lundi 29 septembre 2008

Le roi de la corporate governance est nu

Le président du CA de Fortis, Maurice Lippens, a donc été viré dimanche si l'on interprète le communiqué du groupe qui a annoncé que le comte du Zoute avait "fait un pas de côté" alors que la banque a été nationalisée. Sacré retour de bâton pour celui qui récemment donnait des leçons de bonne gouvernance au patron de Belgacom, Didier Bellens, à qui il reprochait le manque de prise de risques. Voulant avaler ABN-Amro, Fortis n'a pas vu venir la crise américaine, et s'est retrouvée sur la dèche. Prônant l'autorégulation autorisant d'être une grenouille se voulant plus grosse que le boeuf, Maurice Lippens a perdu son dernier combat ou plutôt a obligé le gouvernement à entraîner des millions de contribuables dans la folle aventure capitaliste qui a abouti dimanche à la nationalisation des pertes et la privatisation des profits de l'entreprise.
Le moment semble on ne peut plus opportun pour la gauche pour imposer la régulation du marché, comme l'énonçait mon excellent confrère Colonel Moutarde. Elio Di Rupo semble en faire son champ de bataille électoral. Saura-t-il se rendre crédible après avoir feint de découvrir le désastre et laissé faire le courant libéral?

Durum

jeudi 25 septembre 2008

Frank Vanhecke souffre d'un complexe de persécution

Le Vlaams Belang n'en est pas à un mensonge près. On ne s'étonnera donc pas de la dernière sortie de Frank Vanhecke, ancien président du parti, aujourd'hui eurodéputé. Après un vote au Parlement européen d'un rapport sur le pluralisme dans les médias, l'homme a tenu à évoquer le cas de la Flandre, qui n'est "pas une démocratie" selon lui.
Le motif de son coup de gueule ? "Mon parti est systématiquement discriminé par la chaîne publique VRT". Difficile de dire si M. Vanhecke souffre de paranoïa, de mythomanie ou d'amnésie sélective (probablement un peu des trois), mais il suffit de regarder une émission politique de la VRT pour se rendre compte que le cordon sanitaire a depuis longtemps été rangé dans l'armoire des vieux souvenirs. Les journalistes n'éprouvent aucune hésitation à laisser les politiciens du VB développer leurs idées nauséabondes.

Colonel Moutarde

mercredi 24 septembre 2008

La crise financière, une occasion à ne pas manquer pour la gauche

L’air de rien, c’est une petite révolution copernicienne qui est en train de se dérouler sous nos yeux. Ca a commencé il y a quelques mois, avec une nationalisation qui n’a pas dit son nom, celle de la banque Northern Rock au Royaume-Uni (nationalisation, dans le lexique du New Labour, c’est un gros mot). Ca se poursuit aujourd’hui aux Etats-Unis, avec le sauvetage public de plusieurs grosses institutions financières (Fannie Mae, Freddie Mac, AIG, ...).
C’est dans le temple même du libéralisme, aux Etats-Unis et en Angleterre, que l’Etat fait sa subite réapparition. Coût pour le contribuable : faramineux. Mais surtout : un changement idéologique dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences. Comme l’a rappelé la présidente argentine Cristina Kirchner dans son très bon discours à la tribune de l’ONU, les remèdes appliqués aujourd’hui à Washington sont exactement opposés à ceux que le FMI a imposé aux pays sud-américains quand ils étaient confrontés à une crise de la dette.
« Sous le consensus de Washington, on nous a dit, nous les pays d’Amérique du Sud, que l’interventionnisme étatique n’était que de la nostalgie de la part de personnes qui n’avaient pas compris que l’économie avait évolué. Mais aujourd’hui se produit l’intervention étatique la plus formidable jamais vue, précisément dans le pays qui nous a dit que l’Etat n’était plus nécessaire ».
Cela fait des années que la gauche fait l’étalage de son impuissance à réguler la finance internationale. La crise est une occasion à ne pas manquer de renverser la tendance. Le PS belge semble d’ailleurs l’avoir bien compris, si l’on en croit la réunion spéciale de son bureau organisée aujourd’hui. Reste à voir si le parti aura de la suite dans les idées. Jusqu’à présent, en matière de politique européenne (soit le niveau approprié pour s'attaquer aux problèmes), il a plutôt laissé carte blanche aux libéraux.

