Pendant toute la durée de la dernière campagne électorale et dans les mois qui ont suivi, combien de fois n'a-t-on entendu la même rengaine parmi les édiles politiques flamands stigmatisant le Wallon paresseux du Hainaut occidental refusant d'aller travailler dans l'opulente Flandre occidentale alors que les frontaliers français débarquent en masse à Courtrai et ses environs. Invité des "Bureaux du pouvoir" sur la RTBF, Yves Leterme himself avait réalisé un reportage sur le sujet montrant ces courageux travailleurs français oeuvrer dans des abattoirs flamands et appelant les Wallons à faire montre d'autant de courage.
Ce qu'on n'a jamais dit alors au nord du pays c'est qu'en vertu d'une convention fiscale franco-belge extrêmement avantageuse à l'hexagone, les travailleurs frontaliers d'outre-Quiévrain payent leurs impôts en France où ils sont légèrement moins élevés pour de nombreuses classes de salariés et où il n'y a pas de prélèvement à la source. Par ailleurs les mêmes travailleurs français payent leurs cotisations personnelles finançant la sécurité sociale en Belgique. Par mois, ils gagnent en moyenne, en net, de 20 à 30% de plus que ce qu'aurait pu toucher "un Wallon paresseux".
Mais la discrimination fiscale et sociale allait cesser, pensait-on. Un nouvel avenant à la convention avait pour objectif d'inscrire la France et la Belgique, à partir du 1er janvier 2009, dans le cadre de la réglementation de l'Organisation de coopération et de développement économique qui énonce le principe d'une imposition sur le lieu de travail au lieu d'une imposition sur le lieu de domicile.
Or voilà-t-il pas que sous la pression du patronat west-flandrien, le tout aussi west-flamand Yves Leterme vient de réussir à convaincre les autorités françaises de postposer de 3 ans au moins l'entrée en vigueur de l'avenant qui avait été conclu par le ministre des Finances Didier Reynders. Ce faisant, le premier ministre fait perdre quelque 200 millions d'euros au budget de l'Etat (en compensations à des exceptions à l'avenant et en rentrées fiscales).
Récemment, le quotidien français "La Voix du Nord" a fait état du travail à la maison de l'emploi de Roubaix des sociétés d'interim Randstad et Convert pour le compte de sociétés basées en Flandre occidentale. "Nous manquons de personnel flamand motivé. Ce matin, nous avons vu quelques personnes intéressantes. Les frontaliers ont beaucoup d'atouts chez nous: il y a du boulot et ils gagnent plus. Pour nous aussi, c'est un intérêt d'avoir des gens motivés. Nous sommes contents que l'ASSEDIC prévoit des formations et des cours de néerlandais pour mieux s'entendre". Mais pourquoi pas aussi proposer ces emplois à d'autres demandeurs? "Un employé (français) gagnera en moyenne 20% en plus", explique-t-on en référence à la convention franco-belge.
Il en ressort que ce dumping à l'emploi va permettre à certains au nord du pays de continuer à entretenir les slogans. Je travaille moi, monsieur. Jour et nuit. Je cherche des solutions pour l'avenir de ce pays. Goed bestuur, Yves!
Durum
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3 commentaires:
Faut de plus savoir que l'avenant, déjà signé, prévoyait que pendant 25 ans les transfrontaliers pouvaient maintenir leur droit... L'objectif visé est donc bien ici de continuer à engager des français bon marché! Et dire que la majorité des 40000 français transfrontaliers travaillent en Wallonie, quel gâchis!
et pendant ce temps-là, la Flandre rejette les primes à la mobilité visant à encourager les demandeurs d'emploi à se déplacer (d'une région à l'autre) pour travailler. si elle a le droit de se prononcer à cet égard, la Flandre cache mal son hypocrisie, défendant comme énoncé dans ce post une "prime à la mobilité" pour les travailleurs français au détriment des caisses fédérales belges.
Merci pour cette information interessante
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