Tout au long de son mandat, le commissaire européen en charge des services financiers, Charlie McCreevy, a rejeté les appels au renforcement de la réglementation. L’homme ne s’est jamais inquiété de la spéculation massive qui a conduit à la crise. Il a obstinément refusé de mettre de l’ordre dans les vastes pans non-régulés de la finance, prônant une approche "light-touch". Il a défendu vigoureusement les pratiques agressives des hedge funds, jugeant que les leveraged buyouts et autres techniques financières visant à engendrer des profits énormes à court terme "permettent de maintenir la pression sur les directions d'entreprises, comme les élections pour les politiciens".
Aujourd’hui, les thèses de M. McCreevy sont largement discréditées. La situation dramatique l’a contraint à revoir toutes ses positions, les unes après les autres. La Commission a ainsi présenté des nouvelles normes sur les agences de notation de crédit. Elle a dû introduire des règles obligeant les banques à conserver dans leur bilan un pourcentage des créances immobilières titrisées. Très symboliquement, elle sera contrainte de présenter bientôt des règles sur les hedge funds.
Malgé cet aveu cuisant, M. McCreevy ne semble pas disposé à admettre ses torts. Confronté récemment aux questions très directes d’un journaliste, l’Irlandais a rejetté toute responsabilité personnelle. "Tout le monde est d’accord pour dire que les hedge funds ne sont pas la cause de la crise actuelle", fut sa seule réponse.
Une malhonnêteté intellectuelle qui contraste avec la franchise d’Alan Greenspan. L’ancien président de la Réserve fédérale américaine, jugé largement responsable de la bulle spéculative aux Etats-Unis, avait au moins eu la candeur d’admettre, lors d’une audition devant le Congrès, les "imperfections" de sa politique de laisser-faire.
Mais pour Charlie, point de mea culpa. L'homme n'en quittera pas moins ses fonctions avec un bilan très léger. Aussi léger que sont lourdes les conséquences de la débâcle financière. Trop léger, certainement, pour lui permettre d'affronter les électeurs - en contradiction avec ses propres déclarations. Parions que l'homme saura trouver refuge dans l'une de ces institutions financières qu'il a choyées pendant cinq ans.
Colonel Moutarde
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2 commentaires:
Un petit poste dans une multinationale, c'est pas normal quand un commissaire sort de charge ?
Ce serait normal. Evidemment, dans une banque pour l'instant; c'est pas terrible...
Bah, on trouvera bien quelque chose.
La premier ministre belge pense que, peut-être, la banque Fortis pourrait survivre seule, comme banque 100% publique. Bravo. Il était temps.
Rappelons que la Caisse d'épargne vendue un vil prix aux actionnaires de la Société générale était une banque prospère et solide, au service de l'économie locale.
retour à la case départ. Pour une fois qu'il fait bon d'être réactionnaire, allez hop un bon retour en arrière !
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