lundi 23 mars 2009

Hourra ! Une bonne proposition fiscale du MR !

Nous n’avons pas ménagé, sur ce blog, nos critiques à l’encontre des intérêts notionnels et des autres inepties concoctées au ministère des Finances. C’est dire notre joie en entendant le député PS Yvan Mayeur rétorquer du tac-au-tac à Didier Reynders, en plein débat à la Chambre sur les paradis fiscaux, que "la prochaine fois, on demandera votre département, comme ça on y mettra bon ordre".
La Boulette n’est pas pour autant un organe sous-terrain du Parti socialiste. La dernière proposition du secrétaire d’Etat à la fiscalité Bernard Clerfayt, l’étoile montante du MR, me donne une occasion de le prouver. Car l’idée est bonne et mérite d’être défendue.
L’homme préconise de baisser les impôts sur le travail à hauteur de 1% du PIB et d’augmenter d’autant la taxation de l’énergie, soit une opération budgétairement neutre qui permettrait de rapprocher la Belgique des modèles vertueux mis en place ailleurs en Europe.
Selon l’OCDE, la fiscalité verte ne pèserait chez nous que 2,4% du PIB, contre 2,9% en moyenne dans les pays voisins (et des taux bien plus élevés encore dans les pays nordiques). L’impôt sur le travail constitue quand à lui un frein à l’embauche. D’après le bureau du plan, une baisse équivalente à 0,5% du PIB permettrait de créer 60.000 emplois.
L’idée de Bernard Clerfayt signifie concrètement qu’employeurs et travailleurs paieraient moins d’impôts, mais que tous les Belges verraient leur facture d’énergie augmenter. Elle risque de heurter les socialistes, puisqu’elle se solderait par une perte relative de pouvoir d’achat pour les chômeurs et les allocataires du CPAS. Le PS parle même d'aller dans l'autre sens, et de baisser la TVA sur l’énergie! En période électorale, on l’imagine bien accuser les libéraux d’accorder au cadeau fiscal aux patrons sur le dos des plus pauvres. Ce serait une erreur grossière.
Il est avéré que le coût de la prévention du changement climatique ne représente qu’une fraction de celui des conséquences du changement climatique. Il faut orienter dès maintenant la dépense dans ce sens, et ce projet doit être porté par toute la société, pas seulement par les pouvoirs publics. Augmenter graduellement la fiscalité sur l’énergie est un pas dans la bonne direction. L’argument selon lequel une telle mesure serait inéquitable tient de l’aveuglement économique et écologique, mais aussi d’une certaine forme d’égoïsme : car si les pauvres de Belgique éprouveront encore un peu plus de difficultés à boucler leurs fins de mois, que dire des très pauvres dans les pays du Sud, qui affrontent déjà, et bien plus sérieusement, les dégâts du réchauffement ?
Le glissement fiscal serait aussi une bonne mesure pour l’emploi : il permettrait aux entreprises d’engager plus. On pourrait même, en guise de provocation conclusive, penser que ce transfert (limité) de richesse des allocataires vers les travailleurs constitue une bien meilleure incitation à chercher du travail que la "chasse aux chômeurs"...

Colonel Moutarde

20 commentaires:

Anonyme a dit…

La boulette vient en effet de prouver par l'absurde qu'elle n'étais pas un organe sous-terrain du PS.

Mais tant que vous y êtes, ce serait pas plus simple de carrément interdire aux moins nantis de consommer de l'énergie ?

Anonyme a dit…

"Clerfayt, étoile montante du MR". C'est de l'humour, je suppose ???

Sur le plan communal, son seul projet est de réduire à néant les chances d'un olivier, quitte à pourrir une campagne électorale. Au fédéral, il fait à peine mieux : c'est le premier secrétaire d'Etat de rien de l'histoire, mais il a quand même réussi en deux temps trois mouvements à décrocher le surnom de Sarah Palin de la politique belge ! Un bilan impressionnant !

Anonyme a dit…

Je me disais bien que ce billet ne resterait pas longtemps sans réaction...
Une hausse limitée de la fiscalité sur l'énergie ne revient pas à interdire aux moins nantis d'en consommer, mais à inciter tout le monde à consommer avec davantage de modération. Pour les plus démunis, il y a la possibilité d'introduire des aides spécifiques.
Quant à Clerfayt, je n'aime pas son parti et je n'ai pas de sympathie particulière pour lui. Donc, je ne voudrais pas qu'on croie que je le défends, mais quand même: dire que "sur le plan communal son seul projet est de réduire à néant les chances d'un olivier", c'est une tautologie. C'est dans la logique des choses qu'un politicien de droite s'oppose à un olivier.
Et puis surtout, vu les compétences des communes, le clivage droite-gauche à moins de sens au niveau local. Alors qu'il ait battu une Laurette Onkelinx parachutée à Schaerbeek pour des raisons électorales, ça me fait plutôt rigoler.

