vendredi 20 février 2009
Le scandale de la reconduction de Barroso
Faute politique majeure de la dernière décennie, l'invasion de l'Irak a coûté cher politiquement à ses principaux responsables. George W. Bush restera dans l'histoire comme le président le plus impopulaire des Etats-Unis. Tony Blair est, lui aussi, sorti, par la petite porte. José Maria Aznar, le seul qui ait osé affronter les électeurs, s'est pris une déculottée au lendemain des attentats de Madrid, imputés à la participation espagnole à la 'coalition of the willing'.
José Manuel Barroso, qui, en sa qualité de Premier ministre portugais, fut l'hôte du sommet des Açores (photo), est le seul des quatre participants à ne pas avoir payé le prix politique de l'aventure. Contrairement à MM. Bush et Blair, il n'a jamais exprimé le moindre regret. Il n'a pas non plus reconnu avoir autorisé l'utilisation des aéroports et de l'espace aérien portugais pour le transfert illégal de prisonniers de la CIA vers Guantanamo.
Désigné à la Commission européenne en 2004, l'homme brigue un second mandat. Passer à la postérité à la manière de Jacques Delors est, certes, une perspective plus réjouissante que celle de devoir éviter des jets de chaussures. Et bien qu'il soit difficile de prévoir le résultat des prochaines élections européennes, l'affaire est déjà presque entendue.
Extrêmement consensuel, l'homme devrait bénéficier du soutien des capitales, qui ne veulent pas d'une trop forte tête à la Commission. Il jouit déjà du soutien des principales familles politiques européennes. Qui ont sucré cette semaine le passage d'un rapport mettant en cause sa responsabilité dans le transfert des prisonniers de la CIA. Ce n'est pas trop surprenant que la droite, dont il est issu, se livre à ce petit jeu. Mais que la gauche s'amuse à maquiller l'Histoire est très dérangeant. Le chef de file des socialistes au Parlement européen, Martin Schulz, porte cette responsabilité. Il a été à la manoeuvre, cette semaine, pour que ses troupes rejettent l'amendement sur Barroso. Jusque récemment, pourtant,l'homme n'hésitait a attaquer vertement le président de la Commission. Mais il a lui aussi des ambitions personnelles. Il se verrait bien président du Parlement européen, voire commissaire. Et comme la répartition des postes européens fera l'objet d'un deal global, il ne s'agit plus de faire des vagues avec la droite.
La reconduction probable de Barroso est scandaleuse à deux titres. Elle signifie que l'Europe, contrairement aux Etats-Unis, qui ont élu Barack Obama, n'assume pas l'erreur historique de l'Irak.
Elle donne également une image déplorable de la démocratie européenne. Contrairement à l'esprit du traité de Lisbonne, qui prévoit l'élection du président de la Commission par le Parlement européen, on perpétue les mêmes petits arrangements entre amis, en se préoccupant à peine du résultat des élections.
Colonel Moutarde
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14 commentaires:
Ah super, je vois que le traité de Lisbonne a enfin été ratifié par tous. Pouvez-vous me rappeler quand l'Irlande et la Tchékie l'ont fait ?
C'est bien pour cela que je parle de l'"esprit" du traité de Lisbonne, qui n'est certes pas encore ratifié par deux pays représentant ensemble 3% de la population de l'UE:
par respect à l'égard de cette minorité pas du tout silencieuse qui s'indigne du déficit démocratique européen mais n'accepte pas la volonté de la majorité. Cette minorité très bruyante pour qui l'opposition primaire au traité Lisbonne fait office de conscience politique, sans jamais qu'on n'entende ses propositions alternatives pour la construction européenne.
"par respect à l'égard de cette minorité pas du tout silencieuse qui s'indigne du déficit démocratique européen mais n'accepte pas la volonté de la majorité. Cette minorité très bruyante pour qui l'opposition primaire au traité Lisbonne fait office de conscience politique, sans jamais qu'on n'entende ses propositions alternatives pour la construction européenne."
Fatiguant. Vraiment.
