mercredi 10 mars 2010

Armand De Decker, homme d’Etat policier

Le président du Sénat et bourgmestre d’Uccle Armand De Decker vient de profiter d’un dramatique fait-divers qui s’est déroulé dans sa commune et qui a coûté la vie à une mère de famille pour oser une sortie d’un rare populisme probablement destinée à ne pas laisser trop de voix s’en aller dans le giron du PP de Mischaël Modrikamen. Cette sortie en rappelle de célèbres, nauséabondes, du PRL bruxellois anxiogène et xénophobe de la fin des années 1980.
En proposant aux militaires de s’occuper de l’éducation des jeunes délinquants, Armand De Decker choisit l’escalade sécuritaire. Les deux auteurs du drame qui s’est joué à Uccle sont pourtant majeurs même si l’un d’entre eux a eu à faire aux services de la jeunesse et le constat peut être dressé à son égard que quelque chose a échoué dans le travail éducatif de réinsertion dans la société qui lui a été prodigué. Armand De Decker en profite pour détruire tout un système d’aide à la jeunesse et ressortir cette grande idée de l’éducation par l’armée. En caricaturant à l’inverse, on pourrait affirmer voir poindre les valeurs qu’ils pourront se voir inculquer : apprendre dans la foulée de nos paras à violer des noires en Afrique, au moins cela ne gênera personne à Uccle.
Armand De Decker en profite également pour souligner que l’intégration des jeunes d’origine étrangère a échoué, contrairement aux Etats-Unis (mais la société américaine est-elle moins violente que la nôtre ?). Peut-être pouvons-nous le rejoindre en indiquant que l’intégration de « certains » jeunes d’origine étrangère, précarisés, sur les plans social et ou culturel, a échoué. Mais une fois cette sentence prononcée, qu’en faisons-nous ? Le bel Armand rejette la faute au laxisme, vantant les mérites de la monarchie marocaine autoritaire qu’il dit bien connaître. Bel exemple de démocratie. Le problème de l’échec de l’intégration est bien plus complexe que ne l’avance le premier personnage de l’Etat (après le roi…) Intégration de qui, à quoi ? Il ne faut pas croire à l’angélisme de toute une jeunesse qui serait forcément du côté du bien mais il ne faut pas non plus venir parler d’échec de l’intégration quand dans le chef de certains il n’y a jamais eu de volonté d’intégrer ces jeunes. Il suffit de consulter le site antiraciste de résistances.be pour retrouver les tracts d’Armand De Decker. " Bruxelles doit rester aux Bruxellois !", promettait-il à ses électeurs en 1989. Il précisait son propos deux ans plus tard, en 1991, dans un tract intitulé « Reconstruisons la Belgique ». "Le gouvernement PS-CVP a laissé venir les immigrés et les réfugiés. Il les a même attirés avec des avantages sociaux qui constituent une véritable pompe aspirante à réfugiés économiques. Et demain, s’ils en ont l’occasion, ils leur donneront le droit de vote et d’éligibilité… Le PRL, lui, veut stopper et réduire l’immigration (…). L’immigration a changé de nature. Elle est devenue migration, elle est devenue massive (…). Le PRL, lui, en est conscient. Nous avons le courage de nos opinions et nos actes le prouveront".
Armand De Decker a toujours eu un problème avec les étrangers. En janvier dernier, il fut le seul élu francophone à ne pas s’être prononcé lors de la prise en considération d’une proposition du Vlaams Belang visant à exclure de la fonction publique les personnes possédant la double nationalité.

Durum

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