Colonel Moutarde

mardi 23 septembre 2008

Quick Stup (2): le retour

Un p'tit post pour notre lecteur amateur de bicyclette puisque l'équipe Quick Step n'en a pas terminé avec son recrutement de choix. Pour alimenter son cocaïnomane et son speederman, elle piste un dealer rangé des voitures (suiveuses) mais prêt à revenir dans le circuit pour promouvoir la santé publique, Lance Armstrong himself. Yeah! On ne pourrait que trop suggérer à Patrick Lefevere de choper les numéros de portable de Tyler Hamilton et Floyd Landis eux aussi sur le retour. Il n'y a pas de doute cette fois, le Tour de France 2009 s'annonce comme celui du renouveau!

Durum

Yves Leterme tue sa chose avant qu'elle ne lui explose à la figure

Yves Leterme s'accroche à son poste de premier ministre comme à son blackberry. Les événements de ces derniers jours l'ont montré de manière spectaculaire, sa première des priorités est... son ambition personnelle, quitte à passer outre les exigences de son propre parti. Un cacique CD&V nous rapportait récemment quelles étaient les priorités du premier ministre: d'abord le parti, puis le cartel, puis le pays. Un autre précisait: "c'est presque ça, mais en numéro 1, c'est d'abord lui".
De manière inattendue dimanche, Yves Leterme a décidé de sacrifier sa chose, son cartel, contre l'avis des autres pontes du CD&V. Cette alliance avec la N-VA, qu'il avait imaginée pour conquérir le pouvoir, commençait à desservir son dessein personnel. Le cartel risquait de plus en plus de l'emporter à tout jamais dans la tourmente. Yves Leterme a dès lors fait le choix du dialogue avec les francophones, non pas tellement qu'il fasse mine d'y croire ou qu'il place en tête des priorités l'avenir du pays, mais bien qu'il veuille maintenir sa position à la tête du gouvernement. Il veut continuer à parader sur la scène internationale, laissant le soin désormais à Kris Peeters de mener la barque institutionnelle. Gageons qu'il continuera à manoeuvrer en ce sens tant qu'il le pourra et préfèrera éviter un scrutin fédéral anticipé, même en juin 2009. Entre-temps, le gouvernement ne fera pas grand chose. Mais personne dans la majorité n'aura intérêt à le saborder, au risque de... se saborder. C'est de la politique politicienne que seule la rue pourrait perturber. On connaît des gérontocraties, des ploutocraties, des oligarchies, des technocraties, des théocraties. Voici la zotbestuurocratie.

Durum

Rélexion sur l’enchevêtrement

Un jour récent, alors que, dans un accès soudain de détermination, j’avais entrepris de jardiner et m’évertuais à démêler les branches de capucines tellement enchevêtrées que j’en vins à renoncer à la tâche, je me mis à méditer sur l’état d’enchevêtrement, non seulement des plantes, mais du monde en général. Contrairement au vingtième siècle, qui était simple, lisible, bipolaire - me dis-je - la période contemporaine est marquée par une tel niveau de complexité qu’on peine à en voir les tenants et les aboutissants.
-Monde non-polaire, selon l’expression de Richard N. Haas (voir cet article de référence dans Foreign Affairs), marqué par la distribution du pouvoir (nouvelles puissances, ONG, sociétés multinationales, organisations régionales...).
-Interdépendance économique : l’Europe a besoin du gaz russe, la Russie a besoin des paiements européens. Les Etats-Unis s’endettent auprès de la Chine pour lui acheter en retour ses produits bon marché (voir ce bon article de Rue89).
-La crise financière actuelle participe du même enchevêtrement : c’est la distribution du risque entre des milliers d’acteurs qui n’a pas permis de déceler à temps l’ampleur du phénomène.