Jean-Luc Dehaene propose de faire comme si le traité de Lisbonne était ratifié ! On pourrait élargir l'idée, pourquoi faut-il ratifier les traités. Une fois signés par les Chefs, c'est bon, non ? Quelle idée de demander aux sous-fifres leur avis. Bon dieu, avec les experts de la commission on peut trouver tout seul ce qui est bon. D'ailleurs, Barroso, il est chouette, il ne cherche pas à se rendre populaire, il touche ses sous, ferme sa g... et ne demande pas l'avis des peuples. C'est tout bon. J'apprends que le PSE au Parlement européen (est-ce un parlement?)représente la gauche (lol). Quelle gauche, celle de di Rupo qui n'a pas voulu consulter le peuple sur le TCE et pas davantage sur le traité de Lisbonne. Qui accepte comme principes de base de la démocratie les quatre libertés commerciales de l'UE, au dépens de la solidarité et de l'égalité !
Bonsoir,
La reconduction de Barroso est d'autant plus scandaleuse que l'on sait que cet homme a toujours prôné pour l'Europe cette idéologie ultra-libérale d'obédience US qui nous a tous conduits dans le mur.
Comme quoi personne n'a l'intention d'y changer quoi que ce soit, et l'Europe en premier.
Sophie
Le peuple Irlandais ne représente t il pas 100% des peuples qui ont été appelé à voter pour ou contre le traité de Lisbonne ?
Aznar ne se présentait pas aux élections à l'époque. Même si il a fait campagne pour le candidat de son parti.
Blair non plus n'as pas été battu par des élections en fin de manda
Quan on a des gouvernants avec un mandat court (4-5ans), c'est une faute lourde que de lâcher aussi longtemps la bride sur le coup à cet individu qui va se croire à la tête de l'Europe !
Je présente à cette adresse http://www.la-france-contre-la-crise.over-blog.com/ ma contribution sur:
-la question centrale de la dette dans nos économies et des intérêts de la dette, avec une solution portant sur plus de 1200Md d'euros dans le cadre de la Francophonie pour une sortie de crise et l'émergence de fait d'un monde multipolaire...
-la question de la réforme territoriale...
-la politique maritime et l'Outremer
-le soutien aux PME-PMI
Je suis très heureux de voir le débat s'animer sur ce blog, qui vient d'atteindre pour la première fois le nombre de 100 visiteurs par jour. J'avais déjà remarqué, sur le blog de Jean Quatremer (Les Coulisses de Bruxelles), que le traité de Lisbonne suscitait les passions... On va continuer, donc...
@ Max
Copier-coller mes phrases en les concluant d'un "fatiguant" péremptoire et méprisant ne vous tient pas lieu d'opinion. Ne soyez pas avare de vos doigts, développez! Et puisque vous m'y invitez: ce qui est fatiguant, vraiment, c'est la tendance des anti-Lisbonne a distiller l'idée que la ratification parlementaire du traité de Lisbonne est anti-démocratique. Cela revient à faire croire que les décisions parlementaires ne sont pas démocratiques. C'est au fond un argument poujadiste et dangereux. A moins de défendre la démocratie directe, mais dans ce cas pourquoi les mêmes personnes ne revendiquent-elles pas des référendums sur les milliards des plans de relance, sur le sauvetage financier, sur le budget annuel de l'Etat... ? Pourquoi seulement des référendums sur les traités européens ?
Je crois que c'est lié à cette relation d'amour-haine entre les citoyens et l'Europe qui, dans l'inconscient collectif, prend parfois la forme d'un punching ball géant, d'un exutoire à tous les problèmes.
@jcd
Jean-Luc Dehaene propose d'anticiper certaines dispositions du traité de Lisbonne qui vont RENFORCER la légitimité démocratique de la Commission, en organisant des auditions du président-désigné par les groupes politiques du Parlement. C'est très loin d'être suffisant, ce que l'intéressé reconnait lui-même, mais c'est ce qui est possible en l'état actuel de l'intégration européenne. Les pays eurosceptiques n'acceptent pas de donner davantage de pouvoirs au Parlement eutropéen.
Cela viendra un jour. Encore faudrait-il que les partisans de la démocratie européenne comprennent que le traité de Lisbonne va précisément dans cette direction. Le traité étend assez nettement les pouvoirs du Parlement européen, qui, pour répondre à votre question (rhétorique, sans doute) est vraiment un parlement.
