mardi 17 mars 2009

Pas de socialiste pour affronter Barroso ?

Le socialisme européen est plein de paradoxes. Alors qu'en France, le parti s'est déchiré autour des ambitions personnelles des Ségolène, DSK et compagnie, et qu'au Royaume-Uni, le Labour a longtemps été miné par la lutte intestine entre Blair et Brown, au niveau européen, c'est plutôt la pénurie de “présidentiables”. Les socialistes ne se bousculent pas au portillon pour affronter José Manuel Barroso, qui sera le candidat emblématique de la droite aux élections de juin prochain. En dépit du fait qu'il ne se présentera pas au Portugal, le Portugais ambitionne en effet de se succéder à lui-même à la tête de la Commission.
Et bien que les socialistes soient en train de fourbir leurs armes pour dénoncer la passivité de la Commission sortante face à la crise financière, ils n'ont pour l'instant aucun visage à opposer à celui de José Manuel.
Une telle absence peut sembler anodine, étant donné que les campagnes pour les élections européennes restent largement nationales. Mais pour la première fois, un véritable débat pourrait se dessiner entre deux personnalités candidates à la Commission. La droite a en effet déjà choisi Barroso, avant les élections. Si la gauche emboite le pas, il y aurait un vrai "combat des chefs" très bénéfique pour le débat démocratique européen.
Mais le PSE semble réticent à s'engager dans cette direction. Il faut dire que les présidentiables ne sont pas légion. Le candidat idéal serait Pascal Lamy. L'ancien chef de cabinet de Jacques Delors en serait l'héritier parfait: intelligent, fin connaisseurs des dossiers, partisan d'une mondialisation à visage humain. Mais il a préféré opter pour un second mandat à la tête de l'OMC. On a bien pensé à l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzales, mais l'homme n'est pas intéressé. Son ancien homologue Michel Rocard, grand intellectuel de la gauche européenne, n'est plus très fringant.
En l'absence de candidat naturel, c'est le président du PSE, l'ancien Premier ministre danois Poul Nyrup Rasmussen qui est pressenti pour porter le flambeau. L'homme connait bien les rouages de la finance internationale et pourrait mener une bonne campagne sur ce thème. Mais il manque de charisme. Et son patronyme est son plus sérieux handicap. Son homonyme successeur à la tête du gouvernement danois, Anders Fogh Rasmussen, tient en effet la corde pour devenir le prochain secrétaire-général de l'OTAN. On imagine mal deux Danois, deux Rasmussen, obtenir ces deux postes clés au même moment.
Mais surtout, au sein même du parti socialiste, l'idée d'une campagne aggressive contre José Manuel Barroso pour conquérir la présidence de la Commission, ne fait pas l'unanimité. Certains sacrifient déjà au réalisme, convaincus que le Portugais sera reconduit de toute façon. C'est le cas du chef de groupe socialiste au Parlement européen, Martin Schulz, devenu bien conciliant. Peut-être espère-t-il devenir vice-président de la Commission aux côtés de M. Barroso ? Ce serait un scénario réaliste. Avec la libéral Anders Fogh Rasmussen à la tête de l'OTAN et le "socialiste" Tony Blair à la présidence du Conseil ? On prend les paris sur cet "équilibre" politique déjà tout trouvé...

Colonel Moutarde

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Faut dire que rien que le fait de se proclamer socialiste (et je ne parle même pas de l'être vraiment) suffit pour qu'il y ait un non catégorique de plus de 3/4 des pays ! On comprend dès lors mieux pourquoi on ne se bouscule pas au portillon !

Parmi les candidats (pseudo-) socialistes, vous citez Pascal Lamy, Directeur de l'OMC. Socialisme et OMC, ce serait pas légèrement antinomique ?

Anonyme a dit…

Cher amateur des Smiths,
Je vous réponds franchement que OMC et socialisme, ce n'est pas antinomique, c'est au contraire très complémentaire.
Bien sûr, l'OMC est instrumentalisée par les Etats-Unis pour promouvoir les OGM, bien sûr c'est une organisation plutôt libérale, mais elle n'est pas une machine bureaucratique qui impose d'en haut des décisions anti-sociales, comme les médias le laissent entendre en permanence. C'est une institutions intergouvernementale qui établit des règles. Or, des règles, c'est précisément ce dont le capitalisme a besoin: discipliner les subvenbtions agricoles qui faussent la donne pour les pays du sud c'est l'élément principal du cycle de Doha. Un jour, il faudra aussi mettre à l'agenda des négociations les questions sociales. Encore faudrait-il que tous les "anti" de gauche comprennent qu'on change le monde depuis l'intérieur des institutions et pas en dehors d'elles. L'OMC et l'UE ne sont pas mauvaises ou libérales en soi, elles ne sont que des instruments qu'il faut orienter dans la bonne direction. Ce qui nous ramène à la question des personnes qu'on choisit pour les diriger...

Anonyme a dit…

Ben justement, je ne suis pas convaincu que ce dont les pays en pauvres ont besoin en priorité soit le capitalisme, même "régulé".

Et je ne me considère par comme un "anti de gauche", mais comme un un partisan de rapports Nord-Sud équitables (soit ce que l'OMC ne garantit pas).

Anonyme a dit…

Mais c'est précisément au sein d'une institution comme l'OMC, où chaque pays a une voix, que le Sud a une chance de se faire entendre. Ce qu'il ne se prive d'ailleurs pas de faire, en claquant la porte du sommet de Cancun (2003) ou quand l'Inde a dit non aux USA l'été dernier. Le Nord ne dicte plus ses conditions, c'est un changement fondamental que les anti-OMC font semblant de ne pas voir.
Quant à la question de liquider le capitalisme, il faudra qu'on m'explique par quoi on veut le remplacer. L'économie dirigée, ça n'a pas vraiment été un succès, ni en URSS, ni même en Chine, où croissance économique ne rime pas avec émancipation. Ne parlons pas de la Corée du Nord.
Quand on regarde le 20e siècle, il me semble quand même évident qu'une économie de marché régulée, avec participation forte des syndicats sur le modèle rhénan, c'est la voie à suivre.

Anonyme a dit…

1) hahahaha. Qu'on m'explique ce que les pays pauvres ont à gagner d'acheter des produits pourris aux pays industrialisés et j'arrêterai de me marrer...
2) c'est clair que la capitalisme est un franc succès...
3) un système économique non basé sur le profit, une sorte de troc à l'échelle mondiale ?
4) je vous trouve un peu dur avec Pyongyang ! (Pardon, c'était de l'humour).

Anonyme a dit…

C'est vrai que le régime a permis de mettre en place un système éducatif exemplaire, comme le soulignait Willy Burgeon dans un fameux reportage de Striptease.

Anonyme a dit…

La délégation de très haut niveau et son feu de camp avec Burgeon, Destexhe, Dallemagne, Moriau, Van Quickenborne apparemment îvres morts ! Génial !

http://www.culturalgangbang.com/2007/06/une-dlgation-de-trs-haut-niveau.html