Dans un monde difficile à comprendre, il peut être tentant de se raccrocher à des choses simples, maitrisables. Ainsi, en Belgique, les dirigeants et les médias préfèrent-ils se détourner de ces questions pour tergiverser sans fin sur les maux nationaux. Cela fait longtemps que les élites belges ont fait le choix stratégique d’abandonner le patriotisme économique pour embrasser pleinement le capitalisme mondial, en misant sur les groupes multinationaux plutôt que sur les fleurons nationaux, mais on dirait ajourd’hui qu’ils ont renoncé à exercer toute influence sur la marche du monde. La décision – certes compréhensible - d’Yves Leterme d’annuler son déplacement à l’ONU pour résoudre un énième épisode de la crise n’en est que le dernier exemple.
La nature des débats nationaux elle-même est complètement inadaptée aux problèmes réels. Leterme a toujours prétendu que la demande d’autonomie flamande était fondée sur une logique de bonne gestion, mais il est de plus en plus évident qu’elle se base sur de l’idéologie pure. Un attaché commercial dans une ambassade belge m’a un jour expliqué que la régionalisation de la compétence du Commerce extérieur lui avait sensiblement compliqué la tâche : au lieu de s’occuper indistinctement des entreprises belges, il devait revêtir des casquettes différentes en fonction de l’heure de la journée. La matin, il s’occupait des sociétés wallonnes, l’après-midi des flamandes. Pas vraiment un gain d’efficacité.
Les problèmes du monde requièrent davantage de collaboration, pas davantage de fragmentation, surtout pas si cette fragmentation est basée sur des motifs idéologiques ou ethniques.
Plus de décentralisation revient à plus de comlexité, plus dilution des règles, plus de possibilité de les contourner. Il me semble que le monde a désespérément besoin d’être mieux réglementé.

Colonel Moutarde

samedi 20 septembre 2008

Vers un cabinet socio-économique?

Au lendemain de la présentation du rapport des médiateurs au roi, le pays sombre à nouveau dans le chaos institutionnel. Que s'est-il passé? Rien de bien neuf, vu que l'insipide rapport est tellement circonvenu, reprenant, tout en les noyant, les revendications et non revendications des deux communautés, que chaque paragraphe pouvait tantôt satisfaire tantôt fâcher l'ensemble des parties. Mais voilà, les interprétations des uns (Reynders a rappelé l'importance de BHV, l'élargissement de la capitale, la nomination des bourgmestres de la périphérie) ont cabré les autres (la N-VA a dit fourte, une fois est coutume, entraînant le CD&V dans le doute, une fois est coutume bis).
Alors quid maintenant? A bonne source, on évoque la piste d'un gouvernement fédéral devenant cabinet socio-économique. Les partis (flamands, cartel en tête) pourraient alors définitivement partir en campagne (institutionnelle). Mais quid N-VA? (comme avait écrit un autre médiateur, Jean-Luc Dehaene, dans un précédent rapport). Quittera-t-elle le gouvernement flamand? Et le cartel y résistera-t-il? Oui, et certainement tant que Leterme restera aux commandes et qu'il estimera que sa chose continue à nourrir son parti. L'intérêt du pays passe après. Non vraiment, rien n'a changé.

Durum

vendredi 12 septembre 2008

Didier Reynders fait sauter la note de téléphone de Bercy

Didier Reynders n'a jamais été candidat à la présidence de l'Eurogroupe. Du moins, c'est ce qu'il a fait savoir dans un communiqué de presse la semaine dernière. Il faut dire qu’il venait de perdre toutes ses chances d’être élu, vu que le très populaire Jean-Claude Juncker avait fait savoir qu’il était lui-même candidat à sa réélection.
Il convenait dès lors d’avoir l’air dégagé de celui qui n’avait rien demandé. Genre De Gaule dans sa retraite de Colombey-les-deux-églises, rappelé pour sauver la France. A la différence près que personne ne l’aurait appelé. Pour notre éternel candidat Premier ministre, ça aurait fait désordre, il faut dire, d’avoir l’air d’échouer à la présidence de l’Eurogroupe.
Mais pour quelqu’un qui n’a jamais été candidat, il semble que le Dide ait été curieusement actif dans les dernières semaines. Les coups de téléphone entre Bruxelles et Paris ont, parait-il, été nombreux, présidence française de l’UE oblige. Au point qu’à Bercy (le ministère français des Finances), certains se demandent si la note de téléphone de ce mois ne va pas être aussi élevée que l’ambition de Didier.

Colonel Moutarde

Je te mouille, tu me mouilles. Nous nous noyons?

