Ainsi que l'a relaté la presse, l'Office des étrangers vient une nouvelle fois de se faire remarquer en cette fin d'année en prenant, concernant une ressortissante algérienne de Belgique, une série de décisions conformes à son idéologie bureaucratique déshumanisée qui rappelle les pratiques de certains fonctionnaires qui, en d'autres temps, magnifiaient l'ordre et l'organisation au service de l'hégémonisme.
Ainsi, Latifa Boukhtouchen, disposant d'un titre de séjour en Belgique, s'est rendue plus d'un an en Algérie pour veiller son grand-père jusqu'à son décès. En infraction avec la loi, Latifa Boukhtouchen n'a pas signalé aux autorités belges cette expatriation de plus d'un an.
De retour à l'aéroport de Zaventem, elle a été placée en détention par l'Office des étrangers dans un centre pour personnes refoulées cataloguées comme "inadmissibles" sur le territoire et menacée d'expulsion. La loi laisse à l'Office des étrangers la possibilité de prendre ce genre de décision.
Il va sans dire que pour une personne née en Belgique, en demande de naturalisation, dont les frères et soeurs, de nationalité belge, attendaient le retour de leur parente en cette fin d'année, la décision de l'Office laisse perplexe. Saisie en extrême urgence, la chambre du Conseil a, dans une ordonnance particulièrement sévère pour l'Office, exigé la libération séance tenante de la jeune femme.
En bonne administration répondant aux injonctions, l'Office des étrangers, rigoriste, bien organisé et adepte de l'ordre a obtempéré. Il a libéré Mme Boukhtouchen. Mais lui refusant l'accès au territoire, il s'est contenté de l'autoriser à errer sans argent, couverture et sanitaires à sa diposition, des jours durant dans la zone de transit.
Une fois de plus, la justice a dû s'en mêler, le président du tribunal de première instance ordonnant la libération de la jeune femme sous peine de voir l'Etat belge s'acquitter d'astreintes de l'ordre de 5.000 euros par jour. L'Office des étrangers s'est vu reprocher par la justice de violer l'autorité de la chose jugée. Ce n'est pas la première fois et malheureusement, probablement pas la dernière. L'Office des étrangers n'a jamais aussi bien porté son surnom d'Etat dans l'Etat, qui foule la démocratie au pied, ne souffrant aucune opposition. Un système qui tend à l'unité. A la totalité. Une administration totalitaire.
samedi 29 décembre 2007
jeudi 27 décembre 2007
Tout augmente: les prix, les achats, l'inégalité, le nombre de jours sans gouvernement (définitif), les années...
Une série de statistiques publiées récemment ont interpellé la Boulette en cette fin d'année 2007.
Le 21 décembre, alors que l'hiver s'amorçait, le SPF Economie a annoncé ce que tout le monde pressentait, à savoir que les prix des biens de consommation ont augmenté de 3,09% en un an, l'inflation battant tous les records depuis septembre 2005.
Dans le même temps, à l'occasion des premières emplettes effectuées pour les fêtes de fin d'année, la fédération belge de la distribution faisait savoir que les achats réalisés cette année dans le secteur alimentaire se situent au même niveau que l'an passé, alors que l'on constate une augmentation de 5% dans les ventes "non food" (lisez non alimentaires) par rapport à l'an dernier.
Quelle conclusion peut-on tirer de ces deux informations qui peuvent paraître discordantes? Alors que les salaires stagnent, les prix augmentent. Pourtant, la consommation reste soutenue. C'est donc que l'inégalité des revenus ne cesse de croître en Belgique.
D'après Statbel, l'organisme officiel de la statistique, l'écart entre les revenus ne cesse d'augmenter au fil des ans. En vertu d'une norme internationale dite "Gini" (cela ne s'invente pas), il apparaît que cet écart est passé de 0,297 en 1990 à 0,362 en 2004. Selon cette norme, si la valeur est égale à zéro, il y a équité parfaite en matière de revenus. Si elle est égale à 1, on imagine qu'une personne s'accapare tous les revenus au détriment de l'ensemble de ses concitoyens.
D'après les derniers chiffres d'EU-SILC ('European Union – Statistics on Income and Living Conditions' ou 'Statistiques de l'Union européenne sur le revenu et les conditions de vie') qui se basent sur le revenu 2005, 14,7% de la population vivant en Belgique (presque 1 personne sur 7) connait un risque accru de pauvreté. En chiffres absolus, cela équivaut à 1.470.000 personnes environ.
Voilà une urgence qu'on aimerait voir prise en compte par le gouvernement provisoirement-intérimaire-pas-encore-définitif.
Vu l'augmentation des prix de l'énergie et du logement et aujourd'hui des céréales et d'autres produits de première nécessité, il est plus que temps que nos autorités se soucient de soutenir le pouvoir d'achat des revenus les plus faibles. Ceux-ci n'ont que faire d'un dollar faible (même s'il limite quelque peu la hausse des prix de l'énergie) qui permet aux plus nantis de partir en week-end à New-York s'y offrir un iPhone à mettre sous le sapin. Inaccessible, la technologie ne nourrira pas ceux qui aujourd'hui éprouvent de plus en plus de difficultés à assouvir leurs besoins vitaux. Ceux-là continuent toujours à chercher en vain la main invisible censée réguler l'économie.
Il reste à espérer que le gouvernement provisoirement-intérimaire-pas-encore-définitif prenne en 2008 les résolutions qui s'imposent. Entre octobre et novembre 2007, l'indice du haché est passé de 106,7900 à 107,5300. Cela commence à faire cher la boulette! Cela n'entamera en rien notre détermination à continuer en 2008 à l'agrémenter d'une pointe de moutarde. Bonne année!
Le 21 décembre, alors que l'hiver s'amorçait, le SPF Economie a annoncé ce que tout le monde pressentait, à savoir que les prix des biens de consommation ont augmenté de 3,09% en un an, l'inflation battant tous les records depuis septembre 2005.
Dans le même temps, à l'occasion des premières emplettes effectuées pour les fêtes de fin d'année, la fédération belge de la distribution faisait savoir que les achats réalisés cette année dans le secteur alimentaire se situent au même niveau que l'an passé, alors que l'on constate une augmentation de 5% dans les ventes "non food" (lisez non alimentaires) par rapport à l'an dernier.
Quelle conclusion peut-on tirer de ces deux informations qui peuvent paraître discordantes? Alors que les salaires stagnent, les prix augmentent. Pourtant, la consommation reste soutenue. C'est donc que l'inégalité des revenus ne cesse de croître en Belgique.
D'après Statbel, l'organisme officiel de la statistique, l'écart entre les revenus ne cesse d'augmenter au fil des ans. En vertu d'une norme internationale dite "Gini" (cela ne s'invente pas), il apparaît que cet écart est passé de 0,297 en 1990 à 0,362 en 2004. Selon cette norme, si la valeur est égale à zéro, il y a équité parfaite en matière de revenus. Si elle est égale à 1, on imagine qu'une personne s'accapare tous les revenus au détriment de l'ensemble de ses concitoyens.
D'après les derniers chiffres d'EU-SILC ('European Union – Statistics on Income and Living Conditions' ou 'Statistiques de l'Union européenne sur le revenu et les conditions de vie') qui se basent sur le revenu 2005, 14,7% de la population vivant en Belgique (presque 1 personne sur 7) connait un risque accru de pauvreté. En chiffres absolus, cela équivaut à 1.470.000 personnes environ.
Voilà une urgence qu'on aimerait voir prise en compte par le gouvernement provisoirement-intérimaire-pas-encore-définitif.
Vu l'augmentation des prix de l'énergie et du logement et aujourd'hui des céréales et d'autres produits de première nécessité, il est plus que temps que nos autorités se soucient de soutenir le pouvoir d'achat des revenus les plus faibles. Ceux-ci n'ont que faire d'un dollar faible (même s'il limite quelque peu la hausse des prix de l'énergie) qui permet aux plus nantis de partir en week-end à New-York s'y offrir un iPhone à mettre sous le sapin. Inaccessible, la technologie ne nourrira pas ceux qui aujourd'hui éprouvent de plus en plus de difficultés à assouvir leurs besoins vitaux. Ceux-là continuent toujours à chercher en vain la main invisible censée réguler l'économie.
Il reste à espérer que le gouvernement provisoirement-intérimaire-pas-encore-définitif prenne en 2008 les résolutions qui s'imposent. Entre octobre et novembre 2007, l'indice du haché est passé de 106,7900 à 107,5300. Cela commence à faire cher la boulette! Cela n'entamera en rien notre détermination à continuer en 2008 à l'agrémenter d'une pointe de moutarde. Bonne année!
mardi 18 décembre 2007
L'hyperréalisme d'Anne-Marie Lizin entame son crédit
En quelques semaines de temps, la pasionaria du parlement belge, Anne-Marie Lizin, vient de démontrer en deux nouveaux exemples à quel point son credo de politique pragmatique poussé à son paroxysme sur la scène internationale la décridibilise totalement.
Envoyée par l'OSCE, dont elle assure la vice-présidence du parlement, superviser les élections législatives russes, Mme Lizin a dit n'avoir constaté "aucun problème de procédure" dans son communiqué de conclusion. Son collègue Kimmo Kiljunen, vice-président de la même assemblée a fourni une analyse plus nunancée. "A chaque fois que j'entends [des chiffres comme] 99 % de participation, cela me pose un important problème car je sais que dans une situation normale il est impossible que tout le monde vote", a-t-il indiqué au quotidien Le Monde.
Plus récemment, alors que la gauche française s'est vue offrir un boulevard pour dénoncer les atermoiements sarkozyens sur les droits de l'homme et le terrorisme dans le cadre de la (même pas) lucrative visite du président libyen Mouammar Khadafi, le sixième sens pragmatique de la bouillante sénatrice-bourgmestre de Huy l'a poussée à se rendre illico presto dans la ville lumière se prosterner sous la tente du dictateur.
On connaît le credo des réalos: mieux vaut se montrer flexible avec ceux qu'on a et négocier ce qui est possible plutôt qu'aller à l'affrontement et se voir fermer toutes les portes au risque même de voir émerger des despotes pire encore que leurs prédécesseurs.
Mme Lizin avait déjà donné un aperçu de ses talents en la matière en prônant la fermeture de Guantanamo, non pas pour des motifs humanitaires (elle jugeait même Guantanamo plus respectueuse des droits de l'homme qu'une prison belge) mais parce qu'elle jugeait les Américains incapables d'y recueillir des éléments suffisamment probants dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
La flexibilité quand elle se pratique aux dépens de la dignité humaine ne fait qu'accroître le déni de démocratie. Il ne manque plus à la reine du Condroz qu'à se trouver un Carla Bruni (la Boulette propose un shooting à Plopsaland avec Mika, Ndlr) pour faire diversion. Mais la diversion, mémé Lizin, cela ne lui ressemble pas.
Envoyée par l'OSCE, dont elle assure la vice-présidence du parlement, superviser les élections législatives russes, Mme Lizin a dit n'avoir constaté "aucun problème de procédure" dans son communiqué de conclusion. Son collègue Kimmo Kiljunen, vice-président de la même assemblée a fourni une analyse plus nunancée. "A chaque fois que j'entends [des chiffres comme] 99 % de participation, cela me pose un important problème car je sais que dans une situation normale il est impossible que tout le monde vote", a-t-il indiqué au quotidien Le Monde.
Plus récemment, alors que la gauche française s'est vue offrir un boulevard pour dénoncer les atermoiements sarkozyens sur les droits de l'homme et le terrorisme dans le cadre de la (même pas) lucrative visite du président libyen Mouammar Khadafi, le sixième sens pragmatique de la bouillante sénatrice-bourgmestre de Huy l'a poussée à se rendre illico presto dans la ville lumière se prosterner sous la tente du dictateur.
On connaît le credo des réalos: mieux vaut se montrer flexible avec ceux qu'on a et négocier ce qui est possible plutôt qu'aller à l'affrontement et se voir fermer toutes les portes au risque même de voir émerger des despotes pire encore que leurs prédécesseurs.
Mme Lizin avait déjà donné un aperçu de ses talents en la matière en prônant la fermeture de Guantanamo, non pas pour des motifs humanitaires (elle jugeait même Guantanamo plus respectueuse des droits de l'homme qu'une prison belge) mais parce qu'elle jugeait les Américains incapables d'y recueillir des éléments suffisamment probants dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
La flexibilité quand elle se pratique aux dépens de la dignité humaine ne fait qu'accroître le déni de démocratie. Il ne manque plus à la reine du Condroz qu'à se trouver un Carla Bruni (la Boulette propose un shooting à Plopsaland avec Mika, Ndlr) pour faire diversion. Mais la diversion, mémé Lizin, cela ne lui ressemble pas.
vendredi 14 décembre 2007
Le gouvernement ne sait pas si des mandataires éludent l'impôt au travers de sociétés-écrans
Le gouvernement fédéral se trouve dans l'incapacité de dire si des mandataires politiques utilisent des sociétés-écrans pour éluder l'impôt à percevoir sur leurs rémunérations qu'ils touchent en contrepartie de leur représentation dans des entreprises publiques. L'information peut paraître étonnante. C'est pourtant la réponse à sa question que le sénateur Georges Dallemagne (cdH) a reçue du ministre des Entreprises publiques Bruno Tuybens jeudi 13 décembre en Commission.
Le ministre wallon des Affaires intérieures Philippe Courard avait été interrogé, lui aussi par un élu cdH, sur de telles pratiques en cours dans des intercommunales au sud du pays. Plusieurs mandataires socialistes et au moins un élu MR y ont recours. Le principe est simple: faire exercer ses mandats par une SPRL créée à cette fin. Le mandataire troque un mandat exercé en personne physique contre une représentation de sa société au conseil d'administration de l'intercommunale. Ladite société y est représentée par un gérant qui n'est autre... que lui-même. Apparemment rien d'illégal mais la chose est moralement hautement répréhensible dans le chef d'élus d'un parlement qui détermine la politique fiscale d'un pays ou d'une région. On attend des citoyens et a fortiori des élus qu'ils payent l'impôt dû. Toute tentative d'ingénierie fiscale est à cet égard condamnable.
Jeudi au Sénat, Bruno Tuybens a indiqué qu'il n'avait pas eu le temps de collecter l'ensemble des éléments permettant de fournir une réponse satisfaisante au sénateur qui l'interrogeait. Le ministre l'a renvoyé aux différentes entreprises publiques pour de plus amples informations. Nul ne sait si cette réponse est liée à la difficulté de trouver des cabinettards encore actifs dans cette période d'affaires qui ne cessent de courir ou si elle témoigne plutôt un certain embarras. Il se dit que le Bureau de la Haute assemblée qui a à connaître préalablement des questions qui seront posées en séance plénière a dû subir le courroux des élus socialistes y représentés. Qui a parlé de cartel PS-cdH?
Le ministre wallon des Affaires intérieures Philippe Courard avait été interrogé, lui aussi par un élu cdH, sur de telles pratiques en cours dans des intercommunales au sud du pays. Plusieurs mandataires socialistes et au moins un élu MR y ont recours. Le principe est simple: faire exercer ses mandats par une SPRL créée à cette fin. Le mandataire troque un mandat exercé en personne physique contre une représentation de sa société au conseil d'administration de l'intercommunale. Ladite société y est représentée par un gérant qui n'est autre... que lui-même. Apparemment rien d'illégal mais la chose est moralement hautement répréhensible dans le chef d'élus d'un parlement qui détermine la politique fiscale d'un pays ou d'une région. On attend des citoyens et a fortiori des élus qu'ils payent l'impôt dû. Toute tentative d'ingénierie fiscale est à cet égard condamnable.
Jeudi au Sénat, Bruno Tuybens a indiqué qu'il n'avait pas eu le temps de collecter l'ensemble des éléments permettant de fournir une réponse satisfaisante au sénateur qui l'interrogeait. Le ministre l'a renvoyé aux différentes entreprises publiques pour de plus amples informations. Nul ne sait si cette réponse est liée à la difficulté de trouver des cabinettards encore actifs dans cette période d'affaires qui ne cessent de courir ou si elle témoigne plutôt un certain embarras. Il se dit que le Bureau de la Haute assemblée qui a à connaître préalablement des questions qui seront posées en séance plénière a dû subir le courroux des élus socialistes y représentés. Qui a parlé de cartel PS-cdH?
mercredi 12 décembre 2007
La politique étrangère de Sarkozy: le grand écart
En nommant les socialistes Bernard Kouchner et Jean-Pierre Jouyet dans son gouvernement, Nicolas Sarkozy semblait à la fois affaiblir le PS et donner une bonne conscience à sa politique étrangère. Après quelques mois, le résultat est plutôt mitigé.
La visite de Kadhafi à Paris a laissé éclater au grand jour toute l'étendue des contradictions du gouvernement, et les justifications pathétiques de M. Kouchner n'y ont rien changé. En signant, d'une main, des contrats faramineux avec la Libye - justifiés par un "pari" sur l'évolution sur régime - et en pointant le doigt de l'autre main sur les dérives de Kadhafi, le gouvernement français fait le grand écart... Il s'agit sans doute de la stratégie de Nicolas Sarkozy, hyper-président, qui voudrait ne pas choisir entre l'éthique et le fric.
Des tiraillements similaires apparaissent dans le dossier de l'adhésion de la Turquie à l'UE. Plus discrètement, car il n'est pas question d'abandonner l'idéologie officielle et la grande promesse de campagne. En réalité, la politique de Sarkozy n'est pas tellement différente de celle de son prédécesseur. Le président continue de marteler son opposition à la Turquie, mais il n'obtient à Bruxelles que des aménagements cosmétiques, tandis que le processus de négociation avec Ankara suit son cours. Et quand Kouchner parle avec ses homologues européens, il défend des positions nettement plus souples que celle de son maître, rapportent des dipomates...
