Le 31 décembre, la France a passé les rênes de l'Union européenne à la République tchèque pour six mois. C'est la réalité institutionnelle. La réalité politique est toute autre. Niclas Sarkozy, ce grand enfant, ne semble pas avoir envie de laisser son joujou européen au petit cousin tchèque.
Il faut dire qu'il n'est pas feu fier de la manière peu orthodoxe avec laquelle il a présidé l'Union, qui lui a permis au passage de redorer son blason en France et de récolter des louanges à l'étranger. Du coup, il rempile. Convaincu d'avoir évité en août dernier une guerre dans le Caucase par la seule force de sa volonté, il se croit capable de rééditer son exploit à Gaza. Il vient de décoller pour le Proche Orient pour "chercher les chemins de la paix", selon ses mots. Bon prince, il a offert une place dans son avion au Premier ministre tchèque, ce que l'intéressé à décliné. Les Tchèques ont leur propre mission dans la région. Et il faut dire qu'entre Prague et Paris, il y a de la friture sur la ligne. Sarkozy a déjà écrabouillé à plusieurs reprises les orteils du gouvernement tchèque, en s'efforçant de démontrer que seul un président fort est à même de diriger l'Union européenne. Comprendre: "Prague ne fait pas le poids. Moi bien".
Et si l'on ne peut qu'être irrité par la vanité du petit tsar, force est de constater que les événements lui donnent en partie raison. A peine en place, la présidence tchèque multiplie les bourdes diplomatiques. La dernière en date est de taille: en qualifiant de "défensive" l'opération israélienne à Gaza, le porte-parole du Premier ministre a sérieusement dévié de la position officielle de l'UE, qui condamne une incursion disproportionnée. Une cacophonie qui a obligé l'intéressé à s'excuser, et qui nuit à la capacité européenne de peser au Proche orient. Qui plaide surtout en faveur de l'abandon définitif du système de présidences nationales tournantes de l'Union européenne. Un président stable du Conseil européen, tel que prévu par le traité Lisbonne, permettrait sans doute à l'Europe de mieux jouer son rôle de grande puissance, un rôle qu'elle peine encore à assumer.
Colonel Moutarde
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1 commentaire:
C'est bien à la demande de la France par la voix de Kouchner que la Commission européenne a passé outre la demande du Parlement européen de suspendre la signature de renforcement des liens privilégiés avec Israël, non ?
Sarkozy il va là où se trouvent les caméras, quelles qu'en soient les raisons, à voir la façon dont a été reçue Livni à l'Elysée avec embrassades de Kouchner on ne peut que mettre en doute son impartialité. Il n'y a qu'une chose à faire, Israël doit être forcé de respecter le droit international.
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