Anonyme a dit…

Je crois que le clivage droite-gauche dans les communes, soit au plus près des préoccupations des citoyens, est encore plus important qu'ailleurs.
La preuve ? Prenez donc la peine de comparer Saint-Gilles et Schaerbeek (en tous points comparables) en ce qui concerne les aménagements, les écoles, le sport, la culture, la propreté. Sur ces 5 seuls points, il y a plein de choses à dire par rapport à ce qui (n')est (pas) fait à Schaerbeek.

Anonyme a dit…

1) Je soutiens que taxer de la même façon une toyota carina de 1982 et une porsche cayenne flambant neuve de 300 chevaux, est une mesure antisociale.

2) Les prêts verts sociaux (prêts à 0% seulement pour les revenus inférieurs à 1000 ou 1500 euros) sont du pur foutage de gueule au regard de ceux qui n'arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Je suis pas loin de penser la même chose des primes vertes.

3) La TVA est un impôt injuste. Faut donc réduire les taux sur l'énergie notamment !

Tout ça me fait penser qu'en plus de la fracture sociale, on rajoute une fracture écologique !

Anonyme a dit…

Et moi je soutiens que la voiture, qu'elle soit une Toyota pourrie ou une Porsche, est un fléau urbain dont il faut se débarrasser. On vit très bien sans voiture. A fortiori quand on est fauché.
Pour ce qui concerne le chauffage, il existe des formules de chèques-mazout ou le dernier chèque-énergie pour les revenus modestes.
Quant aux primes et autres, faut quand même pas déconner. C'est pas parce qu'une partie de la population ne peut pas payer pour l'isolation des maisons et panneaux solaires qu'il faut renoncer à cette politique qui est non seulement écologique mais aussi éthique. Ne pas contribuer à la lutte contre le changement climatique est immoral, mais les conséquences semblent trop lointaines pour qu'on s'en rende compte.
La fracture écologique, c'est une idée que le PS essaie d'accréditer pour se faire des voix sur le dos d'Ecolo.

Anonyme a dit…

D'accord avec vous sur la plupart de vos remarques, mais :

- il faudrait restreindre coercitivement l'usage de la bagnole et pas vendre des permis de polluer.
- en ce qui concerne les primes vertes, c'est justement les logements vétustes qu'il faudrait atteindre en premier. C'est là qu'on peut diminuer le plus la consommation.
- pour en revenir à l'objet même du débat, il m'étonnerait que le Sarah Palin de Schaerbeek soit un grand défenseur des chèques-mazout !

Pour ce qui est de la fracture écologique, je crains, cher Colonel, que ce ne soit bien plus qu'un argument électoral...

Greg a dit…

Les chèques-mazout ne concernent que... le mazout.

Ni le gaz, ni l'électricité, pour lesquelles il n'y a pas vraiment de mesures.

Anonyme a dit…

@ eurotrash boy (quel magnifique pseudo):
on parle désormais de "réductions forfaitaires sur combustibles de chauffage", qui s'appliquent indifféremment pour le gaz, l'électricité et le mazout.
Il s'agit en 2009 d'un chèque de 105 euros pour les familles gagnant moins de 26.000 euros.
Voir http://www.mineco.be/energy/tariff_reduction/tariff_reduction_fr.htm#1

Anonyme a dit…

La meilleure façon d'avoir une fiscalité verte, c'est de super-fort taxer les hauts revenus et de garantir des quotas de base gratuits pour chaque ménage en augmentant de façon exponentielle la taxation sur l'énergie ou l'eau à mesure que la consommation augmente (ex: piscine...). De même, l'isolation gratuite des bâtiments publics et des logements sociaux, et l'obligation d'isolation pour les entreprises doivent être envisagées. Les prêts pour le solaire coûtent très cher et sont beaucoup moins efficaces. C'est la bonne conscience écologique des Bourgeois.Pour les bagnoles, interdire leur circulation dans une grande partie des villes, garantir des transports en commun (surtout tram et bus) beaucoup plus fréquents et de qualité partout et un vélo gratuit par personne pour tous les travailleurs.Plutôt que de vanter les inepties de Clerfayt...Chiche?

himself a dit…

"notre joie en entendant le député PS Yvan Mayeur rétorquer du tac-au-tac à Didier Reynders, en plein débat à la Chambre sur les paradis fiscaux, que "la prochaine fois, on demandera votre département, comme ça on y mettra bon ordre"."

Comme la gestion du CPAS de BXL ou des hôpitaux IRIS par le grand gestionnaire Mayeur ...

De fait, Ô joie.

Anonyme a dit…

J'ai l'impression qu'écosocialiste a mis tout le monde d'accord. Surtout le Colonel Moutarde d'ailleurs... ;-))))

Anonyme a dit…

@ ecosocialiste
Je suis d'accord avec vous, il faut que les plus riches contribuent davantage à la solidarité. C'est pourquoi il y a la progressivité de l'impôt en Belgique. Et pourquoi pas créer un impôt sur la fortune, comme en France (même si maintenant il y a le bouclier fiscal) ?
Mais cela n'est pas directement lié à la fiscalité de l'énergie. L'idée de Clerfayt est bonne parce que c'est un grand glissement d'un pôle trop taxé vers un pôle pas assez taxé. Elle favoriserait l'emploi et l'environnement. On peut atteindre d'autres objectifs, comme la redistribution de la richesse, avec d'autres instruments. On peut aussi penser à la fiscalité du capital.

@himself
Je suis aussi indifférent à Mayeur, que je ne connais pas plus que ça, qu'à Clerfayt. Je me réjouissais surtout à l'idée de déloger Reynders des Finances.

Anonyme a dit…

L'idée de Clerfayt est MAUVAISE parce qu'on ne sait pas comment il s'y prendrait pour baisser la fiscalité sur le travail. Le commun des mortels a-t-il senti les réformes fiscales de Reynders ? Je ne crois pas : elles ont surtout profité aux plus riches, donc permis de résoudre les pièges à l'emploi.

Anonyme a dit…

rectificatif :
Les réformes fiscales n'ont PAS permis de résoudre les pièges à l'emploi

Anonyme a dit…

Je ne vois pas pourquoi ce serait une fatalité que la fiscalité sur le travail soit tellement plus élevée en Belgique qu'ailleurs en Europe, ni pourquoi la taxation du capital et de l'énergie devrait rester tellement plus faible.
En Belgique, ça coûte une fortune d'engager quelqu'un, cela crée du chômage structurel.
Par contre le capital n'est que très faiblement taxé.
C'est donc une bonne idée de baisser la charge pesant sur l'emploi. L'usage de majuscules ne tient pas lieu de point final, cher fan des Wedding Present.

Anonyme a dit…

C'est d'abord les travailleurs qui doivent être moins taxés.

himself a dit…

"Je suis aussi indifférent à Mayeur, que je ne connais pas plus que ça, qu'à Clerfayt. Je me réjouissais surtout à l'idée de déloger Reynders des Finances."

M'est d'avis que l'on doit connaitre Reynders des Finances, "plus que ça" pour pouvoir jouir de l'idée qu'il soit délogé. Mon côté hautement pervers, aimerait connaitre les fantasmes obscures qui hantent cet onanisme déviant.

Anonyme a dit…

@ himself : il m'est d'avis qu'on connaît beaucoup trop bien Reynders : http://boulettemoutarde.blogspot.com/2009/02/didier-reynders-le-prince-eveque-qui-se.html

himself a dit…

La joie en entendant le député PS Yvan Mayeur : « Didier Reynders est venu nous répéter que c’est en assistant au match Standard-Anderlecht, le vendredi 26 septembre 2008, qu’il a appris les grandes difficultés de Fortis ; dans les loges, avec Yves Leterme, alors Premier ministre, et Guy Quaden, gouverneur de la Banque nationale. Je suis très sceptique ». Le krach bancaire n’avait pas été « prévu » ? Le ministre des Finances exonère la commission de contrôle des banques et des assurances (CBFA) de toute responsabilité, et son pilote, Jean-Paul Servais : « En revanche, il cite… l’Organisation mondiale du Commerce et Pascal Lamy, le Fonds monétaire international et Dominique Strauss-Kahn, la Banque nationale et Guy Quaden… Trois institutions pilotées par des personnalités socialistes ! Suivez mon regard. Jean-Paul Servais, lui, son ami libéral, le plus concerné par tout cela, n’a rien à voir… »

Quand on aime, on ne compte pas.