Il faut dire que l'ancien Médecin Sans Frontière avait écrit un jour, dans un livre cosigné avec Daniel Cohn-Bendit, qu'"il faudrait être fou pour éconduire le seul grand pays musulman qui a séparé la religion de l'Etat". Mais en Sarkozie, on n'en es pas à une contradiction près.
La visite de Kadhafi à Paris a laissé éclater au grand jour toute l'étendue des contradictions du gouvernement, et les justifications pathétiques de M. Kouchner n'y ont rien changé. En signant, d'une main, des contrats faramineux avec la Libye - justifiés par un "pari" sur l'évolution sur régime - et en pointant le doigt de l'autre main sur les dérives de Kadhafi, le gouvernement français fait le grand écart... Il s'agit sans doute de la stratégie de Nicolas Sarkozy, hyper-président, qui voudrait ne pas choisir entre l'éthique et le fric.
Des tiraillements similaires apparaissent dans le dossier de l'adhésion de la Turquie à l'UE. Plus discrètement, car il n'est pas question d'abandonner l'idéologie officielle et la grande promesse de campagne. En réalité, la politique de Sarkozy n'est pas tellement différente de celle de son prédécesseur. Le président continue de marteler son opposition à la Turquie, mais il n'obtient à Bruxelles que des aménagements cosmétiques, tandis que le processus de négociation avec Ankara suit son cours. Et quand Kouchner parle avec ses homologues européens, il défend des positions nettement plus souples que celle de son maître, rapportent des dipomates...
Il faut dire que l'ancien Médecin Sans Frontière avait écrit un jour, dans un livre cosigné avec Daniel Cohn-Bendit, qu'"il faudrait être fou pour éconduire le seul grand pays musulman qui a séparé la religion de l'Etat". Mais en Sarkozie, on n'en es pas à une contradiction près.
Flamands et francophones pas d'accord sur le Kosovo
A la Chambre ce matin, les élus flamands et francophones ont montré toute l'étendue de leurs divergences sur la question du séparatisme. Dans la salle européenne – celle-là même qui, pleine à craquer, avait accueilli le vote unilatéral des Flamands pour la scission de BHV – une poignée d'élus ont évoqué le dossier du Kosovo. La province serbe se déclarera unilatéralement indépendante au début de l'année prochaine, et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on n'a pas le même avis sur le sujet des deux côtés de la frontière linguistique (belge).
Côté francophone, on craint le pire. "Effet de domino", "démembrement des Etats", "prolifération d'Etats artificiels", "boîte de Pandore"... les élus n'ont pas manqué de formules pour montrer leur inquiétude, même si aucun n'a mentionné explicitement la crise nationale.
Côté flamand, pas un mot. Ah, si, quand même: le sénateur CD&V Luc Van den Brande prend la parole et demande... que la déclaration d'indépendance puisse être examinée par les régions.
A l'issue du débat, Patrick Moriau (PS) fulmine: "Tout devient communautaire dans ce pays!" Et de rappeler le plus ardent défenseur de l'indépendance kosovare, en Belgique, c'est le Vlaams Belang...
Pendant ce temps, le gouvernement belge - toujours officiellement en affaires courantes - se prépare à reconnaître de facto l'indépendance du Kosovo en soutenant la mission civile européenne qui va y être déployée. Pour Verhofstadt comme pour la majorité des dirigeants européens, le véto russe à l'ONU importe peu. Comprendre: il importe peu que l'action européenne sorte du cadre de l'ONU. Ce qui importe vraiment, c'est de montrer que l'Europe est bien celle qui prend les choses en main dans les Balkans. Un sacré coup de poker, qui n'est pas exempt de risques...
Côté francophone, on craint le pire. "Effet de domino", "démembrement des Etats", "prolifération d'Etats artificiels", "boîte de Pandore"... les élus n'ont pas manqué de formules pour montrer leur inquiétude, même si aucun n'a mentionné explicitement la crise nationale.
Côté flamand, pas un mot. Ah, si, quand même: le sénateur CD&V Luc Van den Brande prend la parole et demande... que la déclaration d'indépendance puisse être examinée par les régions.
A l'issue du débat, Patrick Moriau (PS) fulmine: "Tout devient communautaire dans ce pays!" Et de rappeler le plus ardent défenseur de l'indépendance kosovare, en Belgique, c'est le Vlaams Belang...
Pendant ce temps, le gouvernement belge - toujours officiellement en affaires courantes - se prépare à reconnaître de facto l'indépendance du Kosovo en soutenant la mission civile européenne qui va y être déployée. Pour Verhofstadt comme pour la majorité des dirigeants européens, le véto russe à l'ONU importe peu. Comprendre: il importe peu que l'action européenne sorte du cadre de l'ONU. Ce qui importe vraiment, c'est de montrer que l'Europe est bien celle qui prend les choses en main dans les Balkans. Un sacré coup de poker, qui n'est pas exempt de risques...
samedi 8 décembre 2007
Leterme l’Africain
Pendant que Guy Verhofstadt causait Darfour et enfants-soldats au sommet Europe-Afrique à Lisbonne, son rival Yves Leterme a lui aussi démontré sa bonne connaissance du continent noir. Dans une interview avec le Gazet Van Antwerpen et le Belang Van Limburg, l’ex-formateur n’a pas hésité à comparer la RTBF à Radio Mille Collines, cette radio qui diffusait des appels au massacre pendant le génocide rwandais. Tout en finesse…
Karel De Gucht la préfère asymétrique
Dans une conversation informelle avec quelques journalistes, Karel De Gucht ne s’est pas montré très enthousiaste à l’idée d’une coalition tripartite, envisagée par le dépanneur royal, son camarade de parti et grand rival Guy Verhofstadt. Une majorité asymétrique semble avoir ses faveurs. Elle serait composée de l’Open VLD et du CD&V côté flamand et du MR et du PS côté francophone, histoire de bouter Madame Non hors de la formation.
Et pendant que, dans le Standaard, Yves Leterme se vantait d’avoir réussi à convaincre les francophones de la nécessité d’une réforme de l’Etat (« Tout le monde, tout-le-monde, réalise maintenant qu’une réforme de l’Etat doit avoir lieu. Nous avons réussi à transformer le non absolu du côté francophone en la conscience que sans réforme de l’Etat il ne peut pas y avoir de bonne gouvernance »), M. De Gucht a par ailleurs tenu des propos plutôt surprenants : il n’y a, a-t-il doctement expliqué, aucun fondement économique à une réforme institutionnelle. Celle-ci ne répond qu’à une logique politique. Il semble quYves Leterme ait encore un peu de travail de persuasion à accomplir…
Et pendant que, dans le Standaard, Yves Leterme se vantait d’avoir réussi à convaincre les francophones de la nécessité d’une réforme de l’Etat (« Tout le monde, tout-le-monde, réalise maintenant qu’une réforme de l’Etat doit avoir lieu. Nous avons réussi à transformer le non absolu du côté francophone en la conscience que sans réforme de l’Etat il ne peut pas y avoir de bonne gouvernance »), M. De Gucht a par ailleurs tenu des propos plutôt surprenants : il n’y a, a-t-il doctement expliqué, aucun fondement économique à une réforme institutionnelle. Celle-ci ne répond qu’à une logique politique. Il semble quYves Leterme ait encore un peu de travail de persuasion à accomplir…
mercredi 5 décembre 2007
Naissance d'un nouveau parti populiste de droite nationale
Un Front National (FN) "rénové" et réorganisé vient d'être porté sur les fonts baptismaux à la faveur de l'éviction par les siens du président à vie Daniel Féret, empêtré dans ses problèmes juridico-financiers. La Justice vient notamment d'autoriser la nouvelle équipe dirigeante à pouvoir disposer des droits sur le site internet du FN, complètement remis à neuf depuis. Le FN nouveau entend devenir "le" grand parti francophone "populiste" de "droite nationale". D'ici quelques jours, un manifeste traduira l'idéologie du parti. Le programme, annoncé comme détaillé, sera connu pour le mois de février.
Derrière ce nouveau FN se cache un casting aux profils multiples qui pourrait, à l'instar du Belang en Flandre, laisser penser que le FN cherche à devenir ce grand parti de la droite extrême dont la Francophonie est aujourd'hui épargnée.
Le nouveau président Michel Delacroix en est le représentant de la tendance la plus radicale. Vouant un intérêt particulier pour la nazisme et le révisionnisme , il a rencontré Léon Degrelle à plusieurs reprises. Lors d'une perquisition chez lui en 1993, la Justice a trouvé une quantité impressionnante de propagande nazie et un arsenal d'armes de guerre. Michel Delacroix a été condamné en 1999.
Le secrétaire général du FN nouveau, Patrick Sessler est passé par de nombreuses organisations d'extrême droite dont le Parti des Forces Nouvelles (PFN), néo-nazi. Il s'est laissé photographier en compagnie de Léon Degrelle. Sessler a transité par le Vlaams Blok (il y a lancé Johan Demol). Fédéraliste, le FN nouveau n'en dispose pas moins de contacts avec le Vlaams Belang avec lequel il s'accorde sur le volet de l'immigration notamment. A Bruxelles, le FN et le VB collaborent à travers l'organisation de conférences mais également quant à la confection des listes, cela de manière à ne pas se présenter en ordre dispersé face à l'électorat. C'est ainsi que le FN laisse les communes du nord-ouest de la capitale au VB.
