lundi 15 juin 2009

L’Europe, un vieux continent en déclin

Dans un livre publié en 2002, l’anthropologue français Emmanuel Todd théorisait, avec une prescience que les événements ultérieurs n’ont pas démenti, la chute de l’empire américain - rééditant son pari de 1976, quand il avait prédit la décomposition de l’Union soviétique. Todd estime que, dans le monde multipolaire qui naîtra du déclin américain, l’Europe pourra s’élever pour redevenir à son tour une puissance crédible. Dans son sillage, le penseur américain Jeremy Rifkins a défendu l’idée qu’une forme de "Rêve européen" est en passe de se substituer au rêve américain du siècle passé. Grâce à un développement alliant progrès économique, démocratie avancée, services publics performants, large couverture sociale et conscience écologique, les Européens eux-mêmes aiment se considérer - un peu comme leurs ancêtres colonialistes - comme le summum de l’Humanité, le modèle à suivre.
Le miroir que tend la réalité des chiffres, ceux de la dette publique et ceux du vieillissement de la population, est beaucoup moins flatteur. Une analyse moins complaisante de la situation permet de comprendre que l’Europe, comme les Etats-Unis, a amorcé une période de déclin relatif et que ce déclin aura un coût social.
Selon des projections d’Eurostat, la population européenne (UE-27) devrait culminer à 520 millions de personnes en 2035, avant de décliner. Parallèlement, cette population va vieillir considérablement. En 2060, près d’une personne sur trois aura plus de 65 ans. Le constat n’est pas neuf, mais les Européens peinent à en tirer les conséquences, à savoir qu’il est urgent d’économiser et qu’il faut accepter la perspective de nouvelles immigrations importantes.
Grâce au traité de Maastricht et à l’euro, l’Europe a adopté dans les dernières années des politiques budgétaires plus prudentes que les Etats-Unis. Mais l’état des finances publiques n’est pas rose. A cause de la facture du sauvetage bancaire, la dette publique de la plupart des pays devrait s’approcher, voire dépasser allègrement les 100% du PIB à partir de 2010. Les gouvernements n’étaient déjà pas très disposés à financer le vieillissement en période de croissance économique (voir le sort réservé au fonds ad hoc en Belgique) ; ils le seront encore moins durant l’inévitable cure d’austérité qu’ils devront administrer. A moyen terme, le désendettement pèsera sur le pouvoir d’achat des ménages, parce qu'il sera inévitable d'augmenter les impots et parce que la dette massive se transformera en inflation. A plus long terme, la cigale européenne sera dépourvue dans l’hiver de son vieillissement.
Plus les vieux pèseront sur le déficit de la sécurité sociale, plus la pression sera grande pour 1/élever l’âge de la retraite, 2/ réduire les pensions légales, 3/ augmenter la part des pensions privées et 4/ recourir à l’immigration.
Or, les Européens ne veulent envisager presque aucune de ces solutions. Les tentatives de réformer les retraites se heurtent à des grèves massives. Les partis qui prônent de réduire l’immigration remportent presque systématiquement les élections – le dernier scrutin européen est exemplaire à cet égard.
A l’aube d’un siècle qui, selon certains, "sera asiatique ou ne sera pas", l’Europe mérite amplement son titre de Vieux continent. Un continent de rentiers, dont le bas de laine se détricote rapidement. Un continent de vieux enfants gâtés, qui ne laissent aux étrangers qu'avec réticence des emplois de seconde catégorie.
Le réveil risque d’être difficile pour ceux qui ne se sont pas préparés au déclin, comme ces partis politiques qui continuent de défendre des mesures qu’ils ne pourront pas financer.

Colonel Moutarde

3 commentaires:

pietmoz a dit…

Bien vu colonel moutarde dans un livre d'un économiste anglais jim mellon - wake up écrit en 2003 qui avait prévu la crise telle qu'elle s'est produit, estime que l'Europe est autant que les USA sur le déclin. En plus des points déjà cités concernant le problème du vieillissement avec un côté encore plus cynique prévoyant que même certains fonds de pension privés pourraient arriver en défaut de paiement, il annonce que l'Europe souffrira de trop grosses tensions d'équilibre économique entre des pays comme l'Espagne ou les pays de l'Est et L'Allemagne par exemple qui pourrait générer un effondrement de l'intérieur. Un autre point à prendre en compte ce sont les futures modifications climatiques qui pourraient revoir la carte et amener un nouveau type de refugiés (climatique) avec son lot de transumances. Un point aussi intéressant c'est la montée inévitable de la Chine comme seconde puissance mondiale voire première avec la possibilité que celle-ci manquant cruellement de matières premières déclenche un guerre pour s'en procurer. Car il ne faut pas oublier que si la crise actuelle est souvent comparée à 1930, l'histoire non à montré à quoi cela nous a mené en 1939. Or de nombreux éléments communs sont présents actuellement

pietmoz a dit…

Bien vu colonel moutarde dans un livre d'un économiste anglais jim mellon - wake up écrit en 2003 qui avait prévu la crise telle qu'elle s'est produite, estime que l'Europe est autant que les USA sur le déclin. En plus des points déjà cités concernant le problème du vieillissement avec un côté encore plus cynique prévoyant que même certains fonds de pension privés pourraient arriver en défaut de paiement, il annonce que l'Europe souffrira de trop grosses tensions d'équilibre économique entre des pays comme l'Espagne ou les pays de l'Est et L'Allemagne par exemple qui pourrait générer un effondrement de l'intérieur. Un autre point à prendre en compte ce sont les futures modifications climatiques qui pourraient revoir la carte et amener un nouveau type de réfugies (climatique) avec son lot de transhumances. Un point intéressant également c'est la montée inévitable de la Chine comme seconde puissance mondiale voire première avec la possibilité que celle-ci manquant cruellement de matières premières déclenche une guerre pour s'en procurer. Car il ne faut pas oublier que si la crise actuelle est souvent comparée à 1930, l'histoire nous à montré à quoi cela nous a mené en 1939. Or de nombreux éléments communs sont présents actuellement

Anonyme a dit…

Comme les indiens et les chinois seront bientôt plus riches que nous, c'est plutôt l'émigration que l'immigration qui sauvera les européens.