La famille sociale-chrétienne humaniste est la dernière des trois familles traditionnelles à ne pas sembler s’inscrire dans une évolution qui conduirait la Belgique à se muer en une confédération dans laquelle l’essentiel des pouvoirs appartiendrait aux Régions dont Bruxelles verrait son territoire élargi.
Premièrement, si des représentants de l’ensemble des partis flamands rejettent l’idée que l’on touche à la frontière linguistique, il ressort que certains mandataires tels que le ministre bruxellois Pascal Smet (sp.a) et le sénateur du groupe Open Vld, Roland Duchâtelet, président de Vivant ont évoqué récemment la perspective d’un élargissement de Bruxelles. On peut se demander si la sortie de ce dernier n’a d’ailleurs pas été téléguidée par les libéraux flamands afin de tester l’hypothèse. On remarquera également que si le Premier ministre Guy Verhofstadt ne va pas aussi loin, il n’en évoque pas moins l’idée d’une « communauté urbaine » plus large que l’actuelle Région-capitale. Une évolution. On soulignera également que lors du lancement de l’octopus, Yves Leterme, dont le parti, le CD&V s’est toujours montré hostile à l’existence de la Région bruxelloise a évoqué la nécessité de doter la Région-capitale d’un véritable statut et d’un financement. Il n’en reste pas moins que le CD&V-N-VA (pour l’ironie, on notera quand même que le frère du président nationaliste Bart De Wever a plaidé l’élargissement) reste le plus hostile à une extension du nombre de communes à Bruxelles.
Du côté francophone, on se rend compte qu’inéluctablement les mois qui viennent entraîneront un changement radical dans les structures du pays. Le Mouvement flamand est inarrêtable (et certains changements sont par ailleurs souhaitables, Ndlr). Alors que dans un premier temps, l’ensemble des partis francophones a relayé à l’unisson la revendication FDF d’un élargissement de la Région-capitale en vue de bloquer les exigences flamandes de régionalisation, la demande d’une extension des communes bruxelloises est motivée aujourd’hui par la perspective de la confédération belge qui se dessine voire, à terme, par celle du séparatisme en cas d’échec des négociations. Dès lors, hormis au cdH, probablement le parti le plus belgicain, côté francophone, le credo semble clair : d’accord pour le confédéralisme ou le fédéralisme de coopération mais dans ce cas il faut un lien territorial entre Bruxelles et la Wallonie.
Quelques déclarations permettent d’étayer la nouvelle donne. Dans un entretien donné au Vif en compagnie du ministre-président flamand Yves Leterme, Marie Arena a dit ne pas être opposée à une discussion visant, sur la base de l'article 35 de la Constitution (celui qui définit les compétences des entités), à dresser une liste des compétences qui doivent rester fédérales (c’est le vœux flamand et notamment le credo de Spirit), à partir du moment où l'on préserve les solidarités, c'est-à-dire que l'alimentation des caisses de la sécurité sociale reste garantie pour l'ensemble des Belges.
Le vice-président du PS Philippe Moureaux a estimé dans le même hebdomadaire que les Francophones ont intérêt à accepter le confédéralisme, afin d'éviter le séparatisme. En échange de cette concession aux demandes flamandes, il faut selon lui obtenir un verrou, qui exige une majorité parlementaire des trois quarts pour toute modification constitutionnelle ultérieure.
Enfin, dans le quotidien Le Monde, Didier Reynders faisait preuve du même réalisme fin 2007. "La logique à l'oeuvre en Belgique est celle d'une confédération. L'enjeu est donc d'apprendre à faire vivre ensemble des gens qui se meuvent déjà dans des univers différents. Et c'est cela qui me semble encore possible", indiquait-il.
L’enjeu aujourd’hui semble assez clair : ou on se dirige vers le confédéralisme moyennant un élargissement de la Région bruxelloise ou on file tout droit (c’est vite dit car cela sera très compliqué) vers le séparatisme. Ce serait alors une longue période de chaos car il faudrait alors se déchirer sur Bruxelles, la dette, la représentation et la reconnaissance sur le plan international, etc.
D'une part, le cdH ne semble pas encore avoir compris qu'il incombait aux hommes et aux femmes d'état de se tourner vers l'avenir en sortant définitivement de 20ème siècle.
D'autre part, tous les partis flamands, et singulièrement le CD&V, ne semblent pas encore avoir pris conscience du retournement de situation dans le chef des partis francophones.
Or, même si elle est encore à mille lieues de la Flandre, la Wallonie se redresse économiquement et la démographie joue en sa faveur sur le long terme. Le séparatisme ne serait certes pas une bonne chose et couperait l'élan de ce redressement, annonçant une politique d'austérité. Mais la Flandre aussi s'en trouverait affectée, vu notamment une démographie moins favorable (moins de naissances et un vieillissement plus important qui fait notamment que jamais un parti flamand n'a estimé que notre système de pension -pourtant en décrochage par rapport au reste de l'UE- ne fonctionnait plus et qu'une régionalisation s'imposait;-))).
Les chrétiens-démocrates flamands ont toujours donné, ces dernières années, l’impression de brandir le confédéralisme ou le séparatisme comme un moyen de faire chanter les partis francophones qui n’accepteraient pas leurs réformes. Chiche !, semblent leur répondre aujourd’hui leurs interlocuteurs. Les partis francophones ne sont plus attachés à une Belgique qui irait à l’encontre de leurs volontés, et notamment une Belgique qui n’offrirait pas de perspectives socio-économiques aux Wallons et aux Bruxellois et qui ne donnerait pas les garanties qu’en cas de suspicion d’une volonté de séparation à terme, les francophones ne se retrouvent dans un espace morcelé qui, dans un scénario du pire, ouvrirait la boîte de pandore d’une balkanisation occidentale.
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