Il fallait s'y attendre, campagne électorale pour les élections régionales oblige, le contentieux communautaire prend une nouvelle tournure. Il apparaît clairement que le débat est plus nuancé qu'on ne le pense parfois dans l'opposition manichéenne entre un bloc francophone soudé attaché à la conception actuelle de l'état fédéral et un monolithe nordiste soucieux d'offrir à la Flandre tous les leviers permettant de conforter sa prospérité dans un monde globalisé.
On sent bien depuis le scrutin législatif de 2007 le CD&V tenaillé par son aile droite nationaliste et la N-VA. Jamais, le cartel n'acceptera un compromis qui sera toujours jugé trop mou eu égard aux fantasmes parfois symboliques du Mouvement flamand. Près d'un an et demi plus tard, le cartel chute dans les sondages mais le CD&V reste intraitable, horrifié par la perspective de perdre la N-VA mais aussi sa propre aile droite nationaliste, car qui sait si tout ce beau monde ne sera pas alléché par l'idée de créer une Forza Flandria sous la férule de la Lijst Dedecker. Ce scénario tétanise le CD&V qui garde en mémoire l'annus horribilis 1999 qui le vit basculer dans l'opposition après 40 années de partage du pouvoir. En interne, l'aile progressiste démocrate-chrétienne, l'ACW se tait dans toutes les langues alors qu'elle est pourtant majoritaire au gouvernement fédéral (Leterme, Schouppe, Vervotte, Vandeurzen) et flamand (Crevits, Vanackere). A un bémol près, nous dit-on: Yves Leterme, qui est quand même à l'origine de la crise, mais dont l'étoile a pâli, entend désormais être débarrassé de l'écueil institutionnel. Il a refilé la patate chaude au nouveau dieu de la Flandre Kris Peeters, le ministre-président du gouvernement flamand.
L'Open Vld voit aussi approcher les élections de juin 2009. Or, son dada c'est la baisse des impôts et la baisse des charges, bien plus que l'institutionnel pour l'institutionnel. Les libéraux flamands ont dès lors appelé au réalisme, indiquant que la réforme de l'état ne viendrait plus avant les élections. Et un coup au CD&V. Le sp.a, en pleine mutation après sa débâche de juin 2007, se rend compte que l'action du gouvernement fédéral est paralysée et qu'il n'a pas l'occasion de faire entendre sa voix au parlement dans l'opposition. Une violette flamande s'est donc retrouvée cette semaine provoquant une mini-crise à la place des Martyrs, demandant au cartel qu'il cesse ses ukazes. Chacun se tient à la culotte.
Côté francophone, on sent bien que personne n'est véritablement motivé par l'idée de réformer l'état. Chacun l'exprime à sa façon: le PS veut bien discuter pour sauver le pays (son aile régionaliste est, elle, partisane d'une réforme); le cdH tient un discours méga-brouillon qui masque mal ses réticences à toute réforme, le MR dit officiellement qu'il n'a pas de tabou mais Didier Reynders laisse le soin à Olivier Maingain de rendre toute avancée impossible.
Qui plus est, il faut bien constater qu'entre francophones, on se regarde aussi en chiens de faïence. Le MR est déjà en campagne, Didier Reynders ayant annoncé à ses troupes qu'elle sera sanglante. Il flingue la majorité PS-cdH (sans toutefois viser directement les états-majors: s'il gagne les élections, il devra quand même composer et une alliance MR-Ecolo est arithmétiquement peu probable). Socialistes et centristes-démocrates-humanistes continuent d'avancer main dans la main (même si, de temps en temps, en coulisse, on constate des pointes d'allergies dans l'un et l'autre camp vis-à-vis du partenaire). Quant à Ecolo, il compte les points, continuant à caresser son vieux rêve de renvoyer le parti socialiste dans l'opposition.
Chacun se positionne donc dans l'attente des régionales (et européennes) de juin 2009 qui pourraient consacrer les extrêmes. Et après? Advienne que pourra.
Le CD&V ne veut pas entendre parler de fédérales anticipées: impossible sans régler BHV, dit-il officiellement (officieusement les sondages ne sont pas bons). Les libéraux n'hésiteront pas, eux, à porter un coup de Jarnac au moment le plus opportun. En attendant, Yves Leterme reste Premier ministre, même si cela échappe à tout le monde même à l'édition 2009 du Petit Robert. Le Premier voyage. Il sera bientôt en Russie, à Sotchi (attention M. le diplomate, c'est à 50 bornes de l'Abkhazie). Il se rendra ensuite à New York puis au Québec pour le Sommet de la Francophonie. Ira-t-il dire à l'occasion du 400ème anniversaire de la capitale de la Belle Province, que les Québecois ne sont pas en état intellectuel d'apprendre l'anglais?

