Injecter ainsi un peu de confiance dans un système qui en a besoin autant que des milliards des banques centrales. Tout en sachant qu'en vérité il est impossible pour les pouvoirs publics de garantir l'intégralité des dépôts, dont le montant excède de loin les capacités des budgets nationaux. Bien sûr, il serait possible de lancer des emprunts publics. Avec une dette publique de près de 90% de son PIB, la Belgique n'est pas le pays le mieux placé à cet égard. Pire, les autorités monétaires devront peut-être lancer la planche à billets, avec en vue le spectre d'un scénario à l'argentine. Dans son éditorial de lundi, le Financial Times estimait que mois prochain serait le plus dangereux de la crise. Le risque est grand que la confiance s'évapore complètement du système, avec un coût faramineux pour la société. Mais peut-être aussi l'opportunité d'une grande réforme du capitalisme financier, dont personne, même à l'extrême-gauche, n'osait plus rêver.
Colonel Moutarde
PS l'illustration de ce billet est tirée d'un autre film "Hudsucker Proxy" des frères Coen (1994), qui croquait précisément avec pas mal d'ironie les déboires des grands capitalistes.
dimanche 5 octobre 2008
Crise financière: que fait le politique?
La spectaculaire crise financière qui secoue le monde, depuis les Etats-Unis, et qui a atteint l'Europe, suscitant un raz de marée en Belgique, est l'occasion de voir comment le monde politique se positionne à cet égard et si, comme l'avait prédit le colonel Moutarde, la gauche saisit l'opportunité qui s'offre à elle pour dénoncer l'ultralibéralisme ravageur et proposer un modèle alternatif plus solidaire. Voir aussi comment la droite gère ce cataclysme qui a priori est censée lui être plus défavorable.
Une chose est sûre, en Belgique, la crise financière a éclipsé la crise institutionnelle. Cela ne veut pas dire que celle-ci est éteinte mais (à part Bart De Wever et consorts) chacun est conscient aujourd'hui que l'urgence est ailleurs. Les partis flamands vont probablement tenter d'acquérir quelques réformettes supplémentaires au premier paquet de réforme(ttes) institutionnelles déjà négocié comme autant de plumes à leur chapeau en vue du scrutin de juin 2009. Il y a d'ailleurs fort à parier que, vu les sondages plus ou moins mauvais pour tout le monde à l'exception des extrémistes, juin 2009 ne sera l'occasion que d'élections régionales et européennes, Leterme I tentant de survivre jusqu'en 2011.
Mais revenons à nos moutons. Crise institutionnelle oblige, c'est l'idéologie gauche-droite qui marque à nouveau le débat politique. La nationalisation partielle de Fortis et Dexia à peine annoncée, le PS a rugi dans les brancards, dénonçant le "libéralisme", le "capitalisme", un "système" vicié de l'intérieur, qui vient d'exploser et qu'il va falloir remplacer. Stratégiquement, le PS est dans le coup, tant sur le contenu que le timing. Hasard des calendriers (??), une semaine avant que n'éclate la crise belge, il avait déjà tenu un Bureau exceptionnel sur la crise aux USA et ses répercussions éventuelles en Belgique, exigeant une Commission d'enquête parlementaire. Elio Di Rupo s'est ensuite envolé pour New York où il a participé à une réunion de l'internationale socialiste dont il est vice-président, il est allé écouter Barack Obama, des prix Nobel, à la recherche d'un modèle alternatif. "Et qu'est-ce que j'apprends pendant ce temps, Didier Reynders fait savoir que tout est sous contrôle et puis patatras tout s'écroule, et on ne me dit rien." Beau numéro.
Les libéraux, connotés dans leur appartenance à la grande amicale des financiers, sont quant à eux mal mis. Ils doivent dare dare changer leur image de camarades des banquiers, ministres des rupins, un monde financier que l'opinion publique juge aujourd'hui de manière très négative. Didier Reynders a trouvé son créneau. Depuis 2 semaines, il l'a déjà répété 2.678 fois: aucun épargnant ne sera laissé sur le côté de la route. Gêné aux entournures, sur la défensive, il dénonce les parachutes dorés - dans la foulée de Nicolas Sarkozy appelant à un "capitalisme régulé" (rires) ou de Berlusconi qui appelle à plus "d'éthique" (éclat de rires) - tentant de faire oublier que lui, DJR, avait lobbyé au sein du gouvernement pour qu'on ne légalise pas les règles de bonne gouvernance, lui préférant le Code Lippens de bonne conduite (re-rires). Didier Reynders trouve aussi "rassurant" que l'Etat nationalise Fortis, un discours qu'il n'aurait jamais tenu il y a quelques mois encore. Les libéraux font évidemment beaucoup d'effets de manche, puisque l'heure est plutôt à surfer sur la vague de l'anti-ultralibéralisme immoral. Pour eux, ce n'est pas le système qui est vicié mais quelques acteurs qui ont dérapé, quelques prédateurs qui s'en sont pris à des victimes isolées. Mais à l'instar du président Sarkozy, DJR ne plaide que recommandations, jurant qu'il est impossible de dégager une majorité européenne qualifiée pour imposer un cadre régulateur digne de ce nom.
Dans l'ombre, le MR tente de saboter les tentatives du PS, qui, rejoint par Groen! (pas par Ecolo, en embuscade pour juin 2009?) et le sp.a, exige une Commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la crise financière en Belgique. La CBFA, chargée du contrôle prudentiel du secteur des banques et assurances, dirigée par Jean-Claude Servais, ancien chef de cabinet de Didier Reynders, est accusé d'avoir failli à son devoir. Dans sa stratégie, le MR essaie de mouiller tout le monde, indiquant que la Banque nationale est également concernée par la surveillance (son gouverneur, Guy Quaden, est étiqueté PS). Il dit aussi que si enquête il doit y avoir, il faut entendre tout le monde dont les administrateurs des banques, présents et passés. Or, à Dexia, certains représentent les intérêts des partis politiques. Tel est le cas d'un certain Elio Di Rupo (remplacé il y a quelques années par Anne-Sylvie Mouzon).
Dans le positionnement gauche-droite, on constate que la proposition de mise en place d'un Commission parlementaire d'enquête confirme certains schémas plaçant le PS et Groen! à gauche de l'échiquier. Le sp.a tente de se refaire une virginité, choisissant l'opposition pure et dure et sous l'impulsion de sa nouvelle présidente Caroline Gennez, tend à se démarquer de la troisième voie blairiste qu'avaient suivie Johan Vande Lanotte et Frank Vandenbroucke. Comme le parti socialiste, le sp.a a également déposé une proposition de loi demandant une Commission d'enquête. Au-delà du PS, et outre le sp.a, toute l'opposition flamande (LDD, VB, N-VA, Groen!) - dont par essence le rôle est de s'opposer (It's the duty of an opposition to oppose) - soutient la mise en place de la Commission d'enquête. A l'exception du PS, les partis de la majorité, MR, CD&V, Open Vld, cdH, en refusent le principe, au nom de la stabilité du système bancaire. Ils demandent que toute la clarté soit faite mais via un autre angle d'attaque. Ils sont suivis par Ecolo que l'on a connu moins réaliste en d'autres temps. Dans le chef des Verts francophones, cette prise de position est symbolique d'une évolution du parti.
Durum
Une chose est sûre, en Belgique, la crise financière a éclipsé la crise institutionnelle. Cela ne veut pas dire que celle-ci est éteinte mais (à part Bart De Wever et consorts) chacun est conscient aujourd'hui que l'urgence est ailleurs. Les partis flamands vont probablement tenter d'acquérir quelques réformettes supplémentaires au premier paquet de réforme(ttes) institutionnelles déjà négocié comme autant de plumes à leur chapeau en vue du scrutin de juin 2009. Il y a d'ailleurs fort à parier que, vu les sondages plus ou moins mauvais pour tout le monde à l'exception des extrémistes, juin 2009 ne sera l'occasion que d'élections régionales et européennes, Leterme I tentant de survivre jusqu'en 2011.
Mais revenons à nos moutons. Crise institutionnelle oblige, c'est l'idéologie gauche-droite qui marque à nouveau le débat politique. La nationalisation partielle de Fortis et Dexia à peine annoncée, le PS a rugi dans les brancards, dénonçant le "libéralisme", le "capitalisme", un "système" vicié de l'intérieur, qui vient d'exploser et qu'il va falloir remplacer. Stratégiquement, le PS est dans le coup, tant sur le contenu que le timing. Hasard des calendriers (??), une semaine avant que n'éclate la crise belge, il avait déjà tenu un Bureau exceptionnel sur la crise aux USA et ses répercussions éventuelles en Belgique, exigeant une Commission d'enquête parlementaire. Elio Di Rupo s'est ensuite envolé pour New York où il a participé à une réunion de l'internationale socialiste dont il est vice-président, il est allé écouter Barack Obama, des prix Nobel, à la recherche d'un modèle alternatif. "Et qu'est-ce que j'apprends pendant ce temps, Didier Reynders fait savoir que tout est sous contrôle et puis patatras tout s'écroule, et on ne me dit rien." Beau numéro.
Les libéraux, connotés dans leur appartenance à la grande amicale des financiers, sont quant à eux mal mis. Ils doivent dare dare changer leur image de camarades des banquiers, ministres des rupins, un monde financier que l'opinion publique juge aujourd'hui de manière très négative. Didier Reynders a trouvé son créneau. Depuis 2 semaines, il l'a déjà répété 2.678 fois: aucun épargnant ne sera laissé sur le côté de la route. Gêné aux entournures, sur la défensive, il dénonce les parachutes dorés - dans la foulée de Nicolas Sarkozy appelant à un "capitalisme régulé" (rires) ou de Berlusconi qui appelle à plus "d'éthique" (éclat de rires) - tentant de faire oublier que lui, DJR, avait lobbyé au sein du gouvernement pour qu'on ne légalise pas les règles de bonne gouvernance, lui préférant le Code Lippens de bonne conduite (re-rires). Didier Reynders trouve aussi "rassurant" que l'Etat nationalise Fortis, un discours qu'il n'aurait jamais tenu il y a quelques mois encore. Les libéraux font évidemment beaucoup d'effets de manche, puisque l'heure est plutôt à surfer sur la vague de l'anti-ultralibéralisme immoral. Pour eux, ce n'est pas le système qui est vicié mais quelques acteurs qui ont dérapé, quelques prédateurs qui s'en sont pris à des victimes isolées. Mais à l'instar du président Sarkozy, DJR ne plaide que recommandations, jurant qu'il est impossible de dégager une majorité européenne qualifiée pour imposer un cadre régulateur digne de ce nom.
Dans l'ombre, le MR tente de saboter les tentatives du PS, qui, rejoint par Groen! (pas par Ecolo, en embuscade pour juin 2009?) et le sp.a, exige une Commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la crise financière en Belgique. La CBFA, chargée du contrôle prudentiel du secteur des banques et assurances, dirigée par Jean-Claude Servais, ancien chef de cabinet de Didier Reynders, est accusé d'avoir failli à son devoir. Dans sa stratégie, le MR essaie de mouiller tout le monde, indiquant que la Banque nationale est également concernée par la surveillance (son gouverneur, Guy Quaden, est étiqueté PS). Il dit aussi que si enquête il doit y avoir, il faut entendre tout le monde dont les administrateurs des banques, présents et passés. Or, à Dexia, certains représentent les intérêts des partis politiques. Tel est le cas d'un certain Elio Di Rupo (remplacé il y a quelques années par Anne-Sylvie Mouzon).
Dans le positionnement gauche-droite, on constate que la proposition de mise en place d'un Commission parlementaire d'enquête confirme certains schémas plaçant le PS et Groen! à gauche de l'échiquier. Le sp.a tente de se refaire une virginité, choisissant l'opposition pure et dure et sous l'impulsion de sa nouvelle présidente Caroline Gennez, tend à se démarquer de la troisième voie blairiste qu'avaient suivie Johan Vande Lanotte et Frank Vandenbroucke. Comme le parti socialiste, le sp.a a également déposé une proposition de loi demandant une Commission d'enquête. Au-delà du PS, et outre le sp.a, toute l'opposition flamande (LDD, VB, N-VA, Groen!) - dont par essence le rôle est de s'opposer (It's the duty of an opposition to oppose) - soutient la mise en place de la Commission d'enquête. A l'exception du PS, les partis de la majorité, MR, CD&V, Open Vld, cdH, en refusent le principe, au nom de la stabilité du système bancaire. Ils demandent que toute la clarté soit faite mais via un autre angle d'attaque. Ils sont suivis par Ecolo que l'on a connu moins réaliste en d'autres temps. Dans le chef des Verts francophones, cette prise de position est symbolique d'une évolution du parti.
Durum
mercredi 1 octobre 2008
Les références caricaturales, obsessionnelles et dangereusement minimisantes de Bart De Wever
Il y a septante ans, le 29 septembre 1938 étaient signés les accords de Münich entre l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie scellant le sort de la Thécoslovaquie, les Sudètes, dans un premier temps, passant sous le giron du troisième Reich. La France et la Grande-Bretagne avaient fini par plier, acceptant cette fatalité au profit du maintien de la paix en Europe (l'histoire leur donnera rapidement tort). Elles disaient à cet égard avoir obtenu des garanties d'Hitler.
Rentrant au pays, le premier ministre britannique Neville Chamberlain exhiba au siens "les textes de Münich".
Septante ans plus tard, le 29 septembre 2008, dans le quotidien De Morgen, le président de la N-VA, Bart De Wever, vient de publier une carte blanche intitulée "Toute analogie avec des personnes ou des évenements actuels relève du pur hasard". L'historien nationaliste y fait une comparaison nauséabonde entre le ministre-président Kris Peeters se félicitant d'avoir obtenu des garanties des francophones qu'ils s'engageront sur la voie d'une réforme de l'état, et le premier ministre Neville de retour de chez Hitler. Avec cette précision évoquant Neville: "lui encore, il avait un texte".
Cette sortie de Bart De Wever intervient deux jours après d'autres propos tenus dans plusieurs journaux du samedi 27 septembre où il a comparé le gouvernement fédéral à celui de Vichy et Yves Leterme au Maréchal Pétain, telle une marionnette entre les mains des francophones.
On se souviendra qu'en 2007 M. De Wever s'était dit "conscient de la controverse qui divise les historiens sur l'histoire de l'Holocauste", en conclusion d'excuses après qu'il eut estimé "gratuite" la reconnaissance par le bourgmestre d'Anvers pour la participation des autorités de la Métropole à la mise en oeuvre du génocide juif.
On peut comprendre, entendre et reconnaître légitimes beaucoup de choses dans les revendications du mouvement flamand et de ses apendices nationalistes mais il apparaît de plus en plus clairement que Bart De Wever est bien l'incarnation de sa face la plus sombre, celle qui n'a jamais fait son examen de conscience par rapport à la collaboration et qui continue aujourd'hui à propager des idées de haine teintées de références historiques de plus en plus circonscrites à la mise en évidence du Völkisch. On imagine aisément la frustration de ce Max Aue de la politique, qui, entre diarrhées et vomissements, s'en va replonger dans ses livres d'histoire se rassérénant à la lecture de ces évocations. S'il devait exister, Bart De Wever serait un type (très) dangereux.
Durum
Rentrant au pays, le premier ministre britannique Neville Chamberlain exhiba au siens "les textes de Münich".
Septante ans plus tard, le 29 septembre 2008, dans le quotidien De Morgen, le président de la N-VA, Bart De Wever, vient de publier une carte blanche intitulée "Toute analogie avec des personnes ou des évenements actuels relève du pur hasard". L'historien nationaliste y fait une comparaison nauséabonde entre le ministre-président Kris Peeters se félicitant d'avoir obtenu des garanties des francophones qu'ils s'engageront sur la voie d'une réforme de l'état, et le premier ministre Neville de retour de chez Hitler. Avec cette précision évoquant Neville: "lui encore, il avait un texte".
Cette sortie de Bart De Wever intervient deux jours après d'autres propos tenus dans plusieurs journaux du samedi 27 septembre où il a comparé le gouvernement fédéral à celui de Vichy et Yves Leterme au Maréchal Pétain, telle une marionnette entre les mains des francophones.
On se souviendra qu'en 2007 M. De Wever s'était dit "conscient de la controverse qui divise les historiens sur l'histoire de l'Holocauste", en conclusion d'excuses après qu'il eut estimé "gratuite" la reconnaissance par le bourgmestre d'Anvers pour la participation des autorités de la Métropole à la mise en oeuvre du génocide juif.
On peut comprendre, entendre et reconnaître légitimes beaucoup de choses dans les revendications du mouvement flamand et de ses apendices nationalistes mais il apparaît de plus en plus clairement que Bart De Wever est bien l'incarnation de sa face la plus sombre, celle qui n'a jamais fait son examen de conscience par rapport à la collaboration et qui continue aujourd'hui à propager des idées de haine teintées de références historiques de plus en plus circonscrites à la mise en évidence du Völkisch. On imagine aisément la frustration de ce Max Aue de la politique, qui, entre diarrhées et vomissements, s'en va replonger dans ses livres d'histoire se rassérénant à la lecture de ces évocations. S'il devait exister, Bart De Wever serait un type (très) dangereux.
Durum
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