samedi 18 octobre 2008

Les non-dits de Leterme I qui en disent long

La déclaration de politique générale du gouvernement qui a reçu le 16 octobre la confiance de la Chambre aura été plus éclairante dans ses silences que dans ses appels à la population à faire face à la menace de l'orage, en pleine crise financière.
On connaît la propension des professionnels à user de la communication pour vendre un produit fagoté, la faculté qu'ont d'aucuns à pousser le verbiage à son paroxysme quand les circonstances le demandent. Contexte de double crise, institutionnelle et financière (en partie) oblige, la logorrhée de l'équipe Leterme I est une leçon en la matière.
Ainsi, le gouvernement a-t-il, pour boucler son budget, inscrit dans ses recettes l'engagement des Régions et Communautés à ne pas dépenser 800 millions d'euros qui leur reviennent dans le cadre de leurs dotations respectives.
Pourtant, Bruxelles a fait savoir qu'elle était exsangue et que le fédéral lui devait du pognon. Pourtant, la Région wallonne ne s'est engagée sur le principe qu'à la condition que la Flandre en fasse autant. Et la Flandre a exprimé... son veto... mais a formulé une proposition alternative.
Elle est d'accord de prendre à son compte les dépenses qui mettent en difficulté l'entité I de l'Etat (l'échelon fédéral) portant sur une série de compétences aujourd'hui partagées entre les différents niveaux de pouvoir (dont l'important département de l'emploi), à condition de pouvoir dorénavant gérer elle-même à 100% ces compétences.
Ce faisant, la Flandre de Kris Peeters, relayée par le Premier ministre Yves Leterme cette semaine à la Chambre, a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de revoir la loi de financement qui, d'année en année assèche un peu plus les caisses du gouvernement fédéral. On en revient donc au projet flamand de responsabiliser des Régions devenues plus autonomes, encadrer plus objectivement les transferts, financer les entités fédérées en tenant compte de la richesse qui y est produite (ce qui est bon pour Bruxelles, d'autant plus si on y applique les normes internationales d'imposition sur le lieu de travail, mais là l'épure CD&V est comme par hasard plus nuancée).
A tout cela, qu'a répondu le gouvernement Leterme-Reynders? Il a acté ces conditions en inscrivant les 800 millions régionaux à son budget 2009. L'importante réforme de l'état annoncée est donc sur les rails. On peut commencer à l'envisager pour le second semestre de 2009, après les élections régionales.
2009 sera donc une année charnière, institutionnellement s'entend, mais elle sera également une année "énergique". Autre non-dit qui veut tout dire dans la déclaration du Premier ministre, après juin 2009, on décidera de reporter la sortie du nucléaire acquise par la coalition arc-en-ciel. Yves Leterme a rappelé l'échéance d'une réflexion l'année prochaine sur le mix énergétique telle qu'annoncée par le ministre Magnette en vertu de l'accord de gouvernement. Il faudra, a dit Leterme, proposer un modèle qui permette de rencontrer Kyoto (baisse des émissions CO2), de ne pas alourdir la facture des citoyens et d'assurer à la Belgique la sécurité d'approvisionnement. Du tout cuit pour le nucléaire. Dans le même temps, le gouvernement taxe les producteurs à hauteur de 500 millions d'euros (en réalité 360 millions après déduction d'impôts). GDF-Suez-Electrabel s'étrangle et menace mais se couchera lorsqu'elle aura la certitude de pouvoir continuer à actionner la pompe à milliards productrice d'énergie fissile.
La communication code-barre du gouvernement fortement teintée de non-dits, d'omission à l'insu de son plein gré est bien assumée en son sein. Ainsi, le secrétaire d'Etat Bernard Clerfayt, adjoint au ministre des Finances Didier Reynders, annonça urbi et orbi les différentes mesures prises pour le budget, en oubliant un détail, la taxation via le système du cliquet, des carburants en cas de baisse de prix. Mesure environnementale peu populaire qui, proportionnellement à la richesse, touchera essentiellement la classe inférieure et la classe moyenne. Il faut dire que le bourgmestre de la cité des ânes peut désormais être qualifié d'expert en omission, fausses informations et usage de fausses informations, lui qui n'a pas hésité récemment à renvoyer les tenants de la création d'une banque publique non sujette à la volatilité des cours, à ouvrir un compte à la banque nationale, pourtant cotée en bourse et... non accessible aux particuliers. Là, ce n'est plus du non-dit. Disant cela, notre expert financier, a c'est clair, failli à sa tâche. Cela lui a valu de la part de Josy Dubié (Ecolo) d'être affublé du sobriquet de "Sarah Palin de la politique belge".

Durum

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec le point sur la perception de l'IPP sur le lieu de travail. Le nouveau parti Pro Bruxsel milite d'ailleurs dans ce sens.

Anonyme a dit…

Moi, je confirme que Clerfayt ... est un âne !

Anonyme a dit…

Venant d'un cultivateur, la source me semble digne de foi.