La bouillonnante sénatrice-bourgmestre de Huy n'est pas une sainte. C'est une femme de pouvoir prête à beaucoup de choses pour arriver à ses fins comme beaucoup d'hommes et de femmes de pouvoir, en politique, dans le privé, dans les cénacles médiatiques, les lobbies, le secteur culturel, l'associatif, la fonction publique, la justice, etc.
Lâchée par une échevine socialiste, amie de vingt ans, Anne-Marie Lizin se trouve depuis quelques jours au centre d'une tourmente médiatique pour avoir, selon ses détracteurs, fait appel à du personnel communal qui, durant ses heures de travail, aurait fait de la propagande électorale pour son compte sur les marchés durant la campagne 2007.
Plusieurs choses. On peut parfaitement s'imaginer qu'à l'instar d'une grande partie des mandataires de ce pays et de tous les pays du monde, Mme Lizin ait usé de son influence pour que son personnel agisse de la sorte. Si cela s'avère vrai, ce serait parfaitement condamnable, sur le plan éthique mais également sur le plan judiciaire.
Mais à lire ce que rapporte la presse, on n'en est pas là. Qu'en est-il? Il apparaît, documents à l'appui, qu'une personne au moins au sein des services communaux a fauté. De bonne foi, par omission... c'est évidemment difficile à croire.
Cela étant dit, une enquête administrativre est en cours à l'initiative du ministre de tutelle, Philippe Courard. Le bon sens ne voudrait-il pas que l'on attende les conclusions de cette enquête, le parquet, par ailleurs, estimant, qu'à ce stade, il ne dispose pas d'éléments suffisants pour ouvrir un dossier. Par ailleurs, encore faudrait-il, même si l'un ou l'autre travailleur communal venait à, in fine, être inquiété, que l'on prouve, juridiquement s'entend, la responsabilité de la sulfureuse bourgmestre.
Quant aux insultes rapportées dont celle de "nazie" qui aurait été lancée par Mme Lizin à l'endroit de la députée régionale Ecolo Monika Dethier-Neumann (elle-même détentrice d'un 'Pan d'Or' en 2007 pour avoir qualifié Joëlle Milquet de 'beauté bon marché';-), cela est évidemment d'une gravité extrême. Mais là aussi, c'est, à ce stade, parole contre parole. Si la bourgmestre de Huy l'a effectivement prononcée, c'est inexcusable et on voit mal comment elle pourrait rester à son poste. Si elle ne l'a pas prononcé, c'est tout aussi grave. On lui aurait reproché des faits particulièrement sévères en vue de la déstabiliser. Il faut aussi, et ces lignes vont peut-être choquer, tenir compte du contexte de cet échange verbal viril, se rappelant la maxime de Pierre Desproges "On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui". Je ne veux pas par là minimiser la gravité des présumées insultes qui lorsqu'elles sont prononcées mais surtout lorsqu'elles sont rendues publiques ne font qu'atténuer l'horreur nazie ou fasciste. Je veux dire que Mme Lizin, qui n'est pas réputée d'extrême droite, aurait manqué de prudence s'il s'avérait qu'elle a effectivement traité Mme Dethier, germanophone, de 'nazie', et que, rendue publique cette faute ne pourrait évidemment qu'entraîner une condamnation unanime. Je voudrais, enfin, également préciser que l'on ne connait pas la teneur globale de l'échange qu'ont eu les deux protagonistes.
On peut comprendre que la presse s'intéresse à cette nouvelle affaire Lizin. De là à écrire des pages entières jour après jour à propos de faits qui reposent essentiellement sur des témoignages souvent anonymes de personnes aigries (probablement parfois à juste titre vu la chape de plomb que fait peser la dame de fer socialiste), cela commence furieusement à ressembler à un lynchage.
Il court de nombreuses rumeurs souvent invérifiables dans le landerneau politico-médiatique sur l'attribution fictive de marchés dans de nombreux départements, la vente de bâtiments publics qui ne rapporterait pas qu'aux seuls investisseurs, les jeux d'influence d'une kyrielle de potentats locaux, les nominations politiques mal déguisées, les nombreuses lettres à magistrats rédigées par des politiques (on se souvient à cet égard qu'une précédente affaire Lizin avait été dénoncée à juste titre), le passé pas toujours clair de certains chevaliers blancs de la politique, etc.
Ne nous y trompons pas quand des faits méritent condamnation, il n'y a pas lieu d'être laxiste et de tergiverser. Mais il s'agit de faire preuve d'équité d'une part et d'apprécier les choses à leur juste mesure d'autre part, tout en gardant aussi, par ailleurs, en mémoire, que, comme pour tout citoyen, "l'erreur" est humaine (je ne dis pas ça pour "l'affaire Lizin" mais pour la gestion de la chose publique en général).
Dans son édito, le rédacteur en chef adjoint du Soir Luc Delfosse propose une piste qui mérite réflexion: ne faut-il pas limiter, par exemple à deux législatures, le titre de bourgmestre, afin d'éviter les potentats locaux. Poursuivant la réflexion initiée par ce vieux de la veille, ne faut-il pas aussi limiter les mandats de certains chefs de rédaction, en vue d'éviter les potentats médiatiques. Quand on balaye, c'est aussi devant sa porte.
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5 commentaires:
"s'avère vrai" est une tautologie.
"On ne prête qu'aux riches" et Madame Lizin est richissime en casseeroles traînées...
Ce qui pose problème n'est pas tant ce fait là en particulier s'il était isolé mais bien l'accumulation de « petits arrangements » avec la légalité ainsi qu'une tendance certaine à refuser toute contradiction d'où qu'elle vienne.
s'il fallait virer tous les politiques qui refusent la contradiction, le paysage s'en trouverait tsunamisé;-)
"On ne prête qu'aux riches" effectivement. Mais sur ce coup-ci Mme Lizin semble surtout faire les frais de son omnipotence dérangeante. Et contrairement à Charleroi, il n'a jamais été question dans son chef d'enrichissement personnel.
Les casseroles de Mme Lizin sont souvent bien vides... Dommage en effet que l'on ne s'attaque pas à ceux qui sont encore puissant!
Comment se passe en effet les marchés dans les services publics? Mais peut-être que l'arrivée de Leterme au budget fera fuir d'autres Ministres, incapbles de continuer à distribuer leurs cadeaux!
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