Au Front National "rénové" s'affiche également la tendance populiste incarnée par le député wallon de Charleroi Charles Petitjean, ancien bourgmestre PRL.
Pour sa part, la branche catholique conservatrice est emmenée par le parlementaire liégeois Charles Pire, ancien PSC et désormais secrétaire politique du FN. Il est admirateur du père Samuel et de Jean-Paul II. On sait aussi le FN proche de Belgique et Chrétienté dont la hiérarchie a valorisé au travers d'écrits le révisionnisme et le fascisme, ce qui a été attesté récemment par la Justice.
Enfin, le nouveau FN bénéficie du soutien de Jean-Marie Le Pen. Ce soutien ne signifie cependant plus grand chose à un moment où le FN français est en très nette perte de vitesse depuis la victoire outre-Quiévrain de la droite décomplexée.
Il n'en reste pas moins que si le Front National s'est réorganisé sous la houlette de Michel Delacroix et dispose désormais de cadres répartis géographiquement sur l'ensemble de la Wallonie et de Bruxelles, il ne bénéficie pas encore, fort heureusement, du terreau qui pourrait le faire s'envoler vers des scores "vlaamsbelangiens". Il reste aussi que le FN a toujours connu des luttes intestines en son sein qui l'ont miné au plus haut point.
Ce nouveau parti populiste de droite nationale réussira-t-il à convertir les déçus des affaires du PS et faire de Charleroi son Anvers wallon comme il en a l'ambition? Les personnalités grisonnantes du FN ne donnent pas le sentiment de pouvoir mieux réussir là où Daniel Féret a échoué. Si elles devaient cependant démentir l'auteur de ces lignes, les conséquences pourraient être désastreuses tant le profil des nouveaux dirigeants a de quoi faire frémir.
Derrière ce nouveau FN se cache un casting aux profils multiples qui pourrait, à l'instar du Belang en Flandre, laisser penser que le FN cherche à devenir ce grand parti de la droite extrême dont la Francophonie est aujourd'hui épargnée.
Le nouveau président Michel Delacroix en est le représentant de la tendance la plus radicale. Vouant un intérêt particulier pour la nazisme et le révisionnisme , il a rencontré Léon Degrelle à plusieurs reprises. Lors d'une perquisition chez lui en 1993, la Justice a trouvé une quantité impressionnante de propagande nazie et un arsenal d'armes de guerre. Michel Delacroix a été condamné en 1999.
Le secrétaire général du FN nouveau, Patrick Sessler est passé par de nombreuses organisations d'extrême droite dont le Parti des Forces Nouvelles (PFN), néo-nazi. Il s'est laissé photographier en compagnie de Léon Degrelle. Sessler a transité par le Vlaams Blok (il y a lancé Johan Demol). Fédéraliste, le FN nouveau n'en dispose pas moins de contacts avec le Vlaams Belang avec lequel il s'accorde sur le volet de l'immigration notamment. A Bruxelles, le FN et le VB collaborent à travers l'organisation de conférences mais également quant à la confection des listes, cela de manière à ne pas se présenter en ordre dispersé face à l'électorat. C'est ainsi que le FN laisse les communes du nord-ouest de la capitale au VB.
Au Front National "rénové" s'affiche également la tendance populiste incarnée par le député wallon de Charleroi Charles Petitjean, ancien bourgmestre PRL.
Pour sa part, la branche catholique conservatrice est emmenée par le parlementaire liégeois Charles Pire, ancien PSC et désormais secrétaire politique du FN. Il est admirateur du père Samuel et de Jean-Paul II. On sait aussi le FN proche de Belgique et Chrétienté dont la hiérarchie a valorisé au travers d'écrits le révisionnisme et le fascisme, ce qui a été attesté récemment par la Justice.
Enfin, le nouveau FN bénéficie du soutien de Jean-Marie Le Pen. Ce soutien ne signifie cependant plus grand chose à un moment où le FN français est en très nette perte de vitesse depuis la victoire outre-Quiévrain de la droite décomplexée.
Il n'en reste pas moins que si le Front National s'est réorganisé sous la houlette de Michel Delacroix et dispose désormais de cadres répartis géographiquement sur l'ensemble de la Wallonie et de Bruxelles, il ne bénéficie pas encore, fort heureusement, du terreau qui pourrait le faire s'envoler vers des scores "vlaamsbelangiens". Il reste aussi que le FN a toujours connu des luttes intestines en son sein qui l'ont miné au plus haut point.
Ce nouveau parti populiste de droite nationale réussira-t-il à convertir les déçus des affaires du PS et faire de Charleroi son Anvers wallon comme il en a l'ambition? Les personnalités grisonnantes du FN ne donnent pas le sentiment de pouvoir mieux réussir là où Daniel Féret a échoué. Si elles devaient cependant démentir l'auteur de ces lignes, les conséquences pourraient être désastreuses tant le profil des nouveaux dirigeants a de quoi faire frémir.
mardi 4 décembre 2007
L'axe du ma(e)l(strom): Belgique-Liban-Kosovo
On a déjà évoqué dans ce blog les similitudes de la crise belge avec celle du Kosovo. Il est un autre pays avec lequel le maelstrom belge a souvent été comparé: le Liban. Multiconfessionnel, exemple de compromis subtil entre les communautés, le pays du Cèdre est, comme la Belgique, plongé dans une crise institutionnelle depuis de longs mois.
Au cours d'une mission sur place, la parlementaire européenne Véronique De Keyser (PS) a pu constater que les tracas belges ne laissaient pas les Libanais indifférents. Ces derniers "m'ont accueilli avec beaucoup de compassion, l'air de dire 'votre crise dépasse la nôtre'", a-t-elle dit à son retour à Bruxelles. "C'était à qui va gagner le premier".
Alors, Belgique, Liban ou Kosovo ? On prend les paris ?
Du côté serbe, en tout cas, on n'est pas pressé. En visite à Bruxelles, le vice Premier ministre Bozidar Delic, a plaidé pour une prolongation des pourparlers sur le Kosovo, histoire d'éviter la sécession. "Si aujourd'hui il faut six mois à la Belgique pour former un gouvernement, s'il a fallu 36 ans pour l'Irlande du Nord, des décennies pour le Moyen Orient, pourquoi ne pas prolonger un peu les négociations sur le Kosovo", a-t-il argumenté.
Au cours d'une mission sur place, la parlementaire européenne Véronique De Keyser (PS) a pu constater que les tracas belges ne laissaient pas les Libanais indifférents. Ces derniers "m'ont accueilli avec beaucoup de compassion, l'air de dire 'votre crise dépasse la nôtre'", a-t-elle dit à son retour à Bruxelles. "C'était à qui va gagner le premier".
Alors, Belgique, Liban ou Kosovo ? On prend les paris ?
Du côté serbe, en tout cas, on n'est pas pressé. En visite à Bruxelles, le vice Premier ministre Bozidar Delic, a plaidé pour une prolongation des pourparlers sur le Kosovo, histoire d'éviter la sécession. "Si aujourd'hui il faut six mois à la Belgique pour former un gouvernement, s'il a fallu 36 ans pour l'Irlande du Nord, des décennies pour le Moyen Orient, pourquoi ne pas prolonger un peu les négociations sur le Kosovo", a-t-il argumenté.
samedi 1 décembre 2007
Les nationalistes corrigent la copie du formateur
Rétroactes d'une semaine cruciale dans la crise institutionnelle que traverse la pays. Lundi soir, le 26 novembre, la N-VA réunit un Bureau de parti qui focalise l'attention de tous les médias après les convergences dimanche sur la note du formateur censée préparer une réforme de l'Etat. La réunion de dimanche soir se termine autour d'un cadre équilibré que les différents partis de l'orange bleue s'engagent à défendre le lendemain devant leurs bureaux de partis. Lundi, cdH, MR et Open Vld valident l'accord. Paralysé, par la N-VA, le CD&V ne s'exprime pas clairement. On sait aujourd'hui que la N-VA n'a jamais eu l'intention de donner son aval à la note du formateur. Le Bureau est l'occasion d'un moment de franche rigolade. On y boit du champagne. Les gros bras nationalistes relisent le programme institutionnel du cartel, soulignent tous les points qui ne figurent pas dans la note du formateur et envoient le tout à Yves Leterme. Ils viennent de tuer l'ex-futur premier ministre. Mais le cartel, Leterme l'a créé. C'est sa chose. Sachant que l'orange bleue est morte, il va dès lors passer la semaine à trouver une stratégie qui permet à son cartel de garder la face. Il modifie sa note qui redevient inacceptable pour les francophones. La suite est connue. Selon un scénario moult fois ressassé depuis six mois, les libéraux, flamands et francophones font front, le MR offrant un discours schizophrénique, Didier Reynders et Olivier Maingain se contredisant. Mme Non est isolée. Et rendue responsable du clash.
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