Le 12 janvier fut un beau jour pour la démocratie parlementaire en Europe. A tous les niveaux de représentation (national, supra-national, régional), des élus ont exercé pleinement leur rôle de contre-poids face aux exécutifs.
Au niveau de l'UE, le Parlement s'est lancé dans un vaste exercice de contrôle des membres de la Commission Barroso II. Chacun des 26 candidats doit se soumettre à trois heures de questions sans complaisance sur son parcours, ses compétences, sa connaissance des dossiers. Si le candidat belge Karel De Gucht s'en est sorti avec les honneurs, il n'en a pas été de même pour la Bulgare Roumiana Jeleva, durement cuisinée sur des allégations de déclaration mensongère. Elle risque aujourd'hui d'être renvoyée à Sofia, comme l'avait été l'Italien Rocco Buttiglione en 2004 pour des propos homophobes. Sans nier le déficit démocratique dont continue de souffrir l'Union européenne, on ne peut qu'admirer cette procédure de contrôle individuel des membres de l'exécutif, nettement plus rigoureuse que la sélection des ministres dans les gouvernements nationaux.
Au niveau national, le contrôle démocratique semble en passer de censurer l'une des pires manoeuvres de la décennie: la manipulation des opinions publiques en vue de l'invasion de l'Irak. Au Royaume-Uni, la commission d'enquête sur le sujet a questionné pendant cinq heures Alastair Campbell, l'ancien spin doctor de Tony Blair, accusé d'avoir inventé que Saddam Hussein était capable de déployer des armes de destruction massive (AMD) en moins de 45 minutes. Il a peiné à convaincre et l'étau se resserre désormais autour de Tony Blair.
Au Pays-Bas, une commission indépendante a publié un rapport selon lequel le Premier ministre Jan Peter Balkenende s'est engagé "les yeux fermés" dans le conflit au nom des relations transatlantiques.
Enfin, au niveau régional, la ministre bruxelloise de l'environnement, Evelyne Huytebroeck a été rudement malmenée en commission pour sa gestion du dossier Aquiris. La ministre, qui s'en prend à la société depuis des semaines (à juste titre, avions-nous souligné ici), a menti en prétendant qu'elle n'était pas au courant du risque de fermeture de la station d'épuration de Bruxelles-Nord. Une faute grave, qui méritait une réponse parlementaire adéquate.
Oui vraiment, le 12 janvier fut beau jour pour la démocratie parlementaire...
Colonel Moutarde
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