jeudi 18 juin 2009

Açores – Bruxelles – Bagdad – Téhéran, histoire de quelques allers-retours

C’est un bon jour pour José Manuel Barroso. Non seulement l’homme a-t-il obtenu des dirigeants européens le feu vert pour un second mandat à la tête de la Commission, mais la justice de son Portugal natal vient de classer l’affaire des vols de la CIA, une casserole qu’il traîne depuis des années.
Petit rappel des faits : en 2003, alors Premier ministre, il soutient l’invasion américaine de l’Irak et héberge même, sur l’île des Açores, un sommet fameux avec les autres partisans européens de l’aventure irakienne. A l’instar de Tony Blair, largement désavoué pour avoir envoyé les troupes britanniques en Irak, José Barroso s’est souvent vu reprocher ses décisions d’alors. Mais il s’est accroché au pouvoir et est habilement parvenu à se faire nommer président de la Commission en 2004. Au fil des années, l’Irak a disparu des premières pages des journaux. Seule l’affaire des vols illégaux de la CIA transportant des (prétendus) terroristes vers Guantanamo, qu’il aurait autorisés à transiter par le Portugal, continuait de le gêner aux entournures – avec une enquête au Parlement européen et une autre par la justice de son pays. On voit mal pourquoi un dirigeant qui a participé à l’intervention illégale de l’Irak aurait refusé aux avions américains le simple usage d’aéroports… Et pourtant, au Parlement européen, José Barroso a réussi à faire biffer son nom des conclusions infâmantes. Ce jeudi, la justice portugaise vient de le tirer définitivement d’affaire en classant le dossier sans suite… lui offrant une toute nouvelle virginité avant de rempiler pour un deuxième mandat à Bruxelles.
Une autre affaire où se croisent le Portugal, l’Europe et le Moyen Orient a trouvé jeudi son terme. Elle concerne un journaliste de l’hebdomadaire portugais Expresso, poursuivi devant un tribunal des Açores pour avoir épinglé les "amis terroristes" de l’eurodéputé socialiste Paulo Casaca. L’article incriminé faisait état des relations étroites entre M. Casaca et les Moudjahidine du Peuple, l’organisation controversée d’opposition iranienne dont il est le principal relais au Parlement européen. Interdits en Iran mais très actifs à l’étranger, les Moudjahidine tentent de se faire passer aux yeux des occidentaux comme l’alternative la plus crédible au régime religieux à Téhéran. Bien qu’ils continuent de trainer une réputation sulfureuse issue de leur passé militaire et quasi sectaire, leurs démarches récentes ont rencontré un certain succès, notamment grâce à la vitrine que leur a offerte Paulo Casaca. Furieux de voir ses relations troubles exposées au grand jour par Expresso, l’homme a traîné le journaliste devant les tribunaux pour diffamation. Sans succès. C’est un mauvais jour pour Paulo. Non seulement la justice vient-elle de lui donner tort, mais les manifestations monstres de soutien à Mir Hossein Moussavi à Téhéran semblent montrer qu'en soutenant les Moudjahidine, il a misé sur le mauvais cheval, puisqu’il existe en Iran d'autres alternatives, bien plus crédibles, jouissant d’une forte assise populaire.
Les allers-retours de l'histoire sont parfois bien ironiques...

Colonel Moutarde

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