mercredi 30 décembre 2009

L'algo-trading, ou la rencontre de Terminator et de la Bourse

"The most valuable commodity I know of is information", affirmait Gordon Gekko, l'investisseur maniaque incarné par Mïchael Douglas dans Wall Street. L'information. Obtenue quelques instants avant les autres, elle peut rapporter des millions. Aujourd'hui, quelques milli-secondes suffisent C'est le flash-trading: des informations sensibles sont envoyées à des traders des fractions de secondes avant leur publication. Grace à des ordinateurs puissants, elles sont utilisées illico pour dégager des profits. La pratique, qui est à la limite de la légalité, permet, concrètement d'empocher des gains sur le dos de boursicoteurs moins rapides.
Le plus beau dans cette histoire, c'est que le trader lui-même va bientôt pouvoir disparaître, remplacé par l'ordinateur. C'est la rencontre de Terminator et du capitalisme: voici l'algo-trader, ou trader à haute fréquence, un programme informatique qui décode les informations de la Bourse, analyse les déclarations des banquiers centraux, les rapports d'entreprises, les données du chômage, les moindres statistiques disponibles et convertit le tout en ordres sur les marchés.
Vous pensez que ce phénomène est marginal ? Détrompez-vous. Selon des chiffres repris par l'Echo, aux Etats-Unis, 60% des transactions boursières sont dûes au trading algorithmique, contre 35% à 40% en Europe. Une bonne moitié des décisions boursières sont donc le fait de machines mises au point uniquement mises au point pour enregistrer des gains à très court-terme.
De quoi relativiser les arguments des partisans de la Bourse, les mêmes qui tentent de faire croire qu'une taxe sur les transactions n'est qu'une lubie alter-mondialiste. Souvenez-vous de la Carte blanche de Bruno Colmant, ex-patron de la Bourse de Bruxelles, publiée après qu'un militant gauchiste avait escaladé son bâtiment. "La Bourse est indispensable à l’économie: elle formule la valeur et fonde l’appel au capital à risque", affirmait-il. Ces deux fonctions ne sont pas contestées. Mais ne deviennent-elles pas marginales dans un système très insuffisamment encadré, tout entier tourné vers le profit ? Le demander, c'est y répondre.

Colonel Moutarde

Aucun commentaire: