Depuis la politique centralisatrice de l'Empereur Joseph II qui suscita la révolution brabançonne et la création éphémère d'Etats belgiques Unis au sein des Pays Bas autrichiens en 1790, depuis la création voulue par l'Angleterre du Royaume-Uni des Pays-Bas, en 1815 et de la Belgique en 1830, pour contrer les velléités conquérantes de la France sur l'Europe, depuis l'échec de la politique de l'aristocratie francophile bruxelloise qui ne percevant pas l'inéluctabilité de l'émancipation flamande lui a refusé le bilinguisme, depuis que la Flandre a décidé de prendre en main son destin en imposant une frontière linguistique censée protéger son identité, on peut s'interroger sur les responsabilités politiques dans la crise BHV dont la dramatisation va crescendo, un bel exemple étant la prise de possession, durant la vacance du pouvoir, par le Vlaams Belang de l'hémicycle de la Chambre pour y entonner le Vlaamse Leeuw et y "proclamer" l'indépendance de la Flandre.
En amont de cette dramatisation, les partis politiques passent l'essentiel de leur temps à calculer leur intérêt propre, ce qui ne témoigne pas d'une très grande hauteur en termes de gestion de l'Etat mais qui est compréhensible vu que pour arriver à ses fins un parti se doit quand même de gagner des élections. Le VLD a décidé de rompre avec sa ligne libertaire et prône un libéralisme flamand, BHV méritant qu'on y mette le feu. Soit il gagne un accord et on se souviendra de lui comme l'élément déclencheur de cet accord, soit on vote et il sera vu comme le parti qui a dénoncé l'attentisme francophone. Dans le meilleur des cas, il se défend bien aux élections, sinon il se refait une santé dans l'opposition. De l'autre côté, le FDF n'acceptera jamais un accord qui sacrifiera son électorat de la périphérie. Du coup, le MR suit, son président Didier Reynders jouant sa place à la tête de sa formation. Après avoir provoqué la crise de 2007 dont il assume la responsabilité politique, le CD&V du premier ministre Yves Leterme qui avait estimé qu'il fallait 5 minutes de courage politique pour scinder BHV, est revenu à un rôle de gestionnaire de l'Etat qui le rapproche du PS. Ce dernier parti n'est pas foncièrement opposé à la scission de BHV qui égratignerait son concurrent réformateur. Le PS est cependant tout aussi responsable de la crise actuelle car il n'ose pas défendre son point de vue, ne sachant pas comment il sera perçu en francophonie. Scotché au PS, le cdH joue la girouette car il possède, dans une moindre mesure que le MR, un électorat en périphérie. Sur la ligne flamande, le sp.a est au balcon. Quant aux Verts, n'ayant pas de vécu historique dans l'évolution politique de la Belgique, ils sont moins concernés. Ils tentent de jouer la carte de la cordialité mais Ecolo et Groen! sont également divisés sur les questions communautaires.
En attendant, chaque parti se refile le valet puant. Nommé médiateur par le roi, Didier Reynders vient d'en hériter, au grand plaisir des partis flamands, du PS, du cdH, voire des Verts. La seule chance pour le président du MR de s'en sortir est de dompter le FDF. Il sera alors considéré comme un homme d'Etat et son étoile brillera à nouveau. Mais il ne prendra pas ce risque sans avoir l'assurance d'embarquer dans la prochaine majorité.
L'histoire dira ce que deviendront BHV et la Belgique. Qu'elle évolue vers une confédération, qu'elle se scinde, que la Wallonie et Bruxelles se rattachent à la France, ou que d'autres scénarios l'emportent, finalement peu importe. Ce qui compte c'est que triomphe le sens de l'Etat. Or, au-delà de notre nombril, c'est la démocratie qui est en crise, mondialisation oblige. La Belgique est un laboratoire. C'est la raison pour laquelle elle attise la curiosité des observateurs internationaux.
Durum
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1 commentaire:
"le FDF n'acceptera jamais un accord qui sacrifiera son électorat de la périphérie"
Hou-là !
Si c'est là toute la compréhension des enjeux BHV ...
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