La construction européenne n'est pas figée, c'est un processus dynamique...
le plus singulier avec barroso est qu'il fait partie de ces personnages à la d.kessler ou autres, ayant commencé chez les maoïstes radicaux... lui, à la fac de droit, il avait braqué le mobilier du bureau du recteur pour aménager la cellule du Mouvement de réorganisation du parti du prolétariat. ses chefs lui avaient dit, allez petit, respire par le nez, et remets tout en place...
ce jugement de son prof de droit , de l'époque, Rebelo de Sousa, est terrible d'acuité, quand on relit tout son parcours :
"L'une des tactiques favorites de José Manuel Durao Barroso est de laisser tout le monde croire qu'il n'a pas les qualités nécessaires à l'exercice de sa fonction. Il est ainsi certain d'apparaître à l'usage plus brillant que prévu, et d'éviter de décevoir. .."
lien sur mon nom de user
"Ne soyez pas avare de vos doigts, développez!"
Déjà fait en temps et en heure, ces deux simples mots n'étaient que l'expression de mon dépit d'autant plus grand que j'avais plutôt apprécié le billet lui-même.
"c'est la tendance des anti-Lisbonne a distiller l'idée que la ratification parlementaire du traité de Lisbonne est anti-démocratique. Cela revient à faire croire que les décisions parlementaires ne sont pas démocratiques."
Pays-Bas: Référendum et rejet
Irlande: Référendum et rejet
France: Référendum et rejet
France: Ratification par quasi unanimité parlementaire.
Si on n'ose pas aller jusqu'à dire que la voie parlementaire est anti-démocratique, on peut toutefois empiriquement douter de sa représentativité. Et comme vous le sous-entendez plus loin, la démocratie représentative n'est qu'une forme de démocratie parmi d'autres. On peut donc la critiquer sans tout de suite se faire traiter de poujadiste, non?
"pourquoi les mêmes personnes ne revendiquent-elles pas des référendums sur les milliards des plans de relance, sur le sauvetage financier, sur le budget annuel de l'Etat... ? Pourquoi seulement des référendums sur les traités européens ?"
1) je ne parlerai qu'en mon nom propre, mais je le revendique tout à fait.
2) changer la constitution, qui obligeait à soumettre à referendum ce traité, dans le simple but de court-circuiter l'expression populaire, admettez que cela motive particulièrement.
"Je crois que c'est lié à cette relation d'amour-haine entre les citoyens et l'Europe qui, dans l'inconscient collectif, prend parfois la forme d'un punching ball géant, d'un exutoire à tous les problèmes."
Je ne parlerai toujours qu'en mon nom propre, mais comme pour la démocratie un peu plus haut, ce n'est pas parce qu'on critique (parfois même fortement) une forme que peut prendre un plus grand principe, que l'on y est nécessairement opposé. N'est-ce pas la plus belle défense de l'Europe que de refuser d'en faire un immense gâchis, faute de volonté et d'exigence? Vous avez certes le droit de penser qu'il vaut mieux peu que rien du tout, mais omettez s'il vous plaît ces petites piques condescendantes et insultantes.
"Cette minorité très bruyante pour qui l'opposition primaire au traité Lisbonne fait office de conscience politique, sans jamais qu'on n'entende ses propositions alternatives pour la construction européenne."
C'est vrai que ça tourne a la psychose car peu importe la question, ils en reviennent toujours la, comme si rien d'autre n'existait.
C'est d'autant plus etrange que le vrai traité fondateur, c'est maastricht ( et qui devrait donc être leur tete de turc), pas celui la qui ne fait que mettre un peu d'huile dans les rouages.
Mais il ne faudrait pas tomber dans le travers de ces gens :
Pour ce qui est d'un président de la commission élu par le peuple, via des "tetes de listes" aux elections européeennes ( idée formulée par jacques delors il y plusieurs années), c'est parfaitement possible des maintenant, avec un peu de bonne volonté des partis et des hommes politiques européens...
qui jusqu'ici fait défaut.
Je soutiens le principe depuis presque un an:
http://europatriotism.cafebabel.com/fr/category/Nous-voulons-elire-notre-president
La reconduction probable de Barroso est scandaleuse à deux titres. Elle signifie que l'Europe, contrairement aux Etats-Unis, qui ont élu Barack Obama, n'assume pas l'erreur historique de l'Irak.
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