Durum

jeudi 11 septembre 2008

35ème anniversaire de l'attentat du 11/09

Il y a 35 ans, le 11 septembre 1973, le président chilien Savador Allende-Goossens, était poussé au suicide dans son palais de la Moneda par une junte militaire qui, soutenue par la CIA et ITT, allait mettre au pouvoir le dictateur Augusto Pinochet. S'en suivit une terrible période de vingt ans de répression qui, officiellement, fera plus de 3.000 morts et disparus.
Il importe de se souvenir de cet événement aujourd'hui totalement occulté par un autre sinistre anniversaire, celui des attentats du 11/09/2001 aux Etats-Unis.

Durum

Quick Stup

On avait déjà évoqué en quelques lignes dans la Boulette la personnalité du coureur cycliste Stefan Schumacher, contrôlé positif aux amphétamines il y a quelques mois, et qui avait fait forte impression au Tour de France, épreuve à laquelle n'avait pu participer Tom Boonen pour avoir, lui, consommé de la cocaïne.
Or, les prochaines After organisées par l'équipe Quick Step risquent de gagner en intensité puisque l'équipe belge vient d'annoncer le transfert de Stefan Schumacher, dernier "renfort" de choix. Celui-ci roulera donc l'année prochaine aux côtés du roi Boonen, celui dont la stèle ne devrait plus tarder à piquer la place du sanguinaire et désormais sanguinolent Léopold II. Cela va zouker sur les parquets. Et puis quick au Parquet?

Durum

mercredi 10 septembre 2008

Passé colonial: Léopold s'en prend plein la tronche

J'ai écrit ici récemment que le débat sur le passé colonial était inexistant en Belgique. L'écrivain Théophile de Giraud vient de me donner tort. Cet iconoclaste a escaladé mardi après-midi la statue équestre de Léopold II située place du Trône à Bruxelles avant de maculer de gouache rouge la tête du Roi. Cette action réjouissante avait pour objectif de dénoncer le bilan désastreux de Lopold II au Congo, qui reste un grand tabou belge. M. de Giraud réclame carrément que toutes les statues de Leopold II soient déboulonnées. Voilà une proposition intéressante, qui mériterait un vrai débat...

Colonel Moutarde

dimanche 7 septembre 2008

Passé colonial: on solde !

C'est une première dans les relations entre l'Europe et l'Afrique. Une ancienne métropole a réglé son contentieux historique avec son ancienne colonie. L'Italie vient en effet de conclure un accord à ce sujet avec la Libye, qu'elle a occupé entre 1911 et 1942. Il n'est au fond pas étonnant que Silvio Berlsuconi et Mouammar Khadafi, ces deux vieux roublards opportunistes, soient parvenus à s'entendre sur un passé sensible. L'accord prévoit que Rome versera cinq milliards de dollars à titre de dédommagements. "C'est une reconnaissance complète et morale des dommages infligés à la Libye par l'Italie pendant la période coloniale", a déclaré Silvio Berlsuconi. Le même a précisé plus tard qu'il s'agissait en fait surtout d'investissements dans les infrastructures. De la part de cet homme d'affaire redoutable, on peut douter que le deal ne soit fondé que sur la conscience historique. Quand Silvio Berlusconi parle d'investissement, il faut entendre retour sur investissement.
Quoi qu'il en soit, la démarche “ouvre un débat très intéressant”, selon les mots du président rwandais Paul Kagame, qui vient d'accorder une interview à la journaliste du Soir Colette Braeckman. Dans une partie de l'entretien non publiée par le quotidien mais bien sur le blog de Madame Colette (comme on l'appelle au Congo), M. Kagame a estimé que “sur cette base là, beaucoup de pays d’Afrique pourraient ouvrir un débat, le Rwanda, en principe, pourrait se tourner vers la Belgique…”. Et de souligner que les injustices commises par l'Italie en Libye ont été “beaucoup, beaucoup moins graves que celles qui ont été commises par d’autres puissances coloniales, la France ou la Belgique”. Bref, de l'avis de M. Kagame, il n'est pas trop tard pour que les Belges passent au tiroir-caisse.
Ces propos seront sans doute balayés d'un revers de la main en Belgique, pays où le débat public sur le bilan de la colonisation est inexistant. Il y a bien eu un timide effort de mémoire au moment de la commission d'enquête sur l'assassinat de Patrice Lumumba, mais rien sur les méthodes brutales et le pillage des ressources naturelles dont le pays s'est rendu coupable sous le règne de Léopold II. Près d'un demi siècle après son retrait chaotique et précipité, la Belgique ne s'est toujours pas résolue à présenter des excuses, ni à envisager un dédommagement – lequel pourrait être faramineux.
Récemment, à l'occasion du 48ème anniversaire de l’indépendance du Congo, le collectif mémoires Coloniales a appelé la Belgique à faire amende honorable. Le pays “s’est appropriée une terre qui ne lui appartenait pas et y a opprimé les peuples autochtones au nom de la civilisation”. Il a, en outre, “en collusion avec la Banque mondiale, également violé le droit international en transférant la dette contractée par le pouvoir colonial belge à l’égard de la Banque mondiale, à la charge du Congo au moment de son indépendance en 1960”, selon un article publié début juillet.
Dans le contexte actuel de tensions diplomatiques entre Bruxelles et Kinshasa, il est peu vraisemblable que le débat soit à l'ordre du jour. Peut-être les parlementaires pourraient-ils sortir de leur torpeur et en prendre l'initiative. Ca les changera de BHV.

Colonel Moutarde

jeudi 4 septembre 2008

Lords of the ring (nord)

La région flamande a failli nous faire un enfant dans le dos. Sans la vigilance de quelques organisations environnementales, la consultation publique sur l'extension du ring nord de Bruxelles serait pliée sans que personne n'y eut trouvé à redire. Sans accès aux documents pour les francophones, avec ça.
Comme le rappelle l'organisation Les Amis de la terre, l'idée du gouvernement flamand “consiste à élargir le Ring de deux fois 3 bandes à deux fois 4 + 2 bandes. Au lieu des 6 bandes actuelles, il y en aurait donc 12 (...). Les travaux cadrent avec le slogan bien connu 'Logistiek Vlaanderen'”, dans le cadre duquel “la Flandre souhaite devenir la plaque tournante logistique de l’Europe”.
Le projet a été soumis à l'avis du public, en néerlandais, entre début juillet et fin août: le coup classique de la mesure polémique en pleine pause estivale, quand tout le monde est en vacances!
Heureusement, les protestations des ONG vertes, ainsi que du conseiller communal Ecolo de Wemmel, Robert De Lille, ont amené le gouvernement flamand à étendre le délai de la consultation. La ministre flamande des Travaux publics Hilde Crevits, a décidé en août que "dans un souci de transparence et de clarté maximales" une nouvelle enquête de 60 jours, entre le 8 septembre et le 6 novembre, serait organisée, avec une version française des documents.
Voilà pour la forme. Quant au fond, on peut se demander s'il est vraiment opportun de doter Bruxelles de douze bandes de circulation. Certes, il y a des embouteillages, mais la fluidification du trafic ne conduira-t-elle pas à une augmentation plus marquée du nombre de voitures, donc de la pollution, et à terme, un retour des embouteillages ? Bruxelles est une ville qui a déjà beaucoup sacrifié au tout-à-l'auto, avec la petite ceinture et de véritables autoroutes urbaines, comme la rue de la loi. La ville (et la région flamande qui l'entoure) seraient bien inspirées d'investir dans des politiques de mobilité plus douces, avec des transports publics efficaces, comme l'ont fait d'autres villes en Europe. Douze bandes, franchement, c'est beaucoup trop. Bruxelles, c'est pas Los Angeles. Et que dire du projet, défendu par les associations automobilistes, de creuser un tunnel dans la forêt de Soignes pour faire du ring une boucle, un vrai périphérique ? Ces obsédés du ring feraient bien de revoir le Seigneur des anneaux. Et de prendre un peu le vélo, ça aère l'esprit.

Colonel Moutarde

It's not only rock'n'roll, Elio!

Le président du PS, Elio Di Rupo, a indiqué lors de la rentrée de son parti à Chevetogne le 31 août se retrouver en partie dans le discours du leader trotskyste Olivier Besancenot dont il a découvert que les idées séduisent la jeunesse française abonnée aux Inrocks. "Et je me suis dit, Elio tu es sur la bonne voie".
C'est la rentrée et rien n'a changé. Le pays est toujours paralysé. Et Elio est resté un roi de la Comm. La Boulette vous salue.

Durum