lundi 9 mars 2009

La dernière blague belge

En Belgique, l'idée de constituer des champions économiques nationaux a été abandonnée depuis longtemps. Une certaine conception de l'économie ouverte, la foi dans la possibilité de garantir une concurrence équitable, la faiblesse des moyens de l'Etat, l'absence de sentiment national...: ce sont quelques uns des éléments qui ont amené le pays à brader ses fleurons nationaux.
L'affaire Fortis pourrait bien être la dernière de ces blagues belges, qui fera bien rire nos voisins français. Soucieux d'éviter un scénario qui aurait fait exploser la dette publique nationale, le gouvernement a négocié avec BNP Paribas dans une situation de faiblesse. Sur le front de l'emploi, il n'a obtenu aucune garantie contractuelle. Selon communiqué du gouvernement, "les engagements de BNP Paribas en matière d'emploi, de gouvernance et d'établissement chez Fortis Banque d'un ou plusieurs centres de compétence européens ou mondiaux ont été confirmés et précisés dans une lettre aux autorités belges". Autrement dit, BNP aura tout le loisir de renier ses engagements dans quelques années, sans aucune possibilité de recours.
N'est-ce pas ce qui s'est passé quand le Crédit Communal de Belgique a fusionné avec le Crédit Local de France pour créer Dexia ? De ces deux banques spécialisées dans les prêts aux collectivités locales, seul le Crédit Communal disposait d'une base de dépôts, le CLF se finançant se les marchés des capitaux. Pour rassurer les Belges, on a promis que ces dépôts seraient protégés, mais un peu plus tard, ils ont été siphonnés dans l'intérêt du groupe. De même, l'acquisition par Dexia de la filiale américaine FSA, un gouffre financier, fut une trouvaille d'inspiration française, mais la facture est aujourd'hui supportée en grande partie par les contribuables belges.
Les Belges se sont-ils pas aussi en train de se faire arnaquer sur le front de l'énergie ? En imposant sa Pax Electrica pour encadrer la cession d'Electrabel à Suez, aujourd'hui intégrée dans le géant GDF Suez, le gouvernement Verhofstadt avait tablé sur des gains pour tous grâce au renforcement de la concurrence. Cette politique est un échec, selon un rapport récent de la CREG. Trends vient en outre de révéler qu'Electrabel va profiter d'une faille légale dans la Pax Electrica pour ne pas céder une partie de ses capacités de production et conserver ainsi son quasi-monopole. Sans compter que la société, désormais pilotée à Paris, rechigne à partager ses plantureux bénéfices...
La dernière histoire belge, c'est l'histoire d'un type qui se fait arnaquer, une fois. Pas qu'une fois, en fait.

Colonel Moutarde

4 commentaires:

Ø a dit…

Lorsque que la Wallonie sera intégrée à la France, elle ne sera plus siphonnée.
Elle aidera la France à siphonner la Flandre

Anonyme a dit…

C'est une idée...
Et tant que nous sommes dans la politique-fiction: lorsque nous aurons des Etats-Unis d'Europe, plus personne ne siphonnera son voisin

Ø a dit…

Pourquoi de la politique fiction ?
Le rattachement de la Wallonie à la France est certainement moins fictionnel que le maintien de la Belgique.

Anonyme a dit…

Et l'intégration des Etats dans un ensemble continental est certainement plus souhaitable que leur démembrement sur base de considérations nationalistes et égoïstes. Le tout est savoir dans quelle direction l